lundi 29 octobre 2018

Rudolph Maté (1898-1964)


Rudolph Maté (1898-1964) est un réalisateur et producteur né dans une famille juive à Cracovie. Sa carrière cinématographique en Hongrie, Autriche, Allemagne, Royaume-Uni et France, puis Hollywood, couvre plus de quarante ans. Arte diffusera le 29 octobre 2018 « Midi, gare centrale » (Das Labyrinth) par Rudolph Maté. 

Fred Astaire (1899-1987)

Rudolph Maté (1898-1964) est un réalisateur et producteur né dans une famille juive à Cracovie. 

Diplômé de l'université de Budapest, il débute en 1919 comme assistant cameraman pour Alexander Korda en Hongrie, puis dans divers pays européens, parfois avec son collègue l'opérateur Karl Freund (1890-1969). On retrouve son nom au générique de films de Carl Dreyer, notamment The Passion of Joan of Arc (1928) et Vampyr (1932). Il dirige la deuxième équipe ou excelle dans la direction de la photographie, notamment pour Prix de beauté (Miss Europe) d'Augusto Genina en 1930 avec Louise Brooks. 

Sa carrière cinématographique en Hongrie, Autriche, Allemagne, au Royaume-Uni, en France - Liliom de Fritz Lang (1934),  Le Dernier Milliardaire (The Last Billionaire) de René Clair (1934) -, puis vers 1935 à Hollywood, couvre plus de quarante ans.

A Hollywood, il est directeur photo pour Elle et lui (Love Affair) de Leo McCarey (1939) avec Irene Dunne et Charles Boyer, La Maison des sept péchés (Seven Sinners) réalisé par Tay Garnett (1940) avec Marlene Dietrich et John Wayne, Mon épouse favorite (My Favorite Wife) de Garson Kanin avec Irene Dunne, Cary Grant et Randolph Scott, Jeux dangereux (To Be or Not to Be) de Ernst Lubitsch (1942), La Reine de Broadway (Cover girl) de Charles Vidor (1944), Gilda de Charles Vidor (1946) avec Rita Hayworth et Glenn Ford (1947), La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai) d'Orson Welles.

Rudolph Maté a été nommé pour l'Oscar de la meilleure photographie pendant cinq années consécutives, pour des films en noir et blanc ou en couleurs, pour Foreign Correspondent d'Alfred Hitchcock (1940), That Hamilton Woman de Alexander Korda (1941), The Pride of the Yankees de Sam Wood (1942), Sahara de Zoltan Korda (1943), Cover Girl de Charles Vidor'(1944).

En 1947, Rudolph Maté réalise son premier film It Had to Be You avec Ginger Rogers et Cornel Wilde. Suivent No Sad Songs for Me (1950), When Worlds Collide (1951), et The 300 Spartans (1962)...

« Midi, gare centrale »
En 1950, Rudolph Maté réalise « Midi, gare centrale » (Das Labyrinth ; Union Station). « La gigantesque traque des ravisseurs d'une jeune héritière parmi la foule de la gare de Chicago... Réalisme et noirceur s'imbriquent dans ce policier ferroviaire habilement mené par Rudolph Maté, le réalisateur de "D.O.A. - Mort à l'arrivée" (1950) ».

« Dans la gare de Chicago, la secrétaire de Henry L. Murchison, un riche industriel, repère deux passants suspects et donne l'alerte. Peu après, on découvre que des hommes ont enlevé la fille aveugle du magnat et qu'ils réclament une énorme rançon. La traque s'organise alors dans la gare, ce qui pose un problème de taille : cachés parmi la foule des voyageurs, les ravisseurs sont difficiles à coincer. »

« Tout le suspense et l'originalité de ce policier ferroviaire repose sur son unité de lieu : la gare centrale, spectaculaire décor dont Brian De Palma exploitera plus tard le potentiel dramatique, dans Les incorruptibles ». 

« Dans ce lieu labyrinthique transitent des milliers d'individus, parmi lesquels les ravisseurs croient agir en toute impunité. Mais les policiers échafaudent une gigantesque souricière, au point qu'on ne sait jamais si les passants qui défilent font partie du plan ou pas ». 

« Orchestrées par l'acteur William Holden, parfait en inspecteur chevronné aux méthodes expéditives, planques, filatures et courses-poursuites se déroulent dans les moindres recoins de la gare. Un film noir assez réaliste, mené d'un bon train par Rudolph Maté ».


