dimanche 23 janvier 2022

Mon interview par Radio Chalom Nitsan le 24 janvier 2022

J'ai été interviewée sur Radio Chalom Nitsan (RCN) le 24 janvier 2022, dans le cadre d'Israël d'hier et d'aujourd'huiémission animée par 
André Barmo'ha, sur 
le futur « Musée-mémorial du terrorisme » qui « a pour vocation de rendre hommage aux victimes du terrorisme à l'échelle de la France et du monde. Musée d’histoire et de société », il sera « tourné vers la connaissance et la pédagogie ». Il ouvrira ses portes en 2027 » à Suresnes. Son narratif sur les cinquante dernières années de la France, gomme parfois l'antisémitisme, d'où des interrogations légitimes et des inquiétudes graves. La réponse de l'historien Henry Rousso, président du musée-mémorial du terrorisme, figure in extenso dans mon article, avec ma réponse.

Mon interview par Radio Chalom Nitsan du 25 mars 2010
Mon interview sur Radio Chalom Nitsan les 13 et 20 février 2020 

« Il y a mille façons d'informer. Il n'y en a qu'une pour dire la vérité »... Radio Chalom Nitsan émet de Nice. Cette "radio de la communauté Juive de la Côte d'Azur" dispose d'un site Internet, d'un compte Facebook, et d'une chaine Youtube

Dans le cadre d'Israël d'hier et d'aujourd'huiémission « sur l'actualité d'Israël et la géopolitique du monde » animée par André Barmo'ha qui laisse ses invités s'exprimer librement, j'évoquerai le procès des accusés du meurtre antisémite de Mireille Knoll

On peut écouter les interviews en live et sur divers supports. Diffusions de l'Émission ( HD )
- Sur Internet / le site RCN rcnradio.info & Appli Radio à partir de la 26e minute.
- Sur Smartphone / l'Appli Gratuite de RCN & Appli Radio
- En F.M 89.3 sur la Côte d'Azur - RNT 208.1 (France)
- Sur les Réseaux Sociaux & Numériques (Heure de France)
- Chaque Dimanche de 10/00 à 11/00
En Israël sur Radio Futée
Chaque Samedi soir / Motsé Shabbat (Heure d’Israël)
En Podcast (Sans limite / Plusieurs émissions) à partir de la 26e minute
Sur Internet / le site RCN rcnradio.info 
Sur Smartphone / l'Appli Gratuite de RCN

Initiative présidentielle macronienne
Le 6 novembre 2017, une "note de réflexion sur une politique mémorielle concernant les victimes du terrorisme est adressée par la Déléguée interministérielle à l’aide aux victimes (DIAV), Élisabeth Pelsez, au Président de la République Emmanuel Macron."

Le 9 (ou le 12, selon les sources officielles) février 2018, à la demande du Président Emmanuel Macron, un "Comité mémoriel a été mis en place par Nicole Belloubet, alors Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Placé sous l’égide de la Délégation interministérielle à l’aide aux victimes (DIAV), ce Comité était composé de d'historiens, de scientifiques, sociologues, philosophes et de représentants des ministères de la Justice, des Armées et de l’Éducation nationale". Il "a été chargé de réfléchir à la manière de commémorer les différents attentats terroristes dont la France a été victime" et de "concevoir un dispositif d’hommage et de reconnaissance aux victimes du terrorisme".

Le 7 septembre 2018, le 
Comité mémoriel a remis son rapport intitulé « Terrorisme : faire face – enjeux historiques et mémoriaux » , à Nicole Belloubet qui "évoquera prochainement ces préconisations avec le Président de la République". Parmi les propositions du Comité mémoriel, "la ministre a évoqué la proposition de création d’un Musée-mémorial et s’est montrée « particulièrement sensible » à la proposition d’enregistrement des prochains procès en matière de terrorisme. « J’ai la conviction que les images de ces procès doivent s’inscrire dans l’histoire et servir pour les générations futures » a t-elle indiqué. Nicole Belloubet a par ailleurs salué l’engagement du ministre de l’ Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, de prendre en compte dans les programmes scolaires la question des attentats avant de former le vœu « que la politique mémorielle soit source d’apaisement et de cohésion sociale ».

"Élisabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes s’était préalablement exprimée sur la manière dont le Comité a travaillé depuis le 12 février 2018, date de son installation. « Nous avons procédé à de très nombreuses auditions d’associations de victimes, d’associations d’aide aux victimes, d’autorités religieuses, d’autorités militaires, de personnalités expertes. » Le Comité s’est également rendu sur de nombreux lieux d’attentats et dans des lieux de mémoire « qui ont largement inspiré les réflexions. »

Le Comité mémoriel a suggéré quatorze propositions, dont "la création d’un Musée mémorial à Paris dédié aux sociétés à l'épreuve du terrorisme, tout en inscrivant le phénomène dans une perspective mondiale - fixer au 11 mars la date commune de commémoration afin de l'inscrire dans une perspective européenne tout en prenant en compte l'ensemble des attentats qui ont touché la France depuis les années 1970 -, l’inscription des questions du terrorisme dans les manuels scolaires, la proposition de fixer au 11 mars de chaque année la date anniversaire pour commémorer l’ensemble des attaques terroristes sur le sol européen et ailleurs et enfin l’autorisation de l’enregistrement filmé des principaux procès en matière de terrorisme - susciter une réflexion sur les conséquences engendrées par la répétition des images diffusées -."

Le 19 septembre 2018, lors de la cérémonie annuelle d’hommage aux victimes du terrorisme,  le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé la création d’un Musée mémorial dédié aux victimes des attentats.

"Dans sa lettre du 4 février 2019, le Premier ministre Edouard Philippe assignait à la mission de préfiguration de ce musée-mémorial la rédaction d’un cahier des charges, de définir un lieu d’implantation, de structurer sa conception et de décider du futur statut et mode de fonctionnement." Une mission de préfiguration présidée par Henry Rousso, historien, directeur de recherche au CNRS, connu pour ses travaux sur la mémoire collective, en collaboration avec Elisabeth Pelsez.

