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vendredi 22 janvier 2021

« Félix & Meira » par Maxime Giroux


Le 22 janvier 2021, le Festival français du film Juif proposera « Félix &Meira » par Maxime Giroux (2014). « À Montréal, la rencontre de deux êtres perdus, une jeune mariée juive orthodoxe et un fils de bonne famille en rupture de ban, dans un film délicat aux splendides images. Meilleur film canadien, Toronto 2014 ».


« Dans le quartier de Mile End, à Montréal, Meira, jeune mariée, mère d'une petite fille encore bébé Elishiva, étouffe au sein de sa communauté juive orthodoxe, aspirant à une autre vie sans savoir laquelle. Félix, un original bohème et solitaire, qui vit à quelques rues de sa maison, revient dire adieu à son père au seuil de la mort, un riche bourgeois auquel il s'est toujours opposé et qu'il n'a pas revu depuis dix ans. Ces deux âmes inquiètes se croisent dans un petit café yiddish et vont timidement cheminer l'une vers l'autre… »

« Quand j’ai commencé le processus, j’avais plein de préjugés. J’étais défavorable à cette communauté, comme beaucoup de Québécois déconfessionnalisés. Le contact n’était pas toujours évident, mais j’ai rencontré des gens avec un sens de l’humour incroyable et un sens de la fête évident. Plus j’avançais dans le processus et plus je voyais leur profondeur, une spiritualité que je n’ai pas, un sens de la communauté – mais en même temps je continuais de trouver aberrant de les voir enfermés, contraints à ne jamais pouvoir vivre autrement. Le film témoigne de tout cela, je pense », a confié le réalisateur Maxime Giroux. Né en 1976, il a réalisé une centaine de clips dont « Parce qu’on vient de loin », sur une chanson de Corneille, récompensé au NRJ Music Award de Cannes. « Félix & Meira » est son troisième long métrage de Maxime Giroux.

« En filmant, j’avais toujours le thème de la vulnérabilité et de la fébrilité en tête et, par-dessus tout, je voulais que la caméra aille chercher l’humanité des personnages », a déclaré Maxime Giroux, qui a vécu près de Juifs hassidiques, dans le quartier de Mile End, à Montréal. Parmi les acteurs de son film, des Juifs ayant quitté le monde hassidique, notamment le new-yorkais Luzer Twersky qui interprète le rôle de Shulem, le mari de Meira.

« Des intérieurs filmés comme des tableaux, des grandes villes, de Montréal à New York, dont les lumières d'hiver changeantes exaltent la beauté, des visages à contre-jour, nimbés d'une émotion secrète… : c'est par les images, beaucoup plus que les mots, que Maxime Giroux peint l'éclosion et la fragilité de cet amour improbable ».

« Même si je suis athée, j’ai découvert chez eux [les hassidim] un sens du sacré qui est intéressant pour l’homme… Toutes les communautés, quelles qu’elles soient, ont leurs qualités et leurs défauts. Chez les juifs hassidiques, il y a énormément de règles et plusieurs personnes ne s’y retrouvent pas. Ceux qui choisissent de s’en aller se retrouvent face à plusieurs difficultés. Ils sont tout à coup sans famille, amis, logis, ou repères sociaux. Leur monde s’effondre. Grâce à des outils comme internet, ils trouvent maintenant des organisations pour les épauler… Je crois que, malgré cette histoire d’un amour improbable, les gens se reconnaissent à travers les personnages. Ils se sentent concernés par ce désir de prendre possession de sa propre vie. Félix et Meira font des choix qui sont les leurs, même s’ils savent que leur vie sera difficile », a remarqué Maxime Giroux.

« Par petites touches délicates et pudiques, constamment inspirées, il explore sans caricature les contours de deux mondes où les langues (yiddish, français, anglais) ne cessent de se mêler : celui de Meira, étroitement codifié par la religion, coupé de l'autre, celui de Félix, avec ses promesses et ses impasses ».

« Aussi touchants l'un que l'autre, les comédiens, Martin Dubreuil et Hadas Yaron », comédienne israélienne Hadas Yaron qui a reçu la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine lors de la 69e Mostra de Venise (septembre 2012) pour Le Cœur a ses raisons (Fill The Void) de Rama Burshtein – l’action se déroulait au sein de la communauté hassidique de Tel Aviv -, « portent ce film singulier, tissé d'humour, d'espoir et de mélancolie, à l'image de la splendide chanson de Leonard CohenFamous Blue Raincoat ») qui le traverse ».

« Félix & Meira » a été distingué par le Prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto 2014, Prix Tobias Szpancer du meilleur film de la section Between Judaism and Israelism du Festival international du film à Haïfa, Prix de la meilleure actrice et celui du meilleur acteur au Festival de Turin et Prix d’interprétation (Meilleur acteur à Luzer Twersky et meilleure actrice à Hadas Yaron) au Festival international du film d’Amiens, prix du public au Festival Arte Mare de Bastia (Corse).

Le 22 janvier 2021, le Festival français du film Juif proposera, en partenariat avec le Festival du Film juif de Toronto, « Félix &Meira » par Maxime Giroux (2014). En bonus : la projection inclue un débat avec le réalisateur.



