mardi 7 novembre 2017

« L'utopie des images de la révolution russe » par Emmanuel Hamon


Arte diffusera le 8 novembre 2017 « L'utopie des images de la révolution russe » (Die Russische Revolution und ihr Kino) par Emmanuel Hamon. « 1917-1927 : ce documentaire alerte propose la traversée d'une décennie prodigieuse qui vit de jeunes pionniers nommés Lev Koulechov, Dziga Vertov ou Sergueï Eisenstein réinventer le cinéma à la faveur de la révolution ».
    

"Durant les deux décennies qui suivent la révolution russe, une bande de jeune gens révolutionne le 7e art. Cette révolution artistique est portée par des réalisateurs, des acteurs, des techniciens et des poètes. Ils sont les protagonistes et la voix de ce film".

"À travers les images des fictions soviétiques de 1917 à 1934, ils nous racontent cette époque unique. Ils nous dévoilent leur combat pour une société nouvelle dont la liberté de création est un vecteur essentiel. Une utopie rattrapée par un pouvoir autoritaire qui balayera le cinéma comme le reste de la société".

La « scène, tournée par un jeune cinéaste de 27 ans pour commémorer le vingtième anniversaire de la révolution de 1905, est familière même à ceux qui n'ont pas vu « Le cuirassé Potemkine » : en lançant un landau dans les escaliers du port d'Odessa sous les tirs de la garde impériale, Sergueï M. Eisenstein entre par la grande porte au panthéon du septième art et devient, pour un temps, l'un des artistes officiels les plus en vue de la jeune Union soviétique ». « Le cuirassé Potemkine » retrace "la mutinerie à Odessa durement réprimée par le régime tsariste". Époustouflant. En août 1929, Eisenstein, "enfant terrible et intouchable", part pour Hollywood, puis au Mexique.

« Mais si « l'effet Koulechov », ou le "ciné-vérité" documentaire du franc-tireur Dziga Vertov sont également restés dans les annales cinéphiles, le prodigieux foisonnement qui présida à leur éclosion, au lendemain de la révolution, est moins connu ». C'est une époque d'une exceptionnelle effervescence artistique, d'une variété d'inspiration et de voies suivies par des artistes conscients de l'opportunité extraordinaire qui s'offre à eux.

Un « drame expressionniste de et avec Vladimir Maïakovski (« La demoiselle et le voyou », 1918), un étonnant western urbain tourné par le jeune Koulechov (« Les aventures extraordinaires de Mr West au pays des bolcheviks », 1924), la curiosité SF constructiviste "Aelita"(1924), par son aîné Protazanov, l'insolent « Trois dans un sous-sol » (1927) d'Abram Room, l'exquise comédie de Boris Barnet "La jeune fille au carton à chapeau" (1927)" pour promouvoir le premier emprunt d'Etat… : "à l’improbable croisement entre codes venus d'Hollywood et réalité quotidienne de l’URSS, les réalisateurs multiplient les films avec peu de moyens mais avec une stupéfiante liberté, s'emparant passionnément de cet art neuf pour refléter un monde en train de naître ». 

« En 1929, alors que s'ouvre une nouvelle ère grâce à la technique du parlant, le pouvoir stalinien charge le commissaire Boris Choumiatski de mettre au pas les cinéastes ».

« Contée par Ada Voitsik, une jeune actrice née avec le siècle, qui a interprété son premier grand rôle en 1927, cette traversée du jeune cinéma soviétique, muet pour l'essentiel, repose d'abord sur les éblouissantes images tournées alors ». 

« Emmanuel Hamon les accompagne d'un commentaire spirituel et fluide, qui mêle les réflexions fictives d'Ada et les témoignages laissés par Maïakovski, Koulechov ou Vertov ».

« Que l'on connaisse ou pas les œuvres qu'il fait ainsi revivre, leur effet de surprise reste intact : la modernité, la liberté et la créativité de cette « utopie des images », portée par la foi et le talent d'une génération, disent avec force la réalité du monde et de l’histoire, retraçant de façon poignante toutes les étapes d'une révolution confisquée ».

Les images d’archives proviennent principalement des documents remis par le Gosfilmfond de Russie, l’Archive publique russe des documents cinématographiques, et de la Cinémathèque de Toulouse. Elles ont été remarquablement restaurées en respectant le rythme et les contrastes.

Le documentaire a été sélectionné à la 74e Mostra de Venise dans la catégorie Venezia Classici.
    

Les Poissons volants, 2016, 54 min
Sur Arte le 8 novembre 2017 à 22 h 25

Visuels 
Image extraite du film "Aelita" (1924) de Yakov Protazanov
Image extraite du film "Trois dans un sous-sol" (1927) d’Abram Room
Boris Choumiatski, ombre de Staline sur le cinéma
Eisenstein et son équipe
Vladimir Maïakovski
Joseph Staline pour ses 50 ans, en 1928
"La Grève" (1925), d’Eisenstein
Anna Sten dans une scène mythique du film "La fille au carton à chapeau" (1927) de Boris Barnet.
Edouard Tissé et S.M. Eisenstein pendant le tournage de "La Grève", été 1924
Ada Voitsik, personnage principal du film, ici dans "Le Quarante-et-unième" (1927) de Iakov Protazanov
Image du film "L'Homme à la caméra" (1929) de Dziga Vertov
Vsevolod Pudovkine observant des pellicules en train de sécher
© Les poissons volants

A lire sur ce blog :
Articles in English
Les citations sont d'Arte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire