mardi 2 mars 2021

Pierre Cardin (1922-2020)

Pierre Cardin (1922-2020) 
était un grand couturier, homme d’affaires et mécène français d’origine italienne. Il a contribué à lancer le prêt-à-porter, a décliné sa marque dans divers produits et dans le monde entier et dans les années 1960 a promu une mode futuriste. Gastronome, il a acquis Maxim’s. Arte diffusera le 7 mars 2021 « Pierre Cardin. La griffe de la modernité », documentaire  d’Isabelle Szumny.


« Les vêtements que je préfère sont ceux que j'invente pour une vie qui n'existe pas encore, le monde de demain », a déclaré Pierre Cardin (1922-2020). 

En 1966, c'est en Israël, au musée d'Israël à Jérusalem, que le couturier avait présenté sa collection futuriste avec des modèles masculins et féminins. Une manifestation organisée par les ministères israéliens des Affaires étrangères et du Tourisme. Et qui s'est déroulée non pas sur un podium, mais dans le Billy Rose Art Garden, un jardin de sculptures conçu par le sculpteur nippo-américain Isamu Noguchi. Le jardin d'art porte le nom de Billy Rose (1899-1966), impresario et parolier juif américain. 

« Pierre Cardin. La griffe de la modernité »
Arte diffusera le 7 mars 2021 « Pierre Cardin. La griffe de la modernité », documentaire  d’Isabelle Szumny. « Disparu le 29 décembre 2020, Pierre Cardin fut un créateur de mode hors norme. Portrait d’un pionnier visionnaire et controversé ».

« La vie de Pierre Cardin est l'histoire passionnante du plus controversé des grands couturiers français, de son enfance misérable de réfugié italien à son exceptionnelle réussite artistique et économique. »

« Pierre Cardin a bâti un empire  à la seule force de son talent et de sa volonté, toujours avant-gardiste, en matière artistique comme dans les affaires, et qui a toujours privilégié sa liberté face aux usages du monde de la mode. A travers sa vie, ce sont aussi les incroyables mutations des 70 dernières années de notre histoire que l’on peut relire de façon toujours surprenante : de la fin du monde aristocratique d’avant-guerre à l’émergence de la classe moyenne, de la naissance de la culture « jeune » aux débuts de la conquête spatiale, des premières traces de la mondialisation à la chute du bloc communiste, Cardin a toujours eu un coup d’avance sur ses contemporains, bousculant le monde feutré de la Haute Couture »

« Enfant déjà, il se rêvait couturier ». 

« Né en Italie en 1922, Pietro Cardin a 2 ans quand ses parents, en quête d’une vie meilleure, s’installent à La Tour-du-Pin, en Isère ». 

« Il en a 17 lorsqu’il se met en route, à vélo, pour rejoindre Paris, alors occupé. Stoppé à Moulins par la ligne de démarcation, il rejoint Vichy, où il se fait engager dans un atelier de couture tenu par une ancienne première main de Chanel ». 

« La guerre finie, le voilà enfin dans la capitale ». 

« Plus rien n’entamera son ascension dans le monde de la haute couture, dont il claque la porte dix ans plus tard pour voler de ses propres ailes, et conquérir, avec sa griffe, la planète en démocratisant sa vision de la mode, qu’il emmène jusqu’à la Chine de Mao et l’URSS de la perestroïka ». 

« Autant créateur qu’homme d’affaires, styliste que voyageur, perpétuellement en avance sur son temps, Pierre Cardin est resté jusqu’à sa mort, à 98 ans, à la tête de l’immense empire qu’il a bâti. »

« C’est un fabuleux roman que conte, tout en riches archives, Isabelle Szumny. Celui d’un self-made-man fidèle, tout au long de sa vie, à son goût pour l’innovation, et qui fut, jusqu’au bout, maître chez lui quand tant de ses confrères durent vendre leur marque à des fonds de pensions ou de grands groupes du luxe ». 

« Déroulé de la prime enfance aux étapes du succès, son captivant récit lève le voile sur un homme passionné, aussi illustre que méconnu, controversé que visionnaire, modeste que richissime, qui a tout à la fois renouvelé la haute couture, mondialisé l’industrie du prêt-à-porter, investi le design et les arts de la scène, et conquis la planète en apposant son nom sur plus de huit cents licences, des bas féminins aux cigarettes. »

Pierre Cardin a aussi habillé les personnages de la série britannique au succès mondial, Chapon melon et bottes de cuir, et l'actrice Jeanne Moreau, alors sa compagne, à la ville et à l'écran, notamment dans La Mariée était en noir, de François Truffaut.
 