« Mile End est un quartier multiethnique de Montréal, près d’Outremont. L’une des plus grandes communautés ultra-orthodoxes du monde y vit, après Jérusalem, New York et Londres. D’ailleurs, au début du 20ème siècle, on nommait Montréal « La Petite Jérusalem ».
Quand j’avais une vingtaine d’années, j’ai déménagé dans ce quartier. J’étais en pleine préparation du tournage de mon premier long métrage et j’ai été immédiatement fasciné par les habitants, particulièrement par les hassidiques. Mes observations et mes recherches ont encore accru mon intérêt jusqu’à ce que cela devienne une véritable fascination qui m’a finalement mené à réaliser Félix et Meira ».

« Ce film est surtout la rencontre de deux personnes marginalisées, de deux êtres humains fragiles qui sont attirés par le fruit défendu.
Je voulais également évoqué de la vulnérabilité et de la fébrilité et pardessus tout, je voulais que la caméra arrive à refléter l’humanité des personnages ».

« Je fais toujours des films sur des gens que je ne connais pas mais que j’ai envie de connaître; la même démarche a motivé mon précédent long métrage « Jo pour Jonathan ». 
Or, entrer à l’intérieur de la communauté juive hassidique n’est pas une mission facile. Même à travers les livres, on n’en a qu’une vision tronquée. L’histoire de Deborah Feldman, une hassidique qui a volontairement quitté sa communauté et s’est racontée dans un livre, fait un peu écho à notre scénario mais nous ne l’avons lu que bien plus tard dans notre processus. Ce livre a en plus été contesté aux États-Unis: certains disent que ce n’est pas une vraie ex Juive hassidique.
Tout ça est toujours très mystérieux, c’est difficile de connaître le vrai du faux. Je me suis donc promené à vélo, je suis entré dans les synagogues, en feignant naïvement de ne pas savoir que je n’y étais pas le bienvenu, et je me suis mis à rencontrer des Juifs hassidiques à New York et Montréal. Quand j’ai commencé le processus, j’avais plein de préjugés. J’étais défavorable à cette communauté, comme beaucoup de Québécois déconfessionnalisés. Le contact n’était pas toujours évident, mais j’ai rencontré des gens avec un sens de l’humour incroyable et un sens de la fête évident. Plus j’avançais dans le processus et plus je voyais leur profondeur, une spiritualité que je n’ai pas, un sens de la communauté – mais en même temps je continuais de trouver aberrant de les voir enfermés, contraints à ne jamais pouvoir vivre autrement. Le film témoigne de tout cela, je pense. »

« Quitter une communauté juive hassidique est une grosse décision, irrévocable et courageuse. On en sort sans éducation, sans d’argent, sans amis, complètement laissé à soi-même. Sans compter qu’une vie vécue dans la religion depuis l’enfance, ça ne s’efface pas du jour au lendemain. Ça prend une force incroyable, ça prend du courage, un peu de folie. C’est un film sur le courage de vivre en accord avec soi ».

« On voit dans ce film le paradoxe de deux communautés qui doivent vivre ensemble et qui, ni d’un côté ni de l’autre, ne font les efforts nécessaires pour se retrouver au milieu.
Je pense que dans une société pluraliste comme la nôtre, il faut faire un pas vers l’Autre.
C’était important pour moi de mettre en scène un Québécois francophone, qui représente une société gâtée qui a laissé de côté du jour au lendemain ses valeurs spirituelles et familiales, pour le faire se confronter au sens de la communauté des hassidiques. On est une société perdue, quand même, et je voulais mettre ça en relief. D’un côté une société avec trop de repères, trop de règles, et de l’autre une société gâtée, libre, qui est paradoxalement complètement désorientée ».

         
« Félix & Meira » par Maxime Giroux
Canada, Metafilms, 2014, 102 minutes
Image : Sara Mishara
Montage : Mathieu Bouchard-Malo
Musique : Olivier Alary
Producteur/-trice : Sylvain Corbeil, Nancy Grant, Maxime Giroux
Scénario : Alexandre Laferrière, Maxime Giroux
Avec Martin Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer Twersky, Melissa Weisz, Josh Dolgin, Anne-Elisabeth Bossé, Benoît Girard
Sur Arte le 2 août 2017 à 22 h 30

Visuels 
Luzer Twersky
Hadas Yaron et Luzer Twersky
Hadas Yaron et Martin Dubreuil
Hadas Yaron
Martin Dubreuil
Credit : © UrbanDistribution

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Les citations sur le film sont d'Arte. Cet article a été publié le 30 juillet 2017.

3 commentaires:

  1. Je n'ai pas vraiment aimé.
    Trop lent, qui s'écoute trop alors que peu est dit. Lumières un peu lugubres et même à Venise. Narration peu explicative des prises de décisions. Ennui.

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  2. Les lumières sont froides, peut-être pour rappeler la tension persistante sur le couple, pour éviter cette lumière célèbre et proche du cliché associée à Venise.

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  3. Le réalisateur nous embarque dans un voyage qui suggère plus qu'il ne montre les deux mondes dans lesquels évoluent les personnages , c'est là toute la beauté et la profondeur de ce film émouvant

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