mardi 17 novembre 2020

Le "guet" ou divorce juif religieux

 
Lguet est l'acte de divorce juif religieux postérieur au divorce civil, libérant une femme divorcée des liens de son mariage religieux, et lui permettant de se remarier religieusement avec un autre homme sans être considérée comme adultère et sans que ses éventuels futurs enfants comme bâtards. Selon la hala'ha, il est remis volontairement par le mari à son épouse qui doit l'accepter. Au printemps 2014, une affaire concernant un guet qui aurait été délivré au siège du Consistoire israélite de Paris Ile de France contre un chèque de 90 000 euros a éclaté. Un cas révélateur d'instrumentalisations multiples préjudiciables. En Israël et en France, des mesures sont prises en faveur des demanderesses. 


"En vertu de la loi juive, un mariage est contracté par une ketouba, un contrat de mariage. Ce dernier devient nul et non avenu et le mariage est dissous dès lors qu’un guet, un acte de divorce, est remis par le mari et accepté par la femme. A l’époque de la Bible, ce document assurait la protection des femmes et leur garantissait de ne pas se retrouver démunies si leur conjoint décidait unilatéralement de les répudier. "

"Le Talmud précise que cet acte de divorce doit être remis par le mari, et ce, de son plein gré. Et c’est précisément là que le bât blesse. Si les textes juridiques juifs évoquent certaines méthodes coercitives, incitatives et autres pressions, aucun tribunal rabbinique ne peut obliger un homme à remettre le guet. Contrairement au droit civil, ce n’est pas le tribunal rabbinique qui prononce le divorce, il ne fait que le constater."

"Et force est de constater que dans les divorces litigieux, les maris récalcitrants sont nombreux à se servir du guet comme levier de pression, telle une monnaie d’échange pour harceler leur ex-épouse et leur infliger d’importantes violences morales et psychologiques."

"Tant qu’une femme n’a pas reçu son guet, elle ne peut pas, au regard de la loi juive, se remarier. Si elle entretient des rapports sexuels avec un autre homme, et que naissent des enfants, ils auraient alors le statut de mamzer (enfant illégitime), un statut hautement compliqué du point de vue de la Halakha (loi juive)."

"Il est important de souligner que si le guet était initialement un acte unilatéral, qui, s’il protégeait les femmes, était décidé par le mari, il est véritablement devenu un acte réciproque impliquant pleinement les deux parties du couple."

"Depuis le décret de Rabénou Guershom (11e siècle), un guet ne peut être donné sans le consentement de la femme. Ce décret fut accepté dans le monde ashkénaze avant de l’être dans l’ensemble du monde juif. Lors de la cérémonie du guet, réglée comme du papier à musique, la femme doit physiquement signifier qu’elle accepte l’acte de divorce. C’est précisément cette évolution qui invite à la réflexion". 

Lguet est l'acte de divorce juif religieux postérieur au divorce civil, libérant une femme divorcée des liens de son mariage religieux sous la 'houpa, et lui permettant de se remarier religieusement avec un autre homme sans être considérée comme adultère et sans que ses éventuels futurs enfants comme bâtards. L'homme est tenu de donner le guet, et la femme de le recevoir. La femme juive mariée dont le mari ne peut pas - mari disparu sans laisser de trace, absence de preuve du décès, etc. - ou ne veut pas consentir au divorce religieux est une agouna ou une messorevet guet. L'enfant né de la relation entre l'agouna et un homme est considéré comme bâtard et appelé mamzer.

En Israël, le rabbin Shlomo Goren, rabbin de Tsahal (armée) a essayé de trouver des solutions aux agounot en se fondant sur des jugements anciens, dont certains remontent à l'ère du Talmud, et sur leur interprétation. Donc en étant respectueux de la loi juive, mais en contournant l'impératif de témoignages indubitables. Ainsi, le rabbin Shlomo Goren a pu libérer sept veuves des hommes d'équipage, aux corps introuvables, et au lieu de sépulture inconnu, d'un navire israélien coulé par l'Egypte le 21 octobre 1967. Concernant les veuves de seize soldats, sur soixante-neuf hommes d'équipage, du sous-marin Dakar ayant sombré pour des raisons inconnues le 25 janvier 1968, dans un parcours entre Haïfa et la Grande-Bretagne. Le rabbin écarte l'hypothèse peu plausible de la capture de tant de marins, et se fonde sur un ancien jugement lui permettant d'assimiler le navire à une chambre close, entourée d'eau, et donc de ne plus considérer les veuves comme des agounot. Ce n'est qu'en 1999 que l'Etat d'Israël a pu repérer le Dakar sans en sortir les corps de l'équipage décédé. La guerre du Kippour en 1973, qui a traumatisé les Israéliens, a renforcé la volonté de l'armée et ud grand rabbin sépharade d'Israël Ovadia Yossef d'officialiser le décès des soldats disparus et de libérer les agounot. Des jugements hala'hiques et le recours au principe du safek safika (double doute) ainsi que la contextualisation, dans des cas d'absence de preuves ou de témoignages contradictoires sur la localisation du défunt, ont permis de mettre fin au statut des agounot. Ainsi, lors des attentats terroristes islamistes du 11 septembre 2001 à New York, un époux aurait pu fuir le feu à l'étage de son bureau dans l'une des Twin Towers touchées par l'avion détourné par les terroristes, mais il n'aurait pas échapper à l'implosion de la tour, s'extraire des ruines fumantes. Toutes solutions dont n'a pas bénéficié Tami Arad, veuve du navigateur Ron Arad, capturé par des milices libanaises le 16 octobre 1986 lors d'une opération de son Phantom à l'est de Saïda (Liban).

En 1995, la Knesset a voté la loi des sanctions afin de sanctionner le mari récalcitrant, refusant de donner le guet. Ce mari risque des saisies sur son compte bancaire, son salaire, ses biens, mobiliers ou immobiliers, l'interdiction de sortie du territoire israélien, etc. La création d'un tribunal spécial n'a guère arranger de situations délicates. A la différences des tribunaux sépharades, ceux ashkénazes peuvent théoriquement, si certaines circonstances sont réunies, exiger du mari de donner le guet à son épouse.

En 2010, à l'initiative de Françoise Atlan, vice-présidente de l'ACIP en charge de la famille, de la jeunesse et des universités, le Consistoire de Paris a institué un service "destiné à débloquer les situations d'impasse dans les procédures de divorce" et composé d'un avocat, d'un psychiatre et d'un enquêteur "social" - tous bénévoles et constituant une "équipe de professionnels impartiaux" soutenue par le Président du Consistoire, alors Dov Zerah. Ce service devait "prendre le relais du Bet Din de Paris lorsque les époux n'arrivent pas à s'entendre sur les modalités de la séparation et que le mari refuse la délivrance du guet. "Dans un moment aussi difficile qu'un divorce, on parle en effet toujours de violences faites aux femmes, mais jamais de celles subies par les hommes - par exemple, à travers le pénible chantage aux enfants... Il s'agit de recréer la confiance qui a été perdue. Les époux seront donc reçus séparément et dans un lieu neutre", a déclaré Françoise Atlan à Hamodia (17 février 2010)

"Guet-apens" au Beth Din de Paris 
Guet-apens, Règlements de comptes, Tout ça pour ça... On songe à ces titres de films ou à la morale de la fable Le rat et l’huître de Jean La Fontaine pour une histoire mal scénarisée, un divorce particulièrement conflictuel.

Le 18 mars 2014, lors d’une réunion au siège du Consistoire israélite et en présence en particulier du couple divorcé, de membres de la famille de l'ex-épouse, de Michel Gugenheim, grand rabbin de Paris, responsable du service des divorces et grand rabbin de France par interim, du rabbin Betslalel Levi, responsable du service des divorces au Consistoire, et des Rabbins Betsalel Levy, Salomon Malka et Haïm Perez, tous trois membres du Service des divorces au Consistoire, ainsi que de Yossef Itshak Pevzner, directeur des Institutions scolaires Sinaï (mouvement Loubavitch), un mari récalcitrant aurait obtenu contre la remise du guet à son ex-femme Anaëlle d’une part un chèque de banque de 90 000 € libellé à l’ordre des Institutions scolaires Sinaï, et d’autre part une attestation de l’ex-épouse reniant son témoignage dans la procédure civile de divorce. 

Ce scandale a éclaté non pas dans les médias communautaires, mais par les articles Agounot : le Consistoire français rétrograde ? de Sarah Lévy dans le Jérusalem Post  du 1er avril 2014, puis Divorces : Lettre adressée aux rabbins en France et de Francesous-titré Dysfonctionnements ou dérives du service des Divorces du Consistoire ? de Liliane Vana, "spécialiste en droit hébraïque, talmudiste et philologue" publié sur JForum le 6 avril 2014, suivi de  Divorces religieux, un scandale parmi d’autres au Consistoire ! de la romancière Eliette Abécassis sur JForum (30 avril 2014). Leur diffusion sur les réseaux sociaux a suscité une vive indignation.  

Sur Radio J le 27 avril 2014, Liliane Vana a réclamé au Consistoire de "diligenter une enquête interne et honnête sur cette remise de guet, de mettre à l'écart les personnes concernées" par cette affaire, de "nommer d'autres rabbins au service du guet" afin de remédier à des "dysfonctionnements - pas de réponse aux appels, lettres -" et d'entamer une réflexion sur le guet avec des personnes qualifiées. Elle a indiqué avoir participé avec Joël Mergui et deux autres personnes à une réunion avant Pessah sur le guet.

Tout s’accélère le 6 mai 2014, par la publication par Avenir du judaïsme, mouvement notoirement hostile à Joël Mergui, président des Consistoires israélites de Paris-Ile de France et de France, de la tribune Le scandale du racket au guet au Beth Din de Paris : la preuve, illustré notamment par une photo extraite de la vidéo de cette réunion réalisée sans autorisation par les frères d'Anaëlle et montrant MM. Pevzner, Perez et Gugenheim. 

Le 7 mai 2014 au soir, L’Express a publié l’article Le Grand rabbin de France par intérim au cœur d'un scandale financier, puis Radio Shalom a interviewé Jonathan et Michaël, deux frères de l’ex-épouse Anaëlle, et a diffusé un extrait audio peu compréhensible de cette réunion. 


Ces deux frères ont relaté les cinq années nécessaires à leur sœur pour obtenir ses divorces, civil puis religieux, son accord pour restituer les bijoux offerts, les exigences financières du mari récalcitrant - d'abord 30 000 euros en espèces, puis 90 000 euros - transmises par des rabbins consistoriaux soucieux de "discrétion", ont insisté sur de prétendues menaces visant leurs enfants et d'annulation du guet accordé in fine, déclaré qu'en début de la réunion du 18 mars 2014 ils ont du remettre leurs téléphones portables, ont indiqué que le chèque de 90 000 euros leur a été restitué après la remise du guet et donc à l'issue de la réunion quand l'un des frères a informé ces rabbins de leur dépôt juste avant la réunion d'une main courante au commissariat de police pour "tentative d'extorsion de fonds en bande organisée", ont affirmé leur souhait que le chantage au guet ne soit plus admis par le Consistoire, et ont proclamé leur attachement à cette institution. 

Le 8 mai 2014, sur RCJ, le grand rabbin Michel Gugenheim a dénoncé une “campagne de dénigrement dont il est victime”, et expliqué que l’ex-femme Anaëlle était d’accord avec les conditions fixées par le mari récalcitrant pour lui remettre le guet attendu depuis cinq ans” par cette jeune femme. Il a nié “toute extorsion de fonds par l’institution consistoriale ou par des rabbins liés au Consistoire”, et a souligné que la demande d’argent émanait de l'ex-mari. 

Le Consistoire n’a-t-il pas entériné cet accord ?”, a interrogé Shlomo Malka. Le grand rabbin Michel Gugenheim a réfuté : “Suis-je en droit d’annuler le guet prévu, de bloquer une procédure, d’empêcher une femme d’avoir son guet et de refaire sa vie ?” Après avoir dressé un parallèle entre la situation des Agounot [épouses juives dont le mari récalcitrant refuse d'accorder le divorce religieux juif, Nda] et celle des maris contraints d’attendre le divorce religieux en raison du refus de la femme de le recevoir, il a exclu toute réforme du guet en avançant plusieurs raisons : le “système français religieux original, incitatif et non coercitif, et d’une audace halakhique”, et le "respect de la “règle de base selon laquelle le guet doit être librement consenti par le mari”. Il a asséné que le problème des Agounot n’était pas "un problème exponentiel” et présenté les diverses aides, notamment juridiques, proposées par le Consistoire aux époux éprouvant des difficultés particulières.

Sur Radio Shalom, Me Alex Buchinger, secrétaire-rapporteur du Consistoire israélite de Paris, a déploré que les journalistes de cette radio ait été manipulés par la famille d'Anaëlle et d'autres personnes "œuvrant en coulisses". Il a loué la "rectitude" du Beth Din (tribunal religieux) du Consistoire et de ses rabbins "irréprochables", et regretté que le grand rabbin Michel Gugenheim n'ait pas "dit Stop à cette mascarade" en constatant la tournure de la réunion et que les parties n'étaient pas prêtes pour le guet. Il a évoqué une "partie de billard à trois bandes jouée par la famille d'Anaëlle poursuivant trois buts : obtenir le guet, feindre la réalisation d'un accord qui ne s'est pas réalisé et récupérer le chèque, et ternir l'image du Beth Din de Paris". Il a insisté sur le fait que les 90 000 € correspondaient non au prix d'obtention du guet, mais à l'indemnisation réclamée par l'ex-mari en raison de ses préjudices subis. Il a alerté sur le risque que les rabbins n'agissent plus en médiateurs dans les cas de divorces religieux par crainte d'être impliqués dans un scandale similaire. Il a rapidement évoqué le fait que le Av Beth Din du Consistoire, juge le plus compétent, a cessé ses fonctions le 31 décembre 2013, sans être remplacé à cette fonction éminente...

Radio Shalom a alors lu la lettre du "rav" Pevzner, directeur des institutions Sinaï, ayant refusé le don du mari récalcitrant, car le "don doit être volontaire", et évoquant l'indemnisation réclamée par le mari pour notamment ses frais d'avocat dans la procédure civile. A noter que JewPop avait commenté sur son site Internet une lettre de ce "rav" Pevzner. 

Puis lors du Forum des auditeurs de cette radio, une auditrice se présentant comme la sœur d'Anaëlle a allégué que le grand rabbin Michel Gugenheim aurait dicté à Anaëlle une lettre attestant que ses témoignages dans la procédure civile étaient faux. Ce qui aurait amené l'avocate d’Anaëlle à signaler à ce rabbin que cette lettre était nulle et non avenue car rédigée sous la contrainte. Un auditeur se présentant comme le père d’Anaëlle a ensuite fustigé le silence et la longue inaction du Consistoire, indiqué qu'il suffisait au Consistoire de convoquer le mari pour éviter à celui-ci une lourde condamnation par le tribunal civil (au moins 50 000 euros de dommages et intérêts et une astreinte de milliers d'euros), s'est étonné que "cette négociation-chantage d'indemnisation en parasite sur la procédure civile" ait eu lieu en impliquant le Consistoire, alors que le tribunal civil est compétent pour indemniser les éventuels préjudices subis. Il a souligné que le "rav" Pevzner avait reconnu ne pas être rabbin.

Une autre auditrice a raconté que lors de son divorce, des rabbins du Consistoire lui auraient alors dit : "Un guet, ça s'achète. Il va falloir acheter votre liberté". Et d'ajouter : "On porte une sorte de honte d'être enchaînée. Au bout de deux ans, j'ai du laisser mon appartement à mon ex-mari pour obtenir le guet, et mon ex-mari n'a pas respecté son engagement. J'ai obtenu l'annulation de mon mariage, qui a été refusée par [le Consistoire]. J'ai obtenu le guet après avoir fait une fausse couche, et avoir perdu mon enfant".

Le 8 mai 2014, Avenir du judaïsme refusait "toute forme de voyeurisme ou toute atteinte à la vie privée des personnes" et affirmait s'intéresser seulement au "fonctionnement de l'institution" consistoriale. 

Le 9 mai 2014, c'est sur Radio J que Me Alex Buchinger reprend l'essentiel de son argumentation en évoquant une "entreprise de diabolisation", un "guet-apens", une "épouse instrumentalisée par des membres de sa famille et au-delà" et ce, "pour des raisons politiques. C'est dramatique". Se fondant sur son "travail de journaliste d'investigation" et dans le respect de la confidentialité du dossier judiciaire du couple ayant divorcé, il a avancé que "si le montant de l'indemnisation a fluctué lors de la négociation de marchands de tapis, c'est du fait de la famille de la femme. Cela faisait partie d'une stratégie".

Sur Radio Shalom, l'ex-mari Yoël a réagi : "Je trouve dramatique pour la communauté juive" ce déballage et cette instrumentalisation par des membres de son ex-belle famille qui "sont capables de tout". Anaëlle a "quitté enceinte le domicile conjugal pour retourner chez ses parents. Après, son père a décidé que je ne devais pas revoir mon enfant. On m'a caché la brit-mila [circoncision, Nda] de mon fils" qui n'a pu passer les fêtes, des chabbat avec son père et ses grands-parents paternels. "C'est mon fils et moi les victimes", résumait Yoël d'une voix tendue par l'émotion. Et de lister les fausses accusations - attouchements sexuels, viols, violences sur son fils - émises par son ex-épouse à son encontre, ce qui a induit des procès additionnels coûteux au terme desquels il a été blanchi de tous les griefs, ainsi que les agressions physiques de ses ex-beaux-frères à son encontre devant son fils et ses beaux-parents, ce qui a occasionné des interruptions temporaires de travail (ITT) de plusieurs jours. Les 90 000 € ? C'était pour l'indemniser de ses "frais de justice et d'une partie de ses préjudices moraux", et en tenant compte du reçu Cerfa qui permet au donateur, en l’occurrence l'un des frères d'Anaëlle, de bénéficier d'une réduction d'impôt, donc de récupérer une partie du montant de l'argent versé. La demande que son ex-épouse revienne sur un témoignage le concernant ? C'était pour "protéger son fils et lui". Et de conclure : "Que la famille [d'Anaëlle] pense à mon fils. Il n'y a rien à gagner. J'aimerais l'apaisement, le shalom".

Le 11 mai 2014, c'est au tour de Benny Cohen, président d'honneur du Consistoire, de s'exprimer en son nom sur Radio J. Il a repris l'argumentation de Me Alex Buchinger, désigné comme fomenteurs de cette histoire "montée de toutes pièces" des candidats ayant perdu les élections consistoriales du 24 novembre 2013, et ajouté : "Pourquoi se marier sous la loi juive, pour ensuite la critiquer ? "


Ce mauvais feuilleton n'était pas terminé...


Le 12 mai 2014, Sammy Ghozlan, administrateur du Consistoire de Paris, a assuré de sa "totale confiance" le grand Rabbin Guggenheim, le rav Pevzner, les rabbins Malka et Levy. Il a souligné la nécessité de "trouver vite, sans enfreindre la « halakha, » une solution" aux Agounot. Il a élargi la problématique au "risque de laisser naître des enfants qui seront exclus de la communauté, de la synagogue, du judaïsme, parce que qualifiés de mamzerim (bâtards)". Il a alors fait allusion à ses propositions pour résoudre ces problèmes avancées lors de sa campagne à l'automne 2013. Il a finalement enjoint le rabbinat à "oser prendre ses responsabilités", et a invité toute personne ayant constaté un dysfonctionnement dans la gestion d’une institution communautaire à le signaler aux  administrateurs.


Le 13 mai 2014, Caroline Fourest a lu sur France-Culture sa chronique intitulée Scandale du racket au "guet". Cette affaire va au-delà du "problème de l'interprétation des textes au détriment des femmes". Après avoir rappelé les faits en exposant brièvement les doléances de l'ex-mari, sans expliquer les raisons du triplement du montant de la somme réclamée, Caroline Fourest a omis certaines informations ou a procédé par amalgames : ainsi, elle a évoqué la présence du grand rabbin de France Michel Gugenheim à cette réunion, alors qu'il y assistait en tant que rabbin président de la Chambre des divorces. Elle a allégué aussi qu'il a fallu "cinq ans pour avoir le divorce religieux". or, celui-ci ne peut être délivré qu'à l'issue de la procédure civile de divorce qui a duré plusieurs années. Elle a opposé conservateurs et libéraux en matière de guet : "Les plus libéraux souhaitent depuis longtemps mettre fin à ces marchandages archaïques et profondément patriarcaux en prévoyant des contrats prénuptiaux qui obligent les époux à délivrer le guet en cas de divorce civil. Mais le conservatisme règne toujours du côté Consistoire". Elle a conclu en citant une des "mesures coercitives acceptées par les rabbins" : l'emprisonnement de l'ex-mari. "C'est aux rabbins d'évoluer pour que cette pratique [du guet] cesse d'être aussi injuste et douloureuse". 

Dans sa tribune Les juifs de France doivent être mieux représentés publiée par Le Monde, Delphine Horvilleur, rabbin, a fustigé la "radicalisation"  de l’institution consistoriale "depuis plusieurs décennies. [Le Consistoire] exprime aujourd'hui presqu'exclusivement la voix d'une sensibilité orthodoxe... Un collège de rabbins, dont le Grand-rabbin de France par intérim, est soupçonné d'avoir arbitré par transaction financière l'octroi d'un divorce religieux à une jeune femme. Si l'accusation est avérée, de tels actes piétinent à la foi les principes du judaïsme, du droit français et de l'éthique. Les faits incriminés, mettent par ailleurs en cause un traitement discriminatoire à l'égard des femmes dont il faut dire à quel point il constituerait un dévoiement de la tradition juive. Mais quelle que soit la conclusion de cette grave affaire, le problème de la représentativité du consistoire demeurera posé". 

Lors de sa chronique sur RCJ du 14 mai 2014, Joël Mergui a répondu à la journaliste Sandrine Sebbane, curieusement plus pugnace que lorsqu'elle avait interviewé Pierre Besnainou, alors président du FSJU (Fonds social juif unifié). Le Consistoire traite chaque année "400 à 500 divorces religieux par an", dont une dizaine présente des difficultés. Joël Mergui a insisté sur l'impasse à laquelle se confrontaient les rabbins du Consistoire - les ex-époux et leurs avocats respectifs ne se parlaient plus -, ce qui les a amenés à agir non en tant que négociateurs, mais comme "facilitateurs" astreints à la "neutralité" entre les parties. Il a gardé son estime au Beth Din de Paris "irréprochable", et listé les réunions organisées depuis le 7 mai 2014 par le Consistoire afin d'entendre les explications des rabbins impliqués, d'informer le Conseil du Consistoire et les rabbins sur ce cas épineux médiatisé.

Il a ajouté que, dans des cas difficiles, le Consistoire orientait les épouses vers des procédures judiciaires. En effet, pour inciter un ex-mari récalcitrant à délivrer le guet, une femme Juive divorcée peut solliciter de tribunaux civils des dommages et intérêts sur le fondement de la faute civile (article 1382 du Code civil), à charge donc de prouver l’intention de nuire de l’ex-conjoint ou son comportement abusif. Ajoutons qu'elle a la faculté aussi lors de la procédure de divorce civil d'"insérer une clause dans une convention de divorce par consentement mutuel selon laquelle l’époux s’engage après le prononcé du divorce civil à délivrer à sa femme le guet. Si à l’issue du divorce civil, l’ex mari ne respecte pas ses engagements, il pourra être plus aisé pour la femme de faire constater judiciairement l’inexécution d’une obligation de faire pour obtenir des dommages intérêts sans qu’il soit nécessaire de démontrer l’intention de nuire ou l’abus de l’époux", expliquait Me Ilanit Sagand-Nahum en 2011. Mais l'insolvabilité de l'ex-mari rend inefficace la procédure d'indemnisation : l'ex-épouse aura alors multiplié les procédures judiciaires sans obtenir in fine son guet.


Instrumentalisations ?
Le scandale de ce guet a visé les 90 000 € réclamés par l'ex-mari et présentés par des journalistes, intellectuelles, bloggers et association communautaire, comme le prix du guet. Or, le mari a expliqué clairement qu'il voulait donner le guet, et qu'il s'agissait pour lui d'obtenir réparation de ses préjudices croissants au fil des années et des procédures lancées contre lui par son ex-épouse. Rappelons que les magistrats octroient  rarement une indemnisation pour les préjudices moraux subis, pour procédure abusive et au titre de l'article 700 du Code de procédure civile (frais de justice). Le montant de ces trois indemnisations distinctes parfois allouées est souvent dérisoire pour la victime. Quant à l'article 700, il est accordé dans certains cas de manière inique, c'est-à-dire destiné non à la victime mais à celui qui lui a causé un préjudice, et à des montants importants (4 000 €, voire plus). Si les magistrats avaient accordé une somme à la hauteur de tous les préjudices subis par l'ex-époux, celui-ci n'aurait pas exigé de son ex-épouse cette somme si élevée et en croissance exponentielle, une grande partie du scandale aurait été évitée, et peut-être que certaines accusations fausses n'auraient pas été portées contre lui. Le fonctionnement de l'institution judiciaire insatisfaisant a directement induit ce "scandale financier".

Pourquoi ceux ayant lancé cette affaire ont-ils présenté un tableau si partiel et si partial de cette affaire complexe ? En déformant cette affaire compliquée et douloureuse, ils ont mal servi la cause des femmes divorcées en quête de guet. En centrant le débat public sur le guet, les fomenteurs de cette affaire ont sciemment occulté des problèmes majeurs et divers : le minyan (quorum de dix Juifs ayant leur majorité religieuse nécessaire pour certaines prières) qui exclut de son calcul les femmes, les carences dans la formation des rabbins, l'incapacité de la communauté Juive française institutionnalisée, souvent similaire à une armée mexicaine, à entamer une réflexion sur sa recomposition afin de s'adapter aux défis du XXIe siècle, l'absence de la mention "israélite" dans les logos des deux Consistoires, la question de la sécurisation des synagogues, etc. 


Le Consistoire semble avoir été laxiste : le mari était certes accompagné du rabbin Loubavitch, mais seul face à son ex-épouse, ses deux frères et un de ses oncles ; ces frères ont été admis à la réunion malgré leur retard et sortaient à loisir de la salle de réunion ; un rabbin non consistorial était présent, etc. Pourquoi la remise de ce guet a-t-elle réuni autant de personnes ? Est-ce conforme à la halakha ("loi juive" constituée de coutumes, prescriptions et traditions) dont se prévaut le Consistoire ? En outre, selon la halakha, le mari doit donner, et non accorder sous la contrainte le guet. Comment le Consistoire peut-il concilier, même en avançant l'indemnisation de préjudices subis, une transaction financière et la halakha ? Le Consistoire se retranche derrière l'accord entre les ex-époux ayant fait des concessions réciproques avant la réunion. Mais c'est faire une interprétation discutable du libre consentement de l'ex-mari récalcitrant. 

De nouveau, un an après le scandale Bernheim et un peu plus d'un mois avant l'élection du grand rabbin de France le 22 juin 2014, les Consistoires israélites sont éclaboussés par une affaire concernant un problème récurrent – le guet monnayé  parfois chèrement et le sort des Agounot qui ne peuvent se remarier religieusement faute d'avoir obtenu leur guet et dont les éventuels futurs enfants sont considérés comme "bâtards" (mamzerimgrave, et sensible déjà évoqué par Eliette Abecassis  dans son roman Et te voici permise à tout homme (Albin Michel, 2011) et par Olivia Cattan, et Isabelle Lévy dans La femme, la république et le bon Dieu, La place des femmes dans la société est-elle menacée par les religions ? 

Et une simple famille française Juive a ébranlé cette institution napoléonienne !? Une famille qui se trouve exposée à des sanctions pénales - un an d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende (article 226-1 du Code pénal) - pour avoir enregistré sans autorisation cette réunion privée et en avoir transmis un extrait audio ainsi que des photographies extraites de la vidéo de cette réunion. On comprend son silence soudain et son refus de communiquer aux médias cette vidéo. 


A lire les réactions des Internautes soutenant l'ex-épouse, demeurée silencieuse, on en induit l'image déjà négative des Consistoires, au moins dans les affaires de guet


Par ailleurs, la remarque de Benny Cohen manque de pertinence : une femme juive souhaitant se marier religieusement ne songe pas au divorce, et n'envisage pas l'épreuve du guet. De plus, la critique est inhérente au judaïsme.


Quant à la représentativité du Consistoire, quelle institution communautaire française est représentative de la communauté Juive française dans toutes ses nuances ? Il se trouvera toujours des personnes pour ne pas se retrouver dans la position de telle ou telle institution communautaire. Et heureux celui qui connait et comprend les modalités d'élection d'instances communautaires au fonctionnement souvent opaque.


Avenir du judaïsme se présente comme une association dont la mission est de “promouvoir par tous moyens le débat intellectuel et spirituel, le pluralisme, la démocratie, l'éthique et la transparence dans la communauté juive” de France. Or, aucun de ses textes n’est signé. Aucun nom n’apparait dans le site et dans le blog de cette organisation  qualifiée à tort par certains journalistes de "think tank" dont on recherche vainement les rapports ou études qu'il aurait publié... 

Si "l'instrumentalisation communautaro-politique" de cette histoire se révélait réelle, elle témoignerait du cynisme, de l'absence de scrupule et du faible niveau moral des instigateurs d'un scandale n'hésitant pas à instrumentaliser un divorce particulièrement houleux pour ternir l'image d'une des trois principales organisations Juives françaises et au-delà pour ciseler, à destination de publics Juifs et non-Juifs, l'image biaisée d'un judaïsme réfractaire à la réforme et réticent à l'égalité homme/femme. 


Les Consistoires ont montré une fois de plus leur incapacité à prévenir une crise grave et à en sortir par le haut", ainsi qu'à “laver le linge sale en famille. Leur communication a été défaillante - communiqué du rabbin Michel Gugenheim non mis en valeur sur le site Internet du Consistoire de France,  position du Consistoire absente des réseaux sociaux, etc. -, alors qu'Avenir du judaïsme a publié sur son site Internet le dossier de cette affaire : les interviews radiophoniques, les communiqués des parties, etc. Et cette communication consistoriale lasse tant elle est répétitive par ses éléments de langage. Le Président des Consistoires a organisé contraint, tardivement, et sur six jours, les réunions d'informations qui auraient du être tenues au cours des plus de sept semaines ayant suivi la réunion de remise  du guet à Anaëlle. 

Comme dans d'autres institutions communautaires, ces deux Consistoires sont caractérisés par une concentration des pouvoirs aux mains de quelques personnes : Joël Mergui préside ces deux Consistoires, et Michel Gugenheim cumule la fonction de grand rabbin de Paris et de co-grand rabbin de France par interim avec Olivier Kaufmann, demeuré silencieux comme ses neuf rivaux à l'élection du Grand rabbinat de France le 22 juin 2014Cette focalisation du pouvoir induit des effets pervers accentués en cas de crise par l'absence de contre-pouvoir institutionnel : nul n'a pris de mesure précoce et efficace pour éviter cette crise. Il est révélateur et étrange que les demandes d'enquête et autre ont été adressées uniquement à Joël Mergui, l'homme fort des Consistoires, et non aussi au rabbin Olivier Kaufmann. De la  direction bicéphale.des Consistoires - un président laïc et un grand rabbin -, c'est la face laïque qui sort renforcée. Quelle est la position des dix candidats à la fonction de Grand rabbin de France sur le guet et les autres questions sensibles ? Vraisemblablement la même, conforme à la halakha

Cette affaire a été rendue publique par des radios communautaires, tardivement et en donnant la parole, d'abord et exclusivement, à la seule famille de l'ex-épouse. On a perçu aucune enquête préalable, mais des témoignages à charge contre le Consistoire et l'ex-mari qui a livré tardivement sa version. 

Il en ressort une certaine incapacité journalistique, non spécifique aux médias communautaires français, à appréhender la complexité des situations. Ce qui laisse perdurer bien des questions : que dit le jugement prononçant le divorce et les autres jugements rendus dans les affaires connexes ? Quelles sont les raisons des trois années de procédure civile de divorce ? Qui a vu intégralement la vidéo de la réunion ? Le 15 mai 2014, Bernard Abouaf a reconnu sur Radio Shalom ne pas l'avoir vue intégralement. Comment se déroule cette réunion filmée ? Qui a lu les SMS échangés entre les rabbins et les beaux-frères ? Le journaliste Michel Zerbib a affirmé sur Radio J ne pas les avoir lus. L'ex-mari avait-il été contacté et avait-il refusé initialement de s'exprimer ? Et pourquoi ? Par pudeur ? Pour éviter d'assombrir l'image de la mère de son fils auprès de celui-ci ? Curieusement, nul ne s'interroge  sur le silence de l'ex-épouse inversement proportionnel à l'activisme volubile de ses père, oncle, frères et sœur. Des médias communautaires ont-ils refusé de couvrir l'affaire par souci d'enquêter ou pour ne pas se priver de la manne publicitaire en faveur de la Fondation du Consistoire ? Les médias imprimés communautaires - Actualité juive, Hamodia - nommeront-ils les organisateurs de cette affaire ? Actualité juive ne le fera pas, a assuré Lydia Bénattar sur Radio Shalom le 14 mai 2014. 


Si les médias communautaires français avaient couvert cette affaire dès son apparition sur la Toile, soit en avril 2014, et ce, de manière honnête, ils auraient vraisemblablement épargné à la communauté française Juive et au judaïsme ce scandale, et auraient contrecarré une campagne biaisée visant le Consistoire. 


On peut d'autant plus regretter le réveil tardif de médias communautaires que c'est à partir de ces bribes d'informations glanées au fil de quelques interviews que s'est formé le jugement de l'opinion publique et celui manichéen et stigmatisant ("racket au guet") de certains journalistes, dont  Caroline Fourest


 De manière paradoxale, Caroline Fourest, militante de la cause homosexuelle, a vilipendé le patriarcat, mais ne s'est pas étonnée que la  "femme mariée ne s'exprime pas. Ses frères parlent à sa place et ont géré pour elle cette négociation". On peut se demander si Caroline Fourest ne s'obstine pas à pourfendre, après "la norme de l'homme catholique", celle de "l'homme Juif". Il est cocasse de l'entendre rappeler les mensonges du grand rabbin Gilles Bernheim notamment sur sa prétendue agrégation, alors qu'elle aurait exagéré "l'agression" dont elle aurait été victime à l'Institut du monde arabe (IMA), alors qu'elle a allégué à tort, sur France 24, que la France aurait exterminé "six millions de Juifs" lors de la Deuxième Guerre mondiale et que, dans une tribune du 6 mai 2014 sur France-Culture concernant la propagande de médias russes et ukrainiens, elle a inventé que des pro-Russes "ont arraché les globes oculaires de trois officiers ukrainiens à l'aide d'un couteau". Pour illustrer sa tribune sur cette affaire, Caroline Fourest a publié sur son blog une photographie de dirigeants consistoriaux sans aucune indication du nom de l'auteur de ce cliché. Avait-elle l'autorisation pour cette reproduction ? Cet anonymat est-il conforme au droit d'auteur ? Et elle déplorait sur France 24 l'insuffisante culture générale en France. Et dire qu'elle enseigne à Sciences Po "Faire ou défaire société : différents modèles face aux contestations de la démocratie" !


Quant aux cris d’indignation de certains au sein de la communauté, ils seraient crédibles si leur comportement était toujours respectueux des valeurs du judaïsme dont ils se réclament pour distribuer bons et mauvais points. Or, ils donnent eux aussi une mauvaise image de la communauté en et hors son sein.


L'auditeur/lecteur ? Il a eu l'impression gênante d'avoir été voyeur d'une affaire dont il ne percevait pas tous les enjeux et dont certaines informations, lui permettant de se former une opinion fondée, lui manquaient. 


Loin d'être close, cette affaire-ci laissera des traces...


ADDENDUM
Grand rabbin de France Haïm Korsia
Le 26 juin 2014, le grand rabbin de France Haïm Korsia a annoncé sur Radio J sa volonté de se fonder sur la halakha (loi juive) pour apporter des modifications sur le guet proposées par la Conférence des rabbins européens. Deux ans et demi plus tard, hormis la nomination de deux médiateurs - un homme et une femme, parité oblige -, on attend... 

Eva Tanger
Demeure notamment le cas douloureux d'Eva Tanger à dénouer.

Josy Eisenberg
Le 4 janvier 2015 à 9 h 15, Josy Eisenberg consacra son émission La source de vie au divorce biblique : "Contrairement au catholicisme, le judaïsme légitime la possibilité de divorcer. Dans quelles conditions ?" 

Oded Guez
En février 2016, la Haute Cour rabbinique a décidé de publier le nom - Oded Guez - et la photographie du mari refusant de donner le guet à son ex-épouse. En outre, le "Beit Din appelle la communauté à exclure Guez de toute vie sociale et surtout de la vie religieuse, de ne pas le faire monter à la Torah, ni même de l’inclure dans un minyan, dans la prière des fidèles de n’importe quelle synagogue en Israël et dans le monde juif. En d’autres termes, shaming de la rabbanout contre un mari récalcitrant". Les réseaux sociaux israéliens ont diffusé le nom et la photo de ce mari. 

En juin 2018, "deux ans après qu'Oded Guez a préféré fuir le pays plutôt que de donner le guet à sa femme, le tribunal de Haïfa a rétroactivement annulé le mariage".

De plus, le grand rabbin d’Israël, David Lau, a refusé le chantage dans certaines divorces : il "a tranché dans une affaire de divorce qui durait depuis huit ans, imposant la remise du guet, avant le règlement des questions financières". 

Le 14 novembre 2016, le ministère israélien de la Justice a annoncé que les maris juifs israéliens "qui refusent d'accorder le divorce religieux à leur femme" et les femmes juives israéliennes refusant d'accepter le guet "pourront désormais être poursuivis par la justice et encourront même des peines de prison ferme".

Rav Uriel Aviges
Le Rav Uriel Aviges donna deux conférences à Paris : "La religion définit-elle une identité ?" (19 novembre 2016 à la synagogue de La Roquette,) et "Le douloureux problème des Agounoth, les solutions envisageables" (26 novembre 2016 au centre Moadon). Le cours a été suivi d'une collation.

Madame X
Le 7 mai 2017, Actualité juive hebdo a publié l'article Elle voit enfin le bout du tunnel et obtient son guet après… 29 ans ! Un article louangeur pour le Grand Rabbin de France Haïm Korsia.

Le chapô : "Après des décennies de démarches, Madame X obtient enfin le droit de refaire sa vie religieusement, en échange de l’abandon des poursuites financières que la justice avait fixées à 50 000 euros pour préjudice morale". Un coût financier exorbitant.


"Après vingt-neuf ans de calvaire, Madame X est enfin libre. Un nouveau chapitre de sa vie peut enfin s’écrire: elle tient dans ses mains le guet que l’homme qui avait déjà tenté de l’assassiner, refusait de lui donner.  « C’est une délivrance pour moi. Je souhaiterais remercier toutes les personnes qui ont œuvré pour qu’enfin je puisse obtenir ce guet. Barbara, l’assistante du grand rabbin de France s’est véritablement battue pour moi, ainsi que Jeanine Elbouki de Strasbourg, le grand rabbin Korsia et maître Griguer. Quand on ne voit pas le bout du tunnel, c’est important de trouver des gens dévoués prêts à vous aider », explique-t-elle en exclusivité à Actualité Juive".  


Mariée en 1988, cette dame malheureuse en ménage souhaite divorcer. Son ex-mari tente de la tuer, est interpellé, jugé et condamné à neuf ans de prison par la Cour d’assises de Lyon. Durant sa détention, il refuse d'accorder le guet. Libéré, il ne donne plus d'informations sur lui. Son ex-femme parvient à déterminer le lieu francilien où il se trouve et saisit le Beth Din de Paris, "qui lui envoie plusieurs lettres de convocation, mais celles-ci demeurent sans réponse", et "fait appel également au grand rabbin de France de l’époque, Gilles Bernheim, qui fait son possible pour aider cette femme en détresse. Le dossier se retrouve ensuite sur le bureau du nouveau grand rabbin, Haïm Korsia, qui s’était engagé durant sa campagne, à défendre le statut particulier des femmes « agounot ». Il demande de l’aide à maître Dan Griguer, qui accepte alors de défendre l’affaire gracieusement. « Cela fait presque trente ans que toutes les démarches sont faîtes pour obtenir le guet, sans succès. Il a donc été décidé, lors de situations extrêmes, de saisir la juridiction civile pour demander des condamnations », complète-t-il. 


Me Dan Griguer initia une procédure judiciaire en se fondant sur l'article 1382 du Code civil concernant la responsabilité délictuelle, non contractuelle : "Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer". Il poursuivit l’ex-mari devant le Tribunal de Grande instance de Paris pour préjudice moral et atteinte à la liberté. En septembre 2016, le Tribunal a accueilli ses demandes et condamné l'ex-mari à verser à cette dame 50 000 €, à titre de dommages et intérêts. Peu après, cet ex-mari a décidé de remettre le guet à son ex-femme, qui attendait depuis vingt-neuf ans, mais à condition que cette dernière abandonne les poursuites financières. « C’est un immense soulagement pour nous, explique le Rabbin Haïm Korsia. C’est le résultat d’une mobilisation collective mais aussi l’assurance que le rabbinat n’abandonne jamais ces femmes. Il faut une réprobation massive envers les maris qui refusent d’offrir le guet ». 


Et cet hebdomadaire conclut : "La victoire de madame X est un exemple pour de nombreuses femmes qui vivent cette même détresse, soumises au bon-vouloir d’un mari récalcitrant à leur accorder le guet et par lui, la liberté de refaire leur vie". 


Quelle victoire ? "Quel "exemple" ? Cette dame épuisée par 29 ans de démarches coûteuses infructueuses, moralement affligée, a été contrainte d'abandonner la somme importante obtenue in fine Cet article semble servir la communication du Grand Rabbin de France Haïm Korsia tant il est dénué d'esprit critique.  

Cour suprême
En juillet 2017, la Cour suprême israélienne a considéré que « les parents d’enfants âgés de 6 à 15 ans, qui ont la garde conjointe de leurs enfants, paieront une pension alimentaire pour les enfants en fonction de leur situation économique ». En octobre 2017, la Knesset a voté en première lecture une loi en ce sens.


Rabbin récusé
En novembre 2017, le Rav David Lau, Grand Rabbin ashkénaze d’Israël a récusé la candidature d’un rabbin israélien aspirant à la fonction de juge rabbinique car le candidat refusait de divorcer religieusement de son épouse depuis des  années.


Ministère israélien de la justice
Le 14 novembre 2017, le ministère israélien de la Justice a annoncé que les "maris israéliens qui refusent d'accorder le divorce religieux à leur femme pourront désormais être poursuivis par la justice et encourront même des peines de prison ferme. Quand le tribunal rabbinique a décidé de forcer l'homme à donner le guet ou la femme à le recevoir, il faut envisager d'ouvrir une enquête criminelle contre la personne récalcitrante et l'inculper si besoin est. Celui qui refuse de donner le guet prive sa femme de sa liberté et l'empêche de refaire sa vie, ce qui justifie des poursuites", affirme le communiqué du ministère. "Face aux maris récalcitrants, les tribunaux rabbiniques peuvent prononcer un retrait du permis de conduire, une interdiction de sortie du territoire ou un interdit bancaire. Ils ont aussi le pouvoir exceptionnellement de faire envoyer des hommes en prison, mais la justice civile agit alors à leur initiative".

Recours en Israël pour les Juives de diaspora
En décembre 2017, le gouvernement israélien a édicté un mémorandum qui confère aux cours rabbiniques une autorité internationale sur des cas d'agounot. Ce mémorandum correspond à un souhait de la Conférence des rabbins européens (CER).

Le 25 juin 2018, la Knesset, Parlement israélien, a adopté une loi conférant, sous certaines conditions, aux tribunaux rabbiniques une compétence internationale et de sanction contre les juifs refusant le divorce. Cette loi sera expérimentée pendant trois ans.

En décembre 2021, la Knesset a voté un amendement accordant un recours aux femmes Agounot non-israéliennes et non-résidentes afin qu'elles puissent initier une procédure de divorce religieux devant les tribunaux rabbiniques israéliens. "Cet amendement pérennise une disposition temporaire de 2018".

Un vote dont s'est réjouie la Conférence des rabbins européens (Conference of European Rabbisà l'origine de cette initiative. "Il est très réjouissant de constater que tous les partis représentés à la Knesset, du parti Harédi United Torah Judaism au parti laïc de gauche Meretz, ont soutenu cette loi importante. Aujourd'hui, le peuple d'Israël a montré son unité avec les Juifs de la diaspora”  a déclaré Pinchas Goldschmidt, président de la CER, le 2 décembre 2021.

Rabbinat de Grenoble
En juin 2018, "le rabbinat de Grenoble – soutenu par le Grand rabbin de France Haïm Korsia – a annoncé que des sanctions religieuses avaient été prises à l’encontre d’un fidèle qui persistait dans la rétention du guett (acte de divorce religieux) à l’intention de son ex-conjointe. Et ceci, malgré leurs efforts de médiation"

Jewpop
Le 8 juillet 2018, Jewpop a publié l'article "Chantage au guett : une initiative courageuse du grand rabbinat de France" signé par Eliette Abécassis, écrivain et philosophe, et Liliane Vana, professeur, spécialiste en droit hébraïque, talmudiste, philologue et fondatrice de LectureSefer, courant orthodoxe

