lundi 2 janvier 2017

« La moitié de la ville » de Pawel Siczek


Arte diffusera le 3 janvier 2017 à 0 h 25 « La moitié de la ville » (Die Hälfte der Stadt, Half The Town) de Pawel Siczek (2015). « Une ville polonaise confrontée à la montée du nazisme, évoquée à travers les portraits émouvants d’un photographe idéaliste. Un film mémoire, parsemé d'animations délicates inspirées de l’œuvre de Chagall et de la peinture naïve de la région de Kozienice », ville natale de Chaim Berman (1890-1942), Juif polonais photographe et conseiller municipal, puis maire. Un documentaire qui évoque la part majeure jouée par des Juifs polonais dans la vie politique, économique, sociale et culturelle de villes polonaises, et leur assassinat lors de la Shoah.


Les Juifs vivaient à Kozienice, ville polonaise située au sud de Varsovie, depuis environ 400 ans. 

Au début du XIXe siècle, le rabbin Yisroel Hopstein (Maguid de Koznits) de cette cité a été un des pionniers du Hassidisme en Pologne. 

En 1856, sur les 2885 habitants de Kozienice, 1961 étaient juifs.

La bourgade poursuit son essor démographique.
En 1897, sur les 6882 habitants de cette ville, 3700 étaient juifs. 

L’activité économique de Kozienice reposait principalement sur le tourisme – pèlerins juifs se rendant sur la tombe de Maguid – et l’industrie de production de chaussures.

Chaim Berman naît en 1890 à Kozienice.

Il doit gagner sa vie très jeune, et étudie dans une yeshiva à Lódz. Il se passionne pour le métier de son père, photographe.

Il « se met à tirer inlassablement le portrait des habitants de sa ville : des Polonais, des Allemands et des Juifs qui se côtoient sans heurts ».  Et souvent dans des événements heureux : mariages, bar mitzva, communions...

En 1939, avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, environ la moitié de la population de la ville de Kozienice était juive.

« Quand le climat politique s’assombrit dans les années 1930, Berman, toujours artiste et désormais conseiller municipal, continue de croire à une cohabitation harmonieuse des communautés, cultures et religions ».

Chaim Berman anime un groupe intéressé par la culture, et qui présente Le Dibbouk, La sonate à Kreutzer...

Chaim Berman est l'un des animateurs du Folkspartei (Parti du peuple). Fondé par Simon Dubnow et Israel Efrojkin après les pogroms de 1905 dans l'empire russe, le Folkspartei a participé à des élections en Pologne et en Lituanie dans les années 1920 et 1930. Malgré son déclin national, ce parti a conservé son importance à Kozienice grâce aux actions menées par Chaim Berman, dont le mentor est Noah Prilutzky, pour garder des contacts avec les ouvriers. A Kozienice, militaient aussi les Sionistes dirigés par Yosef Lichtenstein, Motl Goldstein et d'autres. Le “Bund” était dirigé notamment par Jonah Weinberg. A la tête du Poale–Zion ; Shmuel Sharber. Il y avait aussi un groupe important de Yisroel. Mais le Folkspartei avait le plus grand nombre de membres.

« Refusant de quitter la Pologne à l’avènement du nazisme, il se retrouve en danger de mort quand se dresse le spectre des déportations, avec son lot de délations et de trahisons ». 

Ceux qu’il prenait pour des amis se muent en farouches ennemis.

Chaim Berman parvient à éviter de diriger le Judenrat.

Les Nazis contraignent les Juifs à se rendre dans des camps de travaux forcés. Chaim Berman, son épouse Ghana, et leurs deux enfants Amos et David restent dans le camp de Volanov jusqu'à la fin de 1941. Chana et David sont tués par les Nazis. Grâce à son frère Zelick caché chez un voisin polonais catholique, Chaïm parvient à quitter, clandestinement, ce camp avec son fils Amos.

Berman et son fils Amos rejoignent Zelick, dans une petite cave. Début 1942, Chaim Berman souffre douloureusement du typhus. Quand la santé de Berman continue de péricliter, le propriétaire de la maison demande à Zelick et Amos de monter dans une pièce de la maison. Quand Zelick et Amos retournent dans la cave, Chaim Berman est mort. Ils enserrent son cadavre dans un linge, creusent un trou dans la cave, et l'enterrent. Zelick lui aussi souffre du typhus. Amos quitte la ville pour Varsovie. Là, un goy le reconnait et le livre aux Nazis qui l'assassinent. Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, vers la fin 1945, des Juifs, dont Hese Honickstock, qui mourra à Rio de Janeiro, Paula Luxemburg, Balvina Kohn, Mindele Domb, Gershon Borenstein, Yehudit et Sarah Hershenhorn, retournent à Kozienice et s'enquièrent du sort de Chaim Berman. Ils exhument sa dépouille, et l'enterrent dans le cimetière de la ville.

Berman laisse un patrimoine d’environ 10 000 négatifs sur verre, des portraits saisissant des personnes non identifiées dans leur vie quotidienne. Ces œuvres ont été découvertes récemment dans un grenier. Elles ont été acquises et restaurées par la Shalom Foundation et le KARTA Center.

Présenté au Los Angeles Film Festival 2016, ce documentaire « raconte le destin de cet artiste méconnu,  témoin de son temps, à travers des interviews de survivants de l'époque nazie et d’habitants actuels de la ville, ainsi que des émouvants portraits d’anonymes qu’il a laissés en héritage ». 

En plus de ce documentaire et film d’animation, l’exposition The Kozienice Portraits présente une sélection des 4500 photographies de Chaim Izrael Berman.

En septembre 2016, un monument dédié aux Juifs de Kozienice a été dévoilé. Il est situé à l'angle des rues Bohaterów Getta et Lubelska, des artères principales de la ville. Sur ce monument est gravé : "A la mémoire des citoyens polonais de natonalité juives, tués par les fascistes allemands durant la Deuxième Guerre mondiale".

« La moitié de la ville  » de Pawel Siczek
Leykauf Film, Balance Film, Design Animation, Allemagne, 2014, 86 min
Sur Arte le 3 janvier 2017 à 0 h 25

Visuels : © Leykauf Film, Balance Film 
Chaim Berman et sa famille prennent du bon temps, animation
Portrait du photographe Chaim Berman
Photo du photographe juif Chaim Berman
Chaim Berman au travail dans son atelier, animation
  
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Les citations sont d'Arte.

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