lundi 17 août 2020

« Des roses pour le procureur » de Wolfgang Staudte


Arte diffusera le 17 août 2020 « Des roses pour le procureur » (Rosen für den Staatsanwalt) de Wolfgang Staudte (1959). « Dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, un caporal est condamné à mort par un tribunal de guerre pour avoir volé deux rations de chocolat" Vers 1955, ce soldat, devenu camelot, rencontre par hasard le procureur général qui, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'avait condamné à mort pour ce vol... "Sur le ton de la tragi-comédie, l’état d’esprit d'une Allemagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Réalisée en 1959 par Wolfgang Staudte, une perle oubliée de l’histoire du cinéma. »

Tournages Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939 
« L’évasion de Baruch » par Ewald André Dupont 
« Metropolis » de Fritz Lang 
« Le Testament du Docteur Mabuse » par Fritz Lang
« M le maudit » de Fritz Lang
« Les Trois lumières » de Fritz Lang 
« Le cabinet des figures de cire » par Paul Leni
Ernst Lubitsch (1892-1947) 
« Le violoniste de Florence » par Paul Czinner 
Carl Laemmle (1867-1939), fondateur d'Universal
Richard Oswald (1880-1963) 
Marlene Dietrich (1901-1992)
« M le maudit » de Fritz Lang 
« Leni Riefenstahl et son mentor » par Annette Baumeister
« Quand Hitler faisait son cinéma » de Rüdiger Suchsland
Kurt Tucholsky (1890-1935) 

« Peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, le caporal Rudi Kleinschmidt est condamné à mort par un tribunal de guerre pour avoir volé deux rations de chocolat ».

« Le conseiller juridique Wilhelm Schramm pense devoir imposer cette peine maximale pour maintenir la discipline ».

« Juste avant l’exécution survient une attaque aérienne qui permet à Rudi de s’enfuir… »

« Dix ans plus tard, ce dernier, devenu camelot, arrive dans une ville où, par hasard, il rencontre Schramm, désormais procureur général ».

« Un malaise les saisit tous les deux : Rudi sait que Schramm peut aisément lui retirer sa licence de camelot ; Schramm craint que l’ex-caporal ne raconte pourquoi il l’a fait condamner dix ans auparavant. Schramm est d’autant plus inquiet qu’il vient d’aider un professeur, qui devait être jugé pour propos antisémites, à quitter le pays ».

« Perdant bientôt sa licence, Rudi décide de partir ailleurs chercher un autre travail. Sur le chemin de la gare, pris d’un accès de colère, il brise la vitrine d’une confiserie et vole deux tablettes de chocolat… »

Wolfgang Staudte (1906-1984) était un comédien, scénariste et réalisateur allemand. Acteur, il avait poursuivi sa carrière cinématographique sous le IIIe Reich, en jouant notamment dans Jud Süß (Le Juifs Süss, 1940), film antisémite réalisé par Veit Harlan.



Réalisateur du film « Les assassins sont parmi nous » (1946) tourné dans les studios de la DEFA (Deutsche Film AG) dans le quartier de Babelsberg à Potsdam et dans la zone de Berlin en République démocratique allemande (RDA), Wolfgang Staudte s'installe en 1956 en République fédérale d'Allemagne (RFA) et y réalise notamment « Des roses pour le procureur ».

Dans les années 1960, et surtout dans la décennie 1970, il réalisera des films ou séries (Tatort) pour la télévision allemande.


Affaire Zind
Pour « Des roses pour le procureur » tourné en RFA, Wolfgang Staudte « s’est inspiré de l’affaire Zind, du nom d’un professeur condamné, dans les années 1950, à un an de prison pour propos antisémites et qui avait fui le pays pour échapper à l’emprisonnement ». 

Dans la nuit du 23 au 24 avril 1957, à l'auberge Zähringer Hof à Offenbourg alors en République fédérale d'Allemagne (RFA), Ludwig Pankraz Zind (1907-1973), enseignant, discute avec le négociant Kurt Lieser, en partie juif lors d'un débat public sur l'antisémitisme dans la RFA. Zind insulte les survivants des camps de concentration et Lieser. ll allègue que les Juifs seraient responsables de la fin de la République de Weimar, et que le IIIe Reich a du les détruire. Il a justifié le gazage des Juifs par les Nazis et trouvé que l'idéologie du nazisme était "correcte". Zind regrette que Lieser n'ait pas été gazé et le traite de "cochon" et de "Dreckjude" (sale Juif). 


Lieser sollicite l'avis de Schiruska, directeur du Tribunal de Grande instance, informe le Haut Conseil des Israélites de Bade, qui saisit le ministère des Cultes à Stuttgart.


Le ministère mandate l'Inspection supérieure des écoles de Fribourg-en-Brisgau afin d'avoir des explications du directeur du Grimmelshausen-Gymnasium où enseigne Zind. Celui-ci maintient ses déclarations et ajoute: « Je ne m'aplatis pas devant un Juif, je préfère balayer les rues » et « Israël sera anéanti ».

Cette Inspection supérieure organise une réunion entre Lieser et Zind pour résoudre à l'amiable le différend. En vain. Fin 1957, Lieser contacte le bureau de Stuttgart du Der Spiegel qui, le 18 décembre, consacre un article à l'affaire Zind. L'Inspection supérieure des écoles de Freiburg initie alors une procédure disciplinaire contre Ludwig Zind. Cette affaire est abordée durant les questions d'actualité au Parlement de Bade-Wurtemberg. Le procureur général d'Offenbourg porte plainte contre Ludwig Zind, important membre de la société offenbourgeoise : il président notamment le Club de gymnastique 1848.


Durant le procès, Ludwig Zind qualifie l'état d'Israël de "bubon pestilentiel qui doit être anéanti" et réitère son maintien des propos incriminés. le parquet considère que Zind a commis une diffamation envers les victimes des Nazis. Zind est condamné à un an et un jour d'emprisonnement sans possibilité de libération conditionnelle. A l'énoncé du verdict, une partie du public soutient Zind. En général, les médias approuvent le jugement. Zind interjette appel.


Le 28 novembre 1958, Zind fuit en Égypte, puis en Libye. Là, il sollicite l'asile politique et se voit confier un poste d'enseignant.


Sous le coup d'un mandat d'arrêt international, Zind parvient  à se rendre secrètement en RFA, mais il est interpellé à Naples (Italie) alors qu'il rentrait en Libye. En 1961, l'Italie rejette la demande d'extradition vers la RFA, et Zind est libéré.


Le 11 juillet 1970, la police allemande arrête Zind à son arrivée à l'aéroport de Düsseldorf. Zind ne purgera pas sa peine car cette dernière a été assortie de sursis.


Journalistes allemands - Die Zeit, le Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Frankfurter Rundschau, Die Welt - et internationaux ont contribué à rendre publique cette affaire, et à obliger les autorités idoines à agir contre l'antisémitisme dans une Allemagne de l'Ouest créée en 1949.


Le film Des roses pour le procureur avance l'hypothèse d'une aide de la justice allemande dans la fuite de Zind.


Le nazisme et après
« Des roses pour le procureur » décrit des personnages qui tentent de s’inventer un esprit démocratique après avoir été intimement liés au régime nazi ».

« Épaulé par des acteurs remarquables, Wolfgang Staudte signe, sur le ton de la tragi-comédie, un film aussi critique que profond. »

Le film a été distingué par le Prix du film allemand 1960 pour le Meilleur scénario (Georg Hurdalek) et le Meilleur acteur (Walter Giller).




« Des roses pour le procureur » de Wolfgang Staudte
Allemagne, 1959, 97 minutes
Scénario : Georg Hurdalek
Production : Kurt Ulrich Filmproduktion
Producteur : Kurt Ulrich
Image : Erich Claunigk
Montage : Klaus Eckstein
Musique : Raimund Rosenberger
Avec Walter Giller (Rudi Kleinschmidt), Martin Held (Le procureur Wilhelm Schramm), Ingrid van Bergen (Lissy Flemming), Camilla Spira (Hildegard Schramm), Werner Peters (Otto Kugler), Paul Hartmann (Diefenbach), Wolfgang Preiss (Le procureur général), Inge Meysel (Erna, la gouvernante), Werner Finck (Haase), Ralf Wolter (Hessel), Roland Kaiser (Werner, le beau-fils de Schramm), Henry Lorenzen (Graumann, serveur de Lissy), Wolfgang Neuss (Paul, le chauffeur de camion), Wolfgang Müller (Karl, le chauffeur de camion), Burghard Ortgies (Manfred)
Sur Arte le 17 août 2020 à 20 h 55
Disponible du 17/08/2020 au 15/09/2020
Visuels :
Rudi le camelot (Walter Giller)
Schramm le procureur (Martin Held)
De gauche à droite : Hessel (Ralf Wolter), Kugler (Werner Peters)et Lissy (Ingrid van Bergen)
© ZDF/Kurt Ulrich Filmproduktion

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire