lundi 12 avril 2021

« Carte blanche à Alexandre Arcady. Sarah et les autres »

Arte diffusera le 17 avril 2021, dans le cadre de « Square artiste » (Square für Künstler), « Carte blanche à Alexandre Arcady : "Sarah et les autres" » (Carte Blanche für Alexandre Arcady). « C’est en janvier 2020, alors qu’il accompagnait le président Macron en Israël à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d´Auschwitz, qu’Alexandre Arcady s’est rendu au cimetière de Jérusalem où sont enterrées 10 des 11 victimes d’assassinats antisémites commis en France depuis 2006. » Une évocation lacunaire, parfois passionnante ou désolante, éclairée par des avocats, dirigeants communautaires, l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, la Maire de Paris Anne Hidalgo et l'écrivain 
Tahar Ben Jelloun des assassinats antisémites commis en France depuis 2012.

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On se souvient du long refus de la direction d'Arte - 
Véronique Cayla, présidente, Alain Le Diberder, directeur des programmes, et les responsables de secteurs d’Arte France - de diffuser « Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe » par Joachim Schroeder et Sophie Hafner, « Motif : on y met trop en lumière la haine antijuive qui progresse dans la sphère arabo-musulmane et dans une certaine gauche obsédée par l’antisionisme ». Un documentaire finalement diffusé à 23 h, et suivi d'un débat le critiquant sans que ses auteurs aient pu se défendre.

De nouveau, en 2021, Arte diffuse à des horaires nocturnes (23h40) ou matinaux (4 h 15, 6 h 30) un film sur l'antisémitisme émanant de cette même sphère.

Mais trois jours avant que la Cour de cassation ne rende son arrêt dans l'affaire Sarah Halimi.

"Square", « un magazine décliné en alternance. Dans "
Square Idée", des penseurs et des acteurs de la société débattent sur les changements actuels , sur le monde de demain. Dans "Square Artiste", écrivains, cinéastes, peintres, musiciens ou comédiens brossent le portrait d’une personne qui incarne notre siècle. "Square Salon" réunit artistes, penseurs et scientifiques pour amorcer un débat innovant et constructif sur l’Europe. »

« En janvier 2020, Alexandre Arcady a accompagné Emmanuel Macron en Israël à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz ». 

« Avec quelques membres de la délégation, il s’est alors rendu au cimetière de Givat Shaul, où reposent dix des onze victimes d’assassinats antisémites commis en France depuis 2006 ». J'évalue ce nombre à treize, voire seize, Français juifs victimes d'assassins musulmans, tués par antisémitisme islamique.

« Dans une carte blanche intitulée "Sarah et les autres", le cinéaste – qui a retracé en 2014 l’affaire Ilan Halimi, du nom de ce jeune homme enlevé et torturé à mort par le "gang des barbares" – rend un bouleversant hommage aux disparus » en interrogeant dirigeants communautaires - Joël Mergui, président des Consistoires, et le grand rabbin de France Haïm Korsia - mais pas des présidents du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) ou du BNVCA (Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme), avocats de victimes, le romancier Tahar Ben Jelloun, aux déclarations controversées sur Israël, et l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls au Centre européen du Judaïsme (CEJ). 

Curieusement, Alexandre Arcady a recouru à deux personnalités politiques socialistes - la maire de Paris Anne Hidalgo et Manuel Valls - affirmant leur empathie envers les Juifs et leur combat contre l'antisémitisme. Or, l'édile parisienne a remis en 2015 à Mahmoud Abbas la "Médaille 
Grand Vermeil par la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), en hommage à son action pour la paix" et l'ancien chef du gouvernement ne peut se targuer d'aucun acte décisif, hormis un discours, contre l'antisémitisme. 

« Entrelaçant témoignages de proches, analyses de responsables politiques et religieux, et extraits de la plaidoirie de Muriel Ouaknine-Melki, prononcée lors du procès des attentats de janvier 2015 (dont la prise d’otages de l’Hyper Cacher), Alexandre Arcady dresse un état des lieux implacable de la montée de l’antisémitisme dans l’Hexagone. » 

Parmi ces lieux : la mosquée de la rue Jean-Pierre Timbaud" où "un prêche haineux" a incité Kobili Traoré à "passer à l’acte", à "trainer Sarah Halimi hors de son lit", à lui "fracasser les os du visage" et à la jeter vivante en présence de policiers longtemps inactifs. "Pendant l’acte, il ne cessait de crier « Allah Akbar » et des sourates du Coran", a précisé Me Nathanaël Majster. Parmi elles : la sourate al Fatiha. Et cet avocat de conclure : il y a dans ces assassinats "tous les éléments d’une sorte de crime terroriste et qui pourtant ne sera jamais traité comme tel par la justice. Pourquoi la justice a-t-elle voulu faire échapper l'assassin à un procès et à une sanction criminelle ?"

Après les attentats terroristes islamistes de mars 2012, "on espérait un sursaut collectif de l’ensemble de la société pour dénoncer l'antisémitisme... Le nouveau mal venait de l’islamisme radical. On avait peur alors des amalgames. On taisait les noms des assassins... En 2006, le grand rabbin de France m'a dit : « Il y aura un avant et un après Ilan Halimi ». On ne pensait pas entrer dans un monde où les meurtres antisémites allaient se succéder », se souvient Joel Mergui, président du Consistoire israélite de France depuis 2006.

Et Haïm Korsia complète ce tableau désolant : après le meurtre d'Ilan Halimi, « un assassinat fondé sur tous les préjugés antijuifs, on nous disait : « Ne le dites pas trop. Vous allez faire un effet de réplique. Si on en parle, des gens vont faire la même chose »... Après les attentats de mars 2012, lors du rassemblement à la place du Trocadéro, une amie, femme de préfet, m’envoie un texto : "Je suis dans la manifestation. J’ai honte. Je suis la seule non-juive : il n'y a que des Juifs". Je lui réponds : "Non. Vous êtes là ». L'arbre qui ne cache pas la forêt. Ce grand isolement des Juifs perdure. "Les Juifs incarnent le plus les valeurs de la République qui nous élève et nous donne ce statut incroyable de citoyens", poursuit Haïm Korsia. Or, la condition Juive s'est effondrée en France depuis quelques décennies.

Le comédien Richard Berry lit des extraits de la plaidoirie de Me Muriel Ouaknine-Melki lors du procès des complices présumés des terrorismes ayant commis les attentats terroristes islamistes en janvier 2015 à la rédaction de Charlie hebdo, à Montrouge et à l'hypercacher. S'adressant aux magistrats, elle leur dit : "Vous aurez à répondre à vos enfants, à vos petits-enfants qui vous interrogerons sur ces attentats : "Qu’avez-vous fait en tant que citoyens comme juges pour les endiguer ? Vous répondrez « J’ai nommé les choses pour ce qu’elles étaient. J’ai fait le choix de vous protéger, de protéger notre société. J’ai condamné lourdement, à des peines lourdes pour qu’elles résonnent au Caire, en Syrie. Pour que les terroristes comprennent la vie d’enfer s’ils n’arrivent pas à rejoindre leur Paradis.... Pour vous protéger le plus longtemps. C’était la seule arme que j’avais pour leur livrer la guerre ».

Avec pertinence, les avocats de familles de victimes déplorent le refus de la justice de reconnaître l'antisémitisme dans des affaires où sa présence est patente, et de condamner les assassins déclarés souvent "irresponsables pénalement". Il est regrettable que Me Muriel Ouaknine-Melki ait invoqué "la folie antisémite" ayant mis un terme aux Français juifs enterrés à Jérusalem (Israël).

Il est curieux de constater les réticences à désigner l'antisémitisme islamique, l'absence du contexte historique - haine d'Israël distillée par des médias (affaire al-Dura parmi d'autres), mutations de la France, Intifada II -, diplomatie française partiale -, etc. Ainsi, quel est l'ennemi de la France ? L'islamisme, le djihadisme radical, le terrorisme, l'islam politique ? Que d'errements terminologiques !

Dommage, ce film se termine par ce texte émaillé de fautes de français :
"Le film est dédié à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme quel que soit leur âge, leur confession et leur origine.
Qu’ils reposent en paix".


France, Flair Production, 2021, 27 min
Avec le soutien de la Fondation Rothschild
Sur Arte les 17 avril 2021 à 23 h 40, 17 avril 2021 à 23 h 40, 21 avril 2021 à 6 h 30, 26 avril 2021 à 4 h 15
Disponible du 18/03/2021 au 17/05/2026

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