« Midi, gare centrale » par Rudolph Maté
Etats-Unis, 1950, 78 min
Image : Daniel L. Fapp
Montage : Ellsworth Hoagland
Musique : Heinz Roemheld
Production : Paramount Pictures
Producteur/-trice : Jules Schermer
Scénario : Sydney Boehm
Avec Nancy Olson, William Holden, Barry Fitzgerald, Lyle Bettger, Jan Sterling, Allene Roberts, Herbert Heyes
Auteur : Thomas Walsh
Sur Arte le 29 octobre 2018 à 22 h 55

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Les citations sont d'Arte.

« Mon joli canari » de Roy Sher


Arte rediffusera le 30 octobre 2018 « Mon joli canari » (My Sweet Canary), documentaire musical de Roy Sher. Un « portrait musical de Róza Eskenázy (vers 1895 ou 1897-1980), la diva du rebétiko, une des plus célèbres chanteuses des années 1930 ». Née dans une famille Juive sépharade à Constantinople, cette artiste débute sa carrière en Grèce, et la poursuit sur les rives méditerranéennes et aux Etats-Unis.

Róza Eskenázy "était une femme dynamique, et au caractère bien trempé", se souvient sa petite-fille Rose-Marie Linodopourlou.

Róza Eskenázy est née en 1895, 1897 ou 1898 dans une famille Juive sépharade - sa première langue est le ladino -, pauvre - son père travaille dans la brocante -  vivant dans le quartier Juif d'Istanbul (Constantinople) sous le nom de Sarah Skinazi. Elle a dissimulé son année de naissance, et donc son âge réel.

Agée de 7 ans, elle arrive avec sa famille à Thessalonique - Salonique est surnommée la "Jérusalem des Balkans"-. Elle est repérée à Komotini par des cabaretiers.

Là, puis à Athènes, la jeune fille au caractère bien trempé fréquente les théâtres et les cabarets, malgré les réticences de ses parents. Elle débute comme danseuse.

Elle s’éprend de Yiannis Zardinidis, issu d’une famille chrétienne et aisée de Cappadoce et qui la surnomme "la Juive". Le jeune couple fuit en 1913, et Sarah transforme son prénom en Roza. Le couple se sépare, et le père garde leur enfant. Au décès de Zardinidis en 1917, Róza confie leur fils Paraschos à la crèche d’une église - ce fils renoue avec sa mère qu'il croyait morte en 1935 à Athènes -, pour emménager à Athènes et reprendre sa carrière.

Le rebétiko, "blues grec"
Après avoir débuté avec deux artistes arméniens, Seramous et Zabel, Róza Eskenázy est découverte à la fin des années 1920 par Panagiotis Toundas, compositeur et producteur réputé. Grâce à lui, elle rencontre Vassilis Toumbakaris, de la firme Columbia Records.

1929. La jeune artiste enregistre son premier disque. Le début d’une longue série d’enregistrements discographiques et de succès jusque vers les années 1960.

Róza Eskenázy signe avec cette firme un contrat d'exclusivité vers 1931-1932. Elle est l'une des rares vedettes à percevoir des droits sur ses chansons.

Dotée d’une "incroyable voix et d’un regard de braise", elle « popularise le rebétiko, impose des instruments alors peu connus comme le bouzouki, chante tour à tour en grec et en turc, et fait revivre la musique judéo-espagnole qu'elle interprète en ladino ». Elle aborde aussi des sujets délicats, tels la prostitution, la drogue, les pauvres ou le déracinement. Ce sujet-ci est particulièrement sensible au 1,2 million de Grecs contraints de quitter l'Asie mineure, et aux 500 000 Turcs obligés de fuir la Grèce après la guerre entre la Grèce et la Turquie. Le rebétiko est fait de rythmes orientaux, composé de leitmotivs. C'est une musique urbaine, populaire, née entre la Grèce et l'Anatolie. Et qui critique la société.

Comme Ríta Abatzí, Róza Eskenázy attire un large public lors de ses tournées en Grèce, en Turquie, en Égypte et dans les Balkans (Serbie) venus l’écouter chanter des chansons folkloriques. D’origine grecque ou turque, le public l’accueille avec ferveur. L’un de ses succès : Mon petit canari (1934)

L’arrivée au pouvoir du général Ioannis Metaxas en 1936 influe sur la culture musicale grecque.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Róza Eskenázy poursuit sa carrière artistique, notamment dans sa boite de nuit, Krystal, qu’elle dirige avec son fils. Elle connait un officier allemand, Hans, qui cache chez lui des membres de sa famille. Elle obtient un faux acte de baptême. Et soutient activement la résistance grecque, sauve des Juifs à Athènes et à Thessalonique. Arrêtée en 1943, elle demeure en prison pendant trois mois, puis libérée, elle se réfugie dans la clandestinité.

Après ce conflit, Róza Eskenázy reprend sa carrière avec enthousiasme, et se lie avec Christos Philipakopoulos.

Les temps, les goûts ont changé. Róza Eskenázy élargit son répertoire. Elle collabore avec Vassílis Tsitsánis (1915-1984), un des auteurs talentueux du rebétiko et joueur de bouzouki.

En 1952 et 1958, elle chante dans diverses villes des États-Unis, où « elle est accueillie avec ferveur par la diaspora gréco-turque ».

Après une relative désaffection du public grec dans les années 1960, sa carrière rebondit à la fin des années 1970. Róza Eskenázy est l’invitée d’émissions télévisées, et influe sur la nouvelle génération de chanteuses.

En 1976, elle se convertit au christianisme orthodoxe sous le nom de Rozalia Eskenazi.

Son dernier concert attire un public fidèle à Patras en 1977.

Le réalisateur a filmé trois artistes interprétant les plus grands succès de l'immense répertoire de Róza Eskenázy : Martha Demetri Lewis, Chypriote grecque née en Grande-Bretagne, compositrice et chanteuse, Tomer Katz, artiste israélien jouant de l’oud et du bouzouki, et Mehtap Demir, chanteuse et musicienne d’origine turque.

Le MAHJ a diffusé ce documentaire dans le cadre de Mémoire familiale, le 17 février 2013,  à 10 h. 


Le 17 février 2013, à 10 h
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple. 75003 Paris
Téléphone : (33) 1 53 01 86 60

« Mon joli canari » de Roy Sher
Grèce-Israël, Arte/ERT, 2012, 90 minutes
Sur Arte les  28 octobre 2012 à 22 h 20, 5 novembre 2012 à 11 h 10, 16 août 2013 à 2 h 35, 30 octobre 2018 à 2 h 15.
Visuels : © DR

Cet article a été publié le 28 octobre 2012, puis les 14 février et 14 août 2013.

dimanche 28 octobre 2018

« En plusieurs foi(s). Christianisme » par Cécile Déroudille


Arte diffusera le 28 octobre 2018 « En plusieurs foi(s). Christianisme » (Göttlich! Christentum) par Cécile Déroudille. « Les fondements de cinq grandes religions expliqués aux enfants » expliqués conformément au « politiquement correct ». Mal construit, avec des erreurs et omissions graves.

Dieu(x), Modes d’emploi 
Poussin et Dieu
« La Bible » par John Huston
Chagall et la Bible
Interview de Laurence Sigal, directrice du MAHJ, sur l'exposition « Chagall et la Bible »
« Histoire du judaïsme » par Sonia Fellous 
« En plusieurs foi(s). Judaïsme  » par Cécile Déroudille
« Les religions » par Sylvie Deraime
Il était plusieurs fois… et Kuehn Malvezzi House of One au 104
Lieux saints partagés. Coexistences en Europe et en Méditerranée  
« -33 - Crucifixion de Jésus » par Denis van Waerebeke 
Enluminures du Moyen Âge et de la Renaissance. La peinture mise en page
Rembrandt et la figure du Christ
Le Vatican 
Approfondir le dialogue judéo-catholique en France 
Le métis de Dieu » par Ilan Duran Cohen
Jésus et l’islam » de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur 
« Luther, la Réforme et le Pape », par Thomas Furch 
« Qu’est-ce que la religion ? Est-ce qu’il y a un dieu ? Des dieux ? Comment devine-t-on la religion de l’autre ? Prier, c’est quoi ? Pourquoi parle-t-on autant de l’islamisme aujourd’hui ? Est-ce qu’on peut changer de religion ? »

En cinq volets, la série documentaire française « En plusieurs fois » veut expliquer les religions aux enfants, à partir de 8 ans, de découvrir de façon ludique les fondements, les différences et les points communs de cinq religions dans le monde : l’hindouisme - L’hindouisme est pratiqué par 15% de la population mondiale surtout dans la région Asie-Pacifique -, le judaïsme, le bouddhisme - Le bouddhisme est pratiqué par 7% de la population mondiale surtout dans la région Asie-Pacifique -, le christianisme - Le christianisme est pratiqué par 32% de la population mondiale, les chrétiens étant aussi le groupe religieux le plus dispersé dans le monde entre l’Europe, l’Amérique & l’Afrique sub-saharienne - et l’islam - L’islam est pratiqué par 23,4% de la population mondiale en Afrique, Moyen-Orient, Europe & Asie Pacifique ». Le judaïsme n’est-il qu’une religion ? 

Les « 5 épisodes sont traités dans l’ordre chronologique d’apparition de ces religions » et diffusé dès octobre 2018 par Arte. L’historien Richard Lebeau a collaboré à cette série.

Cette « collection s’adresse au jeune public mais elle est aussi à partager, toutes générations confondues, pour ouvrir des discussions que l’on soit athée ou croyant afin de donner aux enfants les clés essentielles de la compréhension de ce que sont les religions aujourd’hui ».


« À quoi sert la prière ? Pourquoi circoncire ? Quelle différence entre halal et casher ? Cette série documentaire propose de décrypter, de façon pédagogique et ludique, les fondements de cinq religions ».

Pour chacune d’entre elles, sont décrits l’histoire, les symboles, les représentations, les coutumes, etc.
La série « En plusieurs foi(s) » s’inscrit dans l’un des axes prioritaires du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : les valeurs de la République. Elle constitue une nouvelle ressource pour l’enseignement du fait religieux et permet aux élèves de développer leur connaissance de l’autre et leur compréhension du monde actuel.

Credo chrétien
Diffusé par Arte le 28 octobre 2018, cet épisode est consacré au christianisme.

On apprend par exemple que les protestants n'ont pas d'autel et que restreindre le temps qu'on passe sur Internet est aussi une forme de jeûne ! Avec le prêtre Arnaud Goma, l'écrivain Jean-Claude Carrière, Ysé Tardan-Masquelier, historienne des religions et Nadine Weibel, anthropologue.

La "naissance de Jésus deviendra la référence pour l'année 0 du calendrier grégorien, le plus répandu au monde."


"La région de Palestine où vivait Jésus" est alors occupée par les Romains. Non, Jésus a vécu en Galilée, et en Judée. Les Romains rasent Jérusalem après la révolte du patriote juif Bar Kokhba vaincu par l'empereur romain Hadrien en 135. Ils veulent détruire en Judée tout souvenir d’histoire juive, y compris les noms de Judée et de Jérusalem. Ils nomment Jérusalem Ælia Capitolina, et, pour désigner ce territoire, ils forgent le terme « Palestine » à partir du mot Philistins, anciens ennemis des Hébreux et disparus (préhistoire). La Judée disparaît dans la région de "Syria Palæstina" (Syrie Palestine). L'accès à Jérusalem est "interdit aux Juifs, et aux chrétiens d'origine juive".

Le christianisme "est apparu en l'an 30 de notre ère, à la mort du Christ. Selon le témoignage de ses disciples, il ressuscite trois jours plus tard. Certains de ses douze apôtres ou disciples comme Paul  parcourent alors toute la région pour annoncer aux juifs qu'il est le Christ, messie en hébreu, annoncé par les prophètes. Ainsi, naît le christianisme". 


"A la fin du IIe siècle, les chrétiens se séparent définitivement des juifs".


Le christianisme se répand dans le monde romain. En 313 l'empereur romain Constantin autorise le christianisme qui devient en 491 religion officielle de l'empire romain.


Pour illustrer l'expansion du christianisme effectuée "pas toujours de manière douce", le documentaire évoque les Croisades, des guerres saintes "en Europe et au Moyen Orient" et missions évangélisatrices. Pourquoi ne pas désigner la Terre Sainte ? Pourquoi ne pas expliquer que les Croisades répondaient à la conquête islamique de cette Terre et au refus des autorités islamiques de laisser les pèlerins chrétiens accéder à leurs lieux saints, notamment à Jérusalem ? L'Ordre des Templiers avait notamment pour mission la nécessité de protéger les pèlerins chrétiens.


Dès la fin du XVe siècle, le christianisme s'implante dans le continent américain. 


En 1054, a eu lieu "le schisme, qui signifie séparation. D'un côté, l'église d'Occident rattachée à Rome et de l'autre les églises d'Orient orthodoxes rattachées à Constantinople. Au XVIe siècle, à l'initiative du moine allemand Martin Luther et d'un de ses élèves Jean Calvin, un mouvement de protestation appelé la Réforme dénonce certaines pratiques abusives de l'Eglise. Naît ainsi un autre courant du christianisme, surtout dans le nord de l'Europe. Ce sont les Eglises réformées ou le protestantisme. 
Pourquoi des guerres de religion ? "Parce qu'il y a l'ignorance, l'avidité de l'être humain", dit l'imam Hazem El Shatei. Quid du djihad au nom d'Allah ? "Je ne pense pas qu'il y ait des guerres de religion aujourd'hui. Je pense que certains utilisent la religion pour des fins politiques", déclare le rabbin Moshé Lewin. Un tour de force ! C'est un Juif qui exonère l'islam, sans le nommer, de tout lien avec la violence guerrière. Un lien pourtant affirmé par des musulmans, dont Ayaan Hirsi Ali.


Quant à l'écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière non croyant, il considère :"Il y a toujours pour un pouvoir politique et militaire le désir de s'appuyer sur une religion". Et d'enchaîner sur la laïcité.

"Ce n'est que dans la deuxième moitié du XXe siècle que l'Eglise catholique a cherché à s'adapter aux défis du monde moderne". notamment en organisant des "réunions inter-religieuses pour tenter d’œuvrer ensemble pour la paix". Insensiblement, le film passe du christianisme de l'époque moderne au catholicisme, une de ses branches, au XXe siècle. Recourt à une idée anachronique ("modernité").  Oubli. Et fait fi des conciles, parfois œcuméniques.



Le christianisme aujourd'hui ? Près d'un tiers des croyants dans le monde. Les Etats-Unis, le Mexique et le Brésil réunissent le plus grand nombre de chrétiens. Aujourd'hui plus d'un chrétien sur deux est catholiques et ceux-ci se trouvent essentiellement en Europe, en Amérique et en Afrique. Les protestants représentent près de 37% des chrétiens et vivent surtout en Amérique du nord, en Europe du nord, en Australie en Afrique. Les orthodoxes sont estimés à 13 % des chrétiens Europe de l'Est, en Ethiopie, en Russie et alentour. En 2015, les chrétiens représentent, en termes de pratiquants, le premier groupe religieux au monde, devant l'islam et l'hindouisme. Depuis un siècle, le nombre de chrétiens augmente dans l'hémisphère sud. 


"Un des facteurs qui peut expliquer pourquoi les femmes ont un statut différent des hommes à l'intérieur des religions, c'est qu'autrefois, les femmes avaient beaucoup moins accès à l'éducation. Depuis la moitié du XXe siècle, les choses évoluent au sein même des religions car de plus en plus de femmes étudient la théologie, se prennent à relire les textes sacrés et, en fonction de leurs lectures de ces textes, revendiquent d'autres rôles", avance Nadine Weibel. Elle semble oublier que longtemps, hommes et femmes, au moins en Occident, n'avaient pas accès à l'éducation en raison de leur pauvreté. Le film montre des images de femme rabbin. Quel dommage que Nadine Weibel n'ait pas cité des noms de théologiennes de l'islam !

"Certaines femmes chrétiennes se couvrent les chevaux avec un foulard, par exemple en Orient. Dans la bible, il y a certaines recommandations à ce sujet, mais l'interprétation du texte sacré évolue avec le temps, en fonction des pays et des cultures". Et le documentaire d'illustrer par des images de chrétiennes adultes aux cheveux couverts par des foulards... dans une église. Un oubli de la voix off ?


Dans l'église, au bout de la nef, se trouve l'autel où le prêtre célèbre la messe. Dans le temple protestant au décor simple - pas de représentation artistique de Dieu ou des saints -, l'espace est ordonné autour de la chaire d'où s'adresse le pasteur. Dans l'église orthodoxe décorée en icônes, l'autel est caché derrière une cloison, ou iconostase. 


"Pour les chrétiens, un sacrement, c'est quelque chose que Jésus a fait pendant son existence terrestre", déclare le père Arnaud Goma qui souligne le message d'amour de sa religion, son credo en la Trinité. Et de citer des sacrements chrétiens "rendant un geste sacré" : le baptême et l'eucharistie ou communion au cours de laquelle "le prêtre donne un morceau de pain et un peu de vin aux croyants pendant la messe. Ce geste rappelle le dernier repas de Jésus Christ avec ses fidèles avant sa mort. Il partagea le pain et le vin en déclarant "Ceci est  mon corps, ceci mon sang. Refaites ceci en mémoire de moi".

Si Noël "est une grande fête chrétienne", Pâques s'avère "la plus grande fête chrétienne", car elle est liée à la "mort et la résurrection de Jésus". Une fête qui marque le retour à la vie. Parmi les coutumes alimentaires chrétiennes, le carême, période "de prières, de partage et de jeûne". "C'est le temps de préparation avant Pâques", résume le père Arnaud Goma. On demeure surpris que le documentaire passe du jeûne durant le Carême chrétien à celui du Ramadan et celui du Jour de Kippour - pourquoi reléguer, et de nouveau, le judaïsme après l'islam ? - en alléguant que c'est "une manière de se purifier pour se rapprocher de Dieu". 

Un repas composé de poisson le Vendredi Saint ? Les chrétiens se souviennent du moment où Jésus est mort sur la croix, le Vendredi Saint... Une tradition restée dans les menus des écoles en France". 


Au début du christianisme, le poisson apparaît comme un "signe ancien de reconnaissance" entre les chrétiens contraints à célébrer leur religion discrètement. En grec, les initiales de Jésus, Christ, Sauveur, fils de Dieu forment le mot "poisson". Comme un "code secret pour se reconnaître entre eux". A la fin du IVe siècle de l'ère commune, la croix, image de Jésus crucifié, devient le symbole officiel des chrétiens qui ne sont plus obligés de cacher" leur appartenance à cette religion.


Le Nouveau Testament est « composé de quatre Évangiles, mot qui signifie bonne nouvelle. On y raconte la vie de Jésus de différentes manières. Ce sont donc quatre récits qui se complètent ».


Le « mot Bible vient du grec Biblia, qui signifie « les livres ». Elle a été écrite pendant plusieurs siècles par différentes personnes ». C'est le livre le plus vendu dans le monde.

La Bible, « livre sacré des chrétiens, se compose de deux grandes parties : l’Ancien et le Nouveau Testaments. L’Ancien Testament raconte l’histoire de Dieu et des hommes depuis la création du monde, et l’histoire des Hébreux, c’est-à-dire les ancêtres des Juifs ». 


A tort, ce film allègue que « cette partie de la Bible est reconnue dans les trois religions monothéistes. Mais les Juifs l’appellent la Bible hébraïque et les musulmans le Coran. Ce qui change, c’est la façon dont chacune des trois religions raconte et interprète ce qui s’est passé » !? Les personnages de la Bible diffèrent de ceux du Coran.


En effet, les mots n’ont pas le même sens en islam et dans les religions bibliques - judaïsme et christianisme -, et les personnages, bien que souvent quasi-homophones, leurs identité et rôles, s’avèrent profondément distincts : l’« Ibrâhim » du Coran est un prophète d’Allah alors que l’Abraham biblique est un patriarche, l’« Îsâ » du Coran, livre incréé, n’est pas le « Jésus » ou Yehoshua (Yahvé sauve, en hébreu), de la Bible, etc.

« Le Coran présente Abraham comme un prophète musulman. D’autres personnages de la Bible sont aussi islamisés et ressemblent peu aux originaux, d’où les conflits de Mahomet avec les Juifs de Médine qui étaient des lettrés connaissant bien la Bible. Conflits qui se terminèrent par l’expropriation, l’esclavage, les massacres et finalement l’expulsion des Juifs d’Arabie. Ces personnages aux noms bibliques sont respectés uniquement dans leur version coranique qui diverge de celle de la Bible. Celle-ci, considérée comme une falsification de la vérité coranique, n’est nullement respectée », a déclaré l’essayiste Bat Ye’or.

« Les chrétiens qui se réjouissent un peu vite de retrouver Jésus et Marie dans la religion islamique devraient y regarder à deux fois. Car cette Myriam, même si elle est vierge, est la sœur de Moïse qui a vécu 1350 ans auparavant ! Et ce Jésus appelé Issa n’est pas celui de la foi néo-testamentaire issue de la Bible : Issa ibn Myriam est un bon musulman, un prophète de l’islam dont les hadiths nous disent qu’il viendra à la fin des temps pour « briser les croix, tuer les porcs et instaurer la seule vraie religion, celle d’Allah » (Abou Dawoud). Il éliminera les juifs et les chrétiens – ainsi que toutes les autres catégories d’infidèles – pour purifier le monde de tout obstacle impur au règne d’Allah », a écrit l’abbé Alain Arbez.


Pour minorer les liens entre judaïsme et christianisme, pour « raccrocher artificiellement l’islam à la tradition biblique » (abbé Alain Arbez), par ignorance ou cynisme, dirigeants politiques, intellectuels, journalistes et autorités religieuses occidentaux préfèrent l’image rassurante, mais fausse des « trois religions abrahamiques », et soutiennent les initiatives aux slogans trompeurs : « Ce qui nous rapproche est plus important que ce qui nous sépare » ou « On se ressemble plus qu’il ne semble » (AJMFAmitié judéo-musulmane de France).


Il en résulte une « défaite de la pensée », une confusion mentale, une duperie des Béotiens ou naïfs, une incapacité à comprendre et analyser des événements tragiques mondiaux et la spécificité de l’islam. Car si Jésus était un personnage du Coran, pourquoi la fête de Noël suscite-t-elle une telle hostilité auprès de certains musulmans ?


"Nous ne sommes pas prêts au vrai dialogue, ni l'islam très figé depuis de nombreux siècles et manquant fondamentalement de liberté, ni le christianisme dans son retard de compréhension doctrinale de l'islam par rapport au christianisme et dans son complexe d'ancien colonisateur. L'ignorance mutuelle est grande, même si on croit savoir: tous les mots ont un autre sens dans leur cohérence religieuse spécifique. L'islamologie est en déclin dans l'Université et dans les Eglises chrétiennes. Le laïcisme français (excès de laïcité) est handicapé pour comprendre les religions. Alors on se contente d'expédients géopolitiques (histoire et sociologie de l'islam), et affectifs (empathie sympathique, diplomatie, langage politiquement correct). Il y a une sorte de maladie psychologique dans laquelle nous sommes installés depuis environ 1980, après les indépendances et le Concile de Vatican II qui avaient ouvert une attitude vraiment nouvelle sur une géopolitique défavorable depuis les débuts de l'islam avec les conquêtes arabe et turque, la course barbaresque séculaire en mer méditerranée, les croisades et la colonisation", a constaté l'islamologue François Jourdan (Le Figaro, 22 janvier 2016).

Et de poursuivre : "On ne dit pas les choses... Les mots ont tous un autre sens pour l'autre. Par exemple le mot prophète (nabî en hébreu biblique et en arabe coranique) ; or le prophétisme biblique actif n'est pas du tout de même nature que le coranique passif devant Dieu. Les erreurs comme sur Abraham qui serait le premier monothéiste et donc le père d'un prétendu abrahamisme commun au judaïsme, au christianisme et à l'islam ; alors que, pour les musulmans, le premier monothéiste de l'histoire est Adam. Mais chut ! Il ne faut pas le dire! Pourtant l'islam est foncièrement adamique, «la religion de toujours», et non pas abrahamique puisque l'islam ignore totalement l'Alliance biblique faite avec Abraham et qui est la trame de l'histoire du Salut pour les juifs et les chrétiens où Dieu est Sauveur. En islam Dieu n'est pas sauveur. L'islam n'est pas une religion biblique. Et on se doit de le respecter comme tel, comme il se veut être… et en tenir compte pour la compréhension mutuelle que l'on prétend aujourd'hui afficher haut et fort pour se flatter d'être ouvert... Les conquérants musulmans sont arrivés sur des terres de vieilles et hautes civilisations (égyptienne, mésopotamienne, grecque antique, byzantine, latine). Avec le temps, ils s'y sont mis et ont poursuivis les efforts précédents notamment par la diffusion due à leurs empires arabe et turc ; mais souvent cela n'a pas été très fécond par manque de liberté fondamentale. Les grands Avicenne et Averroès sont morts en disgrâce. L'école rationalisant des Mu'tazilites (IXe siècle) a été rejetée. Cela s'est grippé notamment au XIe siècle et consacré par la «fermeture des portes de l'ijtihâd», c'est-à-dire de la réinterprétation. S'il y a eu une période relativement tolérante sous ‘Abd al Rahmân III en Andalousie, on oublie les persécutions contre les chrétiens avant, et après par les dynasties berbères almoravides et almohades, y compris contre les juifs et les musulmans eux-mêmes. Là encore les dés sont pipés: on exagère à dessein un certain passé culturel qu'on a besoin d'idéaliser aujourd'hui pour faire bonne figure. L'ignorance dont je parlais, masquée, fait qu'on se laisse berner par les apparences constamment trompeuses avec l'islam qui est un syncrétisme d'éléments païens (les djinns, la Ka‘ba), manichéens (prophétisme gnostique refaçonné hors de l'histoire réelle, avec Manî le ‘sceau des prophètes'), juifs (Noé, Abraham, Moïse, David, Jésus… mais devenus musulmans avant la lettre et ne fonctionnant pas du tout pareil: Salomon est prophète et parle avec les fourmis…), et chrétiens (Jésus a un autre nom ‘Îsâ, n'est ni mort ni ressuscité, mais parle au berceau et donne vie aux oiseaux d'argile…). La phonétique des noms fait croire qu'il s'agit de la même chose. Sans parler des axes profonds de la vision coranique de Dieu et du monde: Dieu pesant qui surplombe et gère tout, sans laisser de place réelle et autonome à ce qui n'est pas Lui (problème fondamental de manque d'altérité dû à l'hyper-transcendance divine sans l'Alliance biblique). Alors si nous avons ‘le même Dieu' chacun le voit à sa façon et, pour se rassurer, croit que l'autre le voit pareil… C'est l'incompréhension totale et la récupération permanente dans les relations mutuelles (sans le dire bien sûr: il faudrait oser décoder). Si l'on reconnaît parfois quelques différences pour paraître lucide, on est la plupart du temps (et sans le dire) sur une tout autre planète mais on se rassure mutuellement qu'on fait du ‘dialogue' et qu'on peut donc dormir tranquilles".


Et de fustiger le "dialogue de salon, faussement consensuel". "On fait accréditer que l'islam est ‘abrahamique', que ‘nous avons la même foi', que nous sommes les religions ‘du Livre', et que nous avons le ‘même' Dieu, que l'on peut prier avec les ‘mêmes' mots, que le chrétien lui aussi doit reconnaître que Muhammad est «prophète» et au sens fort "comme les prophètes bibliques" et que le Coran est ‘révélé' pour lui au sens fort «comme la Bible» alors qu'il fait pourtant tomber 4/5e de la doctrine chrétienne… Et nous nous découvrons, par ce forcing déshonnête, que «nous avons beaucoup de points communs»! C'est indéfendable. Ces approximations sont des erreurs importantes. On entretient la confusion qui arrange tout le monde: les musulmans et les non-musulmans. C'est du pacifisme: on masque les réalités de nos différences qui sont bien plus conséquentes que ce qu'on n'ose en dire, et tout cela par peur de nos différences. On croit à bon compte que nous sommes proches et que donc on peut vivre en paix, alors qu'en fait on n'a pas besoin d'avoir des choses en commun pour être en dialogue. Ce forcing est l'expression inavouée d'une peur de l'inconnu de l'autre (et du retard inavoué de connaissance que nous avons de lui et de son chemin). Par exemple, la liberté religieuse, droit de l'homme fondamental, devra remettre en cause la charia (organisation islamique de la vie, notamment en société) . Il va bien falloir en parler un jour entre nous. On en a peur : ce n'est pas «politiquement correct». Donc, ça risque de se résoudre par le rapport de force démographique… et la violence future dans la société française. Bien sûr on n'est plus dans cette période ancienne, mais la charia est coranique, et l'islam doit supplanter toutes les autres religions (Coran 48,28; 3,19.85; et 2,286 récité dans les jardins du Vatican devant le Pape François et Shimon Pérès en juin 2014). D'ailleurs Boumédienne, Kadhafi, et Erdogan l'ont déclaré sans ambages".




« En plusieurs foi(s). Christianisme » par Cécile Déroudille
France, Illégitime Défense, Réseau Canopé, Grandir Ensemble, 2016, 25 minutes
Sur Arte le 28 octobre 2018 à 7 h 55

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