dimanche 24 juin 2018

« Bismarck - Le dernier combat » par Wilfried Hauke


Arte diffusera le 25 juin 2018 « Bismarck - Le dernier combat » (Bismarck - Härte und Empfindsamkeit) par Wilfried Hauke. « Allemagne, mars 1890. Otto von Bismarck fête ses 75 ans dans quelques jours. Depuis des décennies, l'homme politique préside aux destinées du pays : cela fait près de vingt ans qu'il est le premier chancelier du nouvel Empire allemand, dont il a activement favorisé l'unification. Malgré tout, le "Chancelier de fer" est la cible de critiques de plus en plus nombreuses... »
      

Politicien pragmatique, Bismarck (1815-1898) est un homme d’Etat prussien, chancelier impérial d’Allemagne sous les empereurs Guillaume Ier, Frédéric III et Guillaume II. Il est l’artisan majeur de l’unification allemande par la solution petite-allemande - unité nationale de l’Allemagne autour de et dominée par la Prusse des Hohenzollern, sans l’empire d’Autriche -, et achevée en 1871 - le 18 janvier 1871, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, le chancelier Bismarck proclame la création du IIe Reich -, année où il lance le Kulturkampf pour réduire l’influence politique de l’Eglise catholique. 

Il est ministre-président du royaume de Prusse (1862-1890), chancelier de la confédération de l'Allemagne du Nord (1867-1871), puis  premier chancelier du nouvel Empire allemand (1871-1890), État fédéral constitué de 25 États fédérés. 

Sa diplomatie est fondée sur un système d’alliances européennes, et place l’Allemagne en pays hôte du congrès de Berlin (1878) – après la guerre russo-turque (1877-1878), les empires britanniques et austro-hongrois imposent au vainqueur russe de réduire ses avantages acquis par le traité de San Stefano, introduisent une résolution pour que l'Empire ottoman octroie aux juifs les droits civils et religieux en Eretz Israël (la Grande-Bretagne s’érige protectrice de ces Juifs) - et de la conférence de Berlin (1884-1885) sur le partage de l’Afrique entre des puissances européennes : l'empire allemand comprend l’Afrique allemande du sud-ouest (Deutsch-Südwestafrika, actuelle Namibie), le Togo (Togoland), le Cameroun allemand ou Kamerun (1884), puis l’Afrique orientale (Deutsch-Ostafrika, ancien Tanganyika et actuelle Tanzanie) en 1885, et dans le Pacifique la Nouvelle-Guinée allemande. 
    
La politique économique et sociale de Bismarck privilégie dès les années 1870 le protectionnisme, et assure le développement d’une industrie allemande performante et pouvant rivaliser avec celle britannique. Anti-socialiste, il instaure un système de sécurité sociale :  lois sur l’assurance-accident du travail (1883), sur l’assurance-maladie (1884)  et sur l’assurance-vieillesse (1889).

« Après les victoires éclatantes qu’il a offertes à sa patrie, la politique de Bismarck est désormais qualifiée de passéiste et de trop « timide ». Pire : il est maintenant en conflit ouvert avec le nouvel empereur Guillaume II, qu’il juge immature, vaniteux et peu intelligent ». 

« L'heure pour le chancelier d’une retraite bien méritée ? Absolument pas ! Bismarck a peur pour l'avenir de la paix en Europe et s'accroche au pouvoir. Pourtant, le 15 mars, le jeune Guillaume II le contraint à démissionner ».

« Dès le lendemain de sa mise au placard, Otto von Bismarck entreprend de rédiger ses mémoires. Le vieux briscard veut laisser à la postérité le souvenir des réussites glorieuses qu’il s’attribue tout en passant sous silence ses échecs et ses erreurs ». 

« Le documentaire, très instructif, relate les dernières années du chancelier, mort en 1898, et revient également sur une enfance où pointait déjà son esprit rebelle. En s'attardant sur cette partie de la vie de Bismarck, Wilfried Hauke nous permet de mieux appréhender une personnalité marquée par l’appétit du pouvoir, la fulgurance des idées mais aussi une extrême sensibilité ».

Juifs
Vers 1810-1820, des jeunes Juifs berlinois élaborent la Wissenschaft des Judentums, ou Science du Judaïsme, et publient en 1822 un Manifeste.

Alors que des voix s’élèvent en faveur de l’égalité des droits pour les Juifs, parait en 1843 La Question juive de Karl Marx.

En 1843, le royaume de Prusse instaure l’égalité pour la conscription militaire.

En 1847, les juifs sont autorisés à occuper des emplois publics, sauf en position hiérarchique à l’égard de chrétiens.

Les révolutions de 1848 proclament l’égalité des Juifs. L’échec du Printemps des peuples induit une régression pour les Juifs dans de nombreux Etats. Mais des Juifs s’activent dans la vie politique dans une proximité avec les partis libéraux.

Vers 1852, environ 62 000 Juifs vivent en Prusse. Ils sont interdits dans des villes et régions allemandes.

La Confédération d’Allemagne du Nord accorde l’émancipation aux Juifs. En 1869, une loi assure l’égalité entre juifs et chrétiens.

Unie à l’émancipation, la croissance démographique juive, surtout dans les grands centres urbains, dépasse celle des non-juifs. Les Juifs s’installent dans des villes commerçantes : Hambourg, Cologne, Leigzig. Ils abandonnent le yiddish au profit de l’allemand.

L’intégration économique et sociale s’accompagne de leur embourgeoisement, et le choix d'activités professionnelles privilégiant le commerce, l’industrie, les professions libérales et intellectuelles.

En 1866, la plus grande synagogue d’Allemagne, la Neue Synagoge, est inaugurée à Berlin, en la présence d’Otto von Bismarck. En 1875, les Juifs berlinois sont au nombre d’environ 65 000.

Crise économique mondiale, la Grande Dépression (1873-1896) alimente l’antisémitisme nationaliste (Berliner Bewegung).

En 1879, le journalisme Wilhelm Marr publie à Berlin son essai antijuif « Der Sieg des Judenthums über das Germanenthum » (« La victoire de la judéité sur la germanité »). Il forge le vocable « antisémitisme ».

Le 25 avril 1881, la pétition antisémite revêtue de 250 000 signatures demande à Bismarck, chancelier de l'Empire allemand, le retrait des actes ayant émancipé des Juifs et que toute immigration nouvelle soit prohibée. 

Autre antisémite notoire, Adolf Stöcker, pasteur prédicateur à la cour impériale, a créé en 1878 le Parti chrétien social des travailleurs. Il fustige la prétendue "domination des juifs sur la presse et le monde de la finance". Il impute aux Juifs la responsabilité des problèmes accablant l'Allemagne.

En réaction, la Centralverein deutscher Staatsbürger jüdischen Glaubens, association des citoyens allemands juifs, est fondée à Berlin en 1893 afin de défendre les intérêts des Juifs allemands. Le Parti socialiste SPD est le seul à compter parmi ses élus des députés Juifs, ce qui suscite la haine des antisémites.

En Allemagne, affluent des Juifs fuyant les pogroms et la misère en Russie, Pologne ou Ukraine.

Sous Bismarck et Guillaume II, aucun poste influent en diplomatie, dans l’armée et l’administration prussiennes n’est occupé par des Juifs.

Selon l’historien Jonathan Steinberg, l’antisémitisme est profondément enraciné dans l’aristocratie prussienne dont est issu Bismarck, et celui-ci l’a instrumentalisé pour servir sa politique. Abandonnant ses alliés libéraux, il va les détruire en écrasant leurs dirigeants juifs. Il a autorisé une vague d’antisémitisme à se répandre et a observé le « débat juif » en 1880 au Parlement prussien – pour la première fois, l’Allemagne unifiée a déclaré que les Juifs n’étaient pas de réels Allemands. 

Gerson Bleichröder (1822-1893) a été le Juif le plus riche et le plus influent, de l’Allemagne impériale. Il a été le premier juif prussien à obtenir la particule anoblissante « von » sans avoir à se convertir au christianisme. Il a été le banquier de Bismarck pendant plus de trente ans. Il a été la cible de la vague d’antisémitisme des années 1880. Dans ses mémoires, Bismarck ne le mentionne pas en le traitant comme un Hausjude (Juif « de service »).
    
En 1910, la population juive dans le Reich est estimée à 610 000 âmes.


« Bismarck - Le dernier combat » par Wilfried Hauke
Allemagne, 2014, 55 min
Sur Arte le 25 juin 2018 à 3 h 15

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