lundi 6 mai 2019

« Notre Europe, quelle histoire ! » par Martin Carazo Mendez et Christel Fomm


Arte diffusera du 6 mai au 17 mai 2019 « Notre Europe, quelle histoire ! » (Ach, Europa!), série documentaire « politiquement correcte » en dix volets par Martin Carazo Mendez et Christel Fomm. « De l'Antiquité grecque à l'UE des Vingt-Huit, dix épisodes pour réviser les grandes étapes de l'histoire européenne ».


« Étape essentielle de la construction européenne, le traité de Rome a été signé le 25 mars 1957 ».

« Cette série documentaire en dix épisodes retrace les grandes étapes qui ont forgé l'Europe que nous connaissons aujourd'hui ».

Bref, une histoire téléologique, sans critique de l’Union européenne actuelle et en assimilant "l'Europe" à une "Union européenne" (UE) sans limite géographique, ayant obtenu de larges transferts de souverainetés de ses Etats membres, profondément divisée sur sa nature, son identité, son devenir - fédération ? - ou ses compétences, etc.

« Une traversée teintée d'humour, d'esprit critique et d'émotion, grâce notamment aux apartés irrévérencieux offerts par deux comédiennes, l'une allemande, l'autre française, Annette Frier et Antonia de Rendinger ». Leurs commentaires se veulent drôles, mais me semblent souvent sots.

« L’histoire  commence par un mythe grec fondateur, celui de l’union entre Zeus et la jeune princesse Europe ».

« La culture méditerranéenne et la civilisation occidentale trouvent en effet leurs racines dans l'Antiquité grecque, puis romaine ». Et pas dans l’Antiquité juive ?

« Les peuples "barbares" du nord du continent ont également transmis une part de leur héritage ».

Le judaïsme apparaît en étant présenté comme la première religion monothéiste et pour expliquer la naissance du christianisme.

« Dans l’Antiquité tardive, les migrations bouleversent l’Europe occidentale ». De mon temps, on appelait ces migrations les « invasions barbares ». Mais, c’était avant…

Les tribus germaniques donnent le ton en s’installant au sein de l’Empire romain, où elles trouvent un climat plus clément ».

« Dans tout le monde romain, le christianisme progresse. Avec le règne de l’empereur Constantin Ier (310-337), Byzance devient Constantinople, un centre de la chrétienté européenne ».

« Avec l’ère d’Al-Andalous (711-1492), la péninsule ibérique se trouve pour près de huit cents ans sous domination musulmane » et les non-musulmans soumis à la dhimmitude. La série véhicule le mythe "al-Andalus" et celui selon lequel le monde chrétien aurait renoué avec la philosophie antique grâce aux Arabes musulmans. Il évoque aussi l'"âge d'or des sciences arabes".

« Cette période voit fleurir les sciences et la philosophie, mais aussi le fanatisme et les guerres saintes ». Avant d'évoquer les Croisades, époque où les chrétiens "se seraient forgés une identité collective, la voix off cite la conquête de la "Palestine". Le documentaire met sur le même plan les violences des uns et des autres. Il insiste sur les atrocités commises par les chrétiens contre leurs coreligionnaires et des musulmans. Mais omet sciemment celles ayant émaillé le djihad.

« Cependant, au-delà des affrontements politiques et idéologiques qui animent l'ère d’Al-Andalous (711-1492), le grand commerce renaissant contribue à relier les peuples d’Europe ». Grâce à qui ? Les Lombards, les Juifs… Venise s'affirme en "plaque tournante du commerce entre Orient et Occident" qui apprécie la cannelle, le poivre, le gingembre... Les Italiens "inventent des lettres de paiement améliorées en lettres de change. Le paiement en numéraire vient d'être créé". Une révolution en Europe. Le raccourci historique entre la faillite d'une banque médiévale et celle de Lehman Brothers lors de la crise des subprimes parait infondé.

« L’Europe médiévale est ravagée par les épidémies, les disettes et les guerres, qui menacent de faire vaciller les fondements de l’Occident chrétien ».

Les paysans se révoltent. 1525 : les paysans souabes rédigent un Manifeste.

Ce volet évoque les sorcières dans le monde chrétien, mais non dans l'univers islamique.

Jeanne d'Arc "représente la conscience nationale qui se développe". Et le documentaire d'ironiser sur des "récupérations contemporaines" en citant le Front national.

« Puis le continent connaît avec la Renaissance un renouveau artistique et intellectuel sans précédent, nouvelle grande étape dans le développement d’une âme européenne ».

Nicolas Copernic, homme d'église, s'intéresse à l'astronomie.

« Avec les progrès de la navigation, les Européens traversent l’Atlantique et entrent dans l’âge des conquêtes - en commettant parfois sur leur passage pillages et crimes contre les peuples autochtones ». Christophe Colomb "n'a pas conscience de l'importance de sa découverte" : le Nouveau Monde où ils découvrent le maïs.

Le 7 juin 1494, à Tordesillas (Castille) dans la province espagnole de Valladolid, la Castille et le Portugal signent sous l'égide du pape Alexandre VI le traité de Tordesillas, par lequel ils se partagent le Nouveau Monde, "terra nullius".

« Le désormais vieux continent, les guerres de religion vont bientôt faire rage, car le protestantisme de Luther ébranle l’Église catholique ». L'imprimerie permet aux partisans de Luther et à la Papauté de diffuser leurs idées. Est imprimée la Bible traduite en allemand. "Le paysage religieux se morcelle en Europe". « Avec la Réforme, l’Occident chrétien connaît son schisme le plus grave ».

En Angleterre, le souverain, le roi Henri VIII, crée sa religion, l'anglicanisme. "Grâce à Elisabeth 1ère, l'Angleterre connait un véritable âge d'or". William Shakespeare révolutionne le théâtre et "marque la langue anglaise". Il "écrit des pièces pour le peuple". Le Brexit est présenté négativement pour la Grande-Bretagne !? Alors que son économie est florissante malgré les prévisions d'experts ayant prévu le départ des grandes sociétés vers l'Europe continentale...

1648. La paix de Westphalie met fin à la guerre de Trente Ans. Est affirmé alors politiquement l’État-nation moderne, entité juridique détenant le monopole de la violence légitime et personne morale dans le cadre du droit international. Sur le plan religieux, s'applique le principe exprimé par la maxime latine "Cujus regio, ejus religio" (« A qui appartient la région, de celui-là la religion ») : la religion du souverain détermine celle de l'Etat et des habitants. Un nouvel ordre qui passe par l'équilibre des puissances, sans supprimer la guerre. Une longue ère, coupée de parenthèses guerrières, qui disparaît avec la Première Guerre mondiale.

« Avec l’avènement de Louis XIV, la France domine l’Europe du XVIIe siècle ».

« Le Roi-Soleil darde ses rayons sur tout le continent, faisant de nombreux envieux parmi les souverains des pays voisins ».

« L’Europe connaît un boom architectural historique, avec l’édification d’innombrables châteaux – jusqu'à la Russie de Pierre le Grand, qui bâtit ex nihilo sa grandiose capitale, Saint-Pétersbourg ».

« La riche Hollande connaîtra elle aussi son heure de gloire ».

« Mais cet essor du continent européen s’appuie pour partie sur la traite négrière ». Un récit qui vise à culpabiliser les Européens blancs chrétiens car il n'évoque pas les autres traites négrières ou la mise en esclavage d'Européens par des musulmans, notamment par la piraterie barbaresque…

« Les idéaux des Lumières sont dans l’air du temps ».

« Mais les Français ne sont pas les premiers à faire leur révolution : de l’autre côté de l’Atlantique, les colons blancs se sont affranchis de la tutelle britannique – une soif de liberté qui s’exporte dans presque toute l’Europe ».

« Les desseins impériaux de Napoléon Bonaparte vont ensuite remodeler le continent, avant sa défaite face à l’Angleterre, dont la grande révolution ne sera pas politique mais industrielle » et se généralisera sur le continent européen. En France, des entrepreneurs et financiers de la grande bourgeoise juive - Rothschild, frères Péreire, familles Camondo et Ephrussi, Osiris - y jouent un rôle éminent.

« En 1824, un certain Beethoven achève de composer sa neuvième symphonie qui deviendra, bien des années plus tard, l’hymne de tout un continent ».

« Malgré les progrès scientifiques fulgurants de la fin du XIXe siècle, les inégalités et la misère sévissent partout en Europe – une situation qui exacerbe les nationalismes ».

A Paris, une avant-garde artistique, composée notamment de Manet, s'oppose au classicisme.

Sous la férule de Bismarck, l'Allemagne s'unifie en un empire victorieux de la France dirigée par Napoléon III.

« Les tensions atteignent leur apogée avec l’éclatement de la Première Guerre mondiale, conflit d’une férocité sans précédent qui va marquer durablement l’imaginaire européen ».

« L’expérience terrible de la Grande Guerre laisse le continent exsangue, et de plus en plus divisé entre fascisme et communisme ».

Les Années folles correspondent aussi à l'émancipation des femmes qui combattent pour obtenir le droit de vote, notamment en France. "Paris est une fête", écrit le romancier américain Hemingway.

« La première épreuve de force éclate avec la guerre d’Espagne, qui suscite l’engagement inédit de combattants venus de l’Europe entière » : les volontaires des Brigades internationales. Picasso peint Guernica, la cité basque bombardée par les forces allemandes nazies et italiennes fascistes (1937).

« La montée et l’alliance des fascismes européens débouche sur une terrifiante "guerre totale", qui laisse l’Europe en ruine ». Le documentaire en profite pour fustiger et amalgamer populistes, extrémistes...

Certes, ce film montre des déportés dans des camps. Mais "l'impensable" est indicible : ce documentaire ne nomme pas la Shoah au cours de laquelle six millions de Juifs ont été assassinés par les Nazis et leurs complices. Ni le temps des ghettos.

« La reconstruction – physique et morale – sera longue et pénible ».

« Que peut-on attendre d’un continent qui vient à deux reprises de précipiter le monde dans le chaos ? »

« Après 1945, avec la guerre froide entre systèmes communiste et capitaliste, le rideau de fer devient le symbole de la scission entre l’Est et l’Ouest pendant quarante ans ».

« Mais le rêve d’autodétermination, de paix et de liberté travaille les sociétés en profondeur : il est à l’origine d’un projet d'union qui grave dans la pierre la liberté de circulation et le respect des droits de l'homme ». Une UE qui a quasi-détruit le droit d'auteur.

« Si le continent garde ses imperfections, ses divisions idéologiques et ses scepticismes, l’Europe d’aujourd’hui reste, au regard de sa longue histoire, plus unie qu’elle ne l’a jamais été ». Et plus bureaucratique. Et moins démocratique. Et avec un Etat, Chypre, en partie occupé par la Turquie. Et désunie quant à son avenir. Avec des élites politico-médiatiques se méfiant de peuples attachés à la souveraineté nationale, à leur civilisation menacée par le djihad.


« Notre Europe, quelle histoire ! » par Martin Carazo Mendez et Christel Fomm
Allemagne, 2016
« L'aube d’une civilisation » (Europa entsteht im Orient) : le 6 mai 2019 à 18 h 10
« Des empereurs et des dieux » (Von Göttern und Kaisern) : le 7 mai 2019 à 18 h 10
« Du Moyen Âge à la Renaissance » (Es werde Licht) : le  9 mai 2019 à 18 h 10
« Entre ciel et enfer » (Zwischen Himmel und Hölle) : le 10 mai 2019 à 18 h 15
« Dans l’ombre du Roi-Soleil » (Europas Sonnenstich) : le 13 mai 2019 à 18 h 10
« La ruée vers l'abîme » (Mit Volldampf in die Katastrophe) : le 15 mai 20149 à 18 h 15
« Fossoyeurs et utopistes » (Traumtänzer und Totengräber) : le 16 mai 2019 à 18 h 10
« La découverte de la paix » (Die Entdeckung des Friedens) : le 17 mai 2019 à 18 h 10
                                        
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Les citations sur le documentaire sont d'Arte

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