Le 10 mars 2020
la mission de préfiguration d’un musée-mémorial des sociétés face au terrorisme a remis au Président Emmanuel Macron son rapport intitulé "Le musée-mémorial des sociétés face au terrorisme". Elle y  préconise que le futur musée-mémorial remplisse trois fonctions : être un lieu d’hommage et de recueillement, mais également un musée d’histoire et de société́ et un lieu de transmission sociale, pédagogique, culturelle et scientifique. Ce musée-mémorial couvrira l’ensemble des victimes et des actes terroristes de toute nature qui ont touché la France et les Français, ainsi que les victimes françaises à l’étranger depuis la fin du XIXe siècle."

"Le 11 mars 2020 - en référence aux 
attentats terroristes islamistes de Madrid du 11 mars 2004 -, lors de la première Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme" en présence du roi d'Espagne, le Président de la République Emmanuel Macron "a annoncé la création du Musée-mémorial du terrorisme à la suite du premier rapport de la mission de préfiguration présidée par l’historien Henry Rousso et des travaux menés par Elisabeth Pelsez, ancienne déléguée interministérielle à l’aide aux victimes".

Par lettre du 15 juin 2020, le Président de la République "confie à Henry Rousso une seconde mission avec pour objectifs de rédiger le projet scientifique et culturel et le cahier des charges du futur Musée-mémorial du terrorisme, et de trouver un lieu pour son implantation".

Le 1er février 2021, "un groupement d'intérêt public (GIP) portant le nom de Mission de préfiguration du Musée-mémorial du terrorisme a été créé. Il a pour finalité d'étudier et d'entreprendre la réalisation du futur musée-mémorial. Il est composé de plusieurs instances :
Le GIP est une personne morale de droit public bénéficiant de l'autonomie administrative et financière. Il "permet à des partenaires publics et privés de mettre en commun des moyens pour la mise en œuvre de missions d’intérêt général à but non lucratif". L'Etat approuve la convention qui constitue le GIP.

Le GIP est constitué par :
- "une Assemblée générale des membres fondateurs, organe de gouvernance, présidée par Henry Rousso, comprenant sept ministères : Justice, Europe et Affaires étrangères, Intérieur, Culture, Éducation nationale, jeunesse et sports, Enseignement supérieur, recherche et innovation, Mémoire et Anciens combattants, ainsi que le Centre national de la recherche scientifique, l’Institut national de l’audiovisuel et la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme ;
- une équipe opérationnelle dirigée par Élisabeth Pelsez, magistrate, composée d’une dizaine de permanents et d’une douzaine de membres associés.
- un Conseil scientifique et culturel présidé par le sociologue Michel Wieviorka, composé d’une vingtaine de scientifiques et d’experts français et étrangers, nommés intuitu personæ pour deux ans dans les domaines couverts par le projet ;
- un Observatoire d’orientation présidé par François Molins, procureur général près la Cour de cassation. Cette instance réunit toutes les associations de victimes, le président de l’association des maires de France représentant les communes touchées par le terrorisme, les responsables des musées-mémoriaux étrangers consacrés au terrorisme, et des personnalités qualifiées couvrant un large spectre de sensibilités."

Le 11 mars 2021, l'essayiste et journaliste Eric Zemmour a déclaré en réfutant des phrases du Président Emmanuel Macron et fustigeant une "société de commémoration" : les terroristes « ne veulent pas nous diviser. Ils veulent nous punir ou nous faire mal... Ils n'attaquent pas nos valeurs, mais ce qu'on est : la France, vieux pays à la fois catholique et laïc... On ne fait pas un acte de résistance en faisant un musée. C'est comme si Jean Moulin avait voulu faire un musée à la gloire de ceux qui avaient été vaincus en 1940 et que c'était cela son acte de résistance. Non. Le terrorisme, c’est un moyen. Ce n’est pas un adversaire… Toute personne qui résiste à une occupation d'un pays étranger est appelé terroriste par ce pays étranger... [Le Président Emmanuel Macron] n’ose pas dire qu’on combat l’islamisme, c'est-à-dire une vision politique intégrée dans l'islam et qui tue au nom d'Allah ».

Le 11 mai 2021, le Président Emmanuel Macron "a retenu une implantation du musée-mémorial sur la colline du Mont-Valérien à Suresnes" (Hauts-de-Seine), dans la proche banlieue ouest de Paris, "à l’immédiate proximité du Mémorial de la France combattante", donc 
"dans un parcours mémoriel". "La symbolique du site répond à la volonté de créer à la fois un lieu de résilience et de résistance... La résilience est en effet inscrite dans l’origine de ce bâtiment moderniste construit pour l’enfance en difficulté dans les années 30. La résistance est inhérente à sa localisation même car le bâtiment est au Mont-Valérien, haut lieu de notre mémoire nationale. Le site offre ainsi un lieu de sensibilisation pédagogique à l’histoire récente qui est au cœur du projet."

"Lieu de culte médiéval devenu forteresse militaire au cours de XIXème siècle, le Mont-Valérien a été le principal lieu d’exécution de résistants et d’otages en France par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. La multiplicité des parcours des 1008 fusillés, nous permet aujourd’hui d’en décrire la diversité. Après la guerre, le site est choisi pour honorer la mémoire des morts pour la France de 1939 à 1945, et, le 18 juin 1960, le général de Gaulle y inaugure le Mémorial de la France combattante. Ces hommes, assassinés parce qu’ils étaient résistants, otages, Juifs ou communistes sont autant de rappels à notre histoire qui firent naturellement de ce site le premier des Hauts lieux de la mémoire nationale du ministère des Armées, aujourd'hui géré par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre." Durant ce conflit mondial, les Nazis et le régime de Vichy qualifiait de "terroristes" des résistants luttant pour l'indépendance de la France occupée par les forces armées du IIIe Reich, sa souveraineté nationale, la devise de la République, notamment la liberté... Ces résistants n'ont aucun point commun avec les terroristes depuis 1974, hormis le recours à la violence. 

Deux publics assureront une grande part des entrées du musée-mémorial, donc de son budget : les scolaires et les touristes, français et étrangers.

En 2027, ce musée-mémorial ouvrira ses portes.

Cet "établissement culturel inédit est, tout à la fois, un musée d’histoire et de société́, une plateforme de documentation et de recherche, un centre de formation, de conférences et de débats, un lieu de recueillement".

Il "complète un dispositif mémoriel qui comprend déjà l’attribution de la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme, l’instauration de la Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme et la création du Centre national de ressources et de résilience".  

