mercredi 1 août 2018

Josef Koudelka


Josef Koudelka est un photographe né en Tchécoslovaquie en 1938. Arte diffusera le 7 août 2018 à 1 h 30 « Koudelka Shooting Holy Land » par Gilad Baram. « Le réalisateur israélien Gilad Baram a suivi le célèbre photographe Josef Koudelka en Palestine pour livrer de bouleversantes images du mur de séparation ».


Josef Koudelka est né en Moravie, alors en Tchécoslovaquie, en 1938.

Ingénieur aéronautique, il s’oriente vers la photographie à la fin des années 1960. Une activité qui lui prend tout son temps.

« 22 août 1968 : un bras s’avance dans l’image. La montre à son poignet indique l’heure. La veille, les chars de l’Armée rouge sont entrés dans Prague. Un rendez-vous a été fixé pour une manifestation de contestation. Mais il s’agit là d’un piège fomenté par Moscou. Le peuple de Prague est heureusement averti à temps. À l’heure dite la place est vide. À ce moment là commence pour Koudelka un lent compte à rebours qui l’amènera bientôt à quitter son pays natal ».

En 1968, Koudelka « photographie l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie. Il publie ses clichés sous le pseudonyme P.P. (Prague Photographer) et se voit décerner anonymement le prix Robert Capa pour ses images ».

Exils
En 1970, Josef Koudelka fuit la Tchécoslovaquie communiste. 

Les « mois d’hiver, il habite à Londres puis à Paris. Le reste du temps, il est sur les routes d’Europe  à traquer les hasards ». 

Au cours des années 1970 et 1980, il crée « ses images les plus enchantées qui composeront le livre Exils publié par Robert Delpire en 1988 ». 

Les « mois d’hiver, il habite à Londres puis à Paris. Le reste du temps, il est sur les routes d’Europe à traquer les hasards ». 

Apatride, il obtient l’asile politique en Grande-Bretagne.

Josef Koudelka rejoint Magnum Photos.

En 1975 est édité son livre Gitans.

Au cours des années 1970 et 1980, Josef Koudelka crée « ses images les plus enchantées » de sa série Exils. Ses clichés seront montrées à Paris en 1988, puis rassemblées dans un livre devenu « référence de la bibliophilie photographique ».

Lors d’une exposition dans les locaux du Centre au Palais de Tokyo, le Centre national de la photographie édite la première édition d’Exils en 1988. 

« Quarante ans après avoir quitté son pays natal, un nombre important de ses photographies, accompagnées de textes de référence, est publié sous le titre Invasion Prague 68 ». 

Puis Koudelka publie dix recueils de photographies panoramiques sur la relation entre l’homme contemporain et le paysage, notamment Black Triangle (1994), Chaos (1999), Lime (2012) et Wall (2013). 

C'est à l'invitation du photographe Frédéric Brenner que Josef Koudelka se rend, en tenant à payer ses frais professionnels, en Israël et dans les territoires disputés afin de photographier la barrière de sécurité anti-terroristes. Et ce, dans le cadre du projet My Place.

De 2008 à 2012, il séjourne à huit reprises dans cette région proche-orientale. Josef Koudelka y rencontre Gilad Baram. Il ne semble pas avoir compris la situation au Proche-Orient sur laquelle il a plaqué une grille d'analyse non pertinente, et en niant toute efficacité à cette barrière qui a contribué à réduire considérablement le nombre d'attentats terroristes commis par les islamikazes lors de l'Intifada II.

« Koudelka Shooting Holy Land »
Arte diffusera le 7 août 2018 à 1 h 30 « Koudelka Shooting Holy Land » par Gilad Baram. « Le réalisateur israélien Gilad Baram a suivi le célèbre photographe Josef Koudelka en Palestine pour livrer de bouleversantes images du mur de séparation ». La "Palestine" n'existe pas.

« Après avoir grandi derrière le rideau de fer, le photographe tchèque Josef Koudelka devient célèbre grâce à ses emblématiques photos de l’invasion de Prague par les troupes du pacte de Varsovie, en 1968 ». Déjà, l’évocation du mur de Berlin.

« Près de cinquante ans plus tard, il découvre, profondément ému, le mur de neuf mètres de haut construit par Israël en Cisjordanie ». Temporaire, cette barrière de sécurité anti-terroriste n’est un mur que sur une part infime (3%) de son tracé d’environ 720 km. Pour l’essentiel, il s’agit d’une clôture de barbelés. La partie murale a été édifiée dans les zones où il était possible aux snipers palestiniens de tirer sur des cibles israéliennes.

L'efficacité de cette barrière pour réduire le nombre d’attentats terroristes islamistes palestiniens a été démontrée : « les statistiques montrent une nette corrélation entre l’édification de la clôture et le déclin du nombre d’attentats terroristes à partir des régions voisines des tronçons achevés. Entre 2002 et 2003, les données statistiques indiquent une chute de 30% du nombre des attentats perpétrés. De même, le nombre des victimes assassinées par des terroristes a diminué de 50% en 2003, par rapport à l’année précédente. Dans les régions où la clôture est édifiée, le nombre des victimes assassinées par des terroristes est passé de 46 en 2003 à 0 en 2004. D’avril à décembre 2002, 17 attentats-suicides à la bombe ont été perpétrés en Israël, provenant du nord de la Cisjordanie (Samarie). Par contre, depuis le début de la construction de la clôture, durant toute l’année 2003, 5 attentats-suicides seulement émanaient de cette région. Aucun déclin n’a été enregistré dans le nombre des attentats perpétrés à partir de la région où la construction de la clôture antiterroriste n’a pas encore commencé, c’est-à-dire la partie sud de la Cisjordanie (Judée)  ».

« Démarre alors un projet photographique de plus de quatre ans dans la région, au cours duquel le chasseur d’images est confronté à la dure réalité du conflit israélo-palestinien ». Il s’agit d’une guerre causée par le refus du monde arabe ou/et musulman d’un Etat Juif.

Curieusement, Josef Koudelka ne s'est pas intéressé aux autres murs érigés en Europe, en Afrique, etc.

Né en 1981 à Hadera (Israël), Gilad Baram est un documentariste et photographe.

« D’un site spectaculaire à l’autre, le réalisateur Gilad Baram , alors assistant de Josef Koudelka qui, pour la première fois, a accepté d'être filmé, l’a suivi durant son voyage en Terre sainte » ou en Eretz Israël (Terre d’Israël).

Avec Adam Kaplan, il a aussi réalisé « The Disappeared » (2018).
    
Distinctions
Le MOMA et le Centre international de la photographie à New York, la Hayward Gallery de Londres, le Stedelijk Museum d’Amsterdam ou le Palais de Tokyo à Paris ont exposé les photographies de Josef Koudelka. 

Cet artiste a été distingué par le prix Nadar (1978), le Grand Prix national de la photographie (1989), le Grand Prix Cartier-Bresson (1991), le Prix international de la photographie de la fondation Hasselblad (1992) et la médaille du Mérite de la République tchèque (2002). 

En 2012, il a été nommé commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture et de la communication. 

Il partage sa vie entre Paris et Prague.

Josef Koudelka. La fabrique d’exils
En 2016, Josef Koudelka a donné au Centre Pompidou toutes les photographies de sa série Exils, soit 75 photographies.


Le Centre Pompidou a présenté, dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris 2017, l’exposition Josef Koudelka. La fabrique d’exils.

Quatre-vingt photographies invitent « à comprendre comment a été conçu le projet Exils, éclairant ainsi pour la première fois la « fabrique » de » cette série. « Être un exilé oblige de repartir de zéro. C’est une chance qui m’était donnée », a déclaré le photographe Josef Koudelka, qui a quitté sa Tchécoslovaquie natale en 1970.

La Galerie de photographies réunit « trente-cinq images parmi les plus emblématiques de cette série, accompagnées de nombreux inédits tirés pour l’occasion », des œuvres jamais montrées et tirées « pour l’occasion et les planches sur lesquelles le photographe a organisé ses tirages par forme ou par thème afin de les sélectionner. Elle est complétée d’une extraordinaire série » d’autoportraits inédits réalisés par Koudelka lors de ses voyages. 

L’exposition « présente également pour la première fois les planches sur lesquelles le photographe collait ses images, selon une organisation formelle ou thématique ». 

On « avait d’Exils une idée lacunaire et parcellaire, par images isolées. La présente exposition donne de la série une vision beaucoup plus complexe. Elle permet de mieux comprendre l’élaboration du projet, c’est-à-dire la fabrique d’Exils ». 

« Dans les années 1970 et 1980, durant le printemps et l’été, Josef Koudelka parcourt les chemins d’Europe. L’hiver, il s’arrête à Londres, puis à Paris pour développer, tirer et éditer ses photographies ». 

Il « n’a pas de domicile fixe, ne possède rien et ne s’attache pas. Toujours accompagné de son sac de couchage qu’il porte en bandoulière comme ses appareils photographiques, il dort ici et là, chez des amis, à l’agence Magnum ou à la belle étoile ». 

« À force de photographier les gitans, il en est lui-même devenu un ». 

« Ces années d’Exils correspondent pour lui à l’appropriation progressive d’une forme d’expérience du monde qui est celle des gens du voyage. Le nomadisme permanent n’est plus seulement un sujet pour lui, il est devenu son mode de vie ». 

« Cette évolution le conduit à être de plus en plus présent dans ses images. Il n’hésite pas à introduire régulièrement dans son cadre : son ombre, sa main ou ses pieds ». 

Il « poussera même l’expérience plus loin en se photographiant le soir au coucher ou le matin au réveil en tenant l’appareil à bout de bras ou en le posant à terre ». 

Ces « images avaient été tenues secrètes jusqu’à présent. » 

« Sélectionnées par le commissaire de l’exposition, ces épreuves de travail qui n’ont jamais fait l’objet d’un tirage d’exposition sont présentées ici pour la première fois ».


CITATIONS DE L’ARTISTE


« Être un exilé oblige de repartir de zéro. C’est une chance qui m’était donnée. » 

« C’est en quittant la Tchécoslovaquie que j’ai découvert le monde. Ce que je voulais surtout c’était voyager pour pouvoir photographier. Je ne voulais pas avoir ce que les gens appellent un “ chez soi ”. 
Je ne voulais pas avoir à revenir quelque part. J’avais besoin de savoir que rien ne m’attendait nulle part, je devais être là où j’étais, et si je ne trouvais plus rien à photographier, il était temps de partir ailleurs. » 

« Je savais que je n’avais pas besoin de grand chose pour vivre et photographier - juste de quoi manger et une bonne nuit de sommeil. J’ai appris à dormir partout, dans n’importe quelles circonstances. 
Ma règle était : “ Ne t’inquiète pas de savoir où tu vas dormir ; jusqu’à présent, tu as toujours dormi quelque part et tu dormiras à nouveau ce soir ”» 

« On ne revient jamais d’exil. »

