jeudi 30 mai 2019

« La tragédie des Brigades Internationales » de Patrick Rotman


« La tragédie des Brigades Internationales » (Vom Kämpfen und Sterben der Internationalen Brigaden) est un documentaire intéressant, mais carencé de Patrick Rotman. De « 1936 à 1939, la vraie histoire de ces combattants venus mêler leur destin à celui du peuple espagnol, dans l’éclatante lumière de l’héroïsme fraternel et la pénombre des crimes et des liquidations ». Arte diffusera le 30 mai 2019 le cinquième volet de l'"Espagne, l'histoire vue du ciel" (Spanien von oben - Geschichte(n) eines Landes), "L'héritage de la Guerre civile" (Das Erbe des Bürgerkriegs) de Mike Magidson. 

Le Front populaire et les photographes
« Les chansons du Front populaire », par Yves Riou et Philippe Pouchain
« La tragédie des Brigades Internationales » de Patrick Rotman

Dans les années 1980 et 1990, Patrick Rotman et Hervé Hamon sont devenus célèbres pour leurs enquêtes sérieuses et souvent déclinées en documentaires, et leur biographie d’Yves Montand. Les thèmes ? Les professeurs, Mai 68, les "intellocrates", la guerre d’Algérie sans en percevoir le caractère djihadiste, la « deuxième gauche » incarnée par le syndicat CFDT.

Co-auteur avec Jean Lacouture d’une biographie sur François Mitterrand, Patrick Rotman a poursuivi une carrière solo en présentant une émission historique télévisée Les Brûlures de l’Histoire. Et a réussi à générer une économie d’auteur de gauche reposant sur trois principaux piliers : l’édition – directeur de collection et auteur aux éditions du Seuil -, le service public audiovisuel – coproducteur et diffuseur de documentaires ou téléfilms -, et la société Kuiv Productions dirigée par Michel Rotman.

En 2011, est sorti le film La Conquête réalisé par Xavier Durringer sur un scénario de Patrick Rotman. L’ascension politique de Nicolas Sarkozy de 2002 et 2007, ses problèmes conjugaux, ses rivaux... Las, éclate l’affaire Dominique Strauss-Kahn, impliqué dans une agression sexuelle de Nafissatou Diallo, femme de chambre à l’hôtel Sofitel de New York. Une histoire aux nombreux rebondissements qui a intéressé davantage les spectateurs français.

Trois totalitarismes
Pourquoi l’intérêt de Patrick Rotman pour la Guerre d’Espagne au travers du prisme des « combats tragiques des Brigades internationales contre le fascisme » ? « C’est un conflit oublié, mais fondamental. Je le vois comme une antichambre de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle interviennent toutes les grandes puissances, mais aussi comme un conflit symbolique entre le bien et le mal, ou, pour le dire abruptement, entre les brigades du sacrifice. La guerre d’Espagne a longtemps marqué l’imaginaire de la gauche française, avant d’être peu à peu effacée de la mémoire collective. C’est pourquoi j’ai voulu la faire revivre avec des images rares, étonnantes, émouvantes. La guerre d’Espagne symbolise toute la tragédie du XXe siècle : le triomphe des totalitarismes », a expliqué Patrick Rotman à Emmanuel Raspiengeas.

Et de préciser : « Ce qui m’intéressait, c’était de revenir sur cette vision mythologique, de montrer la réalité de ce conflit, qui fut aussi l’affrontement des deux totalitarismes du XXe siècle, le communisme et le nazisme. Sans oublier ce que l’on peut appeler « une guerre civile dans la guerre civile », c’est-à-dire la prise de pouvoir par les communistes dans le camp républicain. J’ai souhaité dépasser la grande chanson de geste qu’a représenté la guerre d’Espagne, en me focalisant sur le trajet héroïque des Brigades internationales ».

Qui étaient ces Brigades internationales ? « Trente-cinq à quarante mille hommes et femmes venus de tous les pays. Les Brigades étaient entièrement organisées par l’Internationale communiste, qui les armait. Elles ont été envoyées dans tous les combats, sans aucun souci de préserver des vies humaines, ce qui a provoqué des pertes énormes : près d’un tiers des effectifs. J’ai voulu montrer la contradiction entre l’idéal magnifique de ces hommes et la terrible finalité de leur combat contre le fascisme, qui se soldera par un échec militaire et politique. Après la défaite, ceux qui étaient issus d’Europe de l’Est, les Polonais, les Allemands, les Yougoslaves, n’ont pas pu rentrer dans leurs pays, alors sous dictature nazie ou communiste. Ils furent parqués dans des camps en France, où ils ont appris la signature du pacte germano-soviétique… Une effroyable fin de parcours. Certains furent ensuite livrés à la Gestapo, pendant que d’autres parvinrent à entrer dans la Résistance. D’autres encore furent victimes de procès staliniens en Hongrie ou en Tchécoslovaquie ».

Hormis l’Union soviétique, quel autre pays en 1939 était sous férule communiste ?

Si la guerre d’Espagne est une « antichambre de la Seconde Guerre mondiale », alors la guerre d’Indépendance d’Israël est un épilogue de ce conflit. Des nazis ont combattu dans les rangs des pays et entité Arabes contre le jeune Etat Juif renaissant pour lequel ont lutté des sabras, des survivants de la Shoah, des volontaires, juifs et non juifs, venant du monde entier. Un thème rarement évoqué dans des documentaires.

En 2015, le rappel par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu des liens entre le grand mufti de Jérusalem Mohammed al-Husseini et le Führer Adolf Hitler, ainsi que l’implication du mentor d’Arafat dans la Shoah ont soulevé une polémique mondiale. Un « non-sujet » pour Patrick Rotman et Kuiv Productions ? Le service public audiovisuel, en l’occurrence Arte, n’accepterait-il les projets de documentaristes juifs que sur des thèmes « politiquement corrects » ? Pourtant le combat d'Israël contre les nazislamistes visant à sa destruction n'est-il pas un "conflit symbolique entre le bien et le mal".

Que risquerait Patrick Rotman à traiter de sujets cruciaux contemporains, telles l’affaire al Dura ou les spoliations actuelles de Français juifs ?

Patrick Rotman souligne l'implication de l'Eglise catholique en faveur des mutins. Quid des imams à l'égard des soldats rifains ? Quels liens entre ces derniers et leurs homologues allemands et italiens ? Qui étaient les milliers de volontaires - irlandais, marocains, russes blancs - engagés au côté du général Franco contre la république espagnole, et quelles étaient leurs motivations ?

Patrick Rotman élude aussi le caractère juif de nombreux volontaires des Brigades internationales à "l'entrainement sommaire". Pourquoi ?

Les Juifs engagés dans les Brigades internationales ont représenté plus de 10%, entre 6 000 et 8 000, soit un tiers des Américains, un cinquième des Britanniques et la moitié des Polonais. Venus essentiellement de Pologne, des Etats-Unis, de France, d’Eretz Israël, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de Belgique, de Hongrie, du Canada et d’URSS, ils s’appelaient Shimon Avidan, Fernando Gerassi, David Guest, Artur Kerschner, Sam LevingerBert « Yank » Levy, George Nathan, Alfred Sherman, Drago Štajnberger, Máté Zalka. Dans le Bataillon Palafox, la Compagnie Naftali Botwin, créée en décembre 1937, était composée entièrement de combattants juifs. En outre, on évalue à 70% la part du personnel médical volontaire pour soigner les blessés à être juive. Le rôle des Juifs a été longtemps marginalisé en raison, selon l’historien Martin Sugarman, des « gardiens de la mémoire » staliniens.

"Pour beaucoup, le mythe des Brigades internationales reste aujourd'hui encore intact. Et pourtant, derrière l'aventure héroïque de milliers de volontaires venus de tous les pays au secours de la République espagnole, se cache une autre vérité, déconcertante et douloureuse, que révèle ce témoignage sauvé de l'oubli. Sygmunt Stein, militant communiste juif en Tchécoslovaquie, bouleversé par les procès de Moscou qui ébranlent sa foi révolutionnaire, va chercher en Espagne l'étincelle qui ranimera ses idéaux. Mais arrivé à Albacete, siège des Brigades internationales, il se voit nommé commissaire de la propagande, poste où il découvre jour après jour l'étendue de l'imposture stalinienne. Très vite, la réalité s'impose à lui : "La Russie craignait d'avoir une république démocratique victorieuse en Europe occidentale, et sabotait pour cette raison le duel sanglant entre les forces démocratiques et le fascisme." Tout ce qu'il croyait combattre dans le franquisme, à commencer par l'antisémitisme, il le retrouve dans son propre camp. La déception est à la mesure de l'espoir qui l'avait mené en Espagne: immense. Affecté par la suite à la compagnie juive Botwin, il sera envoyé au front pour servir de chair à canon. Des exécutions arbitraires du "boucher d'Albacete", André Marty, aux banquets orgiaques des commissaires politiques, en passant par les mensonges meurtriers de la propagande soviétique, Sygmunt Stein dénonce violemment dans son livre Ma guerre d'Espagne : Brigades internationales : la fin d'un mythe, écrit en yiddish dans les années 1950, et resté inédit en français, la légende dorée des Brigades internationales".

Un documentaire à voir car, depuis quelques années, des journalistes ont dressé un parallèle infondé et infamant entre les Brigades internationales et les musulmans rejoignant l’Etat islamique pour combattre en Syrie. Ce qui permet d’occulter le caractère politico-religieux de l’engagement djihadiste hostile à la démocratie : « La Syrie, Bilad el-Sham en arabe, joue un rôle particulier dans l'eschatologie musulmane. Ce pays de Cham est cité dans le Coran et les Hadiths, car c'est là que doit se dérouler l'affrontement final contre Satan, contre la Bête à la fin des temps, lors du jugement dernier. Les musulmans croient même que Jésus –dans sa version coranique– reviendra sur terre en Syrie. L'un des minarets de la mosquée des Omeyyades à Damas est d'ailleurs appelé le minaret de Jésus. Tout cela résonne dans l'imaginaire des djihadistes. Ils mènent un combat contre ce qu'ils considèrent comme le Mal sur une terre dont parle la tradition islamique. Voilà aussi pourquoi la Syrie est devenue un tel aimant », a expliqué Frédéric Pichon, expert en géo-politique.

A la rigueur, l’engagement de volontaires internationaux auprès des combattants Kurdes pourrait présenter des points communs avec les Brigades internationales.

Épopée
« À travers de poignantes archives, Patrick Rotman retrace  l'histoire des trente-cinq mille volontaires venus du monde entier combattre le franquisme, défendre la jeune République, menacée par le putsch de Franco, lui-même soutenu d'emblée par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, dans la guerre civile espagnole (1936-1939) ».

L'armée d'Espagne au Maroc compte 40 000 hommes. Le Pronunciamento échoue, mais environ un quart du territoire espagnol est régi par le golpe rebelle dirigé par le général Franco. Bastion anarchiste, la Catalogne, fidèle à la République, résiste. A l'été 1936, c'est l'effervescence révolutionnaire. La Terreur rouge cause des milliers de morts. L'objectif : la révolution. Des milliers d'exploitations agricoles sont collectivisées, 18 000 usines sont occupées, des banques sont pillées. La propriété est confisquée, grande ou petite (magasins de coiffure). Pour le quotidien populaire L'Intransigeant, Antoine de Saint-Exupéry couvre la guerre, et les exécutions. Sur le front d'Aragon, les photographes Robert Capa et Gerda Taro informent sur ce conflit dans lequel l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste interviennent de manière décisive au profit des mutins. Du sud de l'Espagne, les mutins débutent la Reconquête avec comme cri : "Viva la muerte" ("Vive la mort"). Les partisans de la République leur opposeront ¡No pasarán! (« Ils ne passeront pas ! »).

Un "pacte de neutralité" unit les puissances européennes, dont la Grande-Bretagne et l'Union soviétique, pour ne pas s'ingérer dans ce conflit. Grâce à Jean Moulin, des avions français sont acheminés vers la république espagnole avant l'entrée en vigueur de ce pacte. Les "avions de Malraux (Escadrile España) s'opposent à la remontée de l'armée d'Afrique de Franco". Ce qui inspire L'Espoir de Malraux. Les risques évidents incitent Staline à délaisser l'attentisme. En septembre 1936, l'URSS aide la République en lui livrant des armes et envoyant des agents de renseignements. En échange de cette aide militaire, la République lui livre l'or de la banque d'Espagne.

« Ouvriers parisiens, militants tchèques et britanniques, dockers new-yorkais, mineurs polonais ou anglais, militants antifascistes allemands", dont Willy Brandt, "et communistes italiens... : en tout, quelque trente-cinq mille hommes, venus d'une cinquantaine de pays, vont combattre sur tous les fronts de la guerre, souvent en première ligne et sans aucune formation, dans des batailles de plus en plus désespérées, pour défendre la République menacée par le putsch de Franco ».
   
Ces volontaires « répondent à l'appel lancé sous l'égide de Moscou par l'Internationale communiste, alors que les démocraties occidentales ont décidé de ne pas intervenir ».


Ils « ont entendu également les plaidoyers d'André Malraux et de George Orwell, engagés dès la première heure, l'écrivain français à la tête d'une escadrille aérienne, l'Anglais au sein du Poum (Parti ouvrier unifié marxiste, antistalinien) ».

Ils « ont peut-être vu aussi les clichés incroyables qu'un couple de jeunes photographes, Gerta Pohorylle et Endre Friedmann, alias Gerda Taro et Robert Capa, expédient jour après jour du front ». A Madrid, comme les écrivains - Hemingway, Dos Passos - et correspondants de guerre -  Mikhaïl Koltsov de la Pravda, Geoffrey Cox du News Chronicle, Henry Buckley, du Daily Telegraph, Ksawery Pruszynski, de la revue polonaise Wiadomosci Lireackie, Herbert L. Matthews du New York Times -, ils séjournent à l'hôtel Florida.

Certains volontaires des Brigades internationales ont rejoint les Olympiades populaires à Barcelone, et sont demeurés en Espagne après leur annulation causée par le soulèvement militaire du général Franco, après son pronunciamento du 18 juillet 1936. « Nous étions venus défier le fascisme sur un stade et l'occasion nous fut donnée de le combattre tout court ». Footballeur juif polonais d'Anvers, Emmanuel Mincq rejoint le Bataillon Thälmann et co-dirigera la Brigade Dombrosky. Après la fin de la guerre en 1939, il est interné dans des camps français à Argelès, Le Vernet, Gurs.

Comme ces volontaires, les « écrivains Ernest Hemingway, John Dos Passos, Gustave Regler ou le documentariste Joris Ivens vont aussi contribuer à exalter la résistance héroïque du peuple espagnol, face à une armée franquiste bien supérieure en nombre et surarmée, qui multiplie les massacres au fil de ses victoires ».

« À leurs côtés, le correspondant de la Pravda, Mikhaïl Koltsov, informe aussi le NKVD... »

« Dès 1937, les Soviétiques, affirmant leur emprise sur le camp républicain, agissent en effet en Espagne comme à domicile, arrêtant, torturant, exécutant tous ceux qui s'opposent au stalinisme. Les militants anarchistes et libertaires, parmi lesquels figurent nombre de brigadistes, se retrouvent pris ainsi entre deux feux totalitaires ».

Ce « film raconte l’histoire des Brigades internationales qui se confond avec celle de la guerre d’Espagne : la guerre civile, les événements militaires, les affrontements dans le camp républicain, la révolution sociale, l’internationalisation du conflit, les raisons de la défaite, l’engagement des intellectuels et artistes comme André Malraux, Ernest Hemingway, Robert Capa, Dos Passos ou l’écrivain allemand Gustave Regler », ses figures telle Dolores Ibárruri Gómez, alias la Pasionara.

Le 28 octobre 1938, les Brigades internationales défilent à Barcelone dans une revue d’adieu en présence du gouvernement espagnol et de « représentants des partis politiques ». Le Desfilado.

Des « images rares, voire inédites, recherchées dans une quinzaine de pays retracent, de l’enthousiasme à la désillusion, l’épopée tragique des volontaires internationaux venus mêler leur destin à celui du peuple espagnol, dans l’éclatante lumière de l’héroïsme fraternel et la pénombre des crimes et des liquidations ».

« Restituant à la fois destins individuels et complexité historique, Patrick Rotman retrace ces trois années d'un combat perdu, dont les faits d'armes continuent de nourrir, aujourd'hui encore, le romantisme révolutionnaire. Un récit intense et détaillé, porté par de poignantes archives, dont nombre des images magnifiques de Robert Capa et de Gerda Taro, qui mourra avant la défaite finale, à 27 ans, écrasée accidentellement par un char républicain ».

« Quand je pense à la quantité de gens extraordinaires que j'ai connus et qui sont morts dans cette guerre, avait-elle écrit peu de temps auparavant, j'ai le sentiment absurde que ce n'est vraiment pas juste d'être encore en vie », a écrit la photographe juive Gerda Taro (1910-1937).

Le 18 décembre 2017, Claude Sitbon a écrit sur sa page Facebook, en partageant mon article : "Savez-vous qu'un Goulettois [habitant de La Goulette, cité méditerranéenne située près de Tunis, en Tunisie, Nda] Charles L'Espagnol était membre des Brigades internationales" ?

Le festival international du film d'histoire de Pessac présenta le 24 novembre 2018 à 18 h 15 « La tragédie des Brigades Internationales », documentaire intéressant de Patrick Rotman.

"Pendant la guerre d’Espagne, de 1936 à 1939, des volontaires affluent du monde entier pour défendre la jeune République, menacée par le putsch de Franco, lui-même soutenu par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Quelques 35 000 hommes, venus d’une cinquantaine de pays, vont s’engager dans des combats de plus en plus désespérés…"

« Il y a deux manières d’évoquer l’épopée des Brigades internationales. La première est de décrire des unités de volontaires dirigées par des chefs staliniens sanguinaires occupés à faire fusiller leurs propres troupes ou à assassiner trotskistes ou anarchistes en trahissant l’élan de la révolution sociale. La seconde consiste à saluer ces brigadistes comme les derniers représentants d’une utopie communiste en train de sombrer dans la nuit stalinienne, des héros de la lutte antifasciste,  premiers engagés dans cet épisode préfigurant la seconde guerre mondiale.
Patrick Rotman a manifestement hésité entre les deux options pour finir par se rallier à la deuxième. À raison, car les travaux d’historiens comme Paul Preston (Une guerre d’extermination. Espagne 1936–1940, Belin, 2016) ou Rémi Skoutelsky (L’Espoir guidait leurs pas, Grasset, 1998) ont tordu le cou aux mensonges de la propagande franquiste ou aux approximations provenant de certains témoignages.
Le récit des trois années de guerre est classique, expliquant pas à pas le coup d’État militaire de juillet 1936, l’aide immédiate aux putschistes, apportée par Hitler et Mussolini, la révolution sociale menée par les anarcho-syndicalistes de la CNT, la guerre menée par des milices mal équipées contre une armée professionnelle. Sans omettre le rôle mortifère des espions soviétiques, la violence des premiers mois du côté républicain et celle qui deviendra un véritable système de terreur du côté franquiste. Pour aboutir à la décision de recruter des volontaires étrangers, prise par l’Internationale communiste en septembre, qui va mener à l’engagement des premières Brigades internationales pour défendre Madrid en novembre.
D’Albacete, où ils sont armés et entraînés à toutes les grandes batailles, on suit de manière très réaliste ces unités étrangères. Le point d’orgue étant la bataille de Guadalajara où s’affrontent les soldats de Mussolini et les volontaires italiens de la brigade Garibaldi. Toujours engagées en première ligne, voire sacrifiées, les Brigades internationales subiront des pertes terribles entraînant mutineries et désertions bien expliquées dans le documentaire avec cependant des exagérations : on n’abattait pas des brigadistes d’une balle dans la tête sur le front.
Le documentaire se termine avec l’incarcération des derniers brigadistes en 1939, dans des camps d’internement français. Pour justifier son titre, le réalisateur aurait pu évoquer la répression féroce que subiront ses hommes aux Etats-Unis avec le maccarthysme, en Suisse, où on leur retirera la nationalité, en Tchécoslovaquie ou en Hongrie, où ils seront broyés dans des procès staliniens, en Pologne, où ils subiront de honteuses campagnes antisémites. Et leur rôle essentiel dans la résistance au nazisme, en France et ailleurs. » – Le Monde

 "L'Héritage de la Guerre civile"

Arte diffusera le 30 mai 2019 le cinquième volet de l'"Espagne, l'histoire vue du ciel (Spanien von oben - Geschichte(n) eines Landes), "L'héritage de la Guerre civile" (Das Erbe des Bürgerkriegs) de Mike Magidson. "En cinq thématiques, l'Espagne vue du ciel, à la recherche des empreintes que l’histoire a laissées sur les hommes et les paysages. Dans ce numéro : la guerre civile qui a déchiré l'Espagne entre 1936 et 1939 a laissé de nombreuses traces dans le paysage, qui ont fait récemment l'objet de vifs débats au sein de la population du pays."

"Si plusieurs statues du général Franco ont été cachées ou détruites et la nomenclature des rues transformée après 1975, d'autres monuments continuent de commémorer le Caudillo, ses alliés et ses victoires. Ces dernières années, le gouvernement a même révélé, sous l'impulsion du juge Garzon, l'existence d'immenses fosses communes où seraient enterrées jusqu'à 110 000 victimes des exactions du régime franquiste."

LA GUERRE D’ESPAGNE

« 1936
Février
Le Front Populaire remporte les élections législatives
17-18 juillet
À l’appel du général Franco, soulèvement de garnisons de l’armée. Une véritable insurrection populaire répond au coup de force des troupes rebelles. Au soir du 20 juillet, un tiers du territoire espagnol est sous la domination des franquistes.
Juillet-Août
La sédition militaire précipite la Révolution. L’État se décompose en quelques jours. Dans un désordre absolu, débute une période de terreur rouge.
La terreur blanche répond à la terreur rouge. Début août, à Londres, un pacte de non-intervention est décidé entre les principales puissances européennes.
Hitler et Mussolini de leur côté, apportent un soutien décisif à Franco.
Septembre-Octobre
L’URSS décide d’aider la République espagnole en lui fournissant matériel militaires et instructeurs. Au total sur l’ensemble de la guerre civile, 650 avions, 347 chars et 20 000 mitrailleuses sont fournis par l’Union soviétique. En échange, le gouvernement espagnol livre à Moscou l’or de la Banque d’Espagne.
Les premiers groupes de brigadistes internationaux arrivent début octobre.
Novembre
Début de la bataille de Madrid.
Décembre
Devant la résistance acharnée de Madrid, Franco renonce à prendre la capitale par une offensive frontale.

1937
Février
BATAILLE DE JARAMA
Franco n’a pu prendre Madrid mais l’encercle pour l’isoler de ses bases de ravitaillement.
Le 6 février, il lance sur un front de 18 km une attaque en tenaille au sud-est de Madrid à travers la rivière Jarama pour couper la route de Valence à Madrid.
Les franquistes disposent de 40 000 hommes et d’une centaine de blindés.
Le front finit pas se stabiliser. Les deux camps ont subi des pertes considérables, autour de 10 000 hommes chacun.
Mars
BATAILLE DE GUADALAJARA
Le 8 mars, 35 000 soldats italiens attaquent avec une division blindée et foncent à travers les lignes républicaines.
Les Républicains brisent l’offensive italienne et contre-attaquent. La victoire de Guadalajara à laquelle les Brigades Internationales ont largement contribué, redonne espoir au camp républicain.
Avril
Le 25 avril, 43 avions de la Légion Condor bombardent une petite ville basque de 7 000 habitants, Guernica. 1654 morts et 800 blessés". Cette tragédie inspire à Pablo Picasso son célèbre tableau Guernica, montré au Pavillon espagnole de l'Exposition universelle à Paris.
"Mai
Le 3 mai, des gardes d’assaut tentent de reprendre, place de la Catalogne, le contrôle du Central Téléphonique de Barcelone gardé depuis juillet 36 par les miliciens anarchistes. Cette attaque met le feu aux poudres dans le camp républicain. 
En quelques heures, la ville se couvre de barricades. Les affrontements de Barcelone s’achèvent par la victoire totale des communistes sur les autres courants du camp républicain.
Juin
CHUTE DE BILBAO
Juillet
BATAILLE DE BRUNETE
L’état-major républicain déclenche le 6 juillet, l’offensive, la plus importante depuis le début de la guerre. L’objectif, a été choisi par les conseillers soviétiques : c’est Brunete un village à vingt kilomètres à l’ouest de Madrid. 70 000 hommes participent à l’opération. Cinq Brigades Internationales se voient attribuer le rôle clef dans cette bataille qui doit desserrer l’étau autour de la capitale.
La grande offensive de la République sur Brunete, s’achève par un revers majeur, la destruction des meilleures troupes.
23 000 combattants républicains y laissent leur vie.

1938
Janvier-Février
BATAILLE DE TERUEL
Le 8 janvier, la garnison franquiste capitule.
Mais Franco ordonne de ramener des troupes fraîches et lance la contre attaque.
75 000 soldats nationalistes partent à l’assaut des positions républicaines. Teruel est reprise par les franquistes en février.
Mars
OFFENSIVE NATIONALISTE EN ARAGON
Le 9 mars, 150 000 soldats nationalistes appuyés par 200 chars, 600 avions, 700 canons attaquent sur 100 km de front une armée républicaine à bout de forces. Le front est rompu.
L’offensive nationaliste progresse de manière spectaculaire et atteint la Méditerranée. Ce qui reste du territoire républicain est coupé en deux.
Juillet-Novembre
BATAILLE DE L’EBRE
A l’aube du 25 juillet 1938, les troupes républicaines commencent à traverser l’Ebre. Au bout d’une semaine, le 1er août, l’offensive est brisée. Après 100 jours de combats terribles, les troupes républicaines pilonnées par plus de 300 avions, repassent l’Ebre. Les survivants retrouvent leurs positions de départ. 70 000 Républicains ont été mis hors de combat, (60 000 du côté nationaliste).
Octobre
RETRAIT DES BRIGADES INTERNATIONALES
Le 28 octobre 1938, c’est la Despedida, le défilé des adieux. Deux ans presque jour pour jour après leur arrivée triomphale, les Brigades internationales défilent sur l’avenue Diagonal en plein cœur de Barcelone.

1939
Janvier
CHUTE DE BARCELONE
Le 26 janvier 1939, les troupes de Franco entrent dans Barcelone. Les restes de l’armée républicaine franchissent la frontière française et rendent les armes. 
500 000 Espagnols fuient vers la France en un lamentable cortège de réfugiés. La guerre d’Espagne est finie ».

« La tragédie des Brigades Internationales », écrit et réalisé par Patrick Rotman
Art Francee, Kuiv Productions, France Télévisions , France 3, France, 2016, 101 min
Sur Arte les 25 octobre à 20 h 50 et 7 novembre 2016 à 9 h 25, 19 décembre 2017 à 20 h 50
Visuels : © KUIV PRODUCTIONS

"L'héritage de la Guerre civile" de Mike Magidson
France, 2019, 27 min
Sur Arte le 30 mai 2019 à 6 h 40
Visuels :
Valle de Los Caidos, mausolée monumental de l'époque franquiste, situé dans la vallée de Cuelgamuros, proche de la capitale Madrid
Les restes du village de Belchite et de son église détruits pendant la guerre d'Espagne (bataille de Belchite) en oût et septembre 1937
Credit : © Point du Jour

A lire sur ce blog :
Articles in English
Les citations et la chronologie sont d'Arte. Cet article a été publié le 23 octobre 2016, puis les 19 décembre 2017 et 23 novembre 2018.

mardi 28 mai 2019

Une « école » juive française en mutations


L'école juive associe en France, dans un cursus particulier, des matières d'enseignement général et le kodech (étude juive). En 2006, le FSJU (Fonds social juif unifié), fédération d'associations juives françaises, une des principales organisations communautaires, a dressé un bilan et présenté des perspectives de la scolarisation en établissements juifs des élèves français juifs, soit du jardin d'enfants aux institutions d'enseignement supérieur et en alternance, via les écoles primaires, collèges et lycées. Et ce, dans un contexte marqué par un taux élevé d'actes antisémites - élèves et écoles ont été la cible d'agressions antisémites et d'attentats terroristes islamistes - et l'exode, intra-hexagonal et hors de France, de Français juifs. Ce qui réduit les effectifs scolaires. L'association Choisir l'Ecole Juive et les Ecoles juives de France invitent à la journée "Je teste l'école juive de mon choix !" le 30 mai 2019.

« La journée de la jupe » par Jean-Paul Lilienfeld

"Ecoute, mon fils, les recommandations de ton père, ne délaisse pas l'enseignement de ta mère" (Proverbes I, 8)

Qu'enseignent les écoles juives françaises ? L'histoire des Juifs, du judaïsme et d'Israël est-elle suffisamment bien enseignée ? Quels sont les enjeux et défis des décennies à venir ? L'école juive évite-t-elle certains écueils ? Quelles techniques pédagogiques élaborent-elles et utilisent-elles ? De quelles valeurs est-elle porteuse ? Quelles sont ses finalités dans une France qui change tant ? Quelles sont les demandes des parents d'élèves juifs ?

En France, les établissements scolaires juifs se distinguent par un cursus particulier associant des matières d'enseignement général et le kodech (étude juive). Soit Torah im Dere'h Erets ou "TIDE" (Torah avec la connaissance du monde) selon la formule dont l'inspirateur est le rabbin de Francfort-sur-le-Main, Samson Raphaël Hirsch (1808-1888) qui souhaitait contrer la tentative de nombre de juifs allemands de se convertir au christianisme en leur proposant d'allier judaïsme et citoyenneté : "C'est une obligation pour nous de nous associer à l'Etat qui nous a reçus, de le promouvoir et d'oeuvrer pour son bien-être, en même temps que  nous oeuvrons pour le nôtre" (Lettre XVI in "19 Lettres sur le judaïsme", 1836). 

En 1945, la France comptait trois groupes scolaires juifs. En 1950, les écoles juives scolarisaient environ 400 élèves d'une communauté décimée par la Shoah. En 1970, 30 groupes scolaires avaient 3 000 élèves. En 2017, la France comptait environ 300 établissements scolaires juifs qui scolarisaient à peu près 31 000 élèves, et leur enseignent le hol (enseignement général) ainsi que le kodesh (enseignement religieux), généralement sous contrat d'association avec l'Etat. Plus des deux tiers de ces établissements se trouvaient dans la région Ile-de-France.

Cet essor, surtout dans les années 1970-1980, s'explique par l'arrivée en France des Juifs contraints de quitter le monde Arabe ou/et musulman, un "sursaut identiaire" (Patrick Petit-Ohayon, Communauté nouvelle, n° 121), l'inquiétude liée à la guerre des Six-jours, l'insécurité et la baisse de niveau dans des écoles publiques... Le Fonds d'investissement pour l'éducation (FIPE), dans lequel le FSJU (Fonds social juif unifié) a joué un rôle majeur, pour "accompagner ce véritable "boom"... Il y avait en 1986, 88 groupes scolaires et 15 000 élèves scolarisés dans les écoles juives, à plein temps. En 16 ans, les effectifs avaient été multipliés par cinq" (ibid). En 2002, les écoles juives françaises comptent plus de 24 000 élèves dans celles sous contrat avec l'Etat, et 2 000 élèves dans celles hors contrat. "En 50 ans, on est passé de 400 à 26 000 élèves. Le nombre a été multiplié par 65, ce qui est considérable".

Après la crise financière des années 1990, nombre de ces établissements se sont restructurés : déplacement géographique d'Est en Ouest de la région francilienne - pour des raisons de sécurité, pour éviter l'antisémitisme, etc. -, mise aux normes, agrandissements, ouverture de nouveaux établissements, fermeture d'autres ou de certaines sections, contractualisation qui permet le recours à des enseignants diplômés d'Etat, formation continue des professeurs à l'Institut André Néher, proposition de pédagogies innovantes - bilinguisme -, étude optionnelle pendant une heure de la Guémara sous la direction du rav Berros à Ozar HaTorah (75013 Paris) après la journée de cours, disciplines artistiques, enseignement de la diététique... 

Ils se prévalent souvent de leurs résultats bons, voire excellents, aux brevets et au Baccalauréat (BAC) : groupe scolaire Maïmonide Rambam créé en 1935 à l’initiative du Consistoire Israélite à Boulogne Billancourt, Lycée Collège YABNE à Paris - fondée en 1948 à Paris par le grand-rabbin Jacob Kaplan avec l'aide de Suzanne Aron, du rabbin Élie Munk et du grand-rabbin Henri Schilli - et à MarseilleORT Daniel Mayer à Montreuil...

Crise des années 1990
A l'aube des années 1990, nombre d'établissements scolaires juifs français ont traversé une crise financière sérieuse. En partie due au contexte économique général, à de mauvais gestionnaires, à l'absence de plan concerté visant à mieux utiliser les initiatives individuelles. L'ACIP (Association du Consistoire israélite de Paris) avait aidé financièrement Etz Haïm à Saint-Maur (Val-de-Marne). Les établissements avaient rationalisé davantage leurs investissements : regroupement de structures du mouvement Loubavitch rue Petit à Paris (75019), programme d'économies (gel de la politique salariale), recours à des Contrats emplois solidarités (CES), etc. Certains avaient été contraints de fermer leurs portes. Beaucoup organisaient des diners de gala pour collecter des fonds destinés à résorber leur dette et assurer une gestion sécurisée.


L'Etat avait augmenté ses exigences avant d'accepter de contractualiser (contrat d'association) une relation avec eux. Un contrat aux termes duquel les professeurs de matières générales étaient rémunérés par l'Etat via l'Académie.

En 1996, l'établissement Kiryat Eden n'a plus pu accueillir ses 300 élèves - de la crèche à l'enseignement primaire - à l'issue de procédures judiciaires perdues : le 11 juillet 1996, le préfet de police de Paris a fait procéder à l'expulsion des élèves, enseignants et administratifs au 123 rue de Reuilly (75013). Soit quinze jours avant la date prévue du 26 juillet. Cette école proposait une pédagogie innovante : enseignement bi-, voire tri-lingue (français, hébreu, anglais) précoce, etc. La direction de l'établissement a été dupée par un bailleur qui avait inclus, dans le contrat de bail, un terrain qui de jure appartenait à des copropriétaires. Endettée, elle n'a pu obtenir une indemnisation par le bailleur insolvable. Nouvelle propriétaire des locaux, l'UCIM refuse de renouveler le contrat, et décide de vendre l'immeuble. La direction a trouvé un terrain, dans l'ex-gare de Reuilly, que la SNCF était disposée à lui louer pour 75 000 francs par mois.  Elle espérait alors une garantie d'emprunt de la Ville de Paris...

En 1998, près des deux tiers des écoles juives françaises avaient été créées dans les années 1970. Plus de 20 000 élèves juifs étaient scolarisés dans l'ensemble des établissements scolaires communautaires. 

Institut André et Rina Neher
Fondé en 1993 par Prosper Elkouby et le professeur Armand Lévy à l'initiative du Fonds Social Juif Unifié (FSJU), l'Institut André et Rina Neher (IARN) assure la formation initiale et continue, en enseignements général et juif (kodech),  de (futurs) enseignants - instituteurs ou professeurs des écoles, professeurs du secondaire -, personnels de vie et directeurs en établissements scolaires juifs. Il est déclaré auprès des Ministères de l'Éducation Nationale et de l'Enseignement supérieur et de la recherche. 

L'âge moyen des recrues ? 30/35 ans. Une quarantaine de personnes - essentiellement des femmes en reconversion professionnelle, "traditionalistes" ou religieuses - y sont inscrites à la rentrée scolaire.

Depuis 2014, il est l'un des organismes du CAMPUS-FSJU.

Concert pour l'école Lucien de Hirsch
"Si l’on s’en tient à l’époque moderne, on peut considérer que c’est à Bordeaux qu’a été ouverte la première école juive, en 1817. Quatre-vingt enfants pauvres pris en charge par des dames patronnesses charitables. Un an plus tard, en 1818, c’est au tour de Metz d’avoir son établissement scolaire juif. Un an plus tard, ce sera enfin Paris. Dix ans après, en 1829, il y a déjà 62 écoles juives en France", retrace Jean-Pierre Allali en recensant Une histoire de l'éducation juive moderne en France. L'Ecole Lucien de Hirsch, par Raphaël Elmaleh (2006).

Et de poursuivre : "A Paris, donc, c’est le 9 novembre 1819, rue des Billettes, chez un pasteur protestant, que voit le jour la première école consistoriale élémentaire d’enseignement mutuel. Elle se transporte rapidement dans le bâtiment de la synagogue portugaise de la rue Neuve-Saint-Laurent, aujourd’hui rue Notre-Dame-de-Nazareth avant de s’installer rue des Singes, non loin du Pletzl. Le 6 mai 1922, au 19 rue de la Croix, aujourd’hui rue Volta, c’est la première école juive de filles qui voit le jour. Parallèlement à cette extension remarquable du réseau scolaire juif, la population juive parisienne connaît un accroissement important : 12000 âmes en 1842. 40 000, trente ans plus tard. Les besoins scolaires sont immenses. Et Lucien de Hirsch ? On peut dire que c’est avec l’arrivée d’un couple, Benoît et Jeanne Lévy, chargés au tournant du siècle par le Comité des Ecoles du Consistoire Israélite de Paris de diriger l’une des trois écoles qui sont sous sa tutelle, que l’histoire de cet établissement prend corps. Nous sommes en 1901. Au 68-70, rue Secrétan, dans le 19ème arrondissement de Paris, se situe l’école Halphen du nom de son fondateur, créée en 1864 et devenue l’école Lucien de Hirsch, du nom du fils du baron Maurice, grand numismate prématurément disparu. Les Lévy vont se donner corps et âme à l’école qui leur est confiée. Entre 1914 et 1935, Lucien de Hirsch est la principale école consistoriale. 1935 constitue un tournant avec la création par Marcus Cohn du premier établissement secondaire juif, Maïmonide. Puis viennent les années de guerre tragique, finement analysées par Raphaël Elmaleh. En 1948, un nouvel établissement, Yabné, voit le jour. En 1950, après Alice et Nathan Schentowski, Marianne et Bernard Picard vont à leur tour, imprimer leur marque à Lucien de Hirsch. Chronologiquement, patiemment, agrémentant son études d’anecdotes et de portraits savoureux de tous ces dirigeants qui ont fait l’école juive, l’auteur évoque les « années de combat », 1950-1965, les « années Marianne » (Picard), 1965-1988 jusqu’à la période actuelle"

Le 27 novembre 2001, l’orchestre de Chambre d'Israël s’est produit à la salle Gaveau (Paris)  pour fêter le centenaire de l’Ecole Lucien de Hirsch, la plus ancienne école juive en France, et le projet de construction de bâtiments définitifs et agrandis de son lycée.

Dirigé par Philippe Entremont, l’orchestre a interprété Mozart - Symphonie Haffner, concert pour violon K.216 avec le soliste Jean-Pierre Wallez - et Bethoven - concerto en ut majeur Op. 56 avec le violoncelliste Gary Hoffman, le violoniste Jean-Pierre Wallez et son chef au piano.

Le dîner qui a suivi a notamment rassemblé Armand Stammer, président du conseil d’administration de l’Ecole, la baronne Alain de Rotshdchild, dont l’époux était président du Conseil d’administration de l’Ecole (1950-1983), et Béatrice Rosenberg, leur fille, présidente de Ganenou (notre jardin, en hébreu), et administrateur au CASIP (Comité d'action sociale israélite de Paris), Moïse Cohen, alors président du Consistoire de Paris, Benjamin Touati, directeur de l’Ecole, des représentants de la communauté ou de l’Ecole, et les musiciens.

Armand Stemmer, président du Conseil d’administration de Lucien de Hirsch, a rendu hommage « au courage, à l’abnégation et à la volonté » de Alain de Rothschild qui a rouvert l’Ecole en 1950 et a exercé des fonctions multiples de direction d’institutions juives.

Il a rappelé le rôle de cette école « religieuse, sioniste, communautaire, ouverte sur le monde » : avoir su intégrer des immigrants dans la société française et dans l’enseignement du judaïsme.

Au nom de son frère, Eric de Rothschild, vice-président du Conseil d’administration de l’Ecole depuis près de vingt ans, et en son nom, Béatrice Rosenberg a présenté le parcours de leur père, semé parfois de drames, et l’importance qu’il accordait à l’éducation juive.


Cette soirée a permis de collecter une partie des 25 millions de francs nécessaires pour construire le « lycée du XXIe siècle ».

FSJU
« Au sein du FSJU (Fonds social juif unifié), le GIC (Groupement d’intérêt communautaire) de l’Enseignement rassemble les associations adhérentes du FSJU intervenant dans ce domaine. Il constitue un levier de réflexion et une force de proposition qui détermine la politique de l’éducation du FSJU. Il peut déterminer des priorités ou des actions dans le cadre budgétaire », explique Patrick Petit-Ohayon, chef du Département Enseignement au FSJU.

Une Assemblée générale (AG), qui rassemblait professionnels et bénévoles, s’est tenue le 30 mai 2006 à Paris. A son ordre du jour : un bilan et les perspectives de l’école juive qui éduque près d’un enfant juif français sur trois et dont le statut de ses enseignants vient d’être modifié.

La Fondation Gordin
"La Fondation Rachel et Jacob Gordin a été créée en 2008 afin d’aider les écoles juives à financer certains projets immobiliers. Abritée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, la Fondation Gordin s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds social juif unifié, le Fonds Harevim et les fondations Rothschild et Sacta-Rashi."

"La Fondation Gordin peut apporter son soutien financier à des projets immobiliers de réhabilitation, de mise aux normes, d'agrandissement..." 

"Elle s’attache aussi à rationaliser la gouvernance des écoles. Elle étudie les regroupements possibles en s’appuyant notamment sur une cartographie des écoles juives qu’elle a commanditée."

"Tout établissement sollicitant le financement de la Fondation Gordin doit approuver une charte par laquelle il s'engage à suivre les principes d'une gestion rigoureuse et à dispenser un enseignement respectant les valeurs républicaines et celles du judaïsme."

"L'instruction des dossiers a été confiée au département de l'action scolaire du FSJU."

"Un fonds pour les écoles juives a également été mis en place afin d’aider les établissements confrontés à l’arrivée de nouveaux élèves venus de l’école publique et issus de familles ayant des difficultés à assumer les frais de scolarité. Préparé en 2015, ce dispositif a pris effet en février 2016."

Un tableau nuancé
En France, selon une étude du FSJU rendue publique en 2010, 30 525 élèves juifs français sont scolarisés dans 102 groupes scolaires juifs (2008-2009), dont 27 000 dans des écoles sous contrat avec l’Etat. Un effectif en léger recul dans les établissements sous contrats (-141 élèves, soit -0,52%). Ce recul "ne tient pas compte de l'ouverture de deux structures récentes : l'Ecole juive moderne à Paris et l'Ecole juive d'Aix-en-Provence et du déplacement des élèves vers le hors contrat. Il convient de parler de stabilisation du réseau... La baisse la plus forte se situe en primaire... Dans le 2e degré, on constate une progression très modérée." Et ce, du gan (jardin d’enfants) à l’enseignement supérieur (BTS - Brevet de Technicien Supérieur -, soit Bac +2).

"En 2010, 71% des effectifs sont en Ile-de-France avec 34% à Paris et 11% en Seine-Saint-Denis... C'est dans les Bouches-du-Rhône, principalement à Marseille, que se trouve le nœud de l'école juive en province, à hauteur de 11,11%, soit 3 392 personnes sur les 30 525 élèves".

"On a 8% de très petites structures (- de 50 élèves), 23% de grandes structures (+ de 500 élèves), 69% de moyennes structures (entre 50 et 500 élèves). "On a pu remarquer que le seuil de 200 élèves était nécessaire pour atteindre l'équilibre". Il y a trois réseaux économiques existants  (Alliance israélite universelle, ORT, Ozar HaTorah et trois réseaux pédagogiques à développer (Fédération nationale des écoles juives autonomes-FNEJA, Mouvance Loubavitch et Indépendants", selon le FSJU.

Ces établissements scolaires représentent un patrimoine immobilier à rénover, à mettre aux normes. Un "travail commencé avec la Fondation Gordin qui a investi 11 millions d'euros".

Depuis 1996, on "assiste à un affaissement des "pleins tarifs". En 2010, 75% des 30525 élèves scolarisés bénéficient de réductions pour raisons économiques". En outre, ont été créés les Bourses Latalmid et le Dispositif Samekh.

Pourquoi choisir ces établissements ? D’abord pour des raisons identitaires, et depuis 2000, pour éviter les problèmes de l’école laïque (violence, antisémitisme). « En outre, le niveau d'écoles juives est supérieur au niveau national lors des examens », constate Patrick Petit-Ohayon. A noter que les familles qui font leur aliyah sont proches des écoles juives.

Plus ou moins libéraux ou orthodoxes, ces établissements scolaires sont présents dans 13 académies sur 26. L’Ile-de-France concentre 70% d’entre eux, les agglomérations importantes de province – Marseille, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Nice - accueillant les 30% restants. Des agglomérations comme Nancy ou Dijon comptent des écoles aux effectifs moins importants.

Quels sont les critères d’ouverture de classe par niveau ? Les naissances. Ainsi, le cursus est plus complet dans les grandes villes, une cité comme Bordeaux offrant une école maternelle et primaire.

L’impact de la démographie en France se reflète : certaines académies sont en hausse régulière depuis des années, d’autres stagnent.

« Si ces dernières années, l’augmentation des effectifs a été sensible, on note un ralentissement de la courbe ascendante. La plupart des niveaux d’études sont affectés par ce ralentissement. Alors que dans le secteur public, les effectifs sont en baisse », commente Patrick  Petit-Ohayon en 2006.

Les projets doivent tenir compte du ralentissement de la progression des effectifs qui affecte la plupart des niveaux d’études de l’école juive, alors que le nombre des effectifs du public diminue.

Cette évolution nationale doit être pondérée selon les niveaux - au cours des cinq dernières années, les lycées juifs sous contrat ont connu une hausse de 27% de leurs effectifs, les écoles et collèges juifs une augmentation de 10% – et selon les régions : l’augmentation de la capacité de structures est envisageable essentiellement en Ile-de-France.

Au niveau national, et parfois au niveau régional, il reste encore des places dans les écoles juives, parfois excentrées ou de moindre renommée. Si certains établissements sont saturés, avec des listes d’attente, il faut relativiser la « saturation » des écoles juives. En effet, les parents prudents enregistrent leurs demandes dans plusieurs établissements afin d’accroître leurs chances. De plus, les situations régionales et nationales sont diverses. Enfin, les écoles juives excentrées ou de moindre renommée gardent une plus grande capacité d’accueil.

Un dialogue constructif
La loi Censi (5 janvier 2005) a redéfini le statut des enseignants de matières générales des établissements privés sous contrat avec l’Etat en le considérant comme des salariés de droit public. Ces pédagogues sont proposés par les services académiques, ce qui réduit la liberté de choix des chefs d’établissements. Claude Sabbah, directeur de l’ORT (Organisation Reconstruction Travail) Strasbourg, a présenté les implications de cette loi dans un contexte de raréfaction des enseignants.

Puis, les professionnels et bénévoles présents à cette AG informent Patrick Allal, sous-directeur de l’Enseignement privé au ministère de l’Education nationale, des difficultés d’application de cette loi.

Les problématiques de l’école juive : les aspects financiers (coût de la scolarité), l’élitisme des établissements, les projets d’école, la place des parents dans le développement de l’école juive, la qualité des enseignants, notamment dans les matières juives, renforcée par l’Institut André Neher qui assure leur formation initiale et continue.

Vers les Assises de l’école juive en France
« Des perspectives d’évolution peuvent être estimées jusqu’en 2013. Le premier degré devrait voir ses effectifs augmenter jusqu’en 2010, puis diminuer. Le second degré va enregistrer une baisse jusqu’en 2009, puis augmenter jusqu’en 2013 », précise M. Petit-Ohayon.

Il conviendrait de pondérer de manière régionale les grands projets, et d'augmenter la capacité de structures dans certaines régions, essentiellement l’Ile-de-France.

Prochain rendez-vous majeur : les Assises de l’école juive en France début 2007. Pour les préparer, le FSJU lance des consultations régionales avec les partenaires : directeurs d’écoles, membres des conseils d’administration, enseignants, associations de parents d’élèves. Elle les invite aussi à lui adresser des suggestions, notamment sur son site Internet afin d’instaurer un débat dénué d’invectives.

Ecole Ohr Menahem
En 2009, l'école Ohr Menahem à Emerainville (Seine-et-Marne) - seule école du département - comptait... cinq élèves par classe dans des locaux modulables et modernes. Son fondateur et directeur, le rav Mendy Mergui, âgé de 30 ans, espérait alors atteindre 300 élèves en 2014. Une croissance qui accompagne l'exode des Français juifs quittant, en raison d'un environnement devenu hostile et de la cherté des loyers, des villes de Seine-Saint-Denis et de la première ceinture de la capitale pour celles de la grande banlieue Est de Paris. Là, ils trouvent souvent une meilleure qualité de vie, mais une rare vie communautaire. Chalia'h du mouvement Loubavitch, le rav Mendy Mergui, fils d'enseignants, et son épouse ont ouvert des cours de Torah, organisé des offices et sédarim (repas, Nda) pour les fêtes, créé un mikvé (bain rituel, Nda). 2002 : une crèche accueille ses trois premiers enfants. 2004 : première classe de maternelle inaugurée, puis le CP. En 2005, est ouvert un Beth Loubavitch. "Nos effectifs progressent de 30% chaque année", constatait le rav Mergui. En 2009, Ohr Menahem scolarisait "70 élèves de la maternelle au CM2, et 25 lits de crèche". (Hamodia, 6 mai 2009)

Ecole Yaguel Yaacov
Fondée et dirigée jusqu'en septembre 2015 par le rav Yaacov Mergui, originaire de Meknès(Maroc) et professeur à l'école Rambam à Boulogne-Billancourt, l'école Yaguel Yaacov est située à Montrouge. Elle accueille près de 300 élèves du gan au CM2.

Le 8 janvier 2015, Amedy Coulibaly a, semble-t-il, essayé de commettre un attentat contre cette synagogue. La présence de deux policiers intervenant dans un accident de la circulation paraît avoir contrarié son plan. Coulibaly a tué à la Kalachnikov, et de dos, la jeune Clarissa Jean-Philippe et blessée grièvement un agent de voirie. Il a fui, puis a commis un attentat islamiste à l'hypercacher Porte de Vincennes.

En 2016
Une "étude de 2007, réalisée par le Fonds social juif unifié (FSJU), montrait la prégnance de cette thématique sécuritaire dans le choix d’une école juive. Parmi les motivations, la transmission d’une culture juive arrivait largement en tête (citée par 77 % des sondés), devant la pratique religieuse (70 %). Mais près d’un tiers de parents (32 %) disait aussi considérer l’école juive « comme refuge face à l’antisémitisme ou à la violence ».

Selon le FSJU, les familles françaises se déclarant juives "scolarisent leurs enfants selon une règle des trois tiers : un tiers dans le public, un tiers dans le privé juif, un tiers dans le privé laïque ou catholique".


Dans "certaines banlieues, les familles juives désertent carrément le secteur public, notamment au début du secondaire. « À la rentrée, nous avons accueilli 51 élèves venant d’établissements publics, un phénomène en nette augmentation depuis deux ans. Parmi eux, quatre avaient subi – et je l’ai vérifié moi-même auprès de la direction de leurs établissements d’origine – des insultes ou agressions antisémites. Si ce n’était pas ce qui motivait exclusivement l’inscription dans notre école, les familles des autres nouveaux venus mentionnaient presque toutes la crainte de voir leur enfant être pris pour cible parce que juif », a indiqué la directrice d’une grande école juive sous contrat d’association avec l’État, en région parisienne à La Croix (11 mars 2016).

Un père de famille juive français habitant "dans l’est parisien a, dans sa jeunesse, effectué « sans problème » une part de sa scolarité dans le public. Mais il a choisi d’inscrire ses trois enfants dans une école confessionnelle. Avec pour volonté première de leur transmettre « des valeurs ». Mais la question de la sécurité n’est jamais bien loin, reconnaît-il. « Si demain je n’avais plus les moyens de payer une école privée, j’aurais des appréhensions à inscrire mes enfants dans le collège du quartier. Il est arrivé, à proximité, que de jeunes juifs soient pris à partie. Et je demande moi-même à mon fils d’éviter ce secteur quand il rentre à la maison. »


Cependant, l'antisémitisme perdurant ne constitue pas toujours un argument fort en faveur d'une scolarisation en établissements juifs. En effet, depuis l'attentat terroriste islamiste à l’école Ozar HaTorah de Toulouse, où, en mars 2012,  Mohamed Merah avait assassiné un rabbin-professeur et trois élèves, « certaines familles se disent aujourd’hui que leurs enfants sont peut-être plus en sécurité en se fondant dans la masse au sein d’établissements publics où sont déjà inscrits d’autres enfants juifs plutôt que dans des écoles gardées en permanence par des militaires », observe Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l'Education nationale, et auteur du rapport Les signes et manifestations d'appartenance religieuses dans les établissements scolaires (2004).

Un propos que nuance Patrick Petit-Ohayon, directeur de l’action scolaire au FSJU. « Cette année, c’est vrai, sur 31 000 élèves, 1 600 ont quitté les écoles juives. Mais dans 72 %, il s’agissait de départs vers l’étranger, vers Israël ou d’autres pays. » Selon Patrick Petit-Ohayon, ces départs ont été partiellement compensés par la scolarisation en établissements juifs d'un millier d'élèves ayant fui le secteur public éducatif, « pas forcément à la suite d’insultes ou d’agressions vécues. Le plus souvent par crainte d’avoir à les vivre. »

Israël
En Israël, le 1er septembre 2016, 2,230 millions d'élèves ont repris le chemin de l'école.

Emmanuel Macron
Le 30 septembre 2016, interrogé, avec Jean-François Kahn, dans le numéro du 30 septembre de l’hebdomadaire Marianne, Emmanuel Macron, ancien ministre de l'Economie du gouvernement socialiste de Manuel Valls sous la Présidence de François Hollande, et fondateur-dirigeant du mouvement En Marche, s'est prononcé en faveur d'« arrangements » dans les établissements scolaires publics : « Si on supprime les menus sans porc, que va-t-il se passer ? Des enfants partiront hors de l’école publique. De même avec les contrôles clés que l’on a toujours évité de faire dans les lycées publics le samedi matin pour ne pas pénaliser les élèves juifs. Si on rompt avec cet arrangement, les enfants partiront dans des écoles catholiques ou dans des écoles privées sous contrat qui leur permettent de ne pas travailler le samedi matin ».

Emmanuel Macron a fustigé une « laïcité revancharde », et a regretté que « « peu de gens [ont été] émus lorsque les conséquences de ce débat envoient de plus en plus d’enfants dans des écoles confessionnelles qui leur enseignent la haine de la République, professent des enseignements essentiellement en arabe ou, ailleurs, enseignent la Torah plus que les savoirs fondamentaux ».

Le 6 octobre 2016, Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié (FSJU) et son bureau, ont « fermement » condamné dans un communiqué, ces propos qui « sont profondément offensants, inexacts et caricaturaux. ces déclarations stigmatisent nos concitoyens ayant fait le choix de l'enseignement privé juif et témoignent d'une totale méconnaissance de la diversité des réalités éducatives de notre pays. Mr Emmanuel Macron aurait gagné à s’informer avant de s’exprimer de la sorte. L’accroissement du nombre d’élèves de confession juive dans les établissements confessionnels est principalement lié au choix de parents confrontés à l’augmentation de l’antisémitisme ces dernières années dans certaines écoles publiques. À l’instar de l’enseignement privé catholique dont Emmanuel Macron est issu, l’enseignement privé juif respecte scrupuleusement les programmes scolaires définis par le ministère de l’Éducation nationale ». Et d'ajouter que 90 % de ses élèves sont scolarisés dans des établissements sous contrat.

« Les établissements de l’enseignement privé juif et les élèves qui les fréquentent ne sauraient faire l’objet d’amalgames douteux et dangereux », a alerté le FSJU, qui a appelé « dans le climat préélectoral actuel, au maintien d’un débat public apaisé dans lequel les établissements de l’enseignement privé juif et les élèves qui les fréquentent ne sauraient faire l’objet d’amalgames douteux et dangereux ».


Le 7 octobre 2016, le mouvement En Marche a publié des précisions d'Emmanuel Macron indiquant "qu'il n'y avait évidemment dans ses propos aucune stigmatisation de la communauté juive ou en son sein de la communauté Loubavitch". Emmanuel Macron sait "que l'enseignement privé juif s'inscrit dans le cadre d'un engagement citoyen et dispense un enseignement de qualité, ce qui est reconnu par les taux de réussite exceptionnelle aux examens nationaux". Il "connait également le travail de l'Alliance israélite universelle, par exemple, dans la diffusion des valeurs de la République, conjuguées à celles du judaïsme, dans la même vocation. Il l'a constaté lui-même lors de sa visite d'une école de l'Alliance en Israël. Ce n'était pas d'eux dont il était question, mais de tous les établissements, même très minoritaires, dont le projet scolaire ne s'inscrit pas dans les valeurs de la République française, qu'ils soient juifs, musulmans ou catholiques".

Classes pour élèves atteints de troubles divers
A l'automne 2016, à Paris (75019), l’association « Suzy Loves Children » a ouvert son établissement scolaire spécialisé accueillant des enfants autistes et atteints de troubles apparentés. Les élèves ont de 3 ans à 16 ans.

A Villeurbanne, l'Ecole Hatikva accueille des enfants dits "différents". Elle utilise la méthode Feuerstein.

L'association Le Silence des Justes dirige une classe « unité d’enseignement spécialisée pour autistes » au sein du Lycée Daniel Mayer de Montreuil. Elle ouvrira une école en septembre 2019, dans le XIXe arrondissement de Paris, pour des enfants âgés d'au moins trois ans, souffrant de "troubles autistiques, neuro-développementaux et autres troubles apparentés".


A la rentrée scolaire 2019-2020, l'école des institutions Sinaï, dirigée par Raphaël Cohen, inaugurera une classe ULIS (Unité de localisation d'inclusion scolaire) dans son école primaire. Cette classe vise les enfants présentant des troubles spécifiques du langage et des apprentissages : dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, etc. Destiné à éviter le "décrochage" de ces élèves sensible et intelligents, ce projet est dénommé "Nefesh 'Haya". Il offrira à ces élèves des modes d'apprentissage et d'enseignement adaptés et prodigués soit au sein des classes constituées soit parmi un groupe à l'effectif réduit pour maximiser ses chances d'apprendre. A terme, les élèves accueillis dans ce cadre poursuivront une scolarité normale parmi leurs condisciples.

Choisir l'école juive
Le 25 mai 2017, l'Association Choisir l'école juive et les écoles juives de France ont fait découvrir une journée de classe. "La dégradation du climat sécuritaire, la montée des actes antisémites et la baisse de niveau dans les établissements publics pousse les parents à réfléchir. Notre association Choisir l'Ecole Juive a pour objectif de rendre l'école juive accessible au plus grand nombre. Pour se faire, nous levons tous les freins à la scolarisation en école juive ( frein financier, géographique et psychologique) Nous souhaitons redorer l'image de l'école juive qui a beaucoup changé depuis 20 ans, l'école juive s'est professionnalisée et ouverte sur la cité. A travers notre ligne d'écoute et notre site internet riche en informations, nous conseillons et orientons les familles vers la structure éducative juive la plus adaptée à leur enfant et en conformité avec leurs convictions et leur niveau de pratique religieuse".

GIC 2017
Le 10 juillet 2017, "s’est tenue la traditionnelle Assemblée Générale du GIC de l’Enseignement réunissant les directeurs des Écoles juives en France. La thématique de cette rencontre était celle du développement des Nouvelles Technologies au sein de notre enseignement. Différentes approches et outils pédagogiques ont été présentés à cette occasion, notamment, ceux produits par la Société Tralalere qui est créatrice de contenus numériques éducatifs. C’est avec eux qu’à la rentrée prochaine sera lancé, une expérimentation d’un programme pour aider les enfants souffrant de troubles Dys dans leurs apprentissages. Cette rencontre fut également l’occasion de revenir sur le Site Melamed, créé par l’équipe d’Akadem Multimédias de Laurent Munnich, destiné aux enseignants de Kodesh, avec de nombreux dossiers pédagogiques, des fiches de cours et des propositions d’exercices. Dès la rentrée, des offres de formations seront faites en direction des établissements scolaires pour aider les éducateurs dans cette avancée technologique".

Transmission et éducation
Le 11 mars 2018, de 9 h à 12 h 30, l'école Ganenou a accueilli, dans le cadre de l'Université des parents, la table-ronde "Transmission et éducation à l’école juive".

La table ronde a été suivie d’un débat dans le cadre de l’université des parents. Intervenants : Jean-Jacques Wahl, professeur de matière juive, ancien directeur de l’A.I.U., Claudine Levy, fondatrice du C.N.P.J, ancienne directrice de l’école Henri Schilli, Olivier Kaufmann, rabbin de la synagogue Place des Vosges (Paris).

Journée de test 2018
Le 10 mai 2018, l'association Choisir l'Ecole Juive et Les écoles juives de France invitent à la grande journée nationale "Je teste l'école juive de mon choix".

Les "enfants pourront apprécier le temps d'une journée de classe : les cours, l'ambiance, la pédagogie, l'hébreu et partager un repas avec leurs nouveaux camarades".

Service Solidaire Universel
Le 18 décembre 2018 a été signée la convention par laquelle le groupe scolaire Yavné Marseille participe au Service Solidaire Universel. "Mickael Szerman en sa qualité de Président de l’Association Team-Events a co-signé avec Paul Fitoussi, chef d’établissement du Groupe Scolaire Yavné Marseille ce Projet Pilote, en présence de Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, membre de l’Institut de France au sein de l'Académie des sciences morales, politiques et parrain de cette initiative citoyenne." Mickael Szerman est aussi conseiller national au FSJU et conseiller régional Jeunes d'Ile-de-France. Il a été élève au lycée français de Jérusalem.

"Le Groupe scolaire Yavné Marseille est la première école sur le territoire français à participer à ce projet d’envergure. Le Service Solidaire Universel a pour vocation première de créer des ponts entre éducation et associatif en sensibilisant au don de soi et à l’esprit bénévole. Le but de la démarche est d’intégrer durant les temps de classe des écoliers, collégiens et lycéens français des visites bénévoles en associations caritatives et reconnues d’intérêts publics. Cette signature permettra d’organiser durant les temps scolaires des visites solidaires et bénévoles des classes de seconde en maison de retraite et associations caritatives de la ville de Marseille en sensibilisant les élèves à l’engagement avec une présentation du service civique et de grandes figures vivantes engagées dans la Communauté nationale." Et ce, à raison d'une heure par semaine et par élève. Ce Service s'inspire du Chérout Leoumi, service civil israélien

Audit sur la fuite d'élèves juifs du secteur public
Le 20 février 2019, lors du 34e diner du CRIF, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé avoir "demandé au ministre [de l'Education nationale] de mettre en place des actions spécifiques et de procéder à un audit de tous les établissements marqués par le phénomène de déscolarisation des enfants de confession juive",

"Une enquête réalisée il y a dix ans par Erik Cohen, docteur en sociologie en Israël, avait évalué à 100.000 le nombre d’enfants juifs scolarisés en France, indique Patrick Petit-Ohayon, directeur de l’enseignement au Fonds social juif unifié (FSJU). Un tiers serait dans l’enseignement juif, un tiers dans l’enseignement public et le dernier tiers dans des établissements privés sous contrat, laïques et catholiques." (20 minutes, 21 février 2019)

« En 2015, l’enseignement juif a accusé pour la première fois une perte nette de 600 élèves », indique Patrick Petit-Ohayon en 2019. Mais « depuis 2016, sans doute à la faveur d’une libération récente de la parole antisémite, l’enseignement juif a regagné des élèves venus du public : +1.100 à la rentrée 2017, ce qui peut sembler beaucoup, mais reste contenu. Il n’y a pas de flot du public vers les écoles juives. »

Le 23 février 2019, le Journal télévisé (JT) de 20 h de TF1 présenté par Anne-Claire Coudray a diffusé, dans sa rubrique Factuel en collaboration avec l'AFP (Agence France Presse), le reportage "Les élèves de confession juive ont-ils déserté les écoles publiques de Seine-Saint-Denis ?" visant à vérifier la réalité des propos tenus par le député Eric Ciotti (Les Républicains) et le journaliste Eric Zemmour en février 2019, ainsi que le réalisateur Alexandre Arcady en 2014 dans Le Journal du dimanche (JDD) : « Il n’y a plus d’élèves juifs dans les écoles publiques de Seine-Saint-Denis ».


"Nous avons enquêté, mais ce n'est pas si simple car il n'existe pas de statistiques ethniques ou religieuses en France. C'est interdit", a déclaré d'emblée le journaliste Antoine de Précigout.

Le reportage a montré des signes symbolisant chacune des principales religions des élèves des établissements scolaires publics. Or, il les a alignés de gauche à droite dans un curieux ordre : le croissant islamique, la croix chrétienne puis l'étoile de David.

Puis Antoine de Précigout a déclaré avoir "appelé des associations de parents d'élèves de Seine-Saint-Denis", puis a donné la parole à Myriam Menez, vice-présidente de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP) de l'Académie de Créteil qui a asséné : « Il y a bien des élèves juifs de tous niveaux confondus » dans les établissements scolaires publics du département de Seine-Saint-Denis.

Le reportage a enchaîné en évoquant une élève juive française "qui a souhaité rester anonyme", Hannah, et est scolarisée dans un lycée public. Selon Hannah, "il y aurait au moins quatre adolescents juifs sur 400 élèves dans son lycée public. Son petit-frère et trois de ses cousins seraient scolarisés dans le public. "Bref, les élèves de confession juive n'ont pas disparu des écoles publiques de Seine-Saint-Denis", conclut le journaliste.

Fonder un reportage sur le témoignage d'une seule personne, anonyme, dont on n'entend même pas la voix, cela suscite des interrogations journalistiques. En outre, si tout se passait bien pour les élèves juifs dans ce département, pourquoi cette  volonté d'anonymat ? Qu'avait "Hannah" à craindre ? Etre repérée comme juive dans son lycée ? Etre agressée comme juive et être obligée de quitter son lycée en cours d'année scolaire ? Curieusement, aucun des deux journalistes n'a semblé surpris par cette séquence inquiétante et ces procédés inhabituels. Ils semblaient satisfaits d'avoir prouvé que tous ceux affirmant l'impossibilité du "vivre ensemble" en Seine-Saint-Denis avaient tout faux.

Selon ce JT, les élèves juifs de ce département "ont tendance à quitter le public pour le privé". Dans le "93","il y a cinq groupes scolaires juifs ; l'un des plus importants est Chné-Or (715 élèves) dont la direction a noté depuis plusieurs années un afflux d'élèves juifs venant du public : 45 à la rentrée dernière, et en cinq ans", l'effectif scolaire a enregistré une hausse de 30%. Le groupe envisage la construction d'un nouveau bâtiment. C'est "un phénomène national : le nombre d'élèves juifs scolarisés dans des établissements juifs est passé de 31 081 élèves en 2015 à 32 137 élèves en 2018.

Les motivations des parents français juifs scolarisant leurs enfants en établissements juifs selon l'enquête de TF1 et l'AFP : "la sécurité, la nourriture cacher à la cantine et le niveau scolaire".

Ecole Yaguel Yaacov menacée
Le 22 février 2019, dans un contexte de hausse du nombre d'actes antisémites, le directeur de l'école juive Yaguel Yaacov à Montrouge a reçu une lettre de menaces.

Il a déposé plainte pour menaces de mort. Il en a informé les parents d'élèves par un courrier. Il y indique : « Des mesures ont d'ores et déjà été prises pour renforcer la sécurité de l'établissement » mais appelle toutefois à « la vigilance de chacun. »

"La lettre, contenant des propos antisémites, est désormais entre les mains de la police technique et scientifique pour des relevés d'empreintes."

"La semaine dernière, toujours dans les Hauts-de-Seine, c'est un habitant de La Garenne-Colombes qui a porté plainte pour avoir reçu lui aussi un courrier à caractère antisémite. Et pour avoir vu la porte de son logement recouverte d'une croix gammée".

Allées inaugurées à Paris
Le 19 mai 2019, ont été inaugurées dans le square Saint-Odile, situé dans le XVIIe arrondissement de Paris, deux allées aux noms de Myriam Monsonégo ainsi que d’Arié et Gabriel Sandler – assassinés le 19 mars 2012 avec leur père, Jonathan Sandler – et âgés respectivement de huit ans, six ans et trois ans, devant et dans l’école Ozar Hatorah à Toulouse en 2012 par le terroriste islamiste Mohamed Merah. Les deux plaques indiquent qu'ils ont été « victimes du terrorisme et de la haine antisémite ».

Étaient présents Anne Hidalgo, maire de Paris, Nicolas Sarkozy, ancien Président de la République lors des attentats de Toulouse et Montauban en mars 2012, Laurence Arribagé, représentant la ville de Toulouse et Samuel Sandler, père de Jonathan au comportement héroïque, et grand-père des deux petits garçons.

Peu de médias nationaux ont couvert cet événement. Le mot "islamiste" est omis sur ces deux plaques. Comment vaincre une idéologie qu'on ne désigne pas ?

Laurence Arribagé a déclaré à La Dépêche : « Les familles ont souhaité que ces plaques se situent dans un square, un lieu de vie avec des rires et des balançoires, pour rendre hommage à leurs enfants ». Le 14 juin 2019, le conseil municipal de Toulouse devrait statuer sur la pose de plaques similaires dans la "ville rose" dont le maire Jean-Luc Moudenc (Les Républicains). "En revanche, la décision a déjà été prise de nommer prochainement deux rues à Toulouse des noms d'autres victimes du terrorisme : celui du colonel Beltrame, tué lors des attentats de Trèbes en mars 2018, et celui du Père Hamel, tué dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016".

Tester l'école juive en 2019
Fondée par Elodie Marciano, l'association Choisir l'Ecole Juive et les Ecoles juives de France invitent à la journée "Je teste l'école juive de mon choix !" le 30 mai 2019. Une journée gratuite. "Prise en charge de vos enfants toute la journée repas à la cantine".

"Le 30 mai, mon école est fermée, je teste l'école juive"
L'idée est simple. Le 30 mai, jour férié, les écoles publiques sont fermées. Profitez de cette journée fériée pour tester l'école Juive de votre choix.
Pour les enfants : Cours, ambiance, judaïsme, méthode hébreu, les enfants pourront tout découvrir à travers une journée de classe et partager un repas avec leurs nouveaux camarades.
Pour les parents : Découvrir les locaux, rencontrer la direction et l'équipe pédagogique
Tous les réseaux participent :
• Ecoles Ozar Hatorah. Le premier établissement a été fondé à Sarcelles par le rav Jean-Paul Amoyelle, né au Maroc. En 2009, le réseau Ozar HaTorah, constitué dans les années 1970 en France, regroupait 23 établissements scolaires à Paris, Sarcelles, Marseille, Strasbourg, Toulouse et Créteil, et scolarisait environ 5 000 élèves ; le rav Jean-Paul Amoyelle soulignait alors le poids des charges : "70% du salaire !" En 2016, le groupe comptait 17 établissements en France et trois à l'étranger : à Téhéran, Casablanca et Jérusalem. Environ 3 500 élèves y étaient inscrits.
• Ecoles Loubavitch
• Ecoles de l'Alliance
• Ort Montreuil et Villiers le Bel
• Ecoles Sinaï
• Etc."

Ecole CDH "Cours David et Hannaé
En juin 2019, a été créée l'Ecole CDH "cours David et Hanna". Une "école intermédiaire visant à accueillir des enfants du primaire âgés de 6 à 13 ans rencontrant des difficultés dans le système scolaire classique. Celles-ci peuvent être d'ordre comportemental ou scolaire." La mission de cette Ecole ? "Réintégrer l'enfant dans un cadre agréable de sociabilité et d'apprentissage en vue d'un plein épanouissement" via "un programme sur mesure selon les capacités et les besoins de l'enfant, et ce organisé en séquences courtes et de façon individuel ou très petits groupes", "permettre aux enfants d'acquérir le socle commun de connaissances en respectant les programmes de l'académique". Les fondateurs de l'école mettent "un accent sur les activités ludiques et de découvertes". L'équipe d'intervenants est "constituée de professeurs d'école, d'éducateurs spécialisés et de praticiens thérapeutiques", d'une "praticienne de la méthode Feurstein/ PEI et Raviv et une praticienne de Neurofeedback ".

Fraude au Baccalauréat 2019
"Des fuites concernant les épreuves de mathématiques des séries générales avaient été relayées "par messagerie privée Whatsapp ou par SMS", avait indiqué le 21 juin 2019 le ministère de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui avait déposé plainte. Une enquête avait été ouverte par le parquet de Paris dans la foulée et les investigations confiées à la brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne".

Le 5 juillet 2019, deux lycéens "candidats au baccalauréat et un couple de trentenaires, interpellés dans l'enquête sur des soupçons de fraude concernant des épreuves de mathématiques, ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. Les deux candidats ont été mis en examen pour "fraude aux examens et recel d'abus de confiance". Concernant le couple, l'homme, un surveillant dans un établissement privé sous contrat, a été mis en examen pour "abus de confiance et complicité de fraude aux examens". Sa compagne l'a, pour sa part, été pour "complicité de fraude aux examens et recel d'abus de confiance".

Une "information judiciaire avait été ouverte par le parquet, des chefs de "fraude dans un examen", "abus de confiance" et "recel" de ce délit. Au total, 21 personnes avaient été placées en garde à vue dans cette affaire et 17 d'entre elles ont été remises en liberté".

"F.  né en 1982 tout comme sa compagne, serait un surveillant du lycée Ozar-Hatorah de Créteil (Val-de-Marne). Selon Le Parisien, il aurait  "reconnu avoir confié l'intitulé d'un sujet de géographie à un élève"." Quelques jours plus tard, il a photographié l'épreuve de mathématique avant de la transmettre à un ou deux élèves du lycée Ozar-Hatorah. Le cliché, largement diffusé ensuite, avait été pris au sein du lycée Ozar-Hatorah – qui accueillait des épreuves du bac – où les sujets étaient censés être gardés dans un coffre jusqu'au jour J, précisent nos confrères. On ignorait ce samedi comment F. avait pu accéder aux sujets. A-t il pu ouvrir le coffre ou les sujets avaient-ils été déplacés en amont? On l'ignorerait encore ce samedi. Concernant le mobile, selon le quotidien, "F. a en effet nié toute velléité commerciale. Il a juste admis avoir reçu un peu d'argent en guise de remerciements".

"Mon client a été pris en tenaille entre la situation d’un établissement privé qui a besoin de résultats, et des élèves avec qui il cultive une proximité au quotidien et qu’il peut contacter facilement ", a indiqué Me Samuel Habib, avocat du suspect.

Ramassage scolaire des Habad
Fondée par le rav David Mimoun et son épouse Hava en 2000 sous la forme d'un gan accueillant sept enfants, l'école Habad "Pardess Hannah" à Montrouge (Hauts de Seine), qui accueille 210 élèves du primaire, organise le ramassage de ses élèves vivant loin de son siège. Des bourses, pouvant atteindre la totalité des frais de scolarité, sont allouées aux familles en fonction de leurs ressources financières. La zone desservie par des cars homologués ? La région de Massy-Antony, l'ouest de Paris. L'enseignement du kodech et de 'hol fait l'objet d'une attention particulière.

Durant la pause déjeuner, de 11 h 30 à 13 h 30, les dévoués membres du Beth Habad organisent le ramassage scolaire les centaines d'élèves juifs français élèves scolarisés en établissements publics - de l'école au lycée - à Paris ou en banlieue. Durant les repas cacher, les enfants sont familiarisés avec les fêtes, écoutent la Paracha, les garçons portent la kippa. Après le déjeuner, ils récitent le birkat hamazone (prière). Une partie du temps est dédiée à des activités ludiques liées au judaïsme. Le tout dans une ambiance familiale. Ces cantines cacher ont un rayon d'action variable. Le coût de la logistique par enfant et par jour ? De 15 € à 18 €. Les parents s'acquittent d'un euro à cinq euros en fonction des ressources des parents. Soit un montant identique à celui des cantines publiques, alors que la viande cacher coûte plus cher que la viande taref. Des donateurs généreux permettent de compléter ces financements. Les écoles Loubavitch parisiennes confectionnent ces repas composés d'une entrée, d'un plat et d'un dessert. Les lieux desservis : les XIIe et XVIe arrondissements de Paris, Charenton et Saint-Mandé. (HaGuesher).

IAD Business School
Ouvert en 2010, l'IAD Business School est le seul établissement scolaire post-Bac accueillant seulement des étudiants juifs et ayant opté pour des classes non mixtes. Les étudiantes sont essentiellement des "jeunes filles ayant fait après leur Bac une ou deux années de séminaire, et pour les classes de garçons issus de première année de yeshiva. Nous avons aussi des étudiantes et des étudiants plus traditionalistes sortant simplement d'écoles juives. La sélection à l'école IAD se fait surtout sur la motivation et le désir d'allier un enseignement pédagogique de qualité avec les valeurs du judaïsme... Nous multiplions aussi les partenariats avec de grandes universités internationales ainsi que des écoles de commerce afin de pouvoir proposer encore plus de formations à la communauté. Enfin, notre souhait, pour les années suivantes, serait de pouvoir ouvrir une antenne en Israël, à destination du public francophone et israélien", a déclaré Déborah Bénittah, directrice de l'IAD Business School (Israël Actualités, 22-28 janvier 2020).

L'établissement propose un cursus sur trois ans (Bachelor, BAC + 3), en initial et en alternance - Bachelor WEB Technologie & WEB Marketing, Bachelor Ressources Humaines et DCG Diplôme de Comptabilité et de Gestion - et trois Masters : Master Innovation & E-Business, Master Management & Ressources Humaines et DSCG (Diplôme supérieur de Comptabilité et de Gestion). En 2019, a été ouvert une classe de stylisme, modélisme et couture en formation certifiante d'un an. De plus, l'IAD Business School envisage de "développer, pour la rentrée de septembre 2020 d'autres formations en un an dans le développement web et la gestion de paie, pour répondre à un besoin de jeunes gens désirant acquérir un métier sans pour autant faire de longues études".

Coronavirus
Dès janvier 2020, la France a été touchée par la pandémie de coronavirus COVID-19. Les institutions juives ont suivi les directives du pouvoir exécutif. Dès le  8 mars 2020, les autorités politiques ont adopté des mesures réduisant les rassemblements, ordonnant la fermeture des établissements scolaires et ont recommandé aux personnages âgées ou à la santé fragile de réduire leurs déplacements, puis, après l'entrée au stade 3 de la pandémie, opérant un confinement partiel des Français à partir du 17 mars 2020.

L'AIU a organisé des cours en recourant aux nouvelles technologies.


Le 21 mars 2020, André Touboul, rav et directeur des Institutions scolaires Beth ‘Haya Mouchka (Loubavitch) de Paris, la plus grande école juive d’Europe, est décédé. Le 21 mars 2020, François Dagnaud, maire du XIXe arrondissement de Paris, a twitté : "Bouleversé d'apprendre le décès brutal de notre ami André Touboul, Directeur de l’école Beth'Hanna. Un homme de cœur, de culture et de qualité. Une immense perte et une grande peine. En pensées avec sa famille, ses proches et ses élèves". Le 22 mars 2020, la Maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a twitté : "C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès de André Touboul. Je pense à sa gentillesse et à son professionnalisme. Tout mon soutien et mon affection à sa famille, à ses amis et à toute la communauté scolaire de Beth’Hanna."

Est lancé le site Le Guide des écoles juives par l'association Choisir l'école juive. Des informations sur les plus de 300 établissements scolaires juifs en France, dont trois lycées au TOP 10 du classement des lycées 2020, scolarisant 34 000 élèves.

STATISTIQUES
(Extraits de La Croix du 11 mars 2016)

Histoire. En 1945, environ 400 élèves étaient répartis dans quatre établissements privés juifs. En 1970, ils étaient 3000, dans 30 groupes scolaires. Le réseau a en effet évolué rapidement après l’arrivée en France des populations juives d’Afrique du nord.

Les élèves. En 2014, on recense 32 045 élèves dont 16 711 en premier degré et 15 334 en second degré. Les trois académies de Paris, Créteil et Versailles représentent 68 % des effectifs. Viennent ensuite les académies de Marseille (11 %), Lyon (7 %) et Strasbourg (6 %).

Les structures. 104 groupes scolaires, 292 établissements, dont 35 % sont autonomes et 21 % sont rattachés au réseau Loubavitch. Parmi ceux-ci, 28 507 élèves sont scolarisés dans des établissements sous contrats. Environ 32 000 élèves dans les établissements privés juifs.


A lire sur ce blog :
Cet article a été publié par L'Arche en 2006, et sur ce blog le 1er septembre 2016, puis les 25 mai 2017, 10 mars et 9 mai 2018, 28 mai 2019.