dimanche 18 avril 2021

« Juifs du Maroc, 1934-1937 Photographies de Jean Besancenot »

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) présente l’exposition « Juifs du Maroc, 1934-1937 Photographies de Jean Besancenot » assortie d'un beau catalogue "islamiquement correct". « Ethnographe autodidacte, photographe par nécessité, Jean Besancenot (1902-1992) laisse, issu d’un corpus de plus de 1 800 images, un témoignage irremplaçable sur le monde disparu des juifs du Maroc, et en particulier sur les communautés rurales du Sud du pays. »


« Datant des années 1934-1937, les photographies de Jean Besancenot offrent un témoignage exceptionnel sur les communautés juives rurales du Maroc, aujourd’hui disparues. » 

Le monde de Juifs, souvent Berbères, qui ont échappé au statut de la dhimmitude, statut humiliant et cruel imposé aux non-musulmans en "terre d'islam" après le djihad, avec le protectorat français. Au Maroc sous domination islamique, des Juifs étaient contraints de vivre dans des mellahs ou ghettos, notamment à Fès. De nouveau, sous le régime de Vichy, un grand nombre, qui avaient quitté ces mellahs depuis des générations, ont du retourner vivre dans des mellahs.

Certaines photographies avaient été montrées, dans le cadre de « Paris collectionne, 30 ans du Mois de la Photo », dans l'exposition "Le MAHJ collectionne... la photographie" (9 novembre 2010 – 23 janvier 2011).  

Elles sont visibles sur le site Internet du mahJ.

"Depuis sa création, il y a un peu plus de dix ans, le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme a présenté très régulièrement des expositions de photographies."

« Né Jean Girard, Jean Besancenot (1902-1992) fréquente l’École des arts décoratifs à Paris, entame une carrière de peintre et étudie les costumes régionaux français. À l’occasion d’un voyage d’études au Maroc, en 1934, il se met à la photographie en s’intéressant aux vêtements traditionnels. Grâce à une aide du ministère des Affaires étrangères, il y séjourne en 1935 et 1936, photographie les hommes et femmes des différentes communautés et documente avec soin leurs costumes de cérémonie. »

« Parallèlement à ses photographies, Besancenot filme, dessine et prend de nombreuses notes, qui l’introduisent dans le milieu, alors très actif, de l’ethnologie française. En 1937, son travail est exposé au musée de la France d’outre-mer, dans le palais de la porte Dorée inauguré en 1931 lors de l’Exposition coloniale. Il y présente des photographies, un choix de peintures, ainsi que quelques costumes et bijoux. Il collabore aussi avec le musée de l’Homme, auquel il offre cinq cent cinquante clichés documentés, ainsi que des vêtements. En 1942, il publie Costumes et types du Maroc, un ouvrage reproduisant ses dessins rehaussés à l’aquarelle qui reste une référence essentielle sur le vêtement traditionnel marocain. » Le 26 mars 2021, un exemplaire de 
Costumes et types du Maroc a été vendu aux enchères.

Dans Costumes du Maroc, livre réédité en 2009, l'auteur se souvient : 
"Il y a plus de 70 ans, j'arrivais au Maroc avec le désir d'y réaliser une documentation sur le costume et la parure. Je procédais donc à un relevé graphique minutieux de soixante costumes. Ce livre en édition luxe édité en 1942, a été un succès. Sa Majesté Mohamed V me fit l'honneur d'être le premier souscripteur. Il me tient à cœur que mon travail soit accueilli et considéré par les jeunes générations marocaines comme une contribution à la connaissance de leur riche patrimoine culturel."
« Jean Besancenot explore en particulier les régions les plus méridionales du pays, peu touchées par l’occidentalisation, où vivent, mêlées aux populations berbères, des communautés juives présentes parfois depuis l’Antiquité. Réalisées pendant la période du protectorat français, ses images reflètent une grande proximité avec ses modèles, lui permettant de mêler enjeux esthétiques et exigence scientifique. Son œuvre documente de manière irremplaçable la culture juive au Maroc, et en particulier les costumes et les parures féminines, dont le répertoire est parfois commun avec celui des femmes musulmanes. »

« L’exposition réunit de nombreux tirages originaux réalisés par Besancenot lui-même, provenant de collections publiques et privées, et présente, sous la forme d’un audiovisuel, un large choix d’images issues du riche fonds de ses négatifs originaux. » 

"Prises dans les années 1934-1937, les photographies de Jean Besancenot (Jean Girard, 1902-1992) sont un témoignage exceptionnel sur les communautés juives rurales du Maroc, aujourd’hui disparues. Peintre de formation, Besancenot prend part à plusieurs travaux sur les costumes régionaux français. En 1934, à l’occasion d’un voyage d’études au Maroc, il est séduit par le pays et se met à la photographie pour y saisir et y documenter tenues et parures." 

On peut voir sur Internet des oeuvres - livres (Bijoux arabes et berbères du Maroc, préface de Marcel Vicaire. Casablanca, Éditions de la Cigogne, 1953), photographies - de Jean Besancenot ainsi que leurs prix d'acquisitions lors de ventes aux enchères.

"Besancenot explore en particulier les régions les plus méridionales du pays, peu touchées par l’occidentalisation, où vivent, mêlées aux populations berbères, des communautés juives présentes parfois depuis l’Antiquité. Réalisées pendant la période du protectorat français, ses images reflètent une grande proximité avec ses modèles, lui permettant de mêler enjeux esthétiques et exigence scientifique. Son oeuvre documente de manière irremplaçable la culture juive au Maroc, et en particulier les costumes et les parures féminines, dont le répertoire est parfois commun avec celui des femmes musulmanes."

Goulmima, région du Tafilalet. Jeune femme en drapé blanc
mahJ © Adagp, Paris, 2020
"La coiffure particulière est constituée de boudins de laine noire ou marron tombant sur les côtés et d’un bonnet (beniqa), enfermant les cheveux. Les faux cheveux en laine noire sont séparés en deux bandeaux partant du haut du front, s’attachant à l’arrière et revenant devant sur les épaules. Une écharpe de soie repliée plusieurs fois est posée sur la coiffure. Les grosses boucles d’oreilles sont suspendues à une triple chaînette d’argent. Le collier ancien alterne des perles d’ambre et des croix en argent. Les fibules sont reliées par une chaîne de pièces d’argent".

Erfoud, région du Tafilalet
Rouhama et Sarah Abehassera en costumes de mariée
mahJ © Adagp, Paris, 2020
"Rouhama (Rissani, Maroc, 1922 – Ramlé, Israël, 2007) et Sarah (née à Rissani en 1925, vit en Israël) sont les filles du rabbin Israël Abehassera (1889-1984), dit Baba Salé, grand kabbaliste, enterré à Netivot en Israël dont la tombe est l’objet d’importants pèlerinages.
L’une des deux jeunes filles porte le costume de fête en vigueur durant les huit jours des festivités, l’autre a revêtu celui en usage après le huitième jour, lorsque le mariage a été consommé et que la jeune femme porte la derra, chemise à longues manches évasées, et la coiffure à cornes recouverte de la sebniya, écharpe de soie à franges dont les pans retombent en arrière. La mariée est vêtue d’un manteau (qeftan) de brocart serré à la taille par une ceinture. La coiffure, en attendant celle à cornes, est le swalef à cheveux de soie recouvert d’un enroulement de soieries monté sur un large ruban gommé."

Erfoud, région du Tafilalet
Messaoud Assouline (Tinghir, 1922 – Jérusalem, 2007), âgé de 13 ans, en costume de marié
Collection Hannah Assouline © Adagp, Paris, 2020
« Deux familles, dont celle d’un rabbin lettré qui jouissait d’un grand prestige, m’aidèrent à fixer bien exactement les traits les plus importants des traditions locales se rapportant au costume et à la parure. » J. B.
"Le jeune marié juif porte un sous-vêtement long (tchamir) et, pardessus, une courte blouse blanche, aux larges et longues manches rebrodées de dessins géométriques noirs et rouges dite déréa ou derra, serrée à la taille par une haute ceinture lamé or (hzam). Sous le tchamir, il porte un serwal resserré aux chevilles, orné des mêmes broderies. Sur la tête, sa calotte (terbouch) est également brodée de noir et de rouge".

Erfoud, région du Tafilalet
Messaoud Assouline et Sarah Abehassera en costume de mariés 
Collection Hannah Assouline © Adagp, Paris, 2020
« Il y avait, à Erfoud même, un petit groupe de juifs qui me semblait représenter l’élément encore vivant, le noyau résiduel de cette agglomération du Tafilalet dont les textes m’avaient appris qu’elle avait eu dans le passé une importance et un rayonnement exceptionnels. » J. B.
Né en 1922 à Tinghir, Messaoud Assouline a étudié de 1935 à 1943 dans la yeshiva de Baba Salé à Erfoud. Marié en 1943 avec Alice Chettrit, nièce de Baba Salé, il s’installe avec sa famille à Colomb-Béchar (Algérie), où il sera à la fois shohet (sacrificateur chargé de l’abattage rituel) et rabbin, métiers qu’il reprendra à Paris dès 1963. Chef des sacrificateurs rituels du Consistoire Israélite de Paris jusqu’à sa retraite en 1994, il a dirigé la synagogue de la rue du Bourg-Tibourg (4e arr.) jusqu’à sa mort à Jérusalem en 2007."

Tamegrout, vallée du Draa
Femmes juives portant l’izar blanc
mahJ © Adagp, Paris, 2020
Les cheveux sont dissimulés dans une étoffe, le feshtoul, recouverte et enserrée dans une écharpe de soie (khtib), sur laquelle on accroche un diadème à chaînettes et pendeloques. Au centre de ce dernier, le cercle d’argent (touaba) est censé porter chance. Les colliers sont constitués d’enfilades de pierres, de perles et de petits ornements d’argent. Les fibules ne sont pas spécifiques de la vallée du Draa.

Mogador (actuelle Essaouira)
Rabbi David Ben-Baruch, chef de la corporation (« amine ») des orfèvres
mahJ © Adagp, Paris, 2020
"Sur son gilet (bedaya) est superposée une veste de même coupe, mais ouverte sur le devant, munie d’une rangée de faux boutons, et ornée de passementeries à soutaches (galons étroits et plats à deux côtes)." 

"La longue blouse (zokha) est laissée flottante et portée ouverte, une large ceinture de soie (kersiyyah) serrée dessous".

Kelaat M’Gouna, province de Tinghir, vallée du Todgha
Deux jeunes femmes en drapé blanc
mahJ © Adagp, Paris, 2020
"La coiffure est composée de la perruque de poils de queue de vache qui dissimule les cheveux. Sur cette perruque est posée une couronne (tasfift) en argent constituée de petites plaques repoussées et gravées, avec un effet de clou en relief, et une petite frange de pendeloques très fines. Les principaux éléments sont imbriqués étroitement les uns dans les autres, cousus sur une solide monture d’étoffe gommée et accompagnés de longues perles de corail. Le diadème peut être remplacé par un foulard roulé."
« C’est un ornement que l’on ne trouve que là, bijou offrant à lui seul un sujet d’étude passionnant. Ce diadème ancien n’existait plus guère qu’à une douzaine d’exemplaires entre les deux mellah de Kelâat M’Gouna et Tiilit. Seules quelques familles riches les possédaient encore. » J. B."

Tahala, région du Souss
Jeune mariée juive en costume traditionnel
Collection Hannah Assouline © Adagp, Paris, 2020
« Nous avons là un exemple de l’abondance que peut atteindre la parure. On remarquera cependant que malgré l’excès, il n’y a pas désordre. Les colliers hotfis sont d’une grandeur calculée pour se succéder de façon à former une garniture totale de la poitrine, le plus grand étant le hotfis l’herz qui est ici une pièce exceptionnelle où sont choisis comme décors essentiels les grands pendentifs l’herz d’argent filigrané, décorés d’émaux cloisonnés, lesquels sont des échantillons typiques de l’orfèvrerie des artisans bijoutiers de l’Anti-Atlas, de Tahala en particulier ». J. B.

Tiilit, vallée du Draa
Heder (école juive)
Collection Sarah Assidon-Pinson
© Adagp, Paris, 2020
A noter la lumière, réfléchie par les pages blanches des livres ouverts, illumine les visages attentifs, comme si le savoir éclairaient l'esprit de ces enfants.
Le photographe a choisi un angle légèrement décalé.

Tiznit, région du Souss
Femme juive en costume journalier
mahJ © Adagp, Paris, 2020
"Elle porte le mahdour classique, coiffe composée de fils d’argent tramés sur un fond de crins noirs de vache, entourée d’un foulard de soie". 
"Du bandeau tissé s’échappent les crins partagés en deux sur le front." 
"Les boucles d’oreilles sont soutenues par une chaînette à la coiffe". 
"La robe de cotonnade est la saya. Les colliers sont composés de boules d’argent filigrané, de perles de corail et de monnaies".

Tahala, région du Souss
Femmes juives en costume traditionnel
Collection Sarah Assidon-Pinson © Adagp, Paris, 2020
"Elles portent le mahdour classique, coiffe composée de fils d’argent tramés sur un fond de crins noirs de vache, entourée d’un foulard de soie". 
"La robe de cotonnade est la saya, le boléro (gombaz) est rebrodé de galons dorés". 
"Les colliers sont composés de grosses perles d’argent filigrané, de perles et de monnaies". 
"Les lourdes boucles d’oreilles sont soutenues par la coiffe."
Le relief apparaît en arrière-plan.
A la différence des précédents portraits, ces femmes juives regardent directement, de face, l'objectif du photographe.

Région de Tikirt, vallée du Draa
Homme et enfant en costume traditionnel
Collection Sarah Assidon-Pinson
© Adagp, Paris, 2020

Les commissaires de l’exposition sont Hannah Assouline et Dominique Carré. La coordination est assurée par Nicolas Feuillie, mahJ.

L’exposition bénéficie du concours du musée du quai Branly – Jacques Chirac, de l’Institut du monde arabe et du musée berbère, fondation Majorelle, Marrakech.

Le catalogue "islamiquement correct" Juifs du Maroc. Photographies de Jean Besancenot, 1934-1937 accompagne l'exposition. Les auteurs en sont : Michel Abitbol, historien, Hannah Assouline, photographe, Dominique Carré, éditeur, Paul Salmona, directeur du mahJ, et Dorota Sniezek, attachée de conservation, responsable des collections ethnographiques  du mahJ.
 