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Au fil d’archives cousues main, Isabelle Szumny retrace dans un captivant documentaire la carrière de Pierre Cardin, disparu fin 2020. Portrait d’un audacieux pionnier de la mode, doté d’un solide sens des affaires. 
Par Christine Guillemeau".

"Démocratiser la mode
Mettre ses modèles à la portée de toutes les femmes : c’est en suivant ce précepte que Pierre Cardin innove en installant, en 1959, la réédition de l’une de ses collections de "prêt-à-porter de luxe" au Printemps. Un demi-siècle avant que Karl Lagerfeld ne prête son nom et son talent à H&M, le couturier bouscule les conventions en jouant la carte de la démocratisation : "La mode doit bouger", assène-t-il Considérée comme un sacrilège, son audace suscite un tollé parmi ses pairs, Dior et Saint Laurent. Résolu à tracer sa route, le couturier en tire les conséquences : "J’ai dû prendre, annoncera-t-il, la décision de quitter la Chambre syndicale de la haute couture, qui a certainement son utilité et qui l’a prouvé d’ailleurs, mais mes obligations dans l’évolution de mes créations m’ont mis dans celle de ne plus en faire partie."

Des créations futuristes
Dans les années 1960, redevenu libre comme l’air, Cardin s’imprègne de la modernité de son temps : il rhabille les Beatles, et crée des tenues pour hommes et femmes aux lignes futuristes. "Je me suis toujours tourné vers le cosmos, vers tout ce qui était scientifique. J’ai essayé de prouver qu’il fallait penser à demain, que l’ère lunaire donnait une nouvelle dimension dans l’art, la création, la pensée." Pour ses matières, il joue la carte du synthétique et met à l’honneur la fausse fourrure, le polyester, l’acrylique ou le vinyle. En 1968, la robe aux excroissances géométriques thermo-moulées qu’il offre à Lauren Bacall fait couler beaucoup d’encre. Elle constituera une source d’inspiration pour un jeune créateur tout aussi extravagant : Jean Paul Gaultier, l’un des anciens assistants du créateur, qui admettra plus tard que "la ligne cosmonaute était importable".

À la conquête de planète
"Je ne croyais plus seulement à la haute couture, il fallait que j’aille voir beaucoup plus loin et que j’essaie d’implanter mon nom ailleurs." Percevant avant les autres le potentiel du continent asiatique, Pierre Cardin s'intéresse, dès les années 1970, à la Chine de Mao, où il organise le premier défilé de mode du pays et ouvre des usines. En 1985, le couturier récidive avec un autre marché réputé impénétrable : l’URSS. Pionnière depuis les années 1960 sur le créneau des licences (en 1959, la première estampillait des bas féminins), la griffe Pierre Cardin sera déposée dans le monde entier sur plus de huit cents produits textiles et accessoires, des chemises et cravates aux cigarettes et services de table. Estimée à plus de 600 millions d’euros, la fortune engrangée avec les royalties lui permettra de rester jusqu’à sa mort, le 29 décembre 2020, le seul maître de sa marque, cas unique étudié dans les écoles de marketing".

CITATIONS EXTRAITES DU PARISIEN ET DU MONDE

« Le talent et le goût ne suffisent pas, seul le style compte. »
« Le luxe, c'est la rareté, la créativité, l'élégance. »
« On ne vient pas au monde avec une personnalité, il faut se la faire. »
« L'élégance donne un style. Tout le monde n'est pas élégant. C'est inné. »
« Le design de mode est si diversifié. Il n'a pas d'identité claire comme avant avec Balenciaga, Chanel, Cardin, Courreges. »
« Le jean ! Le jean est le destructeur. C'est un dictateur! C'est détruire la créativité! Le jean doit être arrêté ! »
« Je peux aller partout dans le monde avec seulement trois tenues: un blazer bleu et un pantalon de flanelle gris, un costume de flanelle gris et une cravate noire. »
« On m'a toujours dit que j'étais très élégant, avec un comportement noble, sans vulgarité. »
« Je me lave avec mon propre savon qui porte mon propre parfum... je me suis couché sur mes propres draps... j'ai mes propres produits alimentaires. Je vis sur moi. »
« Tous les jours, je crée, c'est ma drogue, ma nourriture. »
« J'ai eu beaucoup de chance, je faisais partie de la période d'après-guerre où tout devait être refait. »
« Nous déshabillons les hommes et les femmes, nous ne les habillons plus. »
« Ils ont dit que le prêt-a-porter tuera votre nom, et cela m'a sauvé. »
« La robe est un vase que le corps suit. Mes vêtements sont comme des modules dans lesquels les corps bougent. »
« J'ai été le premier à démocratiser la mode, à mettre mes initiales sur mes vêtements. »
« On ne peut pas tout porter, même si c'est joli. »
« Le costume porte un message extraordinaire. »