Le Musée-mémorial du terrorisme "place au centre de son projet les victimes, les survivants, les blessés physiques et psychiques, les primo-intervenants et aidants de première ligne (pompiers, secouristes, policiers et gendarmes, médecins, voisins). Il intègre dans ses structures et sa gouvernance les associations de victimes et d’aide aux victimes ainsi que les communes touchées par des attentats".

"Pour honorer les victimes, le Musée-mémorial du terrorisme doit être un lieu de reconnaissance, de témoignage et d’empathie où les victimes pourront s’exprimer et être écoutées. Mais honorer les victimes, c’est aussi comprendre pourquoi elles ont été la cible d’actes terroristes et donner du sens à leur épreuve".

"Le Musée-mémorial du terrorisme est unique au monde car il aborde l’histoire et la mémoire du terrorisme sur plus d’un demi-siècle et non un seul attentat ou un seul type de terrorisme comme les autres musées comparables. Notre ambition est de créer d’un même mouvement, un mémorial pour les victimes et un musée d'histoire et de société pour comprendre ce phénomène inscrit dans notre quotidien et pourtant mal connu", indique le site Internet du Musée-mémorial.

Ce Musée-mémorial du terrorisme « a pour vocation de rendre hommage aux victimes du terrorisme à l'échelle de la France et du monde. Musée d’histoire et de société », il sera « tourné vers la connaissance et la pédagogie ». 

"Tout en tenant compte de la diversité et de la longévité du terrorisme en France le musée-mémorial se concentre sur une période récente depuis la fin des années 1960 avec une approche thématique :
  • terrorismes nationalistes et indépendantistes ;
  • terrorismes politiques d’extrême gauche ;
  • terrorismes politiques d’extrême droite ;
  • terrorismes islamistes ;
  • nouvelles formes : cyberterrorisme, « écoterrorisme », etc."
Il "écarte en revanche la question du "terrorisme d’État". Pourquoi ? Les liens entre certains terrorismes - gauchiste allemand et palestinien - seront-ils soulignés ? 

"Aux côtés des associations de victimes du terrorisme et de nombreux acteurs parties prenantes, la mobilisation de tous en faveur de la reconnaissance aux victimes de ces tragédies et la volonté de transmettre aux générations futures se poursuivent dans la perspective d’une première pierre à poser en mars 2022."

La page d'accueil du site Internet est illustrée par cinq photographies dont une ainsi légendée : "Des bougies et une rose lors d'une veillée à Toulouse pour l'attentat d'Orlando en Floride" !? (© NurPhoto via AFP / Alain Pitton) Bref, aucune photographie d'un attentat sur le sol français. Et un cliché sur des bougies et une fleur : le choix du recueillement silencieux. Les autres photographies montrent des bâtiments, dont le Palais de Justice, et un rassemblement place de la République, à Paris.

Evoqué dans « 13 novembre 2015 - Chemins de la mémoire », documentaire de Joël Calmettes, ce projet de musée-mémorial soulève des questions majeures. 

L'étendue temporelle a été réduite aux cinquante dernières années, donc en écartant semble-t-il les attentats liés à la guerre d'Algérie et commis par les mouvements djihadistes algériens, dont le FLN (Front de libération nationale), ou l'OAS (Organisation de l'armée secrète). Or, "les attentats liés à la guerre d’Algérie, on les met dans une rétrospective longue" explique l'historien Henry Rousso (France Inter, 25 février 2021).

Le musée mémorial reconnait la difficulté à définir le "terrorisme". "La diversité des organisations qualifiées de « terroristes », celle des contextes (idéologique, social, organisationnel…) dans lesquelles elles opèrent rendent difficile toute définition stable. C’est d’autant plus vrai que le terrorisme évolue et que la plupart de ses organisations réfute, à tort ou à raison, cette étiquette, préférant parler de « combattants », « révolutionnaires » ou « djihadistes ». Ajoutons que l’acte terroriste n’est pas forcément la seule modalité utilisée par ces organisations : elle s’articule à d’autres actions, économiques, politiques et militaires. Enfin, l’absence de définition juridique universelle a, depuis le XIXe siècle, facilité les formes d’instrumentalisation de l’expression, parfois utilisées par des régimes non démocratiques afin de justifier la répression de leurs opposants. D’où la persistance de formes de suspicion quant à la pertinence du terme". 

"L’importance des désaccords entre pays membres explique aussi l’absence de définition juridique du terrorisme par les Nations unies. Le Conseil de l’Union européenne l’aborde au détour de motivations particulières : l’intention d’intimider gravement la population, de contraindre des pouvoirs publics, de déstabiliser ou détruire des structures politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales au moyen de modes opératoires particuliers. En droit français, la loi du 9 septembre 1986 « relative à la lutte contre le terrorisme et les atteintes à la sûreté de l’État » est la première à le définir. Comme « une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».

"Côté scientifique, le terrorisme demeure aussi objet de débat pour les chercheurs. Quelques critères déterminants peuvent cependant être retenus :
  • L’usage ou la menace d’une forme de violence extrême, intentionnelle, disproportionnée, entraînant des destructions de vies, d’infrastructures, d’informations ;
  • L’intention d’intimider ou de déstabiliser un système en place (État, société, groupe humain ou politique), pour le détruire ou le pousser à agir contre sa volonté ;
  • Le caractère souvent organisé (cellule, mouvance, réseau…) d’un phénomène se réclamant d’une idéologie, même si l’acte peut être solitaire ;
  • Une dimension spectaculaire, destinée à frapper l’opinion publique ;
  • L’existence d’objectifs politiques, religieux, sociaux …
  • Le rejet des lois nationales et internationales au nom d’une « légitimité » autre".
Des critères alternatifs ou cumulatifs ?

"L’acte terroriste renvoie ainsi à l’utilisation délibérée de violences disproportionnées, à des actes asymétriques parfois présentés comme ceux du « faible » au « fort », déclenchés par des entités généralement organisées et clandestines, visant à susciter une terreur collective. Le tout en pouvant choisir des cibles indirectes, pour renverser un ordre légal, intimider ou contraindre un gouvernement, un régime, une nation à céder à ses revendications, et atteindre un objectif politique et idéologique que lui seul juge légitime."

Quelle Histoire et quelle(s) mémoire(s) seront relatées ? L'histoire relatée par ce musée-mémorial débutera le "15 septembre 1974, date considérée comme le premier attentat aveugle en France", a précisé l'historien Henry Rousso évoquant l'attentat contre le drugstore Publicis, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés (Paris). Un "attentat aveugle" ou antisémite car appartenant à un publiciste juif sioniste français Marcel Bleustein-Blanchet ?

Et quid de l'attentat contre le Bataclan, le 13 novembre 2015 ? La justice refuse de le qualifier d'antisémite, malgré des preuves patentes : 
- Menaces en 2008 du chef d’une « petite équipe » aux visages cachés par des keffiehs palestiniens devant le Bataclan qui accueillait des réunions en faveur de soldats israéliens : « Le message s’adresse aux propriétaires du Bataclan qui accueillent encore une fois un gala pour soutenir l’armée israélienne, pour récolter des fonds pour le Magav… Vous assumerez la responsabilité de vos actes… La prochaine fois, on ne viendra pas pour parler ». 
- Depuis 2009, la police et la justice française savaient que le Bataclan était la cible d'un groupe terroriste islamiste ;
- En 2011, un membre de « Jaish al-Islam » (Armée de l'islam) interrogé dans les bureaux de la DCRI sur l'attentat au Caire (Egypte) le 22 février 2009 a déclaré : « Nous avions un projet d'attentat contre le Bataclan parce que les propriétaires sont juifs » (Le Point, 14 novembre 2015) ;
- En novembre 2015, le communiqué de l’Etat islamique (ISIS) revendiquant la série d’attentats, débute par la sourate 59, verset 2 du Coran qui vise les Juifs, etc.

A entendre des membres du comité préparant cet établissement, il est à craindre que ce musée-mémorial ne soit "politiquement correct" ou "islamiquement correct". Combien d'actes terroristes, notamment antisémites, recensera-t-il ? En vertu de quels critères ? Des critères émanant de jugements ?  Désignera-t-il l'idéologie meurtrière des attentats les plus meurtriers ? Si oui, comment : fondamentalisme, barbarie, obscurantisme, islam politique, islamisme, islam radical ? Ce musée-mémorial qualifiera-t-il des attentats d'antisémites ? Et ce, au risque de contredire la justice ? Qu'est-ce qu'un attentat antisémite : celui dont la cible est juive (synagogue, épicerie cacher, école ou musée juifs, etc.), celui dont les victimes sont juives, celui dont les propriétaires de la cible sont ou étaient juifs ? ce musée-mémorial liera-t-il des attentats terroristes antisémites au conflit né du refus d'un Etat Juif dans son berceau historique, biblique, par des Etats et entités musulmans, ou à la présentation de ce conflit par des politiciens, diplomates, médias ou ONG  ?

Ces interrogations s'avèrent d'autant plus pertinentes que les principales organisations juives françaises, dont le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), ne semblent pas avoir conscience des enjeux de ce Musée-mémorial et peinent à tenir un discours cohérent envers le terrorisme. 

Ainsi, le 9 janvier 2022, le CRIF a organisé la cérémonie en hommage aux victimes - Yohan Cohen, 20 ans, Philippe Braham, 45 ans, François-Michel Saada, 64 ans, et Yoav Hattab, 21 ans - assassinées par Amedy Coulibaly le 9 janvier 2015 à l'HyperCacher, à la porte de Vincennes (Paris). 

Une cérémonie qui a révélé l'absence par le CRIF d'une liste des victimes françaises du terrorisme islamiste et des enjeux des qualifications "terroriste" et "antisémite", en particulier la part disproportionnée des Juifs et du Judaïsme comme cibles du terrorisme islamiste et l'effacement des victimes juives de ce terrorisme, comme les Juifs sont largement occultés dans le Récit national.

Diverses personnalités ont allumé des bougies à la mémoire des victimes de l'Hypercacher, et à d'autres victimes : celles "de l'attentat à l'hypercacher", les "douze victimes de l'attentat à Charlie hebdo", Samuel Paty "victime du terrorisme islamiste dans sa mission de professeur", les "membres des forces de l'ordre" et "des forces armées" victimes "du terrorisme islamiste", "à la mémoire de Sarah Halimi et de Mireille Knoll. [Le CRIF a souhaité] rappeler également le souvenir d'Ilan Halimi et du DJ Selam, tous victimes juives du terrorisme antisémite à Paris". Cette bougie a été allumée par les fils de Mireille Knoll, Allan et Daniel Knoll, et par le député Meyer Habib... 

D'une part, on peine à comprendre les omissions ou qualifications des attentats par le CRIF - certains sont islamistes, d'autres non -, et, d'autre part, le CRIF n'en tire aucune conclusion. Ainsi, si Mireille Knoll a été victime du terrorisme, pourquoi le procès n'a-t-il pas été qualifié de tel par la justice, de l'instruction jusqu'au procès ? Pourquoi ne pas qualifier cet attentat aussi d'"islamiste" ?

Last, not least, aucune bougie n'a honoré Jean-Louis (Chalom) Levy, Français juif sexagénaire décédé des suites de son agression au couteau par Mehdi Kerkoub, et Dominique Sabrier, Française juive âgée de 66 ans, tuée le 24 mai 2014 par Mehdi Nemmouche au Musée juif de Bruxelles (Belgique).

La présence dans les deux instances de réflexion - Observatoire d'orientation  et  Conseil scientifique et culturel - de personnalités - François Molins, Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris : 13 novembre 2015 - ayant exprimé leurs réticences à reconnaître le caractère antisémite de certains actes laisse augurer des problèmes pour définir des concepts basiques et dresser la liste des attentats terroristes ayant causé des victimes françaises.

Ainsi, François Molins, président de l'Observatoire d'orientation, a mis des mois avant de reconnaitre en tant que procureur de la République, le caractère antisémite de l'assassinat de Sarah Halimi.

Quant à Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris : 13 novembre 2015, il a commenté le communiqué de l'Observatoire juif de France (OJF) argumentant que l’attentat terroriste islamiste contre le Bataclan était antisémite : « Les charognards sont de sortie, le 13 novembre devient « les attentats du Bataclan » par un groupe pro-palestinien. Une honte ». Il a persisté : « Surtout, le dossier est très complet et la thèse du choix du Bataclan pour l’anti sémitisme est fausse ». 