« Lorsqu'elle rencontre en 1984 le photographe Jean Besancenot (1902-1992), Hannah Assouline tombe par hasard sur un portrait de son père, le rabbin Messaoud Assouline, photographié par Besancenot lorsqu'il était enfant dans l'oasis d'Erfoud, au Maroc. Aujourd'hui co-commissaire de l'exposition « Juifs du Maroc, 1934-1937 », elle raconte l'histoire de cette image oubliée et de sa réappropriation par son père, né à Tinghir en 1920, élève du rabbin Baba Salé, qui devint à son arrivée en France rabbin de la rue du Bourg Tibourg (Paris 4e)... »

"Juifs du Sud du Maroc"
par Michel Abitbol, historien

"Très antérieure à l’avènement de l’islam, la présence juive au sud marocain remonte aux premiers siècles de notre ère. Comme ailleurs, ses débuts sont nimbés de mythes et de légendes, mais la première implantation juive d’importance se situerait aux lendemains de la destruction du Second Temple de Jérusalem par Titus (en 70 de notre ère) quand fuyant la répression romaine, des centaines de familles juives s’installent au Maghreb central et occidental. Elles sont bien accueillies par la population berbère qui ne serait pas restée insensible à leurs croyances religieuses, comme en témoigne Ibn Khaldoun au XIVe siècle.
L’islamisation du Maghreb confère à l’ensemble des juifs du Maroc un statut juridique commun, la dhimma, leur permettant de pratiquer librement leur culte et de disposer d’une certaine autonomie. En contrepartie, ils doivent se conformer à diverses dispositions (impôts, ségrégation vestimentaire, etc.).
Une fois passée la période répressive de la dynastie almohade (XIIe siècle), les communautés marocaines retrouvent une existence normale, revigorées par l’afflux des Juifs expulsés d’Espagne (megorashim) qui, après 1492, s’installent en masse au Maroc et dont ils modifient de façon durable la physionomie démographique, religieuse et sociale. Ils s’imposent aux juifs autochtones, ou toshavim, non seulement en raison de leur très haut niveau culturel mais aussi du fait de leur poids démographique et leur éparpillement à travers tout le pays. C’est l’ensemble du judaïsme marocain – exceptées ses franges présahariennes – qui sera assimilé par les nouveaux venus.
Mais l’effondrement, au XVIIe siècle, de la première dynastie chérifienne des Sa’diens précipite le déclin du commerce transsaharien et annonce la longue déchéance des juifs du Sud. Vivant dans des zones de non-droit échappant à l’autorité du pouvoir central, ces communautés y sont régies par les règles coutumières de la protection ou debiha, un système de type féodal qui disparaît avec l’avènement du Protectorat (1912-1955). Portant un coup mortel au commerce transsaharien, la présence française a sapé les bases du modus vivendi et de la symbiose culturelle qui a existé pendant des siècles entre juifs et Berbères dans cette vaste région du Maroc qui, comme le reste du royaume va se vider d’une bonne partie de ses juifs dans les années 1960 et 1970, à l’instigation de l’Agence juive et dans le prolongement de la guerre des Six Jours."

Repères biographiques

"1902 Naissance de Jean Besancenot à Estrées-Saint-Denis dans l’Oise.
1917-1922 Fréquente l’École nationale des Arts décoratifs à Paris.
1933 Collaboration à des travaux sur les costumes populaires régionaux.
1934 Sociétaire au Salon des Artistes décorateurs ; voyage d’étude au Maroc
1935 Deuxième voyage au Maroc.
1936 Troisième voyage au Maroc ; Il travaille bénévolement pour le musée de l’Homme, ouvert en 1937 dans le palais de Chaillot.
1937 Exposition personnelle « Types et costumes du Maroc » au musée de la France d’Outre-mer (ancien musée des Colonies), lors de l’Exposition internationale des arts et techniques de la vie moderne ; lauréat de la fondation Florence Blumenthal (Prix « pour la pensée et l’art français ») ; donne au musée de l’Homme un ensemble de 500 tirages documentés.
1937-1938 Il suit le cours d’ethnographie de Marcel Mauss à l’Institut d’ethnologie.
1939 Projet de voyage dans le nord de l’Indochine française (Tonkin, Laos) afin d’étudier les costumes régionaux, annulé à cause de la déclaration de guerre ; il s’installe au Maroc. Nommé responsable du service iconographique du Protectorat ; il réalise une vaste documentation sur l’Anti-Atlas ; entre 1940 et 1943, vit dans la médina de Salé.
1942 Publication de Costumes et types du Maroc ; ouvrage illustré de 60 gouaches reproduites en fac-similé et en camaïeu, éditions des Horizons de France.
1947 Exposition « Bijoux berbères du Maroc », à la galerie de l’orfèvrerie Christofle, Paris.
1948 Il conseille le cinéaste André Zwobada pour les costumes des Noces de sable, tourné en partie dans la palmeraie de Tata (texte de Jean Cocteau, lu par l’auteur).
Vers 1950 Il réalise des peintures pour la galerie Majorelle du grand hôtel Mamounia à Marrakech.
1957 Il revient en France après l’indépendance du Maroc (1956).
1984 Il cède à l’Institut du monde arabe, alors en gestation, une collection de tirages et l’ensemble de ses négatifs, accompagnés de notes commentant chaque image.
1988 Réédition de Costumes du Maroc par Edisud, Aix-en-Provence, et Al Kalam, Rabat.
Se retire à la Maison nationale des artistes à Nogent-sur-Marne.
1992 Il meurt le 27 juin dans la pauvreté."

Le mahJ a présenté plusieurs manifestations sur les Juifs du Maroc.
Regards sur la vie juive au Maroc (7 octobre 1999-2 janvier 2000)
"A l'occasion du « Temps du Maroc en France », le mahJ proposa sous le titre « Regards sur la vie juive au Maroc », un programme de manifestations qui évoque les différents visages passés du judaïsme marocain ainsi que leur interprétation contemporaine".

"Indissociable de l'histoire du Maroc, le judaïsme marocain est à l'honneur au mahJ. L'histoire du judaïsme marocain, une des plus anciennes traditions juives marquée par une continuité inégalée en terre d'acueil, remonterait, selon certaines légendes, à l'époque de la conquête babylonienne de Jérusalem et à la destruction du Temple au IVe siècle avant l'ère commune."

"Il est difficile d'imagine aujourd'hui, au regard de la petite minorité juive toujours établie au Maroc, ce que fut le judaïsme marocain au temps de sa grandeur. Des quelque cent vingt-mille juifs que comptait le Maroc en 1956 presque tous ont émigré dès l'indépendance du pays, poussés par les conflits politiques qui opposèrent le monde arable à l'État d'Israël après la création de ce dernier."

"Cette rupture d'une histoire millénaire ne doit pas effacer ce qui fut un modèle de vie commune et de traditions partagées. Les juifs firent partie de la vie marocaine aussi bien dans le monde rural que dans les cités, où ils jouèrent un rôle important dans le tissu économique."

"Photographies, bijoux et costumes, cartes postales anciennes, peintures et dessins forment des séquences de la vie des Juifs au Maroc, du milieu du siècle dernier aux années précédant leur émigration à partir de la fin des années cinquante."

"Les « Carnets de voyage » d'Hélène Hourmat, artiste contemporaine, sont le passage entre cette mémoire perdue et un héritage encore très présent dans la diaspora judéo-marocaine".

"Des films documentaire et de fiction, des concerts de musique judéo-marocaine et arabo-andalouse témoignent de l'attachement des artistes juifs à cette tradition millénaire et des questions qu'elle continue de susciter en eux."

Les expositions forment des séquences réparties dans différents lieux du musée.

« Parures et Trames. Traditions juives dans l'art du bijou et du textile au Maroc »
"Au cœur des traditions artisanales juives, on trouvait au Maroc comme dans tout le Maghreb, le travail des métaux précieux et la fabrication du fil d'or."

"L'exposition présente des pièces exceptionnelles témoignant du grand raffinement des bijoux citadins et de l'habileté des orfèvres juifs. Ces parures citadines, distinctes des bijoux ruraux par la prédominance de l'or et des pierres précieuses ainsi que les costumes présentés, sont destinés pour la plupart à un usage cérémoniel. Plusieurs traditions de textiles brodés se sont développé dans les villes du Nord, chacune élaborant son propre style avec des motifs et des couleurs spécifiques."