« Vous vous rendez compte que j’ai travaillé sur la collection New Look de Dior ! C’était une révolution en dentelles. »
« Je voulais créer des vêtements qui habillent aussi bien la duchesse de Windsor que ma concierge, car je voyais la mort de la haute couture se profiler. »
« Je suis le seul nom libre de la mode. Depuis les années 1950, je suis resté Pierre Cardin de A à Z. Tous les autres sont morts ou alors passés dans d'autres mains. »
Madame Figaro, Pierre Cardin, soixante ans de créations, Fabienne Reybaud, 28 décembre 2006  

« Écoutez votre propre conscience. Si vous comptez sur les autres, vous ne réussirez pas. »
« Quand j'avais 20 ans et que je commençais, j'ai souvent vu des regards méchants lors de fêtes et de cocktails des générations précédentes. Je me suis toujours dit que je ferai exactement le contraire, que je tendrai la main aux jeunes créateurs et que je les soutiendrai. »
« Christian Dior m'a dit un jour : J'aurais aimé être Balenciaga. »
« Le style se développe en une marque, la mode est éphémère ! »
« Je suis tributaire de toutes les responsabilités qui découlent de l'emploi de centaines de personnes. J'ai toujours gardé les problèmes pour moi. Les joies, le bonheur et les fêtes étaient pour les autres. »
L'Officiel, interview par Pamela Golbin (Usa), 16.11.2020 

« J'ai essayé toujours de donner une image différente des images commerciales. il s'est trouvé que cette image a toujours été provocante... on l'a toujours critiquée, on a toujours dit que j'étais en marge. Mais finalement... avec les années, j'ai eu raison. Et j'ai commencé très simplement. Ne croyez pas qu'on naît Pierre Cardin ou qu'on vient au monde avec une personnalité. Il faut se la faire ».
Interview de Pierre Cardin par Denise Glaser, Le Point, 1970 

« Pour moi, mes salariés sont ma vraie famille. Rassurez-vous, j’ai réglé ma succession. »
« J’ai trouvé mon bonheur dans le travail. J’ai la haute couture, des théâtres, des restaurants, des salles de spectacles, des maisons, des hôtels, des palais, des bateaux, etc. J’ai tout fait et je suis allé partout. »
« Je suis catholique, mais je respecte toutes les croyances. Mais il y a, sans doute, un dieu pour tous les dieux. Je suis pour la liberté d’expression, mais contre l’insulte. »
« Mon entrée parmi les Immortels a été un moment très important car il n’y avait jamais eu d’académicien couturier. Je serais peut-être le seul. Mais je pense que ce n’est pas le couturier qui a été élu sous la coupole, mais l’homme. »
« Tout repose sur les gestes, la parole, la psychologie de la personne. On peut porter de la haute couture et être très vulgaire. »
Interview de Pierre Cardin, L'Écho républicain, 15/03/2015 


« Pierre Cardin. La griffe de la modernité » d’Isabelle Szumny 
France/Belgique, 2020, 52mn
Coproduction : ARTE GEIE, 02B Films, Kwassa Films, RTBF, avec la participation de la RTS
Sur Arte les 7 mars 2021 à 18 h et 17 avril 2021 à 5 h 25
Disponible sur arte.tv du 28/02/2021 au 05/04/2021
Visuels :
© Hd Gamma Grk
Original Caption) Tweed, by far the most popular of the new season' s fabrics, wears big bat wings in this striking ensemble by Pierre Cardin of Paris. The generous winged sleeves are part of a Bolero worn with the sleeveless chemise dress, which tapers to a tight skirt.
© Bettmann Archive
Diana Rigg And Patrick Macnee, The Avengers Tv 1967-1968
© ABC Weekend Television/Associated British Corporation; Diltz; .
© Bridgeman Images
© AGIP/Bridgeman Images
© Harry Hammond/V& A Images/Getty
© Getty Images

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