Observatoire d'orientation
Le Musée-mémorial du terrorisme est doté d'un Observatoire d'orientation présidé par François Molins. "Procureur général près la Cour de cassation depuis 2018, il est le président de l'Observatoire du GIP. Il a mené l’essentiel de sa carrière au parquet, notamment comme procureur de la République de Bobigny. Il a été directeur de cabinet des ministres de la Justice Michèle Alliot-Marie et Michel Mercier. En novembre 2011, il est nommé procureur de la République du Tribunal de grande instance de Paris. C’est à ce titre qu’il a été confronté aux attaques terroristes majeures survenues en France entre 2012 et 2018". 

Le 7 avril 2017, quelques jours après l'assassinat de Sarah Halimi, née Attal, le procureur de Paris François Molins a reçu des dirigeants d’organisations juives françaises pour faire part de sa prudence à l'égard de la qualification d'antisémitisme : il a récusé le caractère antisémite du meurtre. Un message répercuté avec célérité, dans les médias juifs et via les réseaux sociaux, par ces organisations juives françaises auprès de leurs coreligionnaires sur le mode : "Soyons prudents. Rien ne permet d'affirmer le caractère antisémite de l'assassinat, et blablabla". Certes, mais rien ne permettait d'infirmer ce caractère antisémite. Et au contraire, les déclarations des proches de la victime attestaient d'actes antisémites ayant visé Sarah Halimi et sa fille.

Cet Observatoire d'orientation réunit des dirigeants d'associations de victimes du terrorisme - Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris : 13 novembre 2015, Françoise Rudetzki, vice-présidente de la fédération Alter - Lien Trauma et Résilience, Samuel Sandler, membre du conseil d’administration de l’Association française des victimes du terrorisme (AfVT) -, des élus - David Lisnard -, des personnalités religieuses - Pauline Bebe, rabbin de la Communauté Juive Libérale en Île-de-France, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France depuis 2013, Chems-Eddine Hafiz, avocat, membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), président de l’association « Sociétés des Habous et des lieux saints de l’islam » et recteur de la Grande Mosquée de Paris -, des responsables muséaux : Jacques Fredj, membre de la première mission de préfiguration (2019) et directeur du Mémorial de la Shoah, Clifford Chanin, vice-président exécutif et directeur adjoint des programmes du National 9/11 Memorial and Museum (New York City).

Conseil scientifique et culturel
Quant au Conseil scientifique et culturel, il est présidé par Michel Wieviorka, sociologue, directeur d’études à l’EHESS, membre du Comité mémoriel (2018) puis de la première mission de préfiguration (2019). Il est constitué en particulier de Levent Altan, directeur exécutif de Victim Support Europe (VSE) et membre fondateur du Réseau international des victimes du terrorisme, Rachid Azzouz, haut fonctionnaire au ministère de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports, Annette Becker, professeure émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Nanterre, Ghaleb Bencheikh El Hacine, universitaire et spécialiste de l’Islam, Jean-François Clair, inspecteur général honoraire de la Police nationale, Nathalie Bondil, historienne de l’art et muséologue, directrice du nouveau département du musée et des expositions de l’Institut du monde arabe (IMA) et a contribué à développer la notion de muséothérapie, Christian Delage, historien et réalisateur, professeur à l’Université Paris 8, directeur de l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS/ Paris 8), Francis Eustache, neuropsychologue, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, François Feltz, magistrat honoraire, Marc Hecker, directeur de la recherche et de la valorisation à l'Institut français des relations internationales (IFRI), rédacteur en chef de la revue Politique étrangère, et chercheur au Centre des études de sécurité de l'IFRI, Nicolas Hénin, journaliste spécialiste du Moyen-Orient, Gilles Kepel, politologue, professeur à l’Université Paris Sciences et Lettres, titulaire de la chaire d’excellence Moyen-Orient-Méditerranée à l’École normale supérieur, spécialiste de l’Islam et du monde arabe contemporain, Lise Eilin Stene, médecin et chercheuse, travaillant au Norwegian Centre for Violence and Traumatic Stress Studies (centre norvégien d’étude sur la violence et le stress traumatique - NKVTS, Oslo), dans la section traitant des traumatismes, des catastrophes et des migrations forcées chez les enfants et les adolescents. Titulaire, Jeanne Sulzer, avocate au barreau de Paris, elle est responsable de la Commission Justice internationale d’Amnesty International-France et membre du conseil d’administration de l’ONG Syrians for Truth and Justice.

"Attentat aveugle" 
Ce musée-mémorial sera consacré aux attentats terroristes ayant frappé des Français depuis les années 1970, plus précisément le "15 septembre 1974, date considérée comme le premier attentat aveugle en France", a précisé l'historien Henry Rousso, historien de la Deuxième Guerre mondiale, sur Radio J, le 26 novembre 2021. Ce directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique a été promu chevalier de la Légion d'Honneur sur la liste du 1er janvier 2022 du 
Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Un attentat aveugle ? Ce dimanche-là, vers 17 h 15, un individu lance une grenade au sein du drugstore Publicis, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés (Paris). 

Bilan : deux morts - François Benzo (27 ans) et David Grunberg (55 ans) - et 34 blessés. "Le terroriste Ilich Ramirez Sanchez (alias Carlos), alors membre du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), finit par revendiquer cet attentat dans le journal “El Watan Al Arabi” en 1979." 

Reconnu coupable en 2017, en 2018 et 2021, Carlos est condamné trois fois à la peine de la réclusion criminelle à perpétuité pour ces faits. Le FPLP a fomenté cet attentat pour obtenir la libération du terroriste "Yoshiaki Yamada, membre de l'Armée rouge japonaise (en lien avec le FPLP), [qui] avait été arrêté en juillet 1974 à l'aéroport d'Orly par la police française alors qu'il venait de Beyrouth et portait avec lui une mallette contenant des documents sur des attaques projetées en Europe par le groupe terroriste et une grosse somme d'argent en numéraire. Pour obtenir sa libération, la branche européenne du FPLP, dirigée par Wadie Haddad, décide de monter une prise d'otages à l'ambassade de France aux Pays-Bas, à La Haye. Ainsi trois membres japonais de l'Armée rouge japonaise/FPLP font irruption dans les locaux de la représentation diplomatique le vendredi 13 septembre 1974, prenant en otage l'ambassadeur français et des membres du personnel diplomatique et administratif de l'ambassade." 

"Wadie Haddad avait pensé que le gouvernement français accèderait très rapidement aux revendications des preneurs d'otages. Or c'est l'inverse qui se produit : les autorités françaises font la sourde oreille et refusent de relâcher Yoshiaki Yamada. On arrive à un blocage. Les responsables de l'opération menée à La Haye peuvent craindre une attaque massive de la police néerlandaise au sein de l'ambassade, ou pire : une capitulation des membres du commando, ce qui serait considéré comme un échec cinglant". Ils conçoivent un attentat pour que la France capitule et libère Yamada. Où ? Au drugstore Publicis. Pourquoi pas à la brasserie Lipp à quelques mètres du drugstore, ou, de l'autre côté du boulevard Saint-Germain, au Café de Flore ou au Café Les Deux Magots ? Pourquoi les terroristes du FPLP ont-ils choisi ce drugstore qui appartenait au publiciste et résistant français juif sioniste Marcel Bleustein-Blanchet ? Pourquoi la France et les responsables du projet de Musée-mémorial ne qualifient-ils pas cet attentat d'antisémite ?

"Le mardi 17 septembre, Yoshiaki Yamada est libéré et un Boeing 707 long-courrier est mis à la disposition des preneurs d'otage, avec une somme de 300 000 dollars. La prise d'otage à l'ambassade de France est donc couronnée de succès, grâce notamment à l'attentat du drugstore qui a « fait plier » le gouvernement français."

Le 10 décembre 2021, via Facebook, en messages privés, j'ai interrogé l'historien Denis Peschanski, historien, directeur de recherche au CNRS, ancien membre du Parti communiste, ancien candidat du Parti socialiste, ayant rejoint en 2017 La République En Marche !, pour savoir pourquoi cet attentat aurait été "aveugle". En vain. "Connu pour ses travaux sur la mémoire collective", il avait assuré "la présidence d’une première mission de préfiguration d’un Musée-mémorial des sociétés face aux terrorisme." Son silence s'avère d'autant plus surprenant.

A l'agenda du Musée-mémorial du terrorisme : un projet d'exposition "Faire face au terrorisme co-élaboré avec des collégiens et des lycéens, ainsi que le séminaire doctoral "Les musées-mémoriaux et la patrimonialisation de la mémoire vive".

"Le Musée-mémorial du terrorisme et l’École du Louvre initient en coopération avec les ministères de la Justice, de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et de la Culture, un projet d'exposition co-construite avec 14 classes de collèges et de lycées, ayant pour titre : "Faire face au terrorisme". Cette exposition co-construite, évolutive, numérique et itinérante a vocation à se déployer partout en France dans les années à venir."

Proposé par l'École du Louvre, l'Université du Québec à Montréal et l'Institut national du patrimoine, le séminaire doctoral 2021-2022 "Les musées-mémoriaux et la patrimonialisation de la mémoire vive" s’inscrit "dans un projet de recherche transdisciplinaire « anthropologie et histoire de l’art ». Il comporte 6 séances de 3 heures et une Journée internationale de clôture. Il se déroule à la fois en présentiel et en distanciel. Il est ouvert aux doctorants et aux étudiants de master 2 dans le cadre de la coopération inter-établissements, ainsi qu’aux enseignants-chercheurs et professionnels des musées et de la culture. Les séances se tiennent le jeudi de 16h30-19h30, Paris/ 10h30-13h30, Montréal. Chacune traite de thèmes particuliers, actuels et sensibles, et de leur déclinaison muséographique. L’année se clôture par une Journée internationale.
21 octobre 2021 : Histoire, mémoire et société
2 décembre 2021 : Genre et identités 
10 février 2022 : Esclavage : mémoires et récits
10 mars 2022 : Santé et épidémie
14 avril 2022 : Ruines et dark tourism" (« tourisme noir » ou encore « thanatourisme ») 
"14 mai 2022 : Autochtonie, restitution et conciliation
2ème quinzaine de juin 2022 : Journée internationale « Les musées-mémoriaux du terrorisme ».
Que vient faire la "théorie du genre" controversée dans la réflexion du musée-mémorial ? La réflexion sur le dark tourism représente-t-elle un intérêt dans la mesure où ce musée-mémorial ne se situe pas sur un lieu d'attentat terroriste ? Idem pour "l'autochtonie, la restitution et la réconciliation" ? S'agirait-il de rendre aux terroristes leurs armes ou de se réconcilier avec des djihadistes ?! Les concepteurs de ce séminaire agréé par le musée mémorial ne vont-ils pas au-delà de leurs missions, au-delà de l'Histoire, hors de la morale ?

Attentat au Bataclan
Le 13 novembre 2015, des commandos terroristes islamistes ont commis, au nom de l'Etat islamique (ISIL, ISIS ou Daech), des attentats près du Stade de France à Saint-Denis, et à Paris aux terrasses de café ainsi qu'au BataclanIls ont tué 130 personnes, dont 90 dans cette salle de spectacles. Le procès de ces attentats, où comparaîtront 20 accusés, a débuté le 8 septembre 2021 et devrait s'achever le 25 mai 2022

La principale cible des terroristes s'avère le Bataclan, lieu de spectacles menacé par les islamistes pour son accueil de soirées en solidarité avec l'Etat Juif et dont les propriétaires étaient jusque récemment des Français Juifs. Une salle de spectacles recevant ce 13 novembre 2015 le groupe américain de rock Eagles of Death Metal qui venait de se produire en Israël, malgré les appels au boycott

Tous ces faits prouvent que l'antisémitisme caractérise ces attentats. L'Etat islamique (ISIS) vise à terroriser les Occidentaux, les kouffars, les Yaoud, probablement aussi à réduire le chiffre d'affaires des entreprises détenues par des Français Juifs, à les marginaliser dans la  société française, à ce qu'ils soient évités, boycottés par leurs concitoyens, et in fine à ce qu'ils quittent la France. Car ISIS a bien conscience que les Français juifs sont les plus ardents défenseurs de la république, de la démocratie, de la France.

Le 13 novembre 2017, lors de l'émission Les Grandes Gueules sur RMC, Alain Marsaud, ancien chef du service central de lutte antiterroriste au parquet de Paris, a déclaré : "Nous avons un enregistrement complet de ce qui s'est passé au Bataclan... Les terroristes du Bataclan disaient, avant d'assassiner, de tirer au coup par coup : "Tiens espèce de sale juif’ !" Chez ces gens venus de Molenbeek ou passés par le circuit Grèce, on a un antisémitisme latent aussi dans l'affaire du Bataclan. Il n'y a pas que l'Hypercacher".

