lundi 12 juillet 2021

« Ielnia - La petite ville de la grande guerre patriotique » de Dmitry Bogolubov

Arte diffuse sur son site Internet « Ielnia - La petite ville de la grande guerre patriotique » (Jelnja - Stadt des Ruhms) de Dmitry Bogolubov. « Savamment entretenu, le souvenir de la victoire soviétique sur les nazis attise aujourd’hui le nationalisme. Un témoignage fort sur l’instrumentalisation du passé à l’échelle d’une bourgade russe ».
 
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« À 370 kilomètres de Moscou, dans la région de Smolensk, les habitants de Ielnia vibrent encore à l’évocation du courage de leurs ancêtres, lorsqu’en 1941, pendant la “grande guerre patriotique”, selon l’expression toujours consacrée en Russie, ceux-ci reprirent leur ville aux troupes allemandes ». La première victoire militaire de cette guerre. 

Deux autres dates historiques ont placé Ielnia au centre d'offensives militaires durant la Deuxième Guerre mondiale.

"En 1942, le district de Ielninski est aux mains des partisans de Dorogobouj et les forces allemandes ne contrôlent que la ville. En mars 1942, les partisans libèrent la ville, tuant plus d'un millier de soldats allemands mais trois jours plus tard, le 18 mars 1942, ils sont forcés de battre en retraite et de regagner les forêts. 289 Juifs vivaient dans la ville en 1939 mais en mars 1942, 230 d'entre eux seront assassinés dans une exécution de masse dans le cadre de la Shoah par balles."

"En août 1943, la ville de Ielnia devient l'une des clés de la bataille de Smolensk. Le 30 août, les forces allemandes sont forcées d'abandonner Ielnia, essuyant de lourdes pertes. Ceci marque le commencement d'une longue retraite allemande de la région. Le 3 septembre, les forces soviétiques atteignent les rives du Dniepr."

« Réintroduites par Vladimir Poutine, les célébrations de la "victoire soviétique sur le fascisme" y rassemblent aujourd’hui les générations : les retraités, comme Sergueï, qui passe une partie de son temps à exhumer, entre autres souvenirs des combats, des dépouilles de soldats progressivement transférées en grande pompe dans une sépulture commune ; les aînés, qui n’ont rien oublié des drames vécus par leurs proches ; mais aussi les plus jeunes de leurs concitoyens ». 

« Sous le regard impérieux de sa mère, Macha, 16 ans, interprète ainsi en uniforme de l’armée russe les chants martiaux composés durant la guerre ». 

« Enfin, des classes entières d’écoliers rejoignent “l’armée des jeunes patriotes” en jurant de se montrer dignes de ceux qui ont versé leur sang pour eux et leur pays. »

« Pendant trois ans, Dmitry Bogolyubov s’est immergé à Ielnia pour essayer de saisir pourquoi, après plus de sept décennies de paix, le souvenir de la Seconde Guerre mondiale est plus que jamais célébré en Russie ». Et dans une agglomération d'environ 9 500 habitants.

« Par le prisme d’une petite ville ordinaire, frappée par le chômage, l’exil de la jeunesse, l’alcoolisme et la pauvreté, son film montre comment la glorification de ce passé terrible est instrumentalisée pour attiser le nationalisme : hier contre la peste brune nazie, désormais contre une autre peste, qualifiée de pire, et représentée par l’Occident tant européen qu’américain. Mais tous, à Ielnia, ne sont pas dupes de la manipulation, comme en témoignent les silences de Macha ou les larmes de Sergueï ».


Allemagne/Russie/République tchèque, 2019, 88 min
Coproduction : ZDF/ARTE, Ethno Found, Saxonia Entertainment, Hyper Market Film, Feeling Reality, Ceszka Televize
Disponible du 13/04/2021 au 12/07/2021
Visuels© Dmitry Bogolyubov

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