"Elias Harrus, photographe amateur, a réalisé des centaines de photographies entre 1940 et 1960, alors qu'il parcourait le Maroc rural des confins de l'Atlas pour le compte de l'Alliance israélite universelle, dont il fut un des piliers. Connaissant bien le milieu rural pour en être lui -même issu, Elias Harrus nous livre un témoignage précieux sur la vie des juifs des communautés rurales du Maroc."

"En regard de ces scènes de vie, des bijoux et des costumes illustrent l'artisanat et les modes vestimentaires des populations juives rurales."

Le mahJ a présenté l'exposition "Parures, bijoux des juifs du Maroc" (7 octobre 1999-2 janvier 2000). Au cœur des traditions artisanales juives, on trouvait au Maroc comme dans tout le Maghreb, le travail des métaux précieux et la fabrication du fil d'or.

"L'exposition présente des pièces exceptionnelles témoignant du grand raffinement des bijoux citadins et de l'habileté des orfèvres juifs. Ces parures citadines, distinctes des bijoux ruraux par la prédominance de l'or et des pierres précieuses ainsi que les costumes présentés, sont destinés pour la plupart à un usage cérémoniel."

"Plusieurs traditions de textiles brodés se sont développé dans les villes du Nord, chacune élaborant son propre style avec des motifs et des couleurs spécifiques."

Ci-contre : Fibule, Tétouan, Maroc, XVIIIe siècle ?, H. 12,5 - L. 6 cm. Or martelé, ciselé et ajouré, perles baroques, rubis, émeraudes
Dépôt de la Fondation Pro-Mahj, 
Legs de Michel Schulmann
© mahJ / Adam Rzepka

A l'occasion de l'exposition, la mahJ a publié la plaquette de Marie-Rose Rabaté "Bijoutiers juifs du Maroc", in Parures. Bijoux des juifs du Maroc, Paris, mahJ, pp. 7-15, 1999. 

Parure de citadine juive du Maroc.
 Diadème (taj), ornements d’oreilles (khoras amara), médaillon-oiseau (serdokh) et fibules (tizerzaï). Fès, Tanger, Tétouan, fin du XVIIIe– début du XIXe  siècle. Or, rubis, émeraudes, perles, émail. Dépôt de la fondation Pro mahJ, legs de Michel Schulmann
Ci-contre : Parure de citadine juive du Maroc, Fès, Tanger, Tétouan, fin du XVIIIe– début du XIXe  siècle, dépôt de la fondation Pro mahJ, legs de Michel Schulmann. © Pauline Guyon, mahJ

"Cette exceptionnelle parure fait partie d’un ensemble d’une dizaine de bijoux en or et pierres précieuses portés par des citadines juives marocaines, légué au mahJ en 2006 par Michel Schulmann. Les éléments les plus remarquables en sont un diadème articulé (taj) et de lourds ornements d’oreilles accrochés à la coiffure, au niveau des tempes (khoras amara). La parure est complétée par un collier-médaillon à motif d’oiseau (serdokh), à décor de filigranes et d’émeraudes, et des fibules (tizerzaï), servant à retenir un léger voile d’épaule."

"Ces pièces pouvaient être remplacées par d’autres types de colliers de type tazra à trois médaillons et des boucles d’oreilles de formes diverses (khras kbach) ou (duwwah el-mehdor) et complétées de bracelets nommés debliz sems ugmar, « soleil et lune », appellation faisant référence à l’usage conjoint d’or et d’argent."

"Portée une première fois le jour du mariage la parure faisait ensuite partie de la tenue d’apparat de la femme mariée et témoignait du statut social de sa famille. Pour les plus modestes, il existait à l’intérieur de la communauté une institution de prêt le temps du mariage."

"Ces parures étaient l’œuvre d’orfèvres juifs installés dans les villes du Nord. L’histoire de l’orfèvrerie marocaine est d’ailleurs étroitement liée à celle des bijoutiers juifs qui étaient pratiquement les seuls à assurer cet artisanat dans le pays jusqu’au milieu du XXe siècle – leur production s’adressant autant aux femmes juives que musulmanes. Ce quasi-monopole – que l’on retrouve dans tous les pays musulmans du Moyen-Orient et du pourtour méditerranéen – s’expliquait par l’interdit de l’usure auquel l’Islam assimile la vente d’objets travaillés en or ou argent pour un prix supérieur à leur poids, interdit ne s’appliquant pas aux artisans juifs dont la mobilité, voulue ou forcée, a assuré la circulation du savoir-faire."

"Le mellah, le quartier juif des villes du Maroc, était aussi celui des artisans et des vendeurs de bijoux dont les modestes échoppes servaient à la fois de boutique et d’atelier, comme en témoignent de nombreuses photographies de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. L’orfèvrerie citadine se distinguait par l’usage prédominant de l’or, enrichi de perles baroques et de pierres précieuses comme les émeraudes et les rubis, alors que les bijoux des populations rurales étaient réalisés exclusivement en argent, le choix de ce métal se fondant moins sur des considérations financières que sur sa couleur blanche réputée protectrice."

"L’orfèvrerie marocaine a été fortement renouvelée dans ses formes par l’arrivée des juifs expulsés d’Espagne en 1492, comptant dans leurs rangs de nombreux bijoutiers. Les villes où ils s’installèrent en nombre, Fès et Tétouan, sont demeurées des phares de l’orfèvrerie citadine au Maroc. Le répertoire décoratif incluait des aigles, parfois bicéphales, des pigeons et des colombes, souvent en couple. On retrouve aussi ces motifs d’oiseaux sur les broderies d’or des plastrons des « grandes robes » ou sur les décors des contrats de mariage (ketoubbot)."

« Alfred Dehodencq (1822-1882) : la révélation marocaine. Thème juif dans l'œuvre peint au Maroc de 1853 à 1863 »
"Le Maroc fut, pour Alfred Dehodencq plus qu'une étape: une véritable passion. Il y séjourna plus de dix années, de 1853 à 1863, immortalisant la vie animée des rues marocaines, des scènes quotidiennes et des personnages, avec ce sens du détail réaliste et cette vision dramatique qui donnent à son œuvre un caractère romantique. Une vingtaine de toiles et d'études issues de collections publiques et privées illustre la forte présence des sujets juifs dans son œuvre, scènes d'intérieur, noces et fêtes, mais aussi des scènes d'arrestation ou d'éxécution, dont il sait traduire la violence dans ses compositions bâties sur de fortes oppositions".

Nicolas Feuillie, Historien de l'art, responsable de la collection photo, mahJ, présente ainsi cette exposition :

"Soixante-dix cartes postales sur les juifs du Maroc, issues de la collection du mahJ sont présentées. Editées alors que le Maroc connaît les débuts du protectorat (1912), ces cartes offrent le reflet d'un regard occidental en quête d'exotisme et de pittoresque. Elles n'en sont pas moins le témoin de la vitalité du monde juif marocain traditionnel - métiers d'artisanat, fêtes et costumes qui s'épanouissent dans les mellah (quartiers juifs) - avant que celui-ci ne soit bouleversé par le monde moderne."

"Les cartes postales anciennes donnent une image de la vie juive au Maroc à une époque charnière de son histoire, entre 1900 et 1920, où le pays est confronté à la présence française sur son territoire et connaît les débuts du protectorat (1912)."

"Ces documents sont d’autant plus précieux que la communauté juive ne représente plus aujourd’hui qu’une petite partie de ce qu’elle était au début du siècle ; le conflit entre Israël et les pays arabes, ainsi que l’indépendance du pays en 1956 ont conduit la majeure partie des Juifs à émigrer vers la France ou vers Israël dans le courant des années cinquante".

"Cette période de transition voit l’émancipation des Juifs de la « condition humiliée » qui était la leur en pays islamique. Une émancipation extrêmement rapide, facilitée par l’essor économique du pays, et qui conduit les Juifs à une perte de l’identité traditionnelle et à l’adoption d’un mode de vie occidental".

"Si ces cartes ne manquent pas de susciter un regard nostalgique, il convient de rappeler le contexte de leur production : il s’agissait d’offrir les images d’un Maroc pittoresque destiné à un public européen. Mais dans l’ensemble de la production et avec le temps, certaines cartes nous touchent par leur caractère de documents historiques."

"Cette exposition a été rendue possible grâce à la générosité de donateurs privés ; que le docteur Philippe Cohen soit remercié pour avoir fait bénéficier le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme de son patient travail de collecte de plus de quatre cents cartes postales sur les Juifs du Maroc."

"Un porte-folio a été édité à l'occasion de cette exposition, Une petite histoire des Juifs du Maroc au travers de la carte postale ancienne, mahJ, Paris, 1999". (Visuel ci-contre : Portfolio réalisé à l'occasion de l'exposition Les Juifs du Maroc à travers la carte postale ancienne, mahJ, Paris, 1999
© DR)

« Une petite histoire des Juifs du Maroc au travers de la carte postale
La carte postale, par l’iconographie qu’elle procure, constitue une source documentaire de choix pour la connaissance de l’histoire d’un pays et de ses habitants, et c’est d’autant plus vrai quand des bouleversements importants ont entraîné une modification radicale du paysage humain de ce pays. C’est le cas du Maroc dont la communauté juive ne représente plus aujourd’hui qu’une petite partie de ce qu’elle était au début du siècle ; le conflit entre Israël et les pays arabes, ainsi que l’indépendance du pays en 1956 ont conduit la majeure partie de cette population à émigrer vers la France ou vers Israël dans le courant des années cinquante. Les très nombreuses cartes postales du début du siècle permettent dans une certaine mesure de resituer la place des Juifs dans la société marocaine au début de l’époque du protectorat."

"Toutefois, il ne faut pas croire que l’on puisse voir dans ces images une illustration de la vie juive au Maroc, que l’on puisse avec elle avoir une idée de ce qu’était le quotidien des Juifs, comme ce serait le cas face au travail d’un ethnologue ; les vues sont trop parcellaires et ne s’engagent que trop peu dans la vie familiale et religieuse des individus. En fait, la carte postale au Maroc se situe au croisement de deux histoires : celle du champ de l’iconographie orientaliste et du monde arabe en général qui existe en tant que genre en Occident depuis Delacroix, et celle de la colonisation entreprise par la France au Maroc à partir de la fin du dix-neuvième siècle. C’est dans le contexte particulier de ces deux histoires que l’on a un aperçu sur la minorité juive des mellah, les quartiers juifs du pays".

"La carte postale est apparue à la fin du siècle dernier, et a connu un succès qui est allé grandissant au début du vingtième siècle. Les décennies 1900 et 1910 voient son heure de gloire, avec une extension d’une ampleur qui n’a jamais égalée ensuite. On s’intéresse d’abord à ces cartes pour leurs illustrations ; il faut cependant rappeler qu’avant tout, une carte postale est un objet de communication. En tant que tel, elle passe par un certain nombre d’intervenants. D’abord, le photographe et l’éditeur – qui sont quelquefois une seule et même personne ; ensuite l’expéditeur de la carte, qui délivre un message, apporte des annotations, une adresse et une signature, et enfin la poste, qui laisse sa trace par les timbres et les tampons. On pourrait parler encore de celui qui reçoit la carte, qui l’a collectionnée, conservée, grâce à qui (puisqu’il ne l’a pas jetée) elle se trouve aujourd’hui devant nos yeux".

"À son époque, la carte renouvelle le genre de la correspondance. Comme mode de communication informel, On peut dire que cette neutralité du message se retrouve dans l’image véhiculée par le support, qui reste en général très neutre ; les photos prises s’engagent très rarement dans leur sujet, elles donnent dans leur grande majorité des vues superficielles et extérieures des sujets qu’elles représentent. Dès son origine, la carte postale s’appuie sur les panoramas, les monuments et paysages exemplaires, sur des types de population rapidement identifiables. Ce que l’usage confirme en faisant de « carte postale » un synonyme de « lieu commun ».

De l’imagerie orientaliste à l’imagerie coloniale
"L’image véhiculée par la carte postale, en particulier dans le contexte de l’Afrique du Nord qui nous intéresse, n’est cependant pas sans histoire. Elle ne surgit pas du néant, mais prend sa place dans la tradition de la photographie. Elle est l’héritière de ces images sur papier albuminée, qui étaient largement commercialisées dans les années 1870-1900 sous forme d’albums. Celles-ci sont très fréquentes en Algérie et en Tunisie, mais quasiment absente en revanche au Maroc. Ce n’est pas un hasard : les deux premiers pays sont déjà occupés par la France ; l’Algérie est un territoire français depuis 1834, et la Tunisie est soumise à un protectorat depuis 1881. À cette époque, le Maroc n’est fréquenté par les occidentaux que dans certains ports, Tanger et Tétouan en particulier, où se côtoyaient Espagnols, Anglais et Français. Ainsi, les rares vues que l’on trouve du Maroc de cette époque proviennent de ces deux villes ; c’est le cimetière juif ou la synagogue de Tétouan".

"Les premiers éditeurs de cartes postales sont d’ailleurs ceux-là mêmes qui produisent ces photographies. Ce sont en particulier Jean Geiser ou Albert à Alger, ou encore N.D. (Neurdein) et L.L. (Louis Levy) en métropole, qui couvrent toute l’Afrique du Nord. Parmi les cartes éditées, on retrouve d’ailleurs dans un premier temps de nombreuses images qui ont été diffusées sous forme de photographies dans les années 1890."

"Ces photographies s’inscrivent dans la tradition occidentale. Depuis le XVIIIe siècle, il existe des gravures décrivant des types juifs, hommes et femmes, s’attachant en particulier à décrire les costumes des populations locales. Il y a une curiosité ethnographique, la volonté d’établir un catalogue des coutumes des différents peuples, qui se perpétue dans la photographie, même si ce n’est pas toujours avec une grande rigueur ; les photos peuvent être très arrangées, les poses artificielles et les costumes de fantaisie. Car à cet intérêt ethnographique se mêle l’univers de l’imaginaire orientaliste. La représentation de l’Orient constitue depuis Delacroix un genre pictural à part, un fonds culturel que tout photographe se rendant en pays arabe porte avec lui ; c’est le rêve exotique d’un monde où la sensualité occupe une plus large place, un monde de langueur où la femme occupe une position centrale. Les deux penchants se mélangent souvent dans les vues existantes. Mais l’imagerie de studio où des « types juifs » posent devant un décor artificiel appartient plutôt à l’Algérie et la Tunisie où les photographes travaillent depuis la fin du XIXe siècle. On trouve très peu au Maroc de ce type d’images, comme l’« homme faisant sa prière du matin » édité par L.L., une photographie qui connaîtra une large diffusion en carte postale ; les cartes sont le plus souvent prises en extérieur, même si elles n’évitent pas toujours une typologie ethnique caricaturale."

"La carte postale n’est pas une image objective, une vue instantanée et neutre d’un pays. Le choix des lieux, la composition, forment un langage modelé par la tradition. Ceci est au moins vrai dans un premier temps, avant que le nombre de vues à fournir ne force en fin de compte les photographes auteurs des cartes postales à donner des images qui semblent quelquefois plus spontanées, dans lesquelles une certaine humanité se lit, une plus grande intimité avec les sujets."

Les conséquences de la pénétration française au Maroc
"La carte postale est fondamentalement un produit d’importation. Son existence même traduit la présence française en ce qu’elle est un objet produit par des occidentaux pour des occidentaux. Ce sont des immigrants français qui écrivent à leur proches en métropole, et plus précisément, ce sont des soldats qui écrivent à leur famille, leur femme, et donnent des nouvelles de leur séjour, relatent leur périple de campement en campement, décrivent ce qu’ils mangent, leur ennui de santé, etc."

"L’essor de la carte postale comme genre épistolaire accompagne la montée de la France au Maroc comme puissance coloniale. Il y a même une coïncidence temporelle remarquable entre les deux phénomènes, qui fait que la conquête armée du pays est largement couverte dans l’iconographie des cartes. Les camps militaires, les rencontres entre généraux, la vie même des soldats sont aussi présents que les vues sur la population et les paysages locaux. Même dans un corpus de cartes postales qui s’attache au monde juif, cette présence coloniale se fait fortement sentir ; par les tampons par exemple, qui sont souvent issus de postes militaires – ils portent les inscriptions « Subsistances militaires – place de Bou-Denib » ou « Commandant d’armes – Moul-el-Bacha – Maroc » ou autre."

"On peut analyser de nombreuses manières la présence implicite de la colonisation. D’une part, la géographie des lieux représentés sur les cartes postales correspond à la pénétration du pays, celle des conquêtes françaises. Pendant les premières années du siècle, le Maroc est convoité à la fois par l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne et la France. Tous ces pays y ont des intérêts économiques, qu’ils souhaitent voir s’épanouir. Les accords d’Algésiras en 1906, qui rassemblent un certain nombre de pays occidentaux, marquent la fin d’intenses tractations en attribuant le Maroc à la France tandis que celle-ci laisse le terrain libre à l’Angleterre en Egypte et donne à l’Allemagne une partie du Congo. L’Espagne conserve le Nord du Maroc. C’est ainsi que des cartes de Tétouan ou de Tanger sont produites par des éditeurs espagnols, ou plus rarement anglais".

"Avant même ces accords, les troupes françaises avaient commencé la conquête de territoires marocains orientaux depuis le Sud de l’Algérie, ce qui s’appelait alors les « confins algéro-marocains ». En 1900-1901, c’est la région du Touat qui est rattachée autoritairement à l’Algérie française, alors qu’elle appartenait traditionnellement au Maroc. Il existe une image de Jean Geiser, photographe d’Alger, qui date d’environ 1905 et montre un groupe de Juifs d’Igli, un village au cœur de ce territoire de l’extrême Sud marocain. Le fait qu’il s’agisse d’un photographe algérien et qu’il édite cette carte peu après ces événements est hautement significatif."

"Après 1906, la France entame résolument la conquête du pays ; signalons que celle-ci sera laborieuse et ne sera achevée qu’en 1934 avec la reddition du Tafilalet. Elle est porteuse de lourdes conséquences pour la communauté juive marocaine. Certaines sont bénéfiques, c’est une libération progressive du joug de la loi musulmane, des règles de la dhimma, d’autres plus néfastes, comme le fait que les Juifs servent de boucs émissaires à la colère des Arabes contre les envahisseurs non musulmans. C’est ainsi qu’après le bombardement de Casablanca le 5 août 1907 par un navire de guerre français – bombardement semble-t-il assez gratuit – le mellah est pillé par des « bédouins ». Le bombardement avait causé plusieurs centaines de morts, le pillage en fit une trentaine de plus. Suite à ces événements, il existe quelques cartes qui montrent l’enlèvement des cadavres dans le mellah ; on peut encore voir sur de nombreuses vues du quartier que l’on a par la suite la présence de bâtiments en ruine."

"Si cette colère contre les Juifs repose sur le sentiment qu’ils étaient des agents de l’occident, une carte de 1908 montre des parlementaires marocains amenés au camp devant des militaires français, où l’on constate que ceux-ci sont juifs et non musulmans, ce qui témoigne tout de même de la confiance des Arabes."

"En 1912, un événement similaire se produit à Fez, qui fait suite à la signature du traité de protectorat, le 30 mars. Ce traité suscite un grand émoi dans le pays, les marocains considérant que leur Sultan avait vendu le pays. C’est dans ce contexte que les tabors, des soldats marocains formés par les Français, se révoltent et le 17 avril, ils tuent les occidentaux qu’ils trouvent sur leur chemin, puis continuent en se rendant au mellah qu’ils incendient. De nombreuses cartes illustrent ces « événements du 17 avril 1912 » (c’est le titre qu’elles en donnent). L’ampleur des dégâts est considérable, beaucoup de maisons sont en ruine. La presse parle d’au moins une centaine de morts. L’intervention du Sultan est heureusement salutaire, qui ouvre immédiatement son palais aux Juifs, et leur permet de s’installer dans ses jardins et sa ménagerie. L’image de femmes assises dans une cage qui jouxte celle où vivent des lions est frappante. Les éditeurs juifs Niddam et Assouline en firent une grande série qu’ils vendirent sous forme de carnets de cartes".

"En s’attachant aux images les plus saisissantes, les cartes abaissent ces événements au rang du fait divers. En fait, on peut voir là comment elles accompagnent l’actualité comme le fait traditionnellement la presse. Mais ce « pogrom » eut une conséquence importante, qui fut une prise de conscience de la France du fait qu’en tenant le Sultan, elle ne tenait pas le pays ; aussi elle nomma un Résident Général qui était un militaire et non un civil, et ce fut le général Lyautey. Celui-ci se rendit sur place, dans le mellah de Fez le 24 mai, une visite qu’une carte fige pour l’histoire".

"Le monde juif traditionnel dans la carte postale
Ces sauvages poussées de violence contre les Juifs au Maroc donnent une idée de la fragilité de leur statut dans la société musulmane. Ce sont des « dhimmis », des gens d’une caste inférieure, même si elle bénéficie d’une protection de principe. Le geste du Sultan, outre sa magnanimité personnelle, illustre le rôle qu’ils jouent auprès de lui, les services que certaines personnalités lui ont rendu, dont l’histoire du Maroc est emplie. Ces « grands serviteurs », riches commerçants, jouaient avant le protectorat le rôle d’intermédiaires entre les compagnies occidentales et les producteurs marocains".

"On ne lit jamais directement sur les cartes postales la réalité économique, politique, sociale du pays. Sans être averti des différences fondamentales de costumes entre Juifs et Arabes, pourrait-on voir la différence entre eux sur les cartes ? C’est très difficile. Par contre, en confrontant les sources, il est frappant de voir se confirmer sur les cartes beaucoup de réalité sur la vie sociale et économique des Juifs au Maroc. D’une manière statistique, par exemple. Ainsi, en faisant un dénombrement des cartes par ville apparaît la place prédominante du mellah de Fez, qui rend compte de son importance démographique (dix-mille personnes en 1904) et historique. Sans que l’on ait une concordance exacte, on peut voir que les mellah les plus représentés sont les plus peuplés, c'est-à-dire Marrakech, Mogador, Tanger et Meknès."

"A propos de ces riches commerçants, on peut supposer que ce sont eux qui habitaient ces maisons luxueuses que montrent une série de cartes ; l’une se trouve à Fez, l’autre à Meknès. Seule la légende indique qu’il s’agit d’une maison juive, car rien dans le décor ne permet de le dire, sauf deux lettres en hébreu que l’on peut lire sur une arcade, « Shabbat ».

"A l’inverse, un certain nombre de vues de mellah traduisent la misère qui pouvait y régner. On peut supposer une certaine complaisance du photographe dans l’illustration comme dans les cartes de E. Michel à Marrakech. Celui-ci illustre dans ces images les clichés circulant sur les Juifs dans certains récits de voyageurs dans les années vingt ou trente, qui insistent sur la misère et la puanteur des lieux. Mais ce mépris se lit aussi dans les titres des cartes comme celui désignant un « Sidi Ben Youdi ». Toute la classification des population en « types », qu’ils soient « indigènes », « israélite » ou « mauresque » n’est ni bienveillante ni rigoureuse. En tout état de cause, on ne peut pas toujours se fier à ces légendes qui donnent une scène une fois à Salonique, une fois au Maroc, et que l’on peut, à l’analyse du costume, rendre à l’Algérie."

"Les illustrations des mellah rendent compte au moins d’une réalité : la diversité des métiers dans lesquels étaient spécialisés les Juifs. Il s’agit d’abord du travail du métal, et tout particulièrement de l’or. On voit ainsi des échoppes de bijoutiers à Fez, à Casablanca, de brodeurs sur or ; on voit des artisans travaillant le cuivre, des ferblantiers confectionnant des lanternes, etc. Par ailleurs, c’est le travail du cuir, avec un bon nombre de savetiers, de cordonniers, ou encore de fabricants de soufflets ou de bâts pour les ânes. Enfin, il y a de nombreux marchands, à l’étal plus ou moins riche".

"La carte postale illustre tout ce qui dépasse dans l’univers visité, ce qui peut devenir un élément touristique, quelque chose qui, comme le disent les guides, « vaut le détour ». Tous les éléments remarquables d’une ville sont illustrés par la carte postale, et le mellah fait partie de ces lieux. Mais les photos s’en tiennent en général aux principales artères, c’est la « Grande rue du Mellah » à Fez que l’on peut suivre d’un bout à l’autre, ou la place du commerce dans cette même ville dont on peut reconstituer une vision panoramique. Les cartes forment aussi comme l’évocation de tout ce qui a valeur historique – des illustrations dont l’explication fait défaut. Ainsi les cartes illustrant les « timbres de Bou-Anania » ; il s’agit des fenêtres d’une maison où est censée avoir habité Maïmonide. Dans des lieux, des fêtes, on peut aussi faire ressortir l’histoire juive. C’est la fête des Tolbas qui est pratiqué à Fez tous les ans, et qui évoque la prise du pouvoir par les Alaouites en 1666, et de son mythe fondateur, la défaite et la mort du roi juif de Taza, Ibn Mechial (Taïeb, p.22)."

"Il y a un savoir implicite dans les images. Pourquoi une telle image existe plutôt qu’une autre, il est impossible aujourd’hui de le savoir, d’autant qu’il n’existe pas d’archives (en tout cas, elles n’ont pas été étudiées). Ainsi, il est remarquable que l’on trouve l’école de l’Alliance Israélite Universelle de Tétouan illustrée sur une carte. Cette institution a été fondée à Paris en 1860 et c’est en 1862 que s’ouvre l’école de Tétouan après une visite du baron Salomon de Rothschild dans la ville, effrayé par la misère régnante. Cette école est alors la première école occidentale ouverte dans un pays du tiers-monde, et même la première école de l’Alliance".

"En ce qui concerne la vie juive plus particulièrement, les vues réellement intéressantes sont assez rares, et ce caractère exceptionnel empêche de les voir comme exemplaire d’un regard spécifique. Chacune raconte ainsi une histoire particulière, et pose des questions sur le détail de ce qui est vu. Il existe ainsi quelques vues de mariages, dans lesquelles la mariée est amenée à la maison de son époux, une vue de pique-nique à la campagne, dont on peut savoir par ailleurs qu’il se pratiquait pour la fête de Souccot. Il existe quelques vues de cimetières et quelques vues intérieures de synagogues, très rares, notamment une à Fez, et une à Tétouan".

Les Juifs face à l’occident
"La colonisation n’est pas seulement une affaire militaire, c’est aussi et surtout une affaire économique. Au cours des années vingt, la physionomie du pays change, celui-ci se couvre de constructions nouvelles, principalement à Casablanca qui bénéficie d’un afflux d’immigrants français très important, ainsi d’ailleurs qu’un grand nombre de Juifs de l’intérieur du pays attirés par la nouvelle prospérité de la place".

"Cette envolée économique profite aux Juifs pour plusieurs raisons. D’une part, certains ont toujours su s’insérer comme intermédiaires commerciaux entre les producteurs arabes et les acheteurs occidentaux – des Juifs de Tanger ou de Tétouan qui avaient des liens familiaux avec en particulier des résidents italiens. D’autre part, il y a l’exemple de l’Algérie où ceux-ci ont été déclarés français par le décret de Crémieux en 1870. S’il n’y a pas eu au Maroc un tel décret, l’intérêt des coloniaux français restait de diviser les populations du pays pour mieux régner. C’est ainsi que les berbères ont aussi eu la faveur de bénéficier des écoles françaises, car ils étaient considérés comme les authentiques habitants du lieu, les victimes des Arabes. De la part des Juifs, il y a un grand désir de s’occidentaliser, pour se libérer en fait du joug musulman. Et l’on peut constater, en particulier dans le mellah de Tétouan, le nombre de Juifs vêtus à l’occidentale".

"Dans ces vues de mellah, on peut aussi tenter de voir les commerces tenus par des Juifs. Un bon nombre de ceux-ci sont des commerces occidentaux, comme par exemple un bazar ou un hôtel. De ce point de vue, alors que la carte postale tend à la généralité, à ne pas voir des individus mais uniquement des types, à ne donner que des « vues générales », on peut dans ce cas lire des histoires individuelles. Telle personne qui a vécu à Marrakech donnera facilement le nom du rabbin âgé présenté au milieu d’un « groupe de Juifs ». Alors, on prendra la carte comme un témoignage photographique personnel. C’est le cas aussi d’entreprises locales, dont on voudra connaître l’histoire particulière. On voit ainsi l’enseigne d’un « Carl Ficke » dans une rue de Marrakech, qui précise « Casablanca, Mazagan, Marrakesch, Fez (Marroko) » puis en hébreu : « ? ». Que peut vendre cet originaire d’un pays germanique ici ? On entre dans le domaine de la petite histoire, dont la carte postale offre une piste tout à fait favorable. Chaque carte peut poser beaucoup de questions, et réclamer de véritables enquêtes en vue de restituer son histoire."

"Pour rester très précisément dans le domaine de la carte postale, il est absolument frappant de voir que de nombreux photographes-éditeurs sont des Juifs originaires du pays, qui produisent des cartes dont l’intérêt est souvent plus grand que celui des photographes français, fussent-ils résidents du pays. Il y a en particulier la maison Niddam et Assouline installée à Fez. Ce sont eux qui « couvrent » le plus largement les « événements d’avril 1917 ». À Fez encore, il y a la maison Joseph Bouhsira, aussi un très bon photographe, et les frères Séréro, qui ont produit chacun sous leur propre nom, Mathias, Haïm-David et Chalom. Et c’est encore Ohana à Meknès".

"N. Boumendil, installé à Guercif est aussi intéressant, puisqu’il tient aussi un « Grand-bazar oriental », et qu’il commence comme photographe avant de se limiter à l’activité d’éditeur avec un photographe arabe, Sidi-bel-Abbès".

"Bouhsira a photographié l’intérieur d’une synagogue à Fez, et dans les années vingt, il est l’auteur de vues très intéressantes sur les Juifs à Ksar-es-Souk dans le Tafilalet. Certaines cartes ont des qualités artistiques indéniables, comme certaines produites par Niddam et Assouline ou d’autres par Bouhsira, et on aimerait mieux connaître leurs auteurs, connaître la manière dont ils percevaient leur travail et ce qu’étaient leurs intentions. Malheureusement, il manque totalement de documents et d’archives pour entamer cette recherche. »

"Mosaïque-rébus d'une trajectoire intime qui investit la mémoire familiale, scènes juxtaposées par fragments qui multiplient à l'infini les bribes d'une mythologie à la fois personnelle et collective, les grandes compositions d'Hélène Hourmat sont comme les carnets d'un voyage intérieur quotidien dans son héritage judéo-marocain."

Dans le cadre des Journées européennes de la culture et du patrimoine juifs 2019sur le thème "Innover et transmettre", le mahJ a organisé divers évènements le 1er septembre 2019 sous le titre "Voyages au cœur du Maroc juif.  Héritages berbère, arabe et hispanique".
De 11 h 00 à 18 h :
"La vingtième édition des Journées européennes de la culture et du patrimoine juifs est consacrée aux échanges, apports et emprunts des juifs à d’autres cultures. Au mahJ, partez à la découverte du patrimoine culturel juif marocain au travers de nombreuses activités gratuites à destination des adultes et du jeune public."

Librairie
10 h - 18 h
Tout particulièrement pour cette journée, la librairie présente une sélection d’ouvrages en lien avec la culture juive marocaine, dont certains publiés par des éditeurs marocains.
En savoir plus

11 h - 12 h
L’esprit d’une culture ne s’exprime pas seulement dans ses productions littéraires, dans son architecture ou dans son urbanisme ; il se traduit aussi et peut-être davantage dans ses mœurs, ses coutumes, ses vêtements, ses objets quotidiens ou rituels, sa cuisine. Armand Abécassis, spécialiste reconnu de la pensée juive, le vérifie grâce aux témoignages du judaïsme marocain conservés au mahJ. Événement enregistré.

Braderie de livres
12 h – 17 h 30
La traditionnelle braderie de la librairie propose plusieurs centaines d’ouvrages d’occasion à tout petit prix sur tous les domaines de la culture juive.

Rencontres
12 h – 17 h 45
À l’auditorium, sans réservation, dans la limite des places disponibles. Événement enregistré.
Autour de l’histoire des communautés juives du Maroc et leurs langues, d’une enfance juive en Méditerranée musulmane, de la transmission du patrimoine culturel…

12h - 13h            Les judéo-langues du Maroc : judéo-arabe et judéo-espagnol
13h - 14h15        Une enfance juive marocaine
15h30 - 16h30  Un Juif du Sahara
16h45 - 17h45   Traditions orales des femmes juives du Maroc

Les judéo-langues du Maroc : judéo-arabe et judéo-espagnol
12h - 13h
Avec Line Amselem, maître de conférences Espagne classique Université Polytechnique Hauts-de-France et Jonas Sibony, docteur en linguistique sémitique. Rencontre modérée par Abraham Bengio, président de la commission Culture de la LICRA.
Patrimoine menacé de disparition, les parlers judéo-arabes et la haketía (judéo-espagnol du nord du Maroc) étaient autrefois transmis au sein de la famille, de la communauté. Aujourd’hui, langues de l’intimité, elles sont surtout enseignées à l’université et dans des centres culturels, en France et ailleurs dans le monde, et sont aussi l’objet de recherches scientifiques.

Une enfance juive marocaine
14h - 15h15
Avec Anny Dayan Rosenman, maître de conférences à l’Université Paris 7 et Marcel Bénabou, historien, secrétaire de l’OULIPO. Rencontre modérée par Leïla Sebbar, écrivaine et coordinatrice du recueil Une enfance juive en Méditerranée musulmane (Bleu Autour, 2012). Dernier ouvrage paru : Dans la chambre, Nouvelles, préface de Michelle Perrot, aquarelles de Sébastien Pignon (Bleu Autour, 2019). Lectures d’extraits de l’ouvrage Une enfance juive en Méditerranée musulmane par Rachel Rita Cohen, femme de théâtre et écrivain.
« Les récits d’une enfance juive en méditerranée musulmane racontent le passage d’un monde familier à un monde inconnu. L’histoire d’un exil imposé à la dernière génération. La nôtre. » Leïla Sebbar

Un Juif du Sahara
15h30 - 16h30
Jacob Oliel, chercheur indépendant en conversation avec Ariel Wizman, journaliste, animateur et comédien. Jacob Oliel est né à Colomb-Béchar (Sahara algérien), à la fin des années 1930, dans une famille juive originaire du Maroc. Passionné d’histoire, disciple et ami de Théodore Monod, il part sur les traces de la présence ancienne des Juifs dans les régions sahariennes. Il a reçu le Prix Georges Goyau de l’Académie française pour son ouvrage Les Juifs au Sahara. Le Touat au Moyen Âge (CNRS éditions, 1994).

Traditions orales des femmes juives du Maroc
16h45 - 17h45
Par Joseph Chetrit, professeur émérite de l’Université de Haïfa (Israël) et Vanessa Paloma Elbaz, chercheuse associée, Faculté de Musique et Peterhouse College de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni). Rencontre modérée par Jonas Sibony, docteur en linguistique sémitique.

Les deux conférences porteront sur « La poésie orale des femmes juives du Maroc et leur savoir oral » et les « Textes oraux des juives marocaines : identité et religiosité ».

Rencontre généalogique
14 h – 17 h30
À la médiathèque, les intervenants, membres du Cercle de généalogie juive (CGJ) et spécialistes du Maroc, vous initient aux méthodes et aux outils informatiques pour commencer une recherche généalogique.

Salon du livre juif marocain
14 h 30 – 17 h 30
Évoquant la richesse de la culture et du patrimoine juifs marocains, des réalisateurs de documentaires et une vingtaine d’auteurs dans les genres les plus divers – essais, romans, récits autobiographiques, contes et livres de cuisine – seront présents en dédicace pour rencontrer le public.

Echos juifs du Maroc : Tanger, Boujaad, Paris
14 h 30 - 16 h 30
Des séances "goûter conté" et dédicaces pour les familles (à partir de 7 ans)

A la découverte de la danse orientale
16 h 30 - 17 h 30
Atelier de danse pour adultes et adolescentes

mahJ café
> de 12h à 17h30
Le mahJ café s’installe à nouveau dans la cour d’honneur. Aux manettes, Houmous Jo et Rosa Pilpel vous proposeront salades, tchoutchouka, pâtisseries, thé à la menthe et rafraîchissements aux saveurs du Maroc !"




Juifs du Maroc. Photographies de Jean Besancenot, 1934-1937. Coédition mahJ - RMN-GP, Paris,  2020. 160 pages. Diffuseur : Flammarion. 130 illustrations. 16,2 x 21,6 cm. Broché. ISBN : 9782711878413

Du 30 juin 2020 au 18 avril 2021 
Hôtel de Saint-Aignan 
71, rue du Temple. 75003 Paris 
Du mardi au vendredi de 11 h à 18 h. Nocturne le mercredi jusqu'à 21 h. Samedi et dimanche de 10 h à 19 h. 
Tél. : 01 53 01 86 53 

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