Le procès de ces attentats, où comparaîtront 
20 accusés, s'ouvrira le 8 septembre 2021 et devrait s'achever le 25 mai 2022. "
Durant neuf mois, le plus long procès jamais organisé en France va se tenir à Paris. Voici les principaux chiffres à connaître sur cette longue séquence judiciaire.

-  Neuf mois, 140 jours d’audience : de l’ouverture du 8 septembre au verdict du 25 mai, le procès va s’étaler sur neuf mois, avec une coupure autour de l’anniversaire des attentats.
1 800 parties civiles, 330 avocats : les victimes survivantes et les proches des 130 morts qui se sont constitués partie civile seront présentes et représentées, comme plusieurs associations de victimes. Une trentaine d’avocats défendront les accusés.
20 accusés : de Salah Abdeslam, seul survivant des commandos, à Mohammed Abrini, 20 hommes sont cités à comparaître. 14 seront présents au procès, cinq étant présumés morts en Syrie et un autre étant détenu en Turquie, ayant refusé l’extradition.
542 tomes de procédure : l’enquête menée par les juges d’instruction du parquet national antiterroriste, qui a abouti à l’acte d’accusation, condense un million de pages.
Trois avocats généraux : le parquet national antiterroriste a mobilisé trois magistrats pour assurer les fonctions du ministère public. La cour d’assises spéciale sera dirigée par un président de la chambre à la Cour d’appel de Paris, Jean-Louis Peries.
7,5 millions d’euros : c’est le prix des travaux nécessaires à la construction de la salle d’audience conçue spécialement à l’intérieur du palais de justice de l’Île de la Cité. En plus de la salle principale, 14 salles annexes ont été aménagées pour accueillir les avocats, les parties civiles et les journalistes attendus. Au total, elle accueille 2 000 personnes."

« Nos années de plomb - Du Caire au Bataclan : Autopsie d'un désastre » est une enquête minutieuse de Philippe Cohen-Grillet sur l’attentat du 22 février 2009 au Caire (Egypte) qui a causé la mort de Cécile Vannier, lycéenne de 17 ans et blessé 24 autres personnes. Accablant pour des autorités politiques, des magistrats et des médias français.

Après les attentats terroristes islamistes du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis, Philippe Cohen-Grillet, journaliste, révélait dans Le Canard enchaîné que, « malgré le déni et les mensonges du gouvernement, la justice française était au courant de menaces contre le Bataclan depuis 2009, et que rien n'avait été fait ». Ni information des propriétaires de la salle de concerts, ni protection policière du lieu, ni recherche des plans du bâtiment. Pourquoi ?

Occultations d'informations et mensonges à la famille de Cécile Vannier, indifférence de médias à l'égard de cet attentat, diplomatie française peu claire... Philippe Cohen-Grillet brosse un tableau effrayant d'une France cible du terrorisme islamiste, ainsi que de magistrats et agents du renseignement irresponsables.

Le 27 novembre 2015, François Hollande, alors Président de la République, a prononcé un discours unitaire en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. Il a affirmé que la France avait été frappée pour ce qu'elle était et que la Nation pleurait les victimes :
« La France « a été frappée lâchement, dans un acte de guerre organisé de loin et froidement exécuté. Une horde d'assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines, au nom d'une cause folle et d'un dieu trahi. Aujourd'hui, la Nation tout entière, ses forces vives, pleurent les victimes. 130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l'on n'entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues. Ces femmes, ces hommes, incarnaient le bonheur de vivre. C'est parce qu'ils étaient la vie qu'ils ont été tués. C'est parce qu'ils étaient la France qu'ils ont été abattus. C'est parce qu'ils étaient la liberté qu'ils ont été massacrés ».
Le Chef de l’Etat a ainsi occulté le caractère antisémite de l’attentat au Bataclan.

Donc l'instruction a été menée pendant des années sans ce grief d'antisémitisme.

"La recevabilité des demandes de personnes morales, dont également les villes de Paris et Saint-Denis ou encore des sociétés propriétaires de cafés et restaurants [ainsi que le Bataclan] attaqués par les djihadistes était au cœur de l’audience, ce lundi 4 octobre 2021, au procès des attentats dans la capitale. « Il n’y a pas eu de procès Charlie Hebdo sans l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Il ne peut y avoir le procès des attentats du 13-Novembre sans le Bataclan. » Me Marie Burguburu estime « incompréhensible » la position du ministère public, qui conteste la constitution de partie civile de la société d’exploitation des spectacles Bataclan."

« Nous ne disons pas que le Bataclan et d’autres ne sont pas des victimes des attentats, a précisé l’avocat général Nicolas Braconnay. Nous ne contestons pas d’ailleurs leur nécessaire indemnisation par le biais d’assurances ou d’aides publiques. »

"Mais selon le parquet national antiterroriste, pour qu’une « constitution de partie civile soit recevable, il faut un préjudice personnel et direct en lien avec l’infraction et les faits poursuivis ». Or « seule une personne physique peut être une victime directe de meurtre ou de tentative de meurtre », ajoute-t-il, s’appuyant notamment sur une décision de 2019 de la Cour de cassation, qui a rejeté la constitution de partie civile de la ville de Nice dans l’enquête sur l’attentat du 14 juillet 2016.

« Soutenir que le Bataclan n’aurait subi qu’un préjudice indirect est une aberration », rétorque Marie Burguburu. L’avocate de la société d’exploitation du Bataclan souligne que ce lieu « intimement lié au 13-Novembre », où quatre-vingt-dix personnes ont été tuées, a été une « cible choisie, préméditée ». "Elle rappelle aussi que la « SNCF a été jugée recevable » au procès de l’attaque déjouée du Thalys en août 2015. « Refuser au Bataclan le droit au procès pénal s’apparenterait à un déni de justice, politiquement à un scandale et humainement à un mépris et un non-sens. »

"Concernant Paris, le ministère public estime « que la ville a été prise pour cible en qualité de capitale. C’est la politique française qui est visée. C’est François Hollande. Pas Anne Hidalgo ». La Ville ne s’est « pas constituée à chaque attentat sur son territoire, réplique son avocat, Me Patrick Klugman. Elle le fait ici parce qu’elle a été spécifiquement ciblée et directement éprouvée […] ». La cour d’assises spéciale va délibérer « au calme » sur ces demandes de constitutions de parties civiles, a annoncé le président, sans préciser toutefois quand la décision sera rendue".

Le 15 septembre 2021, Salah Abdeslam, seul survivant des commandos du 13-Novembre 2015, « a tenté de justifier les attentats de Paris devant la cour d’assises spéciale de Paris, où il était invité, comme les treize autres accusés, à faire une déclaration sur les faits qui lui sont reprochés. "On a attaqué la France, on a visé la population, des civils mais il n’y avait rien de personnel. Quand on a visé ces gens-là, on a visé la France et rien d’autre. Quand François Hollande a pris la décision d’attaquer l’État Islamique, il savait que sa décision comportait des risques. Il savait qu’en prenant cette décision, des Français allaient trouver la mort", a déclaré Salah Abdeslam, masque noir baissé sur sa barbe.

« Et de poursuivre, en reprenant les codes de la propagande jihadiste : "Les avions français qui bombardent l’État islamique ne font pas de distinctions entre les hommes, les femmes, les enfants, ils détruisent tout sur leur passage. On a voulu que la France subisse la même douleur que nous subissons. François Hollande a dit que nous avons combattu la France à cause de ses valeurs, mais c’est un mensonge." 

Comme les attentats terroristes islamistes à Mumbai (nouvelle dénomination de Bombay), "capitale financière et plus grande ville de l'Inde. du 26 au 29 novembre 2008, les attentats du 13 novembre 2015 ont visé plusieurs lieux, dont l'un d'eux est Juif : le centre 'Habad-Loubavitch à Nariman House dirigé par où le rabbin Gavriel Holtzberg et son épouse Rivka, émissaires (« chlou'him ») du Rabbi de Loubavitch et directeurs du Centre et d'autres personnes sont torturés et assassinés. A Paris, ce lieu perçu comme juif était le Bataclan qui avait accueilli des soirées organisées par des associations françaises juives. Ainsi, le Collectif contre les extrémismes, de droite et de gauche, avait organisé une réunion le 5 juin 2002 au Bataclan. Des intellectuels - Pierre-André TaguieffShmuel Trigano, Jacques Tarnero, Marc Knobel et Me Gilles-William Goldnadel - avaient signalé la gravité pour la République et les Juifs d’une situation propice aux ennemis de la démocratie. Répondant à un questionnaire, les candidats - Cap 21, MDC, PS, RPR, UDF - aux élections législatives s'étaient parfois engagés devant un auditoire houleux.

Des services de sécurité de divers pays avaient tiré les conclusions des attentats à Mumbai en prévoyant la réponse à une éventuelle situation identique dans leur pays.

Le 6 octobre 2021, René Lévy, président de l'Observatoire Juif de France, m'a confié envisager, si un fait nouveau apparaît lors du procès, de se constituer partie civile.
A voir les images des réactions de Français après ces attentats terroristes islamistes - messages ("Peace and Love", "Une Parisienne") érigés en archives à conserver, ballons de toutes les couleurs, allumage de bougies, fleurs ou autres offrandes à qui ? -, les esprits ne sont pas préparés pour affronter et vaincre idéologiquement, psychologiquement et moralement le djihad.

Réponse de Henry Rousso le 24 janvier 2022
"Madame,
Rachid Azizi m'a transmis votre question... qui n'en est pas vraiment une puisque vous avez une réponse qui figure dans votre blog et qui sous-tend le tweet récent où vous considérez que le rapport que j'ai remis au Président en mars 2020 sur le futur musée-mémorial du terrorisme "omet parfois l'antisémitisme". Il aurait été préférable de me poser la question avant d'y répondre, mais là n'est pas l'essentiel.

Vous trouverez à la page 20 dudit rapport le passage suivant : "À partir de 1979, le terrorisme islamiste, qui se revendique ouvertement de conceptions politico-religieuses, avec dans la plupart des cas une dimension antisémite, s’ancre également dans le quotidien des Français : attentats de groupes palestiniens contre la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980, et contre le restaurant Goldenberg, rue des Rosiers, le 9 août 1982..." ; et à la page 65, la phrase suivante "l’antisémitisme est une constante du terrorisme contemporain". Cela me paraît assez clair.

En réalité, l' "omission" semble concerner l'attentat du 15 septembre 1979. Le fait que la chaîne Publicis appartienne à Marcel Bleustein-Blanchet semble suffisant à vos yeux pour en faire un attentat à dimension antisémite, donc non "aveugle" si je comprends bien. À cela je répondrai trois choses :

1° - le lien que vous faites relève d'une corrélation et non d'une causalité. À ma connaissance, le caractère "antisémite" de la cible n'a jamais été démontré même s'il est évoqué ici ou là ; les raisons de cet attentat étaient d'abord de faire pression sur le gouvernement français tout comme la prise d'otage à l'ambassade de France à La Haye par l'Armée rouge japonaise, deux jours avant ;

2° - ce sont des passants qui ont été touchés le 15 septembre. Or un attentat  "aveugle" est d'abord un attentat qui fait des victimes non ciblées, qui se trouvaient donc là par hasard, comme sur les terrasses du 13 novembre 2015, et non comme les attaques de janvier 2015 visant des journalistes, des policiers ou des clients juifs de l'Hyper Cacher. En réalité, c'est pour les terroristes qu'il n'y a jamais d'attentat "aveugle" car ils ont toujours de "bonnes raisons" pour justifier leurs crimes : "Il faut que tu comprennes, ô peuple ! qu’il n’y a pas de victimes innocentes dans ces hécatombes", citation tirée du Manifeste anarchiste des dynamiteurs (1893) <https://placard.ficedl.info/mot5239.html>. Cf. également Gilles Ferragu, "L’écho des bombes : l’invention du terrorisme « à l’aveugle » (1893-1895)" <https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2019-1-page-21.htm> ;

3° - enfin, si le choix de l'attentat du 15 septembre  et donc de l'année 1974 comme borne de référence revient au législateur (la médaille des victimes) et non à la mission, il s'agit bien du premier attentat non ciblé en France depuis la fin de la Guerre d'Algérie.

Bien à vous
Henry Rousso"

Je répondrai prochainement à la lettre de Henry Rousso.

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