EXTRAITS DU CATALOGUE

LA BELLE ÉTOILE, PAR CLÉMENT CHÉROUX 
« Prague, place Venceslas, 22 août 1968 : un bras s’avance dans l’image. La montre à son poignet indique l’heure. L’avant-bras ne se dresse pas verticalement comme dans les habituelles représentations révolutionnaires teintées de rouge. Il est tendu à l’horizontale parallèlement au bord bas de l’image. 
Le poing est cependant fermé, comme s’il s’agissait de protester avec l’arme du temps. Dans les jours qui ont précédé, les chars des armées du pacte de Varsovie sont entrés dans la ville au son stridulant des chenilles sur le pavé. La rumeur d’une manifestation de contestation s’est rapidement répandue. 
Un rendez-vous a été fixé sur la place, sous la statue équestre du saint patron de la République tchèque, en contrebas du Musée national. Mais il s’agissait là d’un piège fomenté par quelques agents provocateurs à la solde de Moscou afin de déclencher un incident qui permettrait de justifier l’invasion. Heureusement, le peuple de Prague a été averti à temps. À l’heure dite, la place est à peu près déserte, comme en témoigne l’image. Cette photographie de Josef Koudelka fait chronologiquement partie de sa série Invasion 68 dans laquelle il montre la ferveur résistante de ses compatriotes face à la détermination de l’Armée rouge à mater dans le sang l’élan démocratique du Printemps de Prague. Mais c’est aussi la première image de son livre Exils, publié vingt ans plus tard, en 1988, par Robert Delpire. De cette image devenue icône, Koudelka dit d’ailleurs que « c’est la photographie symbolique d’Exils ». Comme si ce jour d’août 1968, peut-être à cet instant précis, avait commencé un lent compte à rebours qui allait conduire le photographe à quitter son pays natal. En 1970, à la faveur d’un voyage à l’étranger, Koudelka décide en effet de ne pas retourner en Tchécoslovaquie. Commencent alors pour lui des années d’exil passées sur les chemins du monde à traquer les hasards 
[...] 
L’état latent d’inquiétante étrangeté qui innerve chacune des images d’Exils donne sa très grande homogénéité à la série. Durant les phases préparatoires à l’édition du livre, Koudelka a cherché à comprendre cette cohérence. Sur des feuilles cartonnées, il a commencé à associer les photographies selon leur composition ou leur thématique, puis les a ensuite réunies dans ce qu’il appelle un « katalog », comme s’il s’agissait là d’un répertoire méticuleusement ordonnancé. Celui-ci rassemble en effet des assortiments de matières, des bouquets de silhouettes, et quelques habitudes de composition. 
Il rend visible une manière singulière de couper les corps ou de les organiser dans le cadre. Par ces rapprochements, Koudelka crée des sortes de polyptyques qui forment des continuités. À l’horizontale ou à la verticale, ces images mises bout à bout annoncent explicitement les formats panoramiques des décennies suivantes. Publié en 1988, puis réédité en 1997 et en 2014, Exils ne conservera cependant rien de ces associations d’idées et de formes. Dans le livre, les images sont publiées une à une, isolées en page de droite avec un large espace blanc en vis-à-vis. Ce choix, qui estompe les possibles mises en relation, s’explique de diverses manières. L’époque est à la picture story : une séquence d’images qui raconte une histoire. La plupart des photographes de Magnum la pratiquent. Koudelka a rejoint l’agence en 1971, mais se distingue de la plupart de ses membres en ne réalisant aucune commande, c’est-à-dire en travaillant exclusivement pour lui-même. Par ailleurs, la date à laquelle Exils est publié correspond à un moment où la photographie cherche sa légitimité au sein de l’art. Il importe alors de se distinguer du reportage et d’une forme de sérialité inhérente à la photographie. Le modèle imposé par le monde de l’art est celui du chef-d’oeuvre, c’est-à-dire d’une image isolée, sans légende, abstraite de toute contingence utilitaire et même documentaire. Ces arguments contextuels expliquent pour partie l’autonomisation des photographies d’Exils. À travers les trois éditions successives du livre, on a finalment d’Exils une perception largement atomisée et parcellaire. La série apparaît en effet comme une succession d’images indépendantes. Réalisés à l’occasion de la donation par Josef Koudelka des soixante-quinze photographies d’Exils aux collections du Centre Pompidou, le présent ouvrage et l’exposition qu’il accompagne ont pour ambition de donner de cette série une vision plus complète et complexe. Grâce au minutieux travail d’enquête réalisé par Michel Frizot, il est désormais possible de mieux comprendre la genèse de la série ainsi que ses conditions de production. En publiant et en exposant quelques-unes des planches du katalog, en reconstituant certaines associations d’images et en y associant des inédits, l’enjeu est bien ici de mettre en évidence des récurrences de formes et de sujets, c’est-à-dire des manières de faire image. Il ne s’agit évidemment pas de raconter des histoires comme dans les picture stories des repoters, mais bien plutôt de cerner plus explicitement ce qui constitue le style du photographe. Le présent projet montre en somme qu’il existe une véritable cosmologie Koudelka avec des planètes, quelques satellites et des pluies d’étoiles. Certaines images gravitent autour d’autres, entrent dans leur champ d’attraction, ou se trouvent irradiées par leur lumière stellaire. La lucidité nous pousse à accepter de ne connaître qu’une part infime de notre univers. Il en va au fond exactement de même pour l’oeuvre de Koudelka. 
Les corpus les plus connus ont certes été publiés puis réédités. Mais une part importante de l’archive du photographe reste méconnue. De cet univers-là, on ne soupçonne encore que les premiers confins. 
Le voyage d’exploration commence à peine ».

« Koudelka Shooting Holy Land » par Gilad Baram 
Allemagne, Brésil, République tchèque, 2015
Sur Arte le 7 août 2018 à 1 h 30

Du 22 février au 22 mai 2017
Galerie de photographies, Forum -1
75191 Paris Cedex 04 
Tél. : 00 33 (0)1 44 78 12 33 
Tous les jours, sauf le mardi de 11h à 21h 

Visuels 
JOSEF KOUDELKA
Invasion, Prague, 1968
Épreuve gélatino-argentique
50 x 60 cm
Collection Centre Pompidou, Paris
Don de l’artiste en 2016
© Josef Koudelka / Magnum Photos
© Centre Pompidou / Dist. RMN-GP

JOSEF KOUDELKA
France, 1980
Épreuve gélatino-argentique
50 x 60 cm
Collection Centre Pompidou, Paris
Don de l’artiste 2016
© Josef Koudelka / Magnum Photos
© Centre Pompidou / Dist. RMN-GP

JOSEF KOUDELKA
Irlande, 1972
Épreuve gélatino-argentique
50 x 60 cm
Collection Centre Pompidou, Paris
Don de l’artiste 2016
© Josef Koudelka / Magnum Photos
© Centre Pompidou / Dist. RMN-GP

JOSEF KOUDELKA
Irlande, 1976
Épreuve gélatino-argentique
50 x 60 cm
Collection Centre Pompidou, Paris
Don de l’artiste en 2016
© Josef Koudelka / Magnum Photos
© Centre Pompidou / Dist. RMN-GP

Articles sur ce blog concernant :
Les citations sont extraites du communiqué de presse. Cet article a été publié le 27 avril 2017.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire