mercredi 1 juin 2022

L’Irak, une ex-mosaïque ethnico-religieuse


L'Iraq constituait une mosaïque ethnico-religieuse réunissant juifs, chrétiens, musulmans, yézidis, Arabes, etc. Jouissant d'une implantation plurimillénaire, la communauté juive irakienne y était prospère lors de la première moitié du XXe siècle. Éprouvée par le farhud, pogrom lors de la fête de chavouot (1er-2 juin 1941), à Bagdad, persécutée après-guerre, elle a été contrainte à l'exil. Les chrétiens ont du progressivement quitter l'Iraq. Un exode accéléré par l'avènement en 2014 de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ou Islamic State of Iraq and al-Sham (ISIS) qui avait alors annoncé le rétablissement du  califat aboli en 1924. Un « Etat islamique » (EI) qui a commis un génocide notamment à l'égard des Yézidis ou Yazidis. Fin mai 2022, le Parlement irakien a voté une loi criminalisant les relations, notamment économiques, avec l'Etat d'Israël.

« La croix gammée et le turban, la tentation nazie du grand mufti » de Heinrich Billstein
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama
« Pictures for Peace. La douleur après l’attentat - Hocine Zaourar » par Rémy Burkel
« Cheikh Zayed, une légende arabe » par Frédéric Mitterrand
« Emirats, les mirages de la puissance », par Frédéric Compain
L’Arabie saoudite 
Hajj, le pèlerinage à La Mecque
L’Irak, une ex-mosaïque ethnico-religieuse
« Oman, au pays des contes » par Nadja Frenz

Arte évoqua le 20 octobre 2018, dans le cadre de l'émission "Le Dessous des cartes" (Mit offenen Karten), "Irak : après les guerres ?" (Irak - Nachkriegszeit) réalisé par Benoit Laborde et présenté par Emilie Aubry. "Après quinze années de guerres, l’Irak, pays mosaïque, est-il enfin en train de "faire nation" ? Existe-t-il un nouveau "nationalisme irakien" qui pourrait le conduire à refuser les ingérences étrangères du passé ? Des accords Sykes-Picot de 1916 aux années Daech, décryptage d’un territoire qui, depuis les élections législatives de mai 2018, aspire à la paix et à la stabilité."


L’Irak comptait environ 24 millions d’habitants, dont 97% sont musulmans (environ 60% de chiites, 37% de sunnites) et près de 3% chrétiens (Chaldéens, catholiques, assyriens, Arméniens) et juifs. Il réunissait Arabes et non-Arabes, dont des Kurdes... Curieusement, cette émission d'Arte n'évoque pas l'exil forcé des juifs, essentiellement à la fin des années 1940.

Juifs

La communauté Juive était implantée depuis son exil forcé à Babylone sur l’ordre de Nabuchodonosor (597 avant l'ère commune). Elle était intégrée et souvent prospère au début du XXe siècle.

Gertrude Bell (1868-1926), agent de renseignement britannique, diplomate, femme de lettres, archéologue et conceptrice de l'Etat irakien, est évoquée dans Letters from Baghdad, documentaire de Sabine Krayenbühl et Zeva Oelbaum.

Le blog Jewishrefugees a évoqué la perception des Juifs irakiens par Gertrude Bell en publiant un extrait des lettres de l’espionne britannique. Ces lettres sont lisibles sur un site universitaire consacré à Gertrude Bell.

Gertrude Bell décrit les Juifs comme constituant « une partie de la population importante, riche, intelligente, cultivée, active ». 

Et elle espère que certains de ses illustres représentants, dont Sassoon Eskel (1860-1932), qu’elle dénomme Sasun Effendi et dont elle loue la « sagesse et la modération habituelles », seront des acteurs clés dans la construction du nouvel Iraq :

« The Jews form a very important part of the population, rich, intelligent, cultivated and active. One example of their attitude towards the new order will be enough to show their quality. It has been given out that all the subjects of the Sultan would ultimately be called upon to perform military service; the law (which has since been passed) had not yet assumed a definite shape and many were of the opinion that it would be found impossible to frame it. Not so the Jews of Baghdad. As soon as the idea of universal service had been conceived, a hundred young men of the Jewish community applied for leave to enter the military school so that they might lose no time in qualifying to serve as officers. The permission was granted, and I trust that they may now be well on the road to promotion. The Christians showed no similar desire to take up the duties of the soldier. » (Amurath à Amurath, 1911)

« I'm now going to cultivate the Jew community -- there are 80,000 in Baghdad out of a pop. of 200,000 -- and find out more about them. So far, I've only met the bigwigs, such as the Chief Rabbi. There's no doubt they will be a great power here some day » ["Je vais cultiver mes liens avec la communauté juive - ils sont 80 000 à Bagdad sur 200 000 habitants - et découvrir plus d'informations sur eux. J'ai uniquement rencontré les personnages juifs importants, tel le Grand Rabbin. Nul doute qu'ils auront un jour ici un grand pouvoir"]. (Lettre à ses parents, 1917)

« I'm making great friends with two Jews, brothers one rather famous, as a member of the Committee of Union and Progress and a deputy for Baghdad. His name is Sasun Effendi. They have recently come back from Constantinople (Istanbul) - they were at the first tea party I gave for you here. I've known Sha'al's wife and family a long time. They are very interesting and able men. Sasun, with his reputation and his intelligence, ought to be a great help ». (Lettre à ses parents, 14 juin 1920)

« The man I do love is Sasun Eff. and he is by far the ablest man in the Council. A little rigid, he takes the point of view of the constitutional lawyer and doesn't make quite enough allowance for the primitive conditions of the 'Iraq, but he is genuine and disinterested to the core. He has not only real ablility but also wide experience and I feel touched and almost ashamed by the humility with which he seeks - and is guided by - my advice. It isn't my advice, really; I'm only echoing what Sir Percy thinks. But what I rejoice in and feel confident of is the solid friendship and esteem which exists between us. And in varying degrees I have the same feeling with them all. That's something, isn't it? that's a basis for carrying out the duties of a mandatory? »  (Lettre à son père Sir Hugh Bell, 18 December 1920)

Sassoon Eskel est né dans une famille bagdadi juive aristocratique, les Shlomo-David. Ce sioniste avait pour cousin Siegfried Sassoon (1886-1967), poète et soldat britannique.

Sassoon Eskel suit sa scolarité dans un établissement de l’Alliance Israélite universelle à Bagdad.

Son père avocat, rabbin et philanthrope, Ezra Sassoon, l’envoye ensuite se former au droit et économie à Istanbul (Constantinople), Londres et Vienne. Polyglotte, Sassoon Eskel parle neuf langues : arabe, persan, turc, hébreu, grec, allemand, français, latin et anglais.

De retour en 1881 à Bagdad, Sassoon Eskel travaille comme dragoman (interprète) pour l’administration de Bagdad, et occupe un poste important dans les services de gestion de l’eau avant son élection en 1908 au conseil municipal de Bagdad comme échevin.

Apprécié des Ottomans, il remplit deux mandats à ce titre, puis est désigné comme conseiller spécial du ministère de l’Agriculture et du Commerce.

En 1920, il joue un rôle important dans la fondation des lois et de l’infrastructure financière du gouvernement irakien. Il est ministre des Finances à cinq reprises et député de Bagdad dans le premier parlement du royaume. Un parlementaire réélu jusqu’à son décès.

En 1921, quand Winston Churchill organise la conférence du Caire pour discuter de l’avenir de l’Iraq, de la Jordanie et d’Israël, Eskell est un des deux Irakiens envoyés pour déterminer le futur du pays et choisir son roi.

En 1923, le roi George V lui décerne le titre de Chevalier.

Eskell s’est vu qualifier du vocable turc laudateur « Effendi » et reçoit la Médaille al-Moutamayez ottomane. Il est aussi distingué par le roi Faisal.

Eskell est enterré au cimetière du Père Lachaise, à Paris où il suivait un traitement médical. Sa bibliothèque réputée est pillée, et sa collection perdue après 2003.

Le 5 août 2016, la municipalité de Bagdad a annoncé qu’elle démolira la maison centenaire de Sir Sassoon Eskell et allouera le terrain à un promoteur immobilier. Cette maison était située rue Rashid, dans le centre de la ville, parallèlement à une rive du Tigre.

Sa’id Hamza, directeur du département d’investigation des sites patrimoniaux au sein du ministère irakien du Tourisme et des Antiquités, a qualifié cette décision de « violation » de la loi. Il a ajouté que « la maison d’Eskell est composée de deux parties : l’une devant aller au ministère des Finances, et l’autre à l’héritier, Albert Sassoon Eskell.

Malgré cette protestation, la maison a été détruite.

« La nouvelle de cette démolition a été reçue [à Bagdad] avec une grande tristesse. Chaque intellectuel irakien, toute personne intéressée par le passé du pays, sait qui Yechezkel Sassoon était », a déclaré Nabil al-Rube’l, historien irakien spécialisé dans l’histoire des Juifs babyloniens. Et d’ajouter ironiquement : « J’aimerais remercier notre pays, notre gouvernement et ses institutions pour avoir honoré, par cette démolition, la grande contribution de Sassoon en tant que serviteur public dévoué qui a utilisé de bonne foi et avec honnêteté l’argent public ».

Indigné par cette démolition, le poète Mohammed al-Rakabi a écrit un poème partagé sur Internet : « Sassoon, votre demeure est dans notre cœur. L’amour demeure et ne mourra pas dans les chaines. Si vous étiez né dans un pays qui reconnait ses fondateurs, les ignares ne seraient pas parvenus à devenir des maîtres ».
    
Dans les années 1920, l'enseignement de l'histoire Juive et de l'hébreu est interdit dans les établissements scolaires Juifs.

Dès 1934, puis entre 1948 et 1951, l’Irak édicte des lois anti-Juives. Les Juifs sont exclus de l'enseignement et de la fonction publique.


Le grand mufti de Jérusalem Hadj Amin al-Husseini et le gouvernement pro-nazi de Rachid al-Gaylani, ainsi que la propagande nazie de Radio-Berlin, ont joué un rôle dans le farhoud (violente dépossession, en arabe), pogrom les 1er-2 juin 1941, lors de la fête de chavouot, à Bagdad et Basra (Iraq) : 175-180 Juifs tués, près de 2 000 Juifs blessés, des femmes juives victimes de viols collectifs et mutilées, des synagogues profanées - rouleaux de la Torah brûlés -, 900 maisons juives et des biens Juifs pillés et incendiés, etc. Les Juifs irakiens ont eu si peur de donner une sépulture conforme au judaïsme que les cadavres des victimes ont été brûlés et enterrés dans des fosses communes.

Al-Husseini a voulu punir les Juifs irakiens de leur supposée coopération avec la Grande-Bretagne. Les fomenteurs du farhud projetaient une rafle des Juifs, leur déportation et leur élimination dans des camps dans le désert. Comme ce qui avait été infligé aux Arméniens de l'Empire Ottoman lors du génocide...

Le 30 mai 2021, à 
17 h, Grande-Bretagne/ 12h et 9h PT/ 18 h Europe et 19 h IsraëlHarif et la Synagogue Espagnole, Montréal organisaient le webinaire Zoom via Zoom pour le triste 80e anniversaire du Farhud :
https://zoom.us/j/93646347592
 ID du webinaire : 936 4634 7592
Numéros internationaux disponibles : https://zoom.us/u/axllea51
L'illustration a été créée par Nissim Zalayet
                                              
"Pendant deux jours d'une brutalité sans précédent, le jour de Shavuot 1941, des centaines de Juifs innocents ont été assassinés en Irak, et beaucoup d'autres ont été blessés, des femmes violées et des entreprises, magasins et maisons pillés et détruits."

"Ce fut le début de la fin pour une communauté qui existait depuis plus de 2 700 ans et le premier d'une série d'épisodes violents menant à la destruction des anciennes communautés juives du monde arabe".

"Rejoignez-nous pour cette importante commémoration, soutenue par 27 organisations, à laquelle participeront l'honorable Irwin Cotler et le rabbin Joseph Dweck. Les autres intervenants sont David Khedher Basson, le Cantor Daniel Benlolo, Yvonne Green, Bea Lewkowicz, le Rabbin Maimon Pinto, Efraim Sadka, Shimon Samuels, Yair Szlak et Eta Yudin."

Il est aussi demandé d'allumer une bougie à la mémoire des victimes.

Jimena (Jews Indigenous to the Middle East and North Africa, Juifs indigènes au Moyen-Orient et en Afrique du nord) diffuse la vidéo du témoignage de Daniel Khazoom, témoin du Farhud :


Le 25 juin 2021, MEMRI  a publié l'article "The Dramatis Personae Behind The 1941 Farhud Pogrom In Baghdad – And Personal Recollections Of The Events" du Dr. Nimrod Raphaeli. Celui-ci présente les personnages-clés du farhud
- les quatre colonels - Salah Al-Din Al-Sabbagh, Kamel Shabib, Mahmud Salman, Fahmi Sa'id, connus comme Al-muraba' Al-Dhahabi ou le Carré en or (Golden Square), commandants des quatre divisions armées irakiennes dans les années 1930 -. Les colonels ont été rejoints par Yunis Al-Sab'awi, un journaliste qui a travaillé à la légation allemande en tant que traducteur de la propagande nazie, dont Mein Kampf d'Hitler ; 
- le Premier ministre Rashid Ali Al-Kailani ;
- le Mufti de Jérusalem et ses complices ;
- Younis Bahri (Radio Berlin) ;
- le Chef de la Légation allemande à Bagdad Fritz Grobba (communément dénommé "l'ambassadeur allemand", mais il n'avait pas ce rang) - franc-maçon, arrêté par les Soviétiques en 1946, il a été emprisonné durant dix ans et, durant ses interrogatoires, il a confirmé le plan génocidaire d'Hitler concernant les Juifs vivant au Moyen-Orient - ;
- l'ambassadeur britannique à Bagdad Kinahan Cornwallis qui a refusé de faire intervenir l'armée britannique durant le farhud, malgré les supplications de dirigeants de la communauté juive et de l'ambassadeur des Etats-Unis. 

Certaines figures sont demeurées fidèles aux nazis jusqu'à la fin. La photographie ci-contre montre trois de ces personnages : le Mufti de Jérusalem, Al-Kailani et Grobba. Elle a été prise en 1942 au camp de Trebbin, près de Berlin, où les détenus, y compris des Juifs, étaient contraints à des travaux forcés. Le camp Trebbin était considéré comme une succursale du camp de concentration de Sachsenhausen. Ce cliché a été vendu par la maison de ventes aux enchères Kedem Auction House à Jérusalem. (Tablet Magazine, 7 avril 2021)

En juillet 1948, il est interdit aux 140 000 Juifs de quitter l'Iraq. De lourdes amendes sont infligées aux Juifs irakiens riches.

En septembre 1948, Shafik Adass, millionnaire Juif irakien, est exécuté.


En 1949, la communauté Juive irakienne compte 130 000 âmes.


De 1949 à 1952, 120 000 Juifs (92% de cette communauté) opprimés, dénaturalisés, spoliés, émigrent, généralement vers Israël.

Le 12 janvier 1950, une loi bancaire ruine les agents de change, majoritairement Juifs.


Le 9 mai 1950, une loi prive de la nationalité les Juifs quittant l'Irak. Le 10 mars 1951, les biens des Juifs, ayant quitté le pays et déchus de leur nationalité, sont gelés.


Le 14 juin 1950, l'attentat contre une synagogue de Bagdad fait trois morts et vingt blessés.


Le 27 janvier 1969, sous Saddam Hussein, quatorze Irakiens, dont neuf Juifs, sont pendus publiquement pour « complot sioniste ». Pendant plus de vingt-quatre heures, leurs dépouilles demeurent visibles. Des dirigeants irakiens haranguent alors une foule de 200 000 individus.

Dans les années 1970, Saddam Hussein a confisqué les archives de cette communauté. Ces archives, comme celles des Juifs d'Egypte constituent des enjeux majeurs.


Parmi les Juifs irakiens émigrés célèbres : les frères Saatchi, publicitaires britanniques, Naïm Kattan, universitaire canadien auteur de « Adieu Babylone » (1975), et le peintre Abraham Hadad.

Victimes de l’exode oublié d'environ un million de Juifs des pays arabes ou musulmans dès 1948, les Juifs irakiens de la diaspora ou leurs descendants réclament des indemnisations pour les préjudices subis.


Souvent âgés, isolés, malades et pauvres, les 34 Juifs irakiens vivent en 2003 dans les villes, cachant leur identité dans une société martelant la haine d’Israël et des Juifs.

"Durant trois décennies, David Goldstrom a servi dans la marine américaine dans le Pacifique, en Irak et en Afghanistan ; il est désormais aumônier des vétérans rentrés chez eux. Vers le début de la guerre en Irak en 2003, David Goldstrom a dirigé un office de Yom Kippour devant environ 50 soldats dans un ancien palais de Saddam Hussein à Tikrit, Irak. Les livres de prières et les châles (talit, en hébreu) provenaient de sa réserve personnelle. Le rouleau de la Torah a été donné par une synagogue de Baltimore. Goldstrom a animé une discussion sur la lecture du jour du Livre de Jonas, qui raconte l’histoire d’un prophète ayant reçu l’ordre de Dieu d’aller à Ninive – une ancienne ville dans ce qui est maintenant l’Irak – mais qui a tenté de fuir. Aujourd’hui, Goldstrom, 53 ans, est le chef des aumôniers au Atlanta VA Health Care System [Hôpital des anciens combattants]. Sa carrière militaire s’est échelonnée sur plus de trois décennies et l’a mené du Moyen-Orient au milieu de l’océan Pacifique, et d’officier de la marine en service actif à rabbin sur les lignes de front.

Découvertes en piteux état en 2003 lors de l'Opération Liberté pour l'Irak par des soldats américains, les archives juives irakiennes ont été rapatriées aux Etats-Unis et présentées, après leur restauration, dans une exposition itinérante.

Après avoir traversé des lieux bibliques, « le Major Carlos C. Huerta, rabbin de la 1ère Division aéroportée », découvre « la synagogue de Nineveh (Mosul), cité du prophète Jonas, emplie de détritus » (New Jersey Jewish Standard, 8 août 2003).


Le 1er juin 2015 est la  date du lancement du Jour international du Farhud. Les 1er et 2 juin 1941, eut lieu le farhud, pogrom, à Bagdad, capitale de l'Iraq. Organisée par l'International association of Jewish Lawyers and Jurists (IAJLJ), l'American association of Jewish Lawyers and Jurists (AAJLJ) et Stand With Us, une cérémonie a eu lieu ce 1er juin 2015, à 13 h 15, au siège de l'ONU à New York en présence notamment d'Edwin Black, auteur du Farhud, et du rabbin Elie Abadie. Elle liera le souvenir de cette tragédie à l'exode de près d'un million de Juifs du monde musulman (sphère Arabe, Turquie, Iran, partie de Jérusalem occupée par la Transjordanie), essentiellement des années 1940 aux années 1970.

Publiée en janvier 2016, une photographie montre que la tombe du prophète juif Ézéchiel, lieu de pèlerinage juif situé à al Kifl près de Bagdad, a été transformée en lieu musulman chiite surplombé par un minaret et recouvert d'inscriptions islamiques. Une pétition visant à alerter l'Unesco, les gouvernements et organisations occidentaux avait recueilli 1102 signatures. Issu de la tribu de Lévi, le prophète Ézéchiel a vécu au VIe siècle avant l'ère commune. Quand Nabuchodonosor II, roi de Babylone (597 av. J.-C.), a conquis le royaume de Juda, il fit détruire me temple de Salomon, premier temple de Jérusalem (587 av. J.-C.), et les Hébreux furent exilés en Mésopotamie après une ultime révolte (582 avant l'ère commune). Ézéchiel  et son épouse ont été exilés en 597 avant l'ère commune à Tel Aviv, village de Basse-Mésopotamie situé près de Nippour. Livre composant la Bible hébraïque, le Livre d’Ézéchiel annonce le retour des Juifs en Eretz Israel et la refondation de leur Etat.

En mars 2016, Sherzad Omar Mamsani, directeur des Affaires kurdes juives, a alerté sur les destructions du patrimoine juif - synagogues, cimetières - dans les régions de l'Iraq sous domination iranienne. Il a alerté en vain l'Unesco. Il a perdu sa main gauche lors d'un attentat terroriste contre sa maison et sa famille.

Sherzad Omar Mamsani est l'un des six membres de la délégation de Kurdes et Yazidis ayant visité le 13 mars 2016 le Mémorial Yad Vashem à Jérusalem (Israël). La délégation comprend aussi Saeed Khudeda Alo, enseignant à l'université de Duhok, et Khaleel al-Dakhi, avocat Yazidi et militant qui a aidé à sauver des personnes de l'esclavage par l'Etat islamique (ISIS). Cette délégation a participé à une conférence de la Spring of Hope Foundation et dont le thème est les voix des minorités ethniques et religieuses persécutées.

Constituées de dizaines de milliers de livres et documentas, les archives juives Irakiennes (Iraqi Jewish Archives) sont devenues un enjeu entre le pouvoir politique irakien et les Juifs d'origine irakienne. Le pouvoir politique irakien a obtenu leur retour en Irak. Ce qui a suscité l'indignation d'associations juives qui réclament leur dépôt en Israël où vit la majorité des Juifs ayant du quitter l'Irak généralement dans les années 1940 et 1950.  Une pétition a été lancée afin de soutenir la conservation par l'Etat juif de ces archives juives.

Le Jewish Museum of Maryland présenta l'exposition Discovery and Recovery: Preserving Iraqi Jewish Heritage (15 octobre 2017-15 janvier 2018). Discovery and Recovery: Preserving Iraqi Jewish Heritage "details the dramatic recovery of historic materials relating to the Jewish community in Iraq from a flooded basement in Saddam Hussein’s intelligence headquarters, and the National Archives’ ongoing work in support of U.S. Government efforts to preserve these materials. In both English and Arabic, the 2,000 square foot exhibit features 23 recovered items and a “behind the scenes” video of the fascinating yet painstaking preservation process. This exhibit was created by the National Archives and Records Administration, with generous support from the U.S. Department of State".

"Display Highlights Include:
>A Hebrew Bible with Commentaries from 1568 – one of the oldest books in the trove;
>A Babylonian Talmud from 1793;
>A Torah scroll fragment from Genesis – one of the 43 Torah scroll fragments found;
>A Zohar from 1815 – a text for the mystical and spiritual Jewish movement known as “Kabbalah”;
>An official 1917 letter to the Chief Rabbi regarding a request to Allow Jewish Prisoners to Attend Worship for Rosh Hashanah (the Jewish New Year);
>Materials from Jewish schools in Baghdad, including exam grades and a letter to the College Entrance Examination Board in Princeton regarding SAT scores;
>A Haggadah (Passover script) from 1902, hand lettered and decorated by an Iraqi Jewish youth; and
>
A lunar calendar in both Hebrew and Arabic from the Jewish year 5732 (1971-1972) – one of the last examples of Hebrew printing produced in Baghdad".

"Discovery and Recovery is divided into six sections:
Discovery: The dramatic story of how these materials were found, rescued and preserved is one worthy of a Hollywood blockbuster. A short film captures these heroic efforts. The section includes the actual metal foot lockers used to ship the documents to the United States.
Text and Heritage: This section explores Iraqi Jewish history and tradition through recovered texts, including a Torah scroll fragment, a Hebrew Bible with Commentaries from 1568, and a Babylonian Talmud from 1793.
Iraqi Jewish Life: Constancy and Change: Using recovered texts, this section explores the pattern of Jewish life in Iraq. Highlights include a Haggadah (Passover script), siddur (prayer book) and an illustrated lunar calendar in both Hebrew and Arabic (one of about 20 found that date from 1959-1973).
Personal and Communal Life: Selected correspondence and publications illustrate the range and complexity of Iraqi Jewish life in the 19th and 20th centuries. Original documents and facsimiles in flipbooks range from school primers to international business correspondence from the Sassoon family.
After the Millennia: Iraqi Jewish life unraveled in the mid-20th century, with the rise of Naziism and proliferation of anti-Jewish propaganda. In June 1941, 180 Jews were killed and hundreds injured in an anti-Jewish attack in Baghdad. Persecution increased when Iraq entered the war against the new State of Israel in 1948. In 1950 and 1951, many Iraqi Jews were stripped of their citizenship and assets and the community fled the county en masse. This section includes the 1951 law freezing assets of Iraqi Jews.
Detail of Tik (Torah case) and Glass Panel from Baghdad, 19th-20th centuries. In Jewish communities throughout the Middle East, the Torah scroll is generally housed in a rigid “tik” or case made of wood or metal".

"This exhibit is made possible, in part, through the generous support of our lead sponsor, The Herbert Bearman Foundation. Additional sponsors include: Alfred Moses, The David B. Liebman Philanthropic Fund, The Jacob and Hilda Blaustein Fund for the Enrichment of Jewish Education, Middendorf Foundation, John J. Leidy Foundation, Lois and Philip Macht Family Philanthropic Fund, Lowell Glazer".


Sauce à base de mangue, de vinaigre, de sel, de moutarde, de curcuma, de piment et de fenugrec, l'amba a été introduite en Iraq par des marchands juifs indiens. Les Juifs irakiens exilés ont continué d'en agrémenter leurs repas. L'amba est intégrée dans la gastronomie israélienne.

Le 6 juin 2018, le cadavre de Susanna Feldman, juive allemande âgée de 14 ans, a été retrouvé à Wiesbaden. L'adolescente avait été battue, violée, puis étranglée par Ali Bashar, âgé de 21 ans, le 23 mai 2018. "Ali Bashar et sa famille, arrivés en Allemagne en octobre 2015, ont brutalement quitté un foyer pour demandeurs d'asile en Allemagne après le meurtre, et Ali Bashar a été arrêté par les forces kurdes en Irak. Il a été remis, peu de temps après, à des policiers allemands. La chancelière Angela Merkel "a reconnu en juin 2018 que l’affaire Susanna était « une leçon » car elle montrait l’importance de « renvoyer chez eux rapidement » les immigrés sans permis de séjour. D’autant qu’Ali Bashar était connu de la police. Avant le meurtre, il était déjà soupçonné de vol et viol. Son procès intervient en 2019 quelques jours après la mort d’une Allemande de 21 ans à Worms, poignardée par son conjoint, un demandeur d’asile tunisien débouté. L’AfD a accusé le gouvernement de grande coalition (GroKo) d’Angela Merkel". Ali Bashar a été reconnu coupable de ces faits, dont un "meurtre de sang froid", et condamné à la prison à vie par un tribunal de Wiesbaden en juillet 2019. Ali Bashar devait aussi "être jugé avec un coaccusé à compter du 19 mars 2019 pour les viols répétés d’une enfant de 11 ans". Le 28 avril 2020, une cour fédérale allemande "a rejeté l’appel du demandeur d’asile irakien" qui n'a jamais exprimé de regret ou remord, et ne bénéficiera donc pas d'une libération après 15 ans de détention. Pour s'opposer à sa condamnation, le criminel avait fait valoir que son retour d'Irak constituait un "obstacle procédural". "Ce cas est l’un des faits divers dont l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) s’est emparé pour dénoncer la politique d’accueil de la chancelière Angela Merkel en 2015 et 2016, années où plus d’un million de migrants sont arrivés. « Ce n’est pas "l’extrême droite" qui pose problème, mais c’est l’immigration armée de couteaux de la GroKo qui commet toujours plus d’actes sanglants », martelait le parti".

Née juive sous la dictature irakienne, Ceen Gabbai "a enduré un antisémitisme constant dès son jeune âge. Elle affirme que, bien que les Irakiens prétendent être opposés au sionisme mais tolérants envers les Juifs, elle ne s’est jamais sentie acceptée pour ce qu’elle était. Les professeurs lui donnaient du fil à retordre en classe malgré ses bonnes notes. On lui a même donné une copie du manifeste d’Adolf Hitler, Mein Kampf. La famille de Gabbai cachait son judaïsme à ses amis et voisins, laissant les autres croire qu’ils étaient chrétiens ou agnostiques. Quand ses condisciples l’apprenaient, ils se moquaient d’elle. Pendant que Gabbai grandissait, la famille a dû déménager cinq fois à cause du harcèlement antisémite... Gabbai avait peur de dire à l’une de ses amies proches, une musulmane pratiquante, qu’elle était Juive. Mais quand elle l’a fait, son amie l’a acceptée, et les deux sont restées proches (bien que Gabbaï n’ait jamais révélé sa religion aux parents de son amie). Et peu avant le départ de Gabbai, ses amis se sont enregistrés en privé en chantant la « Hatikvah », l’hymne national d’Israël, pour lui dire qu’ils l’aimaient... Ceen Gabbai a survécu à l’invasion américaine de l’Irak en 2003 et aux années de guerre qui ont suivi. Alors que la guerre faisait rage, Gabbai a obtenu son baccalauréat en droit à l’âge de 19 ans, la plus jeune de sa promotion. Peu de temps après, elle a obtenu l’asile aux États-Unis avec l’aide de HIAS, une organisation américaine d’aide aux réfugiés juifs en 2015. Elle vit maintenant dans un quartier orthodoxe de Brooklyn au sein de la communauté juive syrienne, élève un enfant, enseigne à l’école primaire et écrit des livres pour enfants. Elle n’éprouve aucune nostalgie pour le passé, mais elle a l’impression que les épreuves qu’elle a endurées lui ont appris à faire face à n’importe quelle situation". 

Née en 1977, Jessica Meir, biologiste et astronaute américano-suédoise, a effectué un séjour, à bord du Soyouz MS-15, avec l'astronaute russe Oleg Skripotchka, commandant, et l'Emirati Hazza Al Mansouri, ingénieur de vol, dans la Station spatiale internationale (ISS) du 25 septembre 2019 au 17 avril 2020.  


Le 1er novembre 2019, elle a twitté : "My father's globe spanning journey as a surgeon from the Middle East, to Europe, and eventually to the U.S. was an inspiration to many in my immediate and extended family. #TheJourney" (Le voyage autour du monde de mon père comme chirurgien du Moyen-Orient, en l’Europe puis aux Etats-Unis a été une inspiration pour beaucoup de personnes dans ma famille proche et lointaine. #LeVoyage, Ndlr)

Le 3 novembre 2020, le Président israélien lui a répondu en hébreu par ce Twitt : “Chère Jessica, merci pour nous avoir amenés avec vous dans votre voyage dans l'Espace. Nous sommes fiers de vous et vous envoyons nos chaleureuses salutations d'Israël".


Le 11 décembre 2019, Jessica Meir a twitté : "My father’s journey began here in Baghdad, his birthplace and home to Meirs for many years. Goodnight Baghdad! #TheJourney #GoodnightFromSpace". Et elle a posté une photographie montrant l'Etat d'Israël.

Le père de Jessica Meir était né en 1925 dans une famille nombreuse juive irakienne. En 1934, la famille a fait son aliyah en Palestine mandataire. Le père de Jessica Meir étudiait la médecine à l'université américaine de Beyrouth (Liban) quand a surgi la Guerre d'Indépendance. Il est retourné dans l'Etat d'Israël renaissant et y a combattu. Il achève ses études en Suisse, et y épouse une infirmière suédoise qui ne se convertit pas au judaïsme. Il l'épouse, complète sa formation aux Etats-Unis, et y saisit une opportunité professionnelle à Caribou, Maine. Jessica Meir fait sa bat-mitzvah. Elle s'est rendue en Israël dans le cadre d'une visite familiale, et pour y faire une conférence comme astronaute.


En novembre 2019, après avoir reçu cinq membres de la famille de Yitzhak Bar Moshe au siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah, Mahmoud Abbas (Abou Mazen), "président" de l'Autorité palestinienne, a souhaité imprimer Exode d'Irak, livre de l’auteur israélien d’origine irakienne disparu Yitzhak Bar Moshe afin d'en distribuer des exemplaires aux Palestiniens et autres lecteurs arabes. C'est ce qu'a déclaré Ziad Darwish, membre de la Commission de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) pour l’interaction avec la société israélienne. Mahmoud Abbas « veut qu’ils sachent ce qui leur est arrivé en Irak, mais également dans les camps de transit en Israël. Il a fait savoir à la famille de Bar Moshe qu’il l’avait lu pour la première fois lorsqu’il vivait en Syrie et qu’il l’avait fait pleurer. Il a dit qu’il pensait qu’il était très important, car il montre comment la souffrance des Juifs irakiens est similaire à celle du peuple palestinien », a expliqué Darwish, cousin du célèbre poète palestinien Mahmoud Darwish qui était ami avec Bar Moshe, au Times of Israel. La famille de l'auteur a donné son accord pour cette reproduction de ce livre publié d'abord en arabe, puis traduit en hébreu.

"De nombreux Juifs d’Irak, arrivés en Israël dans les années 50, ont passé du temps dans des camps de transit appelés ma’abarot, qui accueillaient principalement des Juifs venus de pays arabes à leur arrivée dans l’État hébreu. Ces camps, la plupart composés de tentes et de cabanes de fortune, connaissaient des conditions sanitaires déplorables et des problèmes d’eau et ont poussé des membres de la communauté d’accuser leur nouveau pays de discrimination."


"Par le passé, Abbas, auteur de plusieurs livres lui-même, a allégué qu’Israël, en coordination avec les autorités britanniques et irakiennes, avait perpétré les violences contre les Juifs d’Irak pour les encourager à émigrer vers l’État juif balbutiant. En 2012, il a cité ce qu’il a présenté comme l’une des descriptions faites par Bar Moshe de la discrimination que les Juifs d’Irak ont subie à leur arrivée en Israël dans un article. « [L’ancien Premier ministre David Ben Gurion] a implémenté ce qu’il espérait lorsqu’il a envoyé ses émissaires en Irak et au Maroc pour y déraciner les Juifs par la force et la mort afin de faire venir des centaines de milliers d’entre eux [en Israël] », avait-il alors écrit.

"Tom Segev, un historien israélien, n’a pas connaissance de preuves appuyant les affirmations du dirigeant arabe. De son côté, Shlomo Hillel, qui a joué un grand rôle dans l’exode des Juifs d’Irak, les a décrites comme une invention. « L’affirmation d’Abbas est parfaitement fausse et mensongère. Les Juifs en Irak ont été arrêtés et chassés de leur travail. Des manifestations étaient également organisées contre eux. Ils vivaient dans des conditions très dures », a assuré Shlomo Hillel, 96 ans, par téléphone. « Ils ont fui. » Dans un article paru en 2007, Reuven Snir, un enseignant de littérature arabe de l’université de Haïfa, avait indiqué que Exodus from Iraq avançait en réalité que les autorités irakiennes étaient responsables du départ des Juifs. « Le lecteur est amené à la conclusion que l’émigration juive n’était pas du tout le résultat d’une motivation sioniste intérieure de la part des Juifs irakiens, mais plutôt le résultat de la pure bêtise et de l’aveuglement des autorités irakiennes à l’époque ainsi que de leurs politiques myopes et de leur opportunisme cynique », avait-il ainsi écrit dans Middle Eastern Studies, au sujet du livre de Bar Moshe. « Il semble qu’ils aient utilisé les Juifs comme bouc-émissaire de leurs propres problèmes et échecs, afin de se protéger de la colère de leur peuple. »


"Bar Moshe et sa famille ont quitté Bagdad en 1950, après l’arrestation et la pendaison de deux de ses amis par les autorités pour leur implication dans des activités communistes et sionistes, d’après Shemer, musicien basé à Jérusalem, âgé de 23 ans à l’époque. Après son installation en Israël, Bar Moshe fonde al-Anbaa, un quotidien arabophone, et devient ensuite directeur d’une station de radio en arabe financée par le gouvernement. À la suite de la signature du traité de paix avec l’Égypte en 1979, il sert d’attaché pour les affaires culturelles et journalistiques à l’ambassade israélienne du Caire. Il écrira au moins dix livres en arabe, dont trois seront traduits en hébreu."


"Lors d’une émission télévisée dimanche soir [31 mai 2020], la question s’est posée de savoir pourquoi ce massacre qui s’est déroulé en Orient durant la Shoah n’a pas été retenu dans l’historiographie israélienne comme conséquence de la propagande nazie et qu’il est si méconnu de la jeunesse. La réponse la plus pertinente qui a été donnée est qu’il ne fallait pas mettre en évidence le lien ontologique entre le nazisme et le mouvement national palestinien qui s’en est pourtant grandement inspiré. Ce n’était pas « politiquement correct ». Il y a encore aujourd’hui en Israël une réticence coupable à insister sur les passerelles établies entre le nazisme et les mouvements islamiques entre les années 1920 et 1940 et sur les liens étroits, structurels même, entre le nazisme et la naissance du nationalisme arabe dit « palestinien ». Cette occultation aux conséquences politiques très graves se double d’une injustice criante envers les familles des victimes : tout comme en mars 2019, la Cour suprême a rejeté cette année un recours déposé par des organisations représentant des Juifs originaires d’Irak qui demandaient à ce que les victimes de ces pogroms ou leurs descendants soient reconnus comme victimes des persécutions nazies. Bien que reconnaissant que l’Allemagne nazie était en partie responsable des émeutes du Farhoud, les juges ont interprété de manière restrictive la loi de compensations de 1957, excluant de son champ les victimes du « Farhoud » !", a écrit Shraga Blum le 31 mai 2020.

Fin mai 2022, le Parlement irakien a voté une loi criminalisant les relations, notamment économiques, avec l'Etat d'Israël.

Chrétiens
L’Eglise de l’Orient survit, mais ses membres s’exilent dès les années 1960, et surtout depuis les années 1980, vers l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Australie.

Les chrétiens les plus illustres sont le vice-Premier ministre Tarek Aziz et le patriarche Raphaël Bidawid, chef de l’Eglise chaldéenne et soutien du Raïs.


Les Chaldéens étaient au nombre de 350 000, soit près de la moitié des chrétiens irakiens. Le 29 avril 2003, les patriarches et évêques d’Irak revendiquaient la liberté religieuse pour tous. L’instabilité politique et la volonté d’islamistes d’imposer la charia (loi islamique) obèrent l’avenir des chrétiens et des Juifs.



Le nombre de chrétiens irakiens s'élevait à environ 1,5 million vers 2005. Dix ans plus tard, il est estimé à environ 500 000 en Irak. Les autres ont été soit assassinés soit en exil.

Après l'exil contraint des Juifs, les chrétiens ont du, en nombre croissant, quitter l'Iraq. Un exode accéléré par l'avènement en 2014 de l'Etat islamique  en Irak et au Levant (EIIL) ou en anglais Islamic State of Iraq and al-Sham (ISIS) - al-Sham désignait la province de Syrie dans les précédents califats - qui a annoncé le rétablissement du  califat aboli en 1924.


Dans les territoires qu'ISIS (Etat islamique) contrôle, notamment en Iraq, ISIS a imposé la dhimmitude qui exige que les chrétiens payent un impôt (jizya) pour leur "protection" réduit à un état inférieur, cruel et humiliant.


Le 28 septembre 2017, au Collège des Bernardins, Yahad - In Unum proposa la conférence de la Dr. Maria Rita Corticelli "Les Chrétiens et les Juifs en Irak : Défis et Espoirs". " La présentation propose un panorama historique afin de mieux connaître les communautés chrétiennes et juives d’Irak, leur patrimoine et de comprendre les défis auxquels elles font face. L’intervenante mettra un accent particulier sur le tournant qui a eu lieu ente 2003 et aujourd’hui. Avec l’invasion de l’Irak par l’Etat Islamique en 2014, toutes les minorités religieuses présentes en Irak ont dû faire face à des persécutions qui ne sont, certes pas les premières, mais qui sont les pires de l’histoire contemporaine du pays".

Musulmans
Cet Etat composite est peuplé à 75-80% d’Arabes, et à 15-20% de Kurdes, de Turkmènes et d’Assyriens. Les Sunnites (sunna, tradition) sont essentiellement Kurdes ou Arabes.

Trois Irakiens sur quatre sont liés à 150 tribus. Conscients de la force des liens claniques, Saddam Hussein se rapproche des tribus lors de la première guerre du golfe. En 2003, vêtu en Bédouin, il les appelle à la lutte.

Dès 1991, ce partisan de la laïcité se tourne vers l’islam : relative prohibition de l’alcool, enseignement obligatoire du Coran, interdiction de prénoms chrétiens, etc. La propagande l’associe au Dôme en or du Rocher (Jérusalem).

Quant aux chiites, persécutés par Saddam Hussein, majoritaires à Bagdad, ils peuplent le sud de l’Irak où sont situés Nadjaf et Kerbala, leurs deux lieux les plus saints. Nadjaf abrite le tombeau d’Ali, gendre et cousin de Mahomet, premier imam du chiisme. Rivale de l’école de Qom (Iran), celle de Nadjaf est dirigée par les ayatollahs Khoï, puis Sistani. A Kerbala, se trouve le mausolée du fils d’Ali, Hussein, vaincu et tué par les sunnites Omeyyade.

Kurdes
Vivant dans le nord de l’Irak (cinq millions), les Kurdes sont aussi implantés en Turquie (15 millions), Iran (sept millions), Syrie (un million) et en Russie (350 000).

Leur aspiration à un Etat indépendant, prévu par le traité de Sèvres (1920), refusé par celui de Lausanne (1923), menace d’éclatement les pays où ils habitent.

Instrumentalisés par divers gouvernements, minés par leurs divisions, les Kurdes se sont opposés au régime du dictateur qui a réprimé leurs insurrections, notamment en 1991, provoquant alors la fuite de deux millions d’entre eux vers la Turquie et l’Iran.

Le 8 septembre 2002, les dirigeants de l’opposition kurde au Raïs, Massoud Barzani du Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) et Jalah Talabani, de l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK), signent la paix. Gouvernant une zone autonome au nord du 36e parallèle, ils s’accommoderaient d’un Etat fédéral au régime démocratique.

Le 25 septembre 2017, "le « oui » l’a emporté avec 92,73 % au référendum d’indépendance organisé au Kurdistan irakien, selon les résultats officiels proclamés" le 27 septembre 2017 "par la commission électorale. Selon ces données, la participation a atteint 72,16 %, soit plus de 3,3 millions de votants".

Ces "chiffres viennent renforcer le président de cette région autonome, Massoud Barzani, à l’initiative du référendum. Avant même la proclamation officielle des résultats, l’homme fort du Kurdistan irakien avait pris la parole, mardi, lors d’une allocution télévisée, pour inviter le gouvernement irakien à entamer avec lui « un dialogue sérieux (…) plutôt que de brandir des menaces ».

Des drapeaux israéliens ont été brandis lors de rassemblements de Kurdes au Kurdistan ou en Europe avant ce référendum. L'Etat d'Israël, où vivent des Kurdes juifs, a salué les résultats de ce référendum et un Etat kurde indépendant, et condamne l'utilisation du terrorisme.

Ce qui a suscité l'ire notamment de la Turquie.

Yazidis
Les Yazidis ou Yézidis vivent principalement dans le nord de l'Iraq. Environ 300 000 Yazidis se sont réfugiés au Kurdistan irakien pour fuir les persécutions de l'Etat islamique : mise en esclavage, viols, etc.

L'« Etat islamique » (EI) a commis un génocide notamment à l'égard des Yézidis.

Le Père Patrick Desbois "a consacré sa vie aux recherches sur la Shoah, au combat contre l’antisémitisme et à l’amélioration des relations entre catholiques et Juifs. Patrick Desbois est prêtre catholique et Président de Yahad-In Unum".


Il a co-écrit, avec Nastasie Costel, La Fabrique des terroristes - Dans les secrets de Daech. Le 29 juin 2017, sur i24News, le père Patrick Desbois s'est indigné du silence sur le génocide commis par l'Etat islamique à l'égard des Yézidis, et probablement aussi d'autres minorités religieuses : "Ce qui est le plus choquant pour moi c'est que Baghdadi, la police religieuse, ont commis un génocide contre les Yézidis et peut-être contre d'autres minorités. Ils ont aussi expulsé tous les chrétiens, les ont maltraités. Personne n'est accusé de génocide, on parle de l'Etat islamique comme d'une entité qui disparaît". Il a souligné l'importance de désigner les coupables de ce génocide par leur nom. Il demeure sceptique à l'égard de la "mort" de l'Etat islamique qui selon lui "a besoin d'argent", se projette ailleurs", dans d'autres pays, et compte sur ses "lionceaux" pour poursuivre sa guerre. Il a évoqué le sort bouleversant des enfants captifs, convertis de force, victimes de "lavages de cerveaux", revendus - 25 000 dollars la fille, 15 000 dollars le garçon - et ne reconnaissant pas leurs parents ou les traitant de "koufars" (mécréants, en arabe). Yadad-In Unum construit des "ateliers avec des psychologues pour réveiller les enfants yazédis", forme des femmes, souvent veuves, à des métiers afin qu'elles acquièrent leur indépendance, etc.

Sarah Abdali Idan
Née en 1990, Sarah Idan est une mannequin, animatrice de télévision, chanteuse. Après l'opération militaire en 2003, elle se réfugie avec sa famille en Syrie. Après un concert d'
Enrique Iglesias à Damas, elle s'est liée d'amitié avec son pianiste Michael Bluestein, membre du groupe de rock Foreigner) Quelques années plus tard, elle retourne en Iraq. Agée de 18 ans, elle a travaillée comme traductrice pour l'armée américaine. Elle a été couronnée Miss Universe Iraq 2017. Durant le concours, elle a posé avec la candidate israélienne, Adar Gandelsman, et a posté la photographie sur Instagram. Ce qui a suscité un tollé en Irak. En décembre 2017, Sarah Idan et sa famille, menacés, ont été contraints de quitter l'Irak.

En juin 2018, Sarah Idan a rencontré son amie Adar Gandelsman à Jérusalem (Israël). Elle a visité le marché de Mahané Yéhuda où elle a été accueillie chaleureusement par les Juifs israéliens d'origine irakienne. Elle a déclaré : "En fait, ça m'a fait bizarre - les gens ressemblent à mon peuple. Et la ville ressemble à Damas, à la Syrie, et j'y suis déjà allée, donc tout me semble familier."

Sur le conflit, elle considère : "Je ne pense pas que l'Irak et Israël soient des ennemis. Je pense que les gouvernements sont peut-être ennemis entre eux, mais il y a beaucoup d'Irakiens qui n'ont pas de problème avec Israël ou avec le peuple Juif. Beaucoup d'Irakiens sont de mon côté, et je crois qu'ils sont heureux que je sois là."

En juillet 2019, après avoir fustigé à l'ONU la partialité de médias, le mouvement terroriste islamiste Hamas et l'antisémitisme enseigné dans des pays islamiques, elle a été dénaturalisée.

Elle soutient l'Etat Juif. 

(Arte Magazine , 25 août 2016)

"Ancien correspondant en Irak, Lucas Menget, le réalisateur de "Bagdad, chronique d’une ville emmurée", revient ici sur les grandes étapes d’un chaos irakien qui dure depuis treize ans. Propos recueillis par Lætitia Møller. 


Pour quelles raisons les Américains, alors qu’ils se voyaient en libérateurs du pays, sont-ils confrontés dès 2003 à l’hostilité des Irakiens ?

Lucas Menget : Dès le départ, les Américains commettent deux erreurs historiques majeures : ils dissolvent l’armée et le parti Baath, supposés être des repaires de partisans de Saddam Hussein. Ce que l’administration du premier gouverneur Paul Brenner, qui ne connaît rien au pays ni au Moyen-Orient, n’a pas compris, c’est que toute l’administration du pays, le moindre fonctionnaire, enseignant ou employé de banque, devait obligatoirement adhérer au parti baathiste. Des dizaines de milliers d’Irakiens se retrouvent donc humiliés, sans travail et sans ressources, et en conçoivent une très grande colère. Aveuglés par leur posture héroïque, les Américains refusent de voir l’insurrection qui est en train de germer dans le pays. Ce n’est qu’en avril 2004, lorsque les paramilitaires de l’entreprise Blackwater sont tués et leurs corps calcinés pendus au pont de Falloujah, qu’ils réalisent que cela va être plus compliqué que ce qu’ils avaient imaginé.

Pourquoi l’Irak bascule-t-il alors dans la guerre civile ?

Les Américains pensent un peu naïvement qu’en confiant l’intégralité du pouvoir aux chiites (70 % de la population) la majorité sera satisfaite et que la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, se taira. Au contraire, des heurts de plus en plus violents ont lieu entre les communautés. En 2006, l’attentat spectaculaire contre la mosquée de Samarra, l’un des lieux les plus saints des chiites irakiens, marque le début d’une vraie guerre interreligieuse, qui se poursuit encore aujourd’hui. Les Américains – et le gouvernement de transition irakien – élèvent alors des murs à Bagdad pour séparer les communautés et faire diminuer la violence. Cela produit à l’inverse un effet cocotte-minute qui ouvre une période de massacres, d’attentats et de raids nocturnes d’un quartier contre l’autre. 

Quelle part ont prise les puissances régionales dans ce conflit ?

L’Irak est devenu l’une des lignes de front principales de la gigantesque bataille entre sunnites et chiites au Moyen-Orient. Les puissances régionales – dont l’Arabie saoudite et le Qatar pour le camp sunnite, et l’Iran du côté chiite – deviennent en sous-main les maîtres d’œuvre de la guerre civile en Irak, qu’ils voient comme une extension de leur pouvoir. Les Iraniens, notamment, exercent une influence très forte, par l’intermédiaire des décideurs chiites irakiens exilés, qu’ils avaient formés durant la dictature de Saddam Hussein, et qui constituent désormais leurs meilleurs relais à l’intérieur du pays.

Comment l’État islamique est-il parvenu à prendre racine dans le pays ?

Le mouvement – qui s’appelle à l’époque Al-Qaida en Irak – est en germe dès 2003 et devient une rébellion puissante sous l’impulsion d’Abou Moussab al-Zarqaoui qui instrumentalise la colère d’une partie des sunnites dépossédés de leur pouvoir. Par ailleurs, les Américains ont besoin d’un ennemi pour justifier leur intervention. En désignant Al-Zarqaoui comme le Ben Laden de l’Irak, ils lui donnent l’aura dont il a besoin pour se présenter comme le fer de lance de la lutte contre les Américains et les chiites. En 2013, le mouvement reprend de la vigueur, désormais sous le nom d’État islamique mené par Abou Bakr al-Baghdadi, qui saisit très intelligemment l’opportunité de la guerre civile syrienne pour aller y recruter des hommes, y amasser de l’argent, se donner une crédibilité et une stratégie, avant de revenir en Irak, prendre Mossoul, la deuxième ville du pays, et annoncer le rétablissement d’un califat sunnite en Irak et en Syrie, en 2014.

Quelle est la situation actuelle ?

On est plus que jamais à un moment d’une violence extrême. L’attentat de Bagdad, qui a fait près de trois cents morts début juillet, montre que malgré la reprise très symbolique de Falloujah – et sans doute prochainement celle de Mossoul – par l’armée irakienne, l’État islamique garde une immense capacité de terrorisme. Par ailleurs, les Irakiens ne font plus confiance à la classe poli- tique, totalement décriée, qui ne parvient pas à sécuriser le pays. La seule issue est un partage du pouvoir entre chiites et sunnites mais il semble très difficile à mettre en œuvre, voire impossible pour l’instant."


"Irak : après les guerres ?" réalisé par Benoit Laborde

France, 2018, 13 min
Sur Arte le 20 octobre 2018 à 19 h 30


Articles sur ce blog concernant :
Monde arabe/Islam
Shoah (Holocaust)

Cet article avait été publié en 2003 dans un dossier destiné à un CD-Rom d'EMME sur la guerre en Iraq. 
Cet article a été publié le 1er juin 2015, puis les 27 janvier, 18 mars et 1er juin 2016, 28 septembre 2017, 18 mai et 19 octobre 2018, 2 juin 2020, 28 mai 2021.

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