lundi 27 avril 2020

Elia Kazan (1909-2003)


Elia Kazan (1909-2003) était un comédien, réalisateur, écrivain et producteur américain. Il a co-fondé l'Actors Studio. Arte diffusera le 27 avril 2020 "Viva Zapata!"
     
Elia Kazan est né en 1909, à Constantinople, alors dans l'Empire ottoman. Son père est un marchand de tapis grec. 

Sa famille s’installe aux États-Unis.

Dans les années 1930, il débute au théâtre dans le Group Theatre  comme acteur, puis comme metteur en scène (notamment de Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams en 1947 et Mort d'un commis voyageur d'Arthur Miller, en 1949).

En 1934, il devient membre du parti communiste qui l’en exclut en 1936.

Avec Cheryl Crawford et Robert Lewis, Elia Kazan cofonde en 1947 l’école d'art dramatique, l'Actors Studio.

Dans les années 1940, il s’oriente vers le cinéma dans les années 1940. Il réalise Le Mur invisible (1948), Un tramway nommé Désir (1951), Viva Zapata (1952), À l'est d’Éden (1955), Sur les quais (1954) – il reçoit son deuxième Oscar du Meilleur réalisateur en 1955 - qui est classé à la dix-neuvième place du Top 100 de l'American Film Institute et l'Arrangement (1969).

Dans les années 1950, durant la Guerre froide, il livre les noms de professionnels du cinéma, dont certains sont ses amis, appartenant à la gauche auprès de la Commission des activités anti-américaines (House Committee on Un-American Activities, HUAC). Kazan a regretté cet épisode qui a terni son image. Dans Sur les quais, une scène représente ses tourments : après avoir témoigné lors d’un procès contre un syndicaliste aux méthodes mafieuses et s’être battu avec lui, Terry Malloy (Marlon Brando) suit son chemin de Croix en marchant devant des dockers trahis par ce syndicaliste.

En 1968, Elia Kazan se remarie avec Barbara Loden, réalisatrice de Wanda.

En 1999, il reçoit un Oscar pour l'ensemble de sa carrière. Une partie des spectateurs ne l’applaudit pas.

« Un Américain nommé Kazan »
« Un Américain nommé Kazan » (Elia Kazan, vom Outsider zum Oscarpreisträger) est un documentaire réalisé par Claire Duguet. « Traître, Elia Kazan ? Investiguant sa faiblesse face au maccarthysme, ce portrait vibrant du cinéaste montre comment cette fracture existentielle a permis à l'éternel outsider de se réinventer ».

« Je suis une montagne d'ambivalences ». Célébré et paria, loyal et infidèle, homme de gauche et patriote, étranger et américain, Elia Kazan (1909-2003) a fait de ses contradictions et de ses rages un moteur créatif sans cesse réactivé ». Il se définit comme patriote.

«  En vingt et un films, dont nombre de chefs-d'œuvre ("Un tramway nommé désir, Sur les quais, À l'est d'Éden," "Baby Doll"," La fièvre dans le sang," "America, America…"), sa magistrale direction d'acteurs a révélé certaines des plus grandes stars de Hollywood, dont Marlon Brando et James Dean ». 

« Mais la faute que commet, en plein maccarthysme, ce metteur en scène au faîte de sa gloire, en 1952, lorsque, convoqué pour son éphémère adhésion au Parti communiste dix-sept ans plus tôt, il accepte de livrer huit noms à la Commission des activités antiaméricaines, le marquera jusqu'à sa mort ».

« De son arrivée en Amérique à l'âge de 4 ans, avec ses parents, des Grecs d'Anatolie chassés par les persécutions, à l'Oscar d'honneur que le vieux lutteur brandit devant un public glacial en 1999, ce vibrant portrait déroule le cours tourmenté d'une existence vouée à la création et au combat ». 

« L'enfant choyé affamé d'intégration, l'étudiant solitaire et pauvre de Yale (son père a été ruiné en 1929), la cheville ouvrière du Group Theatre, formé avec son épouse, Molly Thacher, et d'autres camarades de l'université, le metteur en scène acclamé, fondateur de l'Actors Studio… : l'ascension spectaculaire du self-made man Kazan est anéantie par la chasse aux sorcières ». 

« De par son immense succès d'artiste engagé à gauche, il devient alors l'incarnation même du traître à Hollywood ». 

« Articulant le récit autour de cette fracture décisive, Claire Duguet tisse les extraits de films et les documents d'archives avec les témoignages de multiples interlocuteurs, dont ceux de la troisième épouse du cinéaste, Frances Kazan, du cinéaste James Gray ou du critique Michel Ciment. Témoignages directs et précieux d’un artiste controversé, qui assumera jusqu'au bout ses failles et son œuvre, les enregistrements sonores du cinéaste que le journaliste français a pu recueillir en 1971 rythment le film ».

"Le Mur invisible"
Gentleman’s Agreement (Ndt : accord de gentleman), est le titre du film oscarisé réalisé par Elia Kazan (Le mur invisible, 1947), produit par Darryl Zanuck, et interprété par Grégory Peck, John Garfield et Dorothy McGuire, sur l’antisémitisme aux Etats-Unis.

"Le mur invisible" révèle l'antisémitisme qu'affronte un journaliste chrétien se faisant passer pour un Juif américain.


Ce film dramatique est distingué par l’Oscar du Meilleur réalisateur, du Meilleur film et du Meilleur second rôle féminin (Celeste Holm). 


"Viva Zapata!"

"Viva Zapata !" est un film américain réalisé par Elia Kazan (1952) et produit par Darryl F. Zanuck. "L’irrésistible ascension d’un révolutionnaire mexicain au début du XXe siècle. Avec Marlon Brando, une fresque historique humaniste écrite par John Steinbeck et mise en scène par Elia Kazan."
"Mexique, 1906. Une délégation de paysans est reçue par le président Porfirio Díaz, qui dirige d’une main de fer le pays depuis trente ans. Ils espèrent obtenir la restitution de leurs terres, accaparées par de riches producteurs de canne à sucre. Comme ce dernier leur conseille de porter l’affaire devant la justice, l’un d’eux, Emiliano Zapata, lui fait remarquer que les plaintes des pauvres n’aboutissent jamais. Peu après, il demande la libération d’un vieux paysan. Face au refus qui lui est opposé, Zapata s’insurge…"   

"Au-delà des faits d’armes qui ont forgé la légende de Zapata, le scénario écrit par John Steinbeck s’intéresse davantage à l’intimité du héros, de sa fougue amoureuse à ses questionnements intérieurs. Flanqué de son frère Eufemio (Anthony Quinn, oscarisé), le révolutionnaire incarné avec fièvre par Marlon Brando se révèle dans toute son humanité. L’acteur, alors au début de sa carrière, retrouve ici, un an après Un tramway nommé désir, le réalisateur Elia Kazan, qui le dirigera de nouveau en 1954 dans Sur les quais. "

"On The Waterfront"
"Sur les quais" (Die Faust im Nacken ; On The Waterfront) est réalisé par Elia Kazan (1954) et interprété par Lee J. Cobb (Michael J. Skelly), Marlon Brando (Terry Malloy), Karl Malden (Father Barry), Rod Steiger (Charley Malloy), Eva Marie Saint (Edie Doyle). Apprenant qu'Elia Kazan, son "père spirituel", a, "tel un mouchard", livré les noms d'artistes communistes, Marlon Brando pleure. Il tourne Sur les Quais, produit par Sam Spiegel et réalisé par Elia Kazan.

Marlon Brando "y joue un salaud et un traître", résume le réalisateur qui réalise un plaidoyer en sa faveur. Le film s'achève sur Marlon Brando en "figure christique suivant un chemin de croix, par sa rédemption". L'interprétation remarquable vaut à Marlon Brando un Oscar."L’éveil moral, au contact de l’amour, d’un jeune docker face aux méthodes criminelles d’un syndicat mafieux... Par Elia Kazan, un film social infusé de poésie, porté par les performances éblouissantes de Marlon Brando, Eva Marie Saint et Karl Malden."

"Sur les quais, la règle c’est S. et M. Sourd et muet." Parce qu’il a parlé à la police, Joey Doyle a été liquidé par les hommes de main du syndicat des dockers, dirigé par le mafieux Johnny Friendly. Terry Malloy, l’un de ses protégés, ancien boxeur devenu ouvrier portuaire, a attiré la victime dans ce piège sans se douter qu’il serait mortel. Tandis que le père Barry tente d’organiser la révolte des dockers rackettés et opprimés, Terry se rapproche de la sœur de Joey, Edie, qui le supplie de dénoncer les crimes de Friendly devant une commission d’enquête. Lorsque son propre frère, avocat du syndicat, est supprimé à son tour pour l’avoir protégé, le jeune homme est forcé de choisir son camp…"


"En 1952, Elia Kazan, pris dans les griffes du maccarthysme, livre les noms d’anciens militants communistes devant la commission des activités antiaméricaines. Deux ans plus tard, s’inspirant de faits réels révélés par la presse (l’exploitation des dockers de Big Apple par un syndicat mafieux), le cinéaste transpose le dilemme de la dénonciation sur les quais miséreux et embrumés du port de New York. Présentée par certains critiques comme une vaine tentative de justification, cette œuvre multiprimée a éclipsé la polémique par ses qualités intrinsèques : transcendé par la partition expressive de Leonard Bernstein et la photographie en noir et blanc, aux nuances évocatrices, de Boris Kaufman, ce film de gangsters atmosphérique dépeint la condition ouvrière avec un réalisme innervé de poésie". 
"Dans des décors naturels où la grisaille des docks contraste avec la clarté rêveuse et protectrice des toits – où Terry veille sur un pigeonnier et une poignée d’apprentis boxeurs –, Kazan capte le sinueux cheminement moral d’un jeune rustre individualiste vers la justice et la dignité. Dictée par l’amour de la délicate et intègre Edie, remarquablement campée par Eva Marie Saint, et les prêches enflammés du père Barry (Karl Malden), cette transfiguration aux accents christiques est magistralement servie par Marlon Brando, dont l’aura chargée de sensualité et de vulnérabilité subjugue une fois encore.

Le 6 mai 2018 à 15 h, a eu lieu le ciné-concert On The Waterfront avec l'Orchestre national d'Île-de-France - Ernst Van Tiel. "On the Waterfront" est un film réalisé par Elia Kazan, avec Marlon Brando, Karl Malden, Lee J.Cobb et Eva Marie Saint, sur un scénario de Budd Schulberg et une musique de Leonard Bernstein.


"En mettant en scène la corruption mafieuse dans le syndicat des dockers new-yorkais, Elia Kazan a donné en 1954 l’un de ses plus beaux rôles à un Marlon Brando âgé de 30 ans. Leonard Bernstein signe là sa seule musique pour l’écran (si l’on excepte les adaptations filmiques de ses comédies musicales). L’alternance des dissonances parfois rudes, des rythmes irréguliers et des sonorités éthérées préfigure l’idiome de West Side Story, trois ans plus tard. Ce film qui a remporté huit Academys Awards® est présenté sur grand écran en haute définition, avec la haute-fidélité des dialogues. Coproduction Orchestre national d'Île-de-France, Philharmonie de Paris."

« A l’est d’Eden »
Arte diffusa « À l'est d'Éden » (Jenseits von Eden) par Elia Kazan (1955). « Dans la Californie des années 1920, une lutte fratricide fait écho à la guerre qui vient de s'achever en Europe... Signée Elia Kazan, une fable métaphysique portée par James Dean, Caïn écorché vif en quête d'amour paternel ».
« Adam est un homme de bien. Quelqu'un, dit-on, "qui croit vivre aux temps de la Bible". Mais si Aron, garçon poli, fiancé à la charmante Abra, est fait à son image, son autre fils, Caleb, se sent différent. Mauvais. L'origine de ce mal, il croit la découvrir le jour où il apprend que sa mère n'est pas morte, comme le lui avait dit son père : femme intrigante, vêtue de noir, elle tient une maison louche de l'autre côté de la baie, plus à l'est. Déchiré entre le trouble qu'il ressent devant l'existence débauchée de sa mère et son désir de se racheter, Caleb s'investit corps et âme dans le projet de réfrigération d'aliments imaginé par son père. Le prix de ses efforts, pense-t-il, sera l'amour paternel qu'il n'a pas su gagner... »

« Les paysages filmés par Kazan, grands ciels clairs et champs de blé parsemés de granges poussiéreuses, donnent à James Dean l'occasion de déployer toute la mesure de son jeu hyperexpressif pour son premier grand rôle au cinéma. Pantelant, égaré, c'est un vagabond agité par ses passions, empruntant les trains de marchandises pour passer d'un insoutenable lieu de perdition à un impossible refuge. "Y a-t-il une loi qui l'interdise ?", répond-il à tout bout de champ, lorsqu'on lui reproche de suivre la femme en noir ou de rester des nuits entières sans donner de nouvelles ». 

« Dans son errance, c'est bien la Loi que recherche Caleb, ce garçon à qui l'on offre le pardon au lieu de l'amour. Et derrière Caleb, c'est Caïn qu'il faut lire, de même qu'Aron déguise Abel. Car Elia Kazan se soucie peu de voiler la portée symbolique du film : Cal, prêt à tout pour trouver le salut, s'attire l'amour de la fiancée de son frère et travaille d'arrache-pied pour offrir à son père la fortune perdue dans le projet de réfrigération ; mais c'est bien un meurtre fratricide qu'il commet. Cette fresque intense, remarquable par ses plans expressionnistes et ses éclairages violemment contrastés, raconte la plus vieille des histoires : devenir un homme est affaire de douleur, de passion et de mort ».

"America, America"
En 1963, Elia Kazan adapte au cinéma son roman éponyme et produit ce film inspiré de l'histoire de membres de sa famille.

La longue séquence ouvrant le film représente des chrétiens dhimmis vivant sous domination ottomane musulmane. Divisés, ils craignent le dirigeant ottoman local qui organise le massacre d'Arméniens et de Grecs. 

Tourné en noir et blanc, le film illustre aussi le "rêve américain" d'immigrer aux Etats-Unis qui représente les libertés et les désillusions d'un jeune chrétien candide porteur des espoirs de sa famille.



"Viva Zapata !" d'Elia Kazan
Etats-Unis, 1952, 109 min
Auteur : Edgcumb Pinchon
Scénario : John Steinbeck
Production : 20th Century Fox
Producteur/-trice : Darryl F. Zanuck
Image : Joe MacDonald
Montage : Barbara McLean
Musique : Alex North
Avec Marlon Brando, Anthony Quinn, Jean Peters, Joseph Wiseman, Arnold Moss
Alan Reed, Margo, Harold Gordon, Fay Roope
Sur Arte le 27 avril 2020 à 23 h 55
Visuels© 1952 Twentieth Century Fox Film Corporation/All rights reserved

"Sur les quais" par Elia Kazan
Etats-Unis, 1954
Auteur : Budd Schulberg
Scénario : Budd Schulberg
Production : Columbia Pictures Corporation, Horizon Pictures
Producteur/-trice : Sam Spiegel
Image : Boris Kaufman
Montage : Gene Milford
Musique : Leonard Bernstein
Avec Lee J. Cobb (Michael J. Skelly), Marlon Brando (Terry Malloy), Karl Malden (Father Barry), Rod Steiger (Charley Malloy), Eva Marie Saint (Edie Doyle)
Sur Arte les 29 avril 2019 à 22 h 45 
Visuels : : © Boris Kaufman/Columbia Pictures

« À l'est d'Éden » par Elia Kazan
Etats-Unis, 1955
Scénario : Paul Osborn
Production : Warner Bros.
Producteur/-trice : Elia Kazan
Image : Ted McCord
Montage : Owen Marks
Musique : Leonard Rosenman
Avec James Dean (Cal Trask), Julie Harris (Abra), Raymond Massey (Adam Trask), Jo Van Fleet (Kate), Burl Ives (S, m), Richard Davalos (Aron Trask), Albert Dekker (Will), Lois Smith (Anne), Harold Gordon (Mr. Albrecht)
Auteur : John Steinbeck
Sur Arte les 10 mars 2019 à 20 h 50 et 22 mars 2019 à 13 h 35
Visuels :
Affiche du film "A l'Est d'Eden" d'Elia Kazan, 1955, avec James Dean dans le rôle de Cal et Julie Harris dans celui d'Abra
Credit : © Warner Bros
Julie Harris et James Dean dans "A l'Est d'Eden" d'Elia Kazan, 1955
Credit : © Warner Bros
James Dean dans "A l'Est d'Eden" d'Elia Kazan, 1955
Credit : © Warner Bros

« Un Américain nommé Kazan » par Claire Duguet
France, 2018, 53 min
Sur Arte les 10 mars 2019 à 22 h 40 et 16 mars à 6 h 15
Visuels :
Elia Kazan
Credit : © Cat's
Elia Kazan sur le tournage de l'"Arrangement", 1969
Credit : © TCD

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 10 mars 2019.

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