jeudi 2 juillet 2020

Marianne Faithfull


Née en 1946 à Londres (Grande-Bretagne), Marianne Faithfull est une parolière, chanteuse de rock, pop, folk, jazz et blues et actrice britannique, juive selon la halacha (loi juive). Une figure du Swinging London, égérie des Rolling Stones, ayant fait une brève apparition dans "Anna" de Pierre Koralnik, et ayant vaincu ses addictions (drogue, alcool) durant deux décennies aux drogues. Arte diffusera le 3 juillet 2020 « Marianne Faithfull - Fleur d'âme » (Marianne Faithfull - Der raue Glanz der Seele) de Sandrine Bonnaire.


Née en 1946 à Londres (Grande-Bretagne), Marianne Faithfull est la fille de Robert Faithfull, officier gallois du renseignement britannique et universitaire, ainsi que d’Eva, une aristocrate née en 1904 à Budapest et ayant vécu à Vienne, apparentée à l’écrivain Leopold von Sacher-Masoch, un arrière-grand oncle, et danseuse pour la compagnie Max Reinhardt ainsi que  pour des œuvres de Bertolt Brecht et Kurt Weill durant la République de Weimar.

Flora, la grand-mère maternelle de Marianne Faithfull, était juive et avait aidé son époux dans ses actions de résistance durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle avait été violée, ainsi que sa fille, par des soldats de l’Armée rouge libérant Vienne. 

La mère de Marianne Faithfull s’était convertie au christianisme après son mariage, mais assistait aux offices des grandes fêtes juives à la synagogue.

Après le divorce de ses parents, Marianne Faithfull vit avec sa mère à Reading et est scolarisée dans un établissement catholique. Elle participe à des spectacles théâtraux.

Adolescente dotée d’une « voix à la Mozart », elle chante des airs populaires dans des cafés.

Manager des Rolling Stones, Andrew Loog Oldham, dont la mère est juive, la repère dans une fête.

As Tears Go By, première chanson signée par Mick Jagger, Keith Richards et Oldham est jugée trop sentimentale par ses auteurs dont le registre alors mêlait le (rhythm and) blues et le rock. C’est donc Marianne Faithfull, alors âgée de 17 ans, qui la crée. Un succès commercial mondial.


Suivent This Little Bird et Summer Nights.

En 1965, Marianne Faithfull épouse John Dunbar, galeriste et artiste. Nait leur fils Nicolas. Quand le couple se sépare, Marianne Faithfull vit, avec son fils, chez Brian Jones, guitariste du groupe britannique. A l’initiative d’Anita Pallenberg, Marianne Faithfull se drogue au cannabis.

Parallèlement à sa liaison avec Mick Jagger, elle devient accrochée à l’héroïne et risque de mourir d’une overdose.

Après avoir joué son rôle dans Made in USA de Jean-Luc Godard (1966), elle fait une brève apparition dans Anna, comédie musicale télévisée de Pierre Koralnik, dialoguée par Jean-Loup Dabadie, sur une musique de Serge Gainsbourg orchestrée par Michel Colombier, et avec Anna Karina ainsi que Jean-Claude Brialy (1967). Marianne Faithfull y chante avec délicatesse Hier ou demain

Marianne Faithfull débute au Royal Court Theatre dans Les Trois sœurs de Tchekhov, aux côtés de Glenda Jackson et Avril Elgar.

Dans sa filmographie : Qu'arrivera-t-il après ? (en anglais I'll Never Forget What's'isname) de Michael Winner (1967) avec Orson Welles, Carol White et Oliver Reed, La Motocyclette de Jack Cardiff (1968), d'après le roman de André Pieyre de Mandiargues, avec Alain Delon, Hamlet de Tony Richardson (1969) avec Anthony Hopkins.

Après la mort de Brian Jones par overdose, Marianne Faithfull interprète brièvement Sister Morphine. Un titre que les Rolling Stones mettront dans leur répertoire. Marianne Faithfull participe à l’écriture de chansons du groupe.

Après sa séparation d’avec Mick Jagger, Marianne Faithfull perd la garde de son fils.

Son addiction aux drogues l’empêche de participer à des projets cinématographiques intéressants, dont le Macbeth de Roman Polanski. Un de ses regrets artistiques.

Pour la télévision, Marianne Faithfull interprète des œuvres de Somerset Maugham et August Strindberg.

Chanteuse, elle a abordé des styles différents : rock, pop, folk, jazz, blues et punk. Et a interprété en duo avec David Bowie « I got you babe » de Sonny Bono et Cher.

Dans les années 1970, Marianne Faithfull vit à Chelsea avec Ben Brierly du groupe The Vibrators. L’union dure six ans. Son mariage avec l’écrivain Giorgio Della Terza en 1988 prend fin en 1991. Son histoire d’amour avec le producteur discographique français François Ravard s’est achevée en 2009, après quinze ans de vie commune.

Dans son album Broken English, elle rend hommage à Ulrike Meinhof.

Dans les années 1980 et 1990, The Ballad of Lucy Jordan est inclus dans Cours privé de Pierre Granier-Deferre et Thelma et Louise de Ridley Scott.

« Je suis devenue une pure athée. Mais face à des comportements antisémites, je me sens aussitôt juive, même si je ne le suis que partiellement ! », a précisé Marianne Faithfull au Soir (10 novembre 2014)

La nuit du 13 novembre 2015, « j’étais chez moi, dans la banalité de mon quotidien. Je m’étais fait à manger, m’étais couchée et j’avais lu. Je n’ai appris la nouvelle que le lendemain et, totalement choquée, j’ai écrit la chanson [« They come at night »]. Que pouvais-je faire d’autre ? Il va en falloir, du temps, pour que le traumatisme des attentats se dissipe. Certains prétendent que les nazis reviennent tous les 70 ans. J’en suis aussi convaincue. Notre époque voit ressurgir des démons terrifiants. Qu’ils s’agissent des islamistes ou des radicaux et extrémistes de toutes sortes qui pervertissent les valeurs et idéaux de pays comme les Etats-Unis ou Israël », a confié Marianne Faithfull à Annick Cojean (Le Monde, 2 octobre 2016)

Et d’ajouter : « Je ne suis qu’un quart juive, si l’on considère mes différents ascendants. Mais la mère de ma mère étant juive, je suis juive selon la tradition du judaïsme. Je ne me sens pas comme telle, tout en étant fière de cette part enfouie en moi. Je pense qu’elle est pour quelque chose dans mon talent. C’est ainsi : la majorité des personnes les plus brillantes sont juives, comme le compositeur Kurt Weill, que je vénère… Je ne suis pas du tout religieuse. Pour moi, les religions ont été le plus grand tourment sur cette terre. Mais je crois en Dieu. Il m’aurait été impossible, si je n’avais cru à une force plus grande que moi-même, de me sevrer et de me libérer des drogues. Il fallait connaître l’humilité ».

Hospitalisée le 5 avril 2020 en raison de la pandémie de coronavirus, Marianne Faithfull en sort guérie le 22 avril 2020.
  
« Marianne Faithfull - Fleur d'âme »
Arte diffusera le 3 juillet 2020 « Marianne Faithfull - Fleur d'âme » (Marianne Faithfull - Der raue Glanz der Seele) de Sandrine Bonnaire. « Ce portrait sensible de Marianne Faithfull, ex-égérie du Swinging London devenue musicienne accomplie, capte le formidable élan de vie qui a permis à cette femme libre de survivre à tous les excès. »

« Repérée à 17 ans par le manager des Stones, alors qu'elle s'extirpe à peine d'un pensionnat catholique, Marianne Faithfull enregistre "As Tears Go By" et devient une star. Figure du Swinging London, cette jeune fille qui allie délicatesse et sex-appeal devient la compagne de Mick Jagger et partage la vie tumultueuse du groupe, ses excès, le scandale, la pression médiatique et la drogue ».

« Après avoir rompu avec Jagger en 1970, elle veut mettre en application le programme délirant du Festin nu de William S. Burroughs, et mène plusieurs années une vie de SDF et de toxicomane ». 

« Mue par une réelle passion pour la musique, elle finira par trouver son style en composant des albums de plus en plus personnels, se débarrassant peu à peu de ses lisses atours de jeune fille pour devenir une fascinante chanteuse à la voix rauque, assumant ses choix et ses fêlures. »

« Toujours directe, Marianne Faithfull avoue sans détour à Sandrine Bonnaire qu'un film sur elle-même ne l'emballe pas : "Mais je ferai de mon mieux. Je serai honnête", promet-elle ».

« Déjà rompue à l'exercice du portrait avec Jacques Higelin par Sandrine Bonnaire – Ce que le temps a donné à l'homme, l'actrice et réalisatrice cerne avec sensibilité son rétif sujet, montrant les moments de lassitude et d'humeur ou la crainte de faire remonter des souvenirs douloureux, ce qui ne donne que plus de prix aux instants où Marianne Faithfull se livre avec la plus grande générosité ».

« Grâce à ces émouvants entretiens et à un poétique montage d'archives, Sandrine Bonnaire parvient à capter l'élan de vie et la force créatrice qui a permis à la chanteuse de s'accomplir artistiquement, malgré la misogynie qui sévissait dans les sixties, et de survivre aux excès et aux coups du sort ».

« Le portrait d'une femme libre, à la sensibilité à fleur de peau et au sens de l’humour inoxydable. »

Le documentaire a été distingué par le Fipa d’or 2018, section "Musique et spectacle".


« Dans le beau portrait que lui consacre Sandrine Bonnaire, la chanteuse Marianne Faithfull se confie avec une honnêteté d'autant plus remarquable que la dame ne raffole pas de l'introspection. Avec la même liberté de ton, elle revient ici sur ce projet, sa carrière, ses soucis de santé et son nouvel album. » Propos recueillis par Lydia Evers.

« Comment allez-vous ?
Marianne Faithfull : Je suis dans le même état que quand j'ai fait le documentaire avec Sandrine Bonnaire. J'ai eu trois graves accidents : l'un m'a abîmé le dos, les deux autres les hanches. J'ai eu aussi une infection des os. Je me suis remise de tout cela. Je pensais que tout allait bien, et j'ai eu de l'arthrite ! Ma mère en a eu aussi et maintenant je comprends pourquoi elle buvait autant ! L'alcool est l'ancêtre des antidouleurs, n'est-ce pas ? Malgré tout, je me sens bien. Je suis heureuse d'aller en studio *, en région parisienne, enregistrer mon prochain album. J'ai écrit tous les titres, en collaboration avec des gens merveilleux. Si je n'avais pas eu ces soucis de santé, je serais dans une forme olympique ! J'ai eu 71 ans le 29 décembre [2017]. On ne peut pas arriver totalement indemne à cet âge.


Vous vous livrez beaucoup dans le documentaire. Était-ce difficile ?
J'aime le film. Je trouve le montage des archives excellent. Mais, oui, cette introspection était parfois douloureuse. J'apprécie beaucoup Sandrine et plus le tournage avançait, plus ce sentiment grandissait. Mais ce que nous faisions était dur, car je n'aime pas parler de moi ou du passé. Je ne vois pas l'intérêt de regarder en arrière. Je me vois plus écrire une chanson sur le sujet.
Néanmoins, j'ai accepté de me confier parce que je crois en l'amour, que j'aime ma musique et que je pensais que ce film donnerait envie de l'écouter. Pour cela, il fallait que les gens me connaissent mieux et que je me livre un peu. Et là, Sandrine est arrivée avec ses horribles questions personnelles ! [Elle rit.]

Vous avez démarré votre carrière très jeune, en 1964…
Oui, je n'avais pas la moindre idée de ce qui m'attendait. Mais pour moi, c'était l'occasion de quitter la maison, d'arrêter l'école.
L'histoire est archiconnue. Je suis allée à une fête avec mon petit ami John… Et Andrew Loog Oldham, le manager des Stones, était là. J'imagine qu'on m'a trouvée très jolie. C'est ainsi que j'ai été "découverte".


Pourquoi avoir arrêté la chanson durant le temps qu'a duré votre histoire avec Mick Jagger ?
Je lui ai fait cadeau de mon talent, parce que je trouvais que c'était un immense artiste, qu'il était brillant. Je ne me sentais pas intimidée. Je jugeais ce que faisaient les Stones plus intéressant que mes modestes disques pour le label Decca. J'ai mis toute mon énergie dans leur travail et je ne pense pas que c'était un mauvais choix. Comme il fallait que j'exprime ma créativité, je me suis mise à faire du théâtre. Comme cela, il n'existait aucune compétition. Et j'ai adoré cela. J'ai aussi écrit une chanson avec Mick Jagger, "Sister Morphine". Il avait composé une mélodie magnifique et personne n'en faisait rien. Je lui ai proposé d'écrire des paroles sur cette musique et il a accepté. Cela a été une première étape dans ma carrière de "songwriteuse". J'en ai franchi une autre, énorme, quand j'ai sorti mon album Broken English, en 1979. Je n'étais plus avec Mick alors – je ne suis pas restée avec lui très longtemps. Il était merveilleux mais j'ai eu le sentiment que je ne pourrais pas m'accomplir artistiquement si je restais avec lui. Beaucoup de femmes sacrifient leurs rêves et leurs espoirs aux hommes. Moi, je ne le souhaitais pas.


Vous définissez-vous comme une féministe ?
Ma mère l'était. Je ne l'étais pas consciemment mais ma vie était en accord avec ces idéaux. Je suivais mon étoile, curieuse de voir où elle allait m'emmener. D'une certaine manière, j'étais féministe, oui.

Dans le film, vous déclarez avoir joué un personnage toute votre vie et en avoir assez…
C'était sans doute pour me protéger. Je gardais un masque parce que je ne me sentais pas en sécurité. Maintenant, je ne me soucie plus de ce que les gens pensent de moi. Ce qui m'importe aujourd'hui, ce sont mes amis, ma famille et ma musique. Et c'est tout.

Des regrets ?
Je ne crois pas aux regrets !

* Au moment où cette interview a été réalisée, l'enregistrement du nouvel album de Marianne Faithfull, aujourd'hui terminé, n'avait pas encore démarré. »


« Marianne Faithfull - Fleur d'âme » de Sandrine Bonnaire
France, 2016, 62 min
Coproduction : ARTE France, Cinétévé, Babylon Irie, NTR
Sur Arte les 3 juillet 2020 à 22 h 45 et 11 juillet 2020 à 7 h 10
Disponible du 26/06/2020 au 09/07/2020
Visuels :
La chanteuse Marianne Faithfull
© Jean-Marie Périer
© Eric Guillemain

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Les citations sur le film proviennent d'Arte.

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