"Pour donner la parole aux femmes victimes de chantage au guett, nous créons un hashtag #stopchantageauguett.  Ainsi les femmes pourront raconter leur histoire de chantage au guett.
 À Grenoble, pour la première fois en France, des sanctions religieuses ont été prises par les rabbins Nissim Sultan et Méïr Knafo sous l’autorité du grand rabbin de France, Haïm Korsia, contre un mari qui refuse le guett (document légal rédigé à la main sur un parchemin, au moyen duquel un homme divorce de sa femme selon la Loi juive, Nda) à sa femme. Dorénavant et jusqu’à la remise du guett, ce mari récalcitrant ne pourra plus participer à la prière synagogale, sera exclu du minyan, le quorum de dix participants nécessaires à la prière, et cette décision sera placardée dans les synagogues.
 Cette action contre ce mari qui exerce un odieux chantage est totalement inédite en France. En effet, jusqu’ici, certains rabbins peuvent se montrer complices et incitateurs du chantage, et d’autres reçoivent ces maris récalcitrants avec égards et bienveillance, sans toutefois se soucier du sort de leurs épouses.
 Pour la première fois en France, des rabbins ont pris des mesures, pour défendre les femmes et honorer le judaïsme. Saluons leur initiative !
 Ce scandale du chantage au guett, pour l’avoir vécu moi-même, je l’ai raconté il y a quelques années dans un livre, “Et te voici permise à tout homme”. C’était l’histoire d’une femme qui voulait divorcer, mais son mari lui refusait le guett. “Ton guett, tu ne l’auras jamais” lui dit-il. Il indiqua à son avocate qu’il allait s’en servir comme monnaie d’échange dans le règlement du divorce civil.
 Elle est allée voir les rabbins du service des divorces au Consistoire, qui lui ont dit : “Madame, un guett ça s’achète”. Alors ils ont proposé de négocier l’achat du guett. Ils lui ont demandé ce qu’elle avait à céder. Ils se proposaient de négocier pour elle l’achat. Elle possédait un appartement. Alors ils ont proposé au mari de donner le guett contre l’appartement.
 Lorsqu’elle a trouvé une façon d’annuler son mariage par un tribunal rabbinique orthodoxe à cause d’un vice de forme, le chef du service des divorces du Consistoire a refusé de reconnaître l’annulation. Ce n’est pas une histoire inventée, hélas. Tout ce que je raconte dans ce roman est la vérité.
 Ces gens qui se servent du guett pour exercer un chantage, font ce qu’il y a de pire pour une femme et pour une mère. L’empêcher de vivre sa vie, en utilisant la religion de façon perverse.
 En faisant cela, ils bafouent non seulement la mère et la femme, sans égard pour les enfants, mais ils ruinent définitivement toute relation parentale entre les époux divorcés. En détournant la religion, en l’utilisant contre la femme, ils bafouent son statut même d’être humain. Et ce calvaire n’est pas infligé par notre religion juive qui est humaine, mais par certains de ses représentants actuels : responsables passifs ou actifs de cette abomination, cette torture psychologique, physique et morale des femmes aujourd’hui.
 Cette situation doit cesser. Si certains rabbins savaient ce qu’une femme endure lorsqu’elle vit cette situation, si on les y soumettait ne serait-ce qu’un mois, peut-être agiraient-ils différemment vis-à-vis des femmes qu’ils traitent comme des ignares, des êtres indignes d’être écoutés et d’être aidés, au mépris des principes mêmes qu’ils prétendent représenter, des êtres indignes d’avoir des relations sexuelles pendant des années, puisque sans guett, les femmes seraient considérées comme adultères. Des êtres à qui l’on enlève le droit d’avoir des enfants, puisque ces enfants seraient des mamzerim, des bâtards.
 Garder une femme prisonnière d’un mariage inexistant, d’un mari, d’une injustice, d’une situation où le mari utilise le divorce religieux pour faire un chantage ou pour ne pas appliquer la décision du juge civil, est en contradiction non seulement avec nos principes, mais aussi avec l’état de droit dans lequel nous vivons.
 La complicité des rabbins du service des divorces en France est inacceptable. Toutes les explications du monde ne justifieront pas ce triple manquement aux lois fondamentales du judaïsme, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun.
 Pour la première fois, le grand rabbin de France et les rabbins de Grenoble ont eu le courage de dénoncer cette situation et sortir le judaïsme de l’opprobre dans laquelle certains continuent de le plonger. Que leur nom soit béni ! Et puissent-ils être suivis par tous !
 Pour donner la parole aux femmes, nous créons un hashtag #stopchantageauguett, racontez-vos histoires de chantage au guett".

Curieusement, cette tribune n'indique pas les éventuelles sanctions ayant été édictées contre ces rabbins au comportement indigne, si les auteurs invitent à livrer des témoignages anonymisés ou non.


Séminaire consistorial de réflexion
Les 10 et 11 novembre 2019 a eu lieu à Bordeaux le Séminaire de réflexion sur les défis contemporains du judaïsme français, ou les assises du judaïsme français, en présence notamment de Joël Mergui, président du Consistoire central. Au programme notamment « La place de la femme dans l’espace synagogal », une réflexion sur « l’évolution des mentalités, les grandes transformations sociales, l’accession des femmes aux plus hauts postes de responsabilités et les adaptations dans le cadre hala'hique."

La WIZO-France et le soutien d'hommes
En juin 2019, la WIZO-France (WIZO : association internationale des femmes sionistes) a publié une enquête, menée par Joelle Lezmi et Jane Zimeron sur la situation du guet en France.

Après avoir décrit le "douloureux parcours de souffrance des "agounot", le rapport liste les "arguments de chantage au guet", précise le rôle des "juges" des tribunaux rabbiniques, résume des entretiens avec des "dayanim", et présente les mesures "halakhiques". 

La WIZO-France conclut :
"Notre enquête témoigne d’un profond ressenti de malaise et d’abandon de la majorité des femmes agounot. Elles se sentent les « laissées pour compte » des autorités religieuses qui nient le « refus de guet » en tant qu’abus de pouvoir et acte de maltraitance envers les femmes, alors qu’il fait partie intégrale du contrat de mariage religieux. Obtenir son guet n’est donc pas un vœu pieux des femmes qui divorcent, mais un droit.
Au vu de ces constats, le comité Guet de WIZO-France présente une liste de propositions et des actions concrètes à mener par les parties afin de contribuer ensemble à l’avancée des droits des femmes juives orthodoxes dans le processus d’obtention d’un guet :
Proposition 1 : Le Soutien aux agounot
1.1. Lors de nos différents entretiens avec les dayanim, il nous a été répondu que les mesures « halakhiques » étaient très peu utilisées. Cependant, nous estimons que les Tribunaux rabbiniques de France devraient indiquer clairement aux couples dès le premier entretien que la procédure de divorce religieux stipule aussi, qu’en cas de refus du mari de donner le guet à son ex-femme, des mesures coercitives existent, et qu’elles seront donc appliquées.
1.2. Ces mesures devraient être affichées sur l’ensemble du territoire national, dans tous les lieux de culte et de prière, et sur les sites internet des consistoires de France.
Tout homme qui refuse de donner le guet à sa femme sera écarté de toute activité religieuse et/ou communautaire : il ne pourra plus monter à la Torah, faire partie de la communauté, et ce, même en cas d’évènements au sein de la famille (une graduation de cette mesure pourrait être mise en place ou atténuée dans le cas des bar mitzvot ou mariage).
1.3 Tout au long de la procédure, les dayanim devront insister sur l’obligation de donner le guet sans condition ni chantage, et ne pas assujettir l’obtention du guet à l’achèvement de la procédure civile, les deux procédures (civile et religieuse) étant bien distinctes.
1.4. Convoquer de manière régulière et fréquente l’époux qui aura manqué à son devoir de « présentation » auprès du Tribunal rabbinique lorsque la procédure est en cours et exercer une pression répétée auprès de lui, en lui rappelant régulièrement ces mesures de coercition.
1.5. WIZO-France communiquera par voie de presse et réseaux sociaux, en utilisant tous les médias ; des actions seront faites auprès des consistoires et des rabbins accueillant favorablement les maris récalcitrants.

Proposition 2 : Rôle du Consistoire Central et du Grand Rabbin de France
2.1. Uniformisation du processus de guet
Le Consistoire Central et le Grand Rabbin de France devraient coordonner et être garants d’une attitude unique et s’appliquant sur tout le territoire national concernant la gestion du processus de guet.
Nommer un Dayan national pour harmoniser le processus de guet, garant d’une directive hiérarchique attendue qui s’appliquera de façon constante sur tout le territoire pour limiter l’opacité des situations.
Mise en place d’une ligne d’action précise, ferme et contraignante du dayan national pour traiter le « refus de guet ». Celui-ci est un problème de droit halakhique. Chaque étape menant au guet devrait être identique dans chaque dossier et partout en France.
Supprimer la méthode du « cas par cas » utilisée notamment au Consistoire de Paris pour traiter les dossiers de guet, cette pratique favorisant une opacité.
2.2. Formation des rabbins
La question du guet doit être intégrée à la formation des rabbins et délégués rabbiniques.
- Former les élèves-rabbins de l’école rabbinique aux volets du mariage et du guet, à une véritable écoute des femmes, une réelle prise en compte des difficultés qu’engendrent la non délivrance de guet (exemples de vécus, notion de dignité et de souffrance).
- Sensibiliser les rabbins sur leur rôle important dans la diffusion des informations relatives au guet lors de la préparation au mariage dans leur communauté.
2.3. Les rencontres prénuptiales
Les rencontres prénuptiales, préambule à tout mariage religieux, sont des rencontres privilégiées entre les futurs couples et les rabbins. Les statistiques prouvant que le taux actuel de divorce est d’un mariage sur deux, elles ne peuvent se réduire à un échange de bons vœux.
Ces rencontres devraient aborder tous les aspects de la vie de couple, le respect des règles liées au mariage ainsi que celles liées à la séparation, le divorce étant prévu dans les lois liées au mariage.
C’est pourquoi nous proposons :
- Une harmonisation des procédures de préparation au mariage partout en France sur cette base.
- La remise d’un document écrit au couple donnant une définition du guet, un éclairage sur sa mise en oeuvre et les mesures coercitives qui s’appliqueraient contre celui qui refuse de donner le guet.
- La mise en place de clauses prénuptiales accompagnant la rédaction des contrats de mariage par les rabbins. WIZO-France sera force de proposition dans la rédaction de ce document et des clauses prénuptiales, et propose de travailler de concert avec les femmes de rabbins ou les rabbins assurant les préparations au mariage.
2.4. Le recours aux tribunaux israéliens
Pourquoi aller chercher en Israël une solution qui devrait être apportée par les tribunaux rabbiniques de France sous l’autorité d’un dayan national ?
2.5. Particularité au Beth-Din de Paris
Au Beth-Din de Paris, le secrétariat du service du guet est actuellement assuré par un homme.
Il paraît nécessaire et urgent qu’une femme puisse à ce stade entendre, accueillir et répondre aux diverses sollicitations et interrogations des couples. Trop souvent les femmes que nous avons interrogées, dénoncent un accueil froid, une attitude ostensiblement plus perméable au discours masculin. Or, une présence féminine pourrait conférer plus d’humanité à ce moment difficile."

En août 2019, "le grand-rabbin ashkénaze d’Israël David Lau a pris une décision aussi extrême qu’inédite : bloquer l’inhumation d’une Américaine dont le fils refusait d’accorder le guet à son épouse. Suite à cet épisode, qui se serait soldé par un échec, Diana-Paola Levy, présidente de la WIZO France, soutenue par les présidente et vice-président de WIZO Mondial, a rédigé une lettre ouverte". 

Le 9 septembre 2019, Actualité juive hebdo a publié le "billet de la semaine" de Diana-Paola Lévy, Présidente de WIZO-France, intitulé "Lettre ouverte : mobilisons-nous !où elle exhortait "à la création d’une commission qui serait chargée de discuter de la question du divorce religieux dans la société juive actuelle" :
"Monsieur le Président des Consistoires, 
Monsieur le Grand Rabbin de France, 
Mesdames et Messieurs les membres élus au Consistoire Central, 
Mesdames, Messieurs,
En ma qualité de représentante de WIZO-France (Woman International Zionist Organization) créée en 1920, je suis attentive au statut des femmes et plus particulièrement à l’actualité. 
Celle-ci vient encore nous interpeller : le Rav Lau, Grand Rabbin d’Israël, a suspendu il y a quelques semaines, l’inhumation d’une femme américaine pour que son fils, souhaitant enterrer sa mère en Israël, accorde enfin le Guet qu’il refuse à son ex-femme depuis plus de vingt ans.
Pour pouvoir enterrer sa mère dans la journée, l’ex-mari a dû souscrire à des clauses extrêmement contraignantes qu’il s’est engagé à exécuter à l’issue de la période des sept jours de deuil. D’autres grands rabbins d’Israël se sont dits choqués du caractère extrême du procédé, et en ont conclu… qu’il fallait changer la loi sur le guet. 
Nous y sommes ! Car peu importe l’issue de cette affaire (puisqu’il semble que passée l’émotion, et l’enterrement réglé, l’ex-mari envisage désormais de nouveaux arguments pour résister), le débat est enfin lancé !
Mesdames, Messieurs, 
Cessez de nous dire qu’on ne peut rien faire pour faire évoluer les conditions de remise du guet par l’époux (ou l’épouse) récalcitrant(e). 
Vous avez là une opportunité formidable d’agir, et de faire entendre la voix de la communauté juive française – celle de la France – celle du pays des droits de l’Homme !
Dites à Israël et aux Beth-Din du monde qu’il est temps aujourd’hui d’évoluer avec les femmes et les hommes de notre siècle, vers une nouvelle ère. 
Nous, équipe de Wizo-France, avons établi, au travers d’une étude très complète sur le divorce religieux en France et à l’étranger, un état des lieux précis. 
Nous avons pu apprendre qu’il existe des leviers halakhiques parfaitement conformes qui peuvent permettre de dénouer les situations les plus complexes et en apparence les plus insolubles. 
Nous avons pu constater que souvent dans le monde le plus orthodoxe, des dispositifs courageux sont mis en place. De tout temps et jusqu’à aujourd’hui, des rabbins ont en effet cherché à exploiter toutes les ressources possibles du panel halakhique afin de « libérer » une femme Agouna qui ne peut pas se remarier puisqu’elle n’a pas reçu son guet de son ex-mari. Pour nombre de rabbins, en tous temps et en tous lieux, inventer les moyens les plus ingénieux pour débloquer les situations les plus douloureuses – qu’il s’agisse de ces femmes enchainées ou du terrible statut des enfants qu’elles ont ensuite, honteusement qualifiés de mamzer (illégitimes) – apparaît comme une priorité absolue. 
Le judaïsme est une religion humaniste, la seule religion monothéiste à permettre aux couples le divorce et le remariage. Pourquoi limiter ce droit en induisant des souffrances incommensurables ? 
La WIZO, qui regroupe 250 000 femmes dans le monde et plus de 5 000 femmes en France, milite depuis 99 ans pour l’éducation, le statut des femmes et la détresse familiale. 
Mesdames, Messieurs, nous sommes disposées à réfléchir avec vous, pour avancer sur cette cause dramatique qui détruit nos traditions, nos valeurs, nos croyances et nos familles.
J’appelle toutes les femmes, tous les hommes et toutes les bonnes volontés à manifester leur intérêt pour cette question emblématique pour la modernité de notre communauté et son avenir. Et continuez à répondre à notre sondage sur bit.ly/guetWIZO".
Dans les semaines suivant la publication de cette lettre, Diana-Paola Levy, présidente de la WIZO France, a reçu des messages de soutien et s'est entretenue au tribunal rabbinique avec Joël Mergui, président du Consistoire israélite de France, et Haïm Korsia, Grand rabbin de France.

En novembre 2019, "répondant à l'appel de la WIZO France, 82 hommes - "rabbins, médecins, hommes d’affaires, au service de la communauté, issus du secteur privé ou encore à la tête de grands groupes juifs" - ont signé une lettre de soutien, affirmant que la situation des agounot ne doit pas rester “le seul combat des femmes. Ils sont tous profondément préoccupés par le statut des femmes privées de leur liberté. Sous la bannière “ENSEMBLE, MOBILISONS-NOUS”, "84 signataires exclusivement masculins – listés ci-dessous – clament haut et fort que la situation des agounot ne doit pas rester “le seul combat des femmes” :
« Aux côtés de Monsieur le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, et de Monsieur le Président du CRIF, Francis Khalifa, les personnalités dont les noms suivent ont souhaité s’associer à l’appel de la WIZO dans ces termes :
ENSEMBLE, MOBILISONS-NOUS !
Nous avons pris connaissance de la lettre ouverte de la présidente de la WIZO sur l’évolution nécessaire des conditions de remise du guet par l’époux(se) récalcitrant(e).
Nous considérons que la situation de ces femmes qui ne peuvent pas se remarier, et celle de ces enfants qui subissent le statut de mamzer ne doivent pas rester le seul combat des femmes. C’est tous ensemble que l’action doit être menée.
Nous souhaitons donc nous associer à l’initiative de la WIZO pour que la communauté juive française porte haut les valeurs de nos traditions dans la modernité qu’elle appelle de ses vœux. »
ABECASSIS Armand, Philosophe, Écrivain‬
‪ABENSOUR Gabriel, Créateur du site MODERN ORTHODOX, un des fondateur de Beit Hamidrash indépendant Ta-shma à Jérusalem‬
‪ABITBOL Richard, Président de la Confédération des juifs de France et des Amis d’Israël‬
‪ADLER Alexandre, Journaliste ‬
‪ALLAL Elie, Trésorier du Centre Communautaire de Paris ‬
‪AMAR Joël, Fondateur cabinet SEN-SO‬
‪AMSALEM Bernard,Président Fédération Française d’Athlétisme‬
‪AMSELLEM Louis, Collaborateur de Jack Lang à l’Institut du monde arabe‬
‪AOUIZERATE Erick, Président du Consistoire de Bordeaux‬
‪AZOULAY Mickaël, Rabbin de la synagogue de Neuilly sur Seine ‬
‪AZOULAY Simon, Président de la société ALTEN‬
‪BENSEMHOUN Arié, Directeur général d’ELNET ‬
‪BERDUGO Yehuda, Rabbin, Aumônier Militaire du Consistoire de Paris‬
‪BETTACH Raphy, Professeur de médecine ‬
‪BOTBOL Claude, Pharmacien‬
‪DAHAN Daniel, Grand Rabbin d’Aix en Provence‬
‪EISENBERG Marc, Président de l’Alliance Israélite Universelle ‬
‪ELALOUF Elie, Ancien Directeur Général de RACHI, ancien membre de la Knesset‬
‪ELALOUF Edmond, Ancien Président du Centre Communautaire de Paris ‬
‪ELICHA Tony, Homme d’affaires ‬
‪ELICHA Alexandre, Fondateur THE KOOPLES‬
‪ELICHA Laurent, Fondateur THE KOOPLES‬
‪ELICHA Raphaël, Fondateur THE KOOPLES‬
‪ENKAOUA Fred, Vice Président du Centre Communautaire de Paris ‬
‪EPSTEIN Daniel, Rabbin, psychanalyste ‬
‪FORSTER Lev, Avocat‬
‪GOLDMANN Ariel, Président du Fonds Social Juif Unifié et de la Fondation du Judaïsme français
‪GOLDNADEL William, Avocat‬
‪GUEDJ Jean-Luc, Commissaire aux comptes‬
‪GUEZ Philippe, Banquier‬
‪GUTHMANN Jean-François, Président de l’OSE‬
‪HADDAD Philippe, Rabbin de la synagogue Copernic ‬
‪HADDAD Jérémie, Président des Eclaireurs et éclaireuses israélites de France‬
‪HAIK Daniel, Journaliste ‬
‪HOFFENBERG Théo, Fondateur de Reverso‬
‪HUSTER Francis, Acteur, réalisateur, membre de la Comédie Française ‬
‪IBGUI Gad, Directeur Général du Centre Communautaire de Paris‬
‪KALIFAT Francis, Président du CRIF‬
‪KANDEL Ariel, Ancien directeur de l’Agence juive, Directeur de Qualita‬
‪KARSENTY Philippe, Éditeur et conférencier ‬
‪KARSENTY Robert, Banquier‬
‪KLUGMAN Patrick, Avocat‬
‪KORSIA Haïm, Grand Rabbin de France **‬
‪LASSERI Bruno, Avocat‬
‪LASSERI Jean-Louis, Avocat‬
‪LEVY Georges-Henri, Homme d’affaires ‬
‪LEWIN Moshé, Rabbin‬
‪LUSTYK Jean-Philippe, Journaliste ‬
‪MAJERHOLC Norbert, Avocat‬
‪MALKA Shlomo, Journaliste ‬
‪MALLET Albert, Ancien Président de Radio Shalom‬
‪MAMAN Claude, Grand rabbin de Bordeaux‬
‪MANDEL Marc, Homme d’affaires ‬
‪MARCIANO Raphy, Directeur général de l’Alliance Israélite Universelle‬
‪MAREK Michel,Président de la communaut de Sucy en Brie ‬
‪MERGUI Yossi, Rabbin (Loubavitch)‬
‪MEYER Philippe, Journaliste ‬
‪NAKACHE Michel, Ancien Président des EEIF‬‬
‪NAOURI Aldo, Pédiatre‬
‪NEDDAM Gilbert, Administrateur de l’Espace culturel et universitaire juif d’Europe‬
‪NISENBAUM Haim, Porte parole du mouvement Loubavitch de France ‬
‪ODIER Richard, Directeur général du Fonds Social Juif Unifié‬
‪PINTO Sam, Président d’Alliance -Kiah‬
‪PODEMSKI Maurice,Trésorier de l’association KADIMA‬
‪PRASQUIER Richard, Président du Keren Hayessod, Ancien Président du CRIF‬
‪RABINOVITCH Gérard, Directeur de l’institut européen Emmanuel Levinas‬
‪RAPPAPORT Didier, Fondateur de Happn‬
‪RAUSKY Franklin, Directeur des études à l’Institut universitaire Elie Wiesel ‬
‪ROTHSCHILD de Eric, Président du CASIP @COJASOR et du Mémorial de la Shoah‬
‪ROUAS Yves, Président de l’Espace culturel et universitaire juif d’Europe et de l’Institut Elie Wiesel‬
‪SITRUK François, Président de la communauté consistoriale de Saint Brice sous Forêt‬
‪STEG Gabriel, Professeur de médecine
‪STEMMER Armand, Chef d’entreprise
‪STROUF Jean-François, Directeur adjoint l’Espace culturel et universitaire juif d’Europe et de l’Institut Elie Wiesel‬
‪SUISSA Steve, Cinéaste, metteur en scène ‬
‪SULTAN Nissim, Rabbin de Grenoble ‬
‪TOLEDANO Jo, Président de l’Ecole Juive Moderne‬
‪WIZMAN Ariel, Journaliste ‬
‪ZERAH Dov, Ancien Président du Consistoire de Paris ‬
‪ZERBIB Hubert, Ingénieur informatique et membre du CA du Centre Communautaire de Paris".

Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS), David de Rothschild a exprimé sa solidarité : « Vous m’avez saisi de la lettre de soutien à la lettre ouverte de la présidente de la WIZO-France sur l’évolution nécessaire des conditions de remise du « guet » par l’époux récalcitrant. Ce combat mérite effectivement d’être mené pour aider les femmes concernées à sortir de situations dramatiques sur le plan personnel et à reconstruire leur vie familiale en plein accord avec les principes du judaïsme. Nous ne pouvons, conformément à notre pratique constante, signer cette pétition mais je tiens à vous assurer, sans aucune ambiguïté, au nom de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et en mon nom personnel, de mon plein soutien à cette initiative qui vise à défendre, aujourd’hui et demain, les droits et la dignité des femmes juives. »

"Le Times of Israël en français s’est donc entretenu avec Diana-Paola Levy pour aborder cette question cruciale. La question centrale qui ressort de cet échange est la suivante : “est-on obligé d’aller dans les extrêmes que sont la prison, le blocage d’une inhumation, pour faire avancer les choses ? »
"La WIZO, qui oeuvre pour la dignité et le statut des femmes, souhaite “qu’ensemble, avec le consistoire, avec le Beth Din de Paris, avec les forces juridiques en France, nous trouvions des idées à présenter au Beth Din d’Israël, en tant que deuxième communauté juive de la Diaspora”.
"Depuis 2018, le Parlement israélien (Knesset) a adopté une loi donnant aux tribunaux rabbiniques une compétence internationale et de sanction contre les juifs refusant le divorce, sous certaines conditions."
"Certaines femmes juives non israéliennes seront désormais autorisées à demander le divorce devant les tribunaux rabbiniques israéliens, après que la Knesset a adopté une loi étendant la compétence des organes juridiques religieux gérés par l’État au-delà des frontières de l’État juif."

"Times of Israël : Concrètement, qu’attendez-vous du Beth Din d’Israël ? Quels moyens peuvent-être mis en oeuvre ?
Diana-Paola Levy : J’attends que nous Français, nous nous asseyons autour d’une table avec la partie religieuse, c’est-à-dire le président des Consistoires et le rabbin concerné, avec des avocats spécialistes du droit de la famille et peut-être du pénal, avec la Cour de Cassation et des associations comme la WIZO, mais pas que, et créons une commission d’hommes et de femmes qui œuvrent sur la souffrance faite aux femmes et sur le statut des femmes dans notre communauté.
Cette étape 3, consistera à s’asseoir autour d’une table et à réfléchir chacun dans sa partie. Dans le respect de la Halakha, dans le respect de la loi française et dans le respect du statut des femmes.
C’est dans la discussion et dans la concertation que l’on arrivera à créer quelque chose. Ce que je considère, c’est qu’il suffit qu’il y ait une femme qui souffre, et c’est déjà trop.
Je remarque que ce sujet est problématique partout dans le monde. Contrairement aux anglo-saxons, qui ont le contrat prénuptial, et qui fonctionne autrement, qui ont une autre mentalité sur la séparation, sur l’argent, sur le mariage – même s’il y a des problèmes partout – je suis aujourd’hui préoccupée par la France.
Il suffit qu’il y ait une femme qui souffre, et c’est déjà trop
Ce que l’on attend du Beth Din, c’est la même solution qu’il a trouvé pour les ascenseurs pour Shabbat. Faire fonctionner les choses de manière soft et dans l’intérêt de tous, traditionalistes, religieux, dans la douceur et le respect de nos traditions et de notre religion et dans le respect de la Halakha.
Aujourd’hui en France, qui sont les femmes concernées par la question du guet ? Qui sont les femmes qui répondent au titre de ‘agouna’ ?
Jane Zimero, spécialiste du droit des femmes et du guet depuis des années au sein de la WIZO, a fait une étude très intéressante, avec l’accord du Consistoire et des Consistoires de France, en faisant une analyse auprès des Beth Din de France et des femmes concernées. L’étude explique l’état des lieux, interviewe des personnalités qui sont à la fois dans les Consistoires et les Beth Din, et comprend également des témoignages de femmes, anonymes. Ce sera l’étape 4. Nous transmettrons cette étude à la commission pour qu’elle travaille dessus.
Il y a trois types de femmes qui sont en attente du guet : il y a les femmes de 55 ans et plus, qui sont divorcées, et qui n’ont pas demandé leur guet, parce que le sujet des enfants n’est plus un sujet, et elles estiment qu’elles n’ont pas à le demander. On le voit réellement dans notre population WIZO France et nous sommes 6 000 en France.
Il y a les femmes qui ont entre 35 et 50 ans, qui elles, ne veulent pas d’autres enfants, mais estiment que c’est un devoir de retrouver leur liberté. Elles viennent chercher leur liberté morale, ne plus être attachées à un homme, même si les vies de chacun sont refaites. Et malgré ça, quand les vies de chacun sont refaites, il y a problème sur la remise de guet, alors qu’il n’y a plus d’enjeu, que le divorce civil ait été prononcé ou pas, et même si l’on sait que la loi française dit que le guet peut-être remis au moment du divorce civil.
Et enfin il y a la femme qui est jeune, qui est en âge de vouloir avoir d’autres enfants, et qui attend d’avoir le guet, et là, ce sont les chiffres que l’on connaît.
Selon l’étude et selon un recensement approximatif, il y a en moyenne par an 750 à 800 mariages juifs en France, et le nombre de divorces annuels est de l’ordre de 40 à 50 %.
Toujours sur la base des informations recueillies auprès des rabbins, les procédures de guet ne soulèvent pas de problème dans 70 à 75 % des cas. Le drame surgit lorsqu’un époux, pour des raisons qu’il n’est pas obligé d’exprimer, refuse de « donner le guet », précise l’étude.
Comment expliquer que des femmes, notamment les Wizéennes, qui se revendiquent d’un mouvement areligieux, vont se mobiliser pour obtenir un sésame profondément religieux ?
Je crois que l’on est un peuple plein de merveilles et plein d’ambiguïté en même temps. Le guet est un sujet profondément religieux, a priori. C’est aussi un sujet profondément sociétal, parce qu’on sait qu’à ketouba, le contraire est la répudiation et le guet. Et donc plus on en parle, plus on s’y sent attaché.
C’est davantage une question de liberté et de principe.
Quand on connaît la signification de ce guet, on y accorde une autre mesure. C’est le revers de la médaille de la liberté que l’on souhaite acquérir.
Et c’est pour cela que je voudrais avoir un propos pacifique et dire que ces solutions, nous ne pourrons les trouver qu’aux côtés des hommes. Au même titre qu’un homme qui n’arrive pas à remettre le guet à sa femme est également embêté. Pas dans la même mesure et pas pour les mêmes raisons, mais ça arrive. La souffrance n’est pas la même et c’est une véritable forme de violence.
Je pense que la non-remise de guet est l’une des premières violences faite aux femmes, parce que la violence n’est pas que physique, elle peut être verbale, mentale.
 Je voudrais faire, à ce sujet, un clin d’œil au travail que fait l’association NOA – Osez le dire, qui est une centrale d’écoute justement sur les violences faites aux femmes, et qui a été créée par la WIZO il y a une dizaine d’années et rejointe par la Coopération féminine qui appartient au FSJU et par différentes associations comme l’OSE, et qui font un gros travail d’écoute.
Comment est arrivée cette lettre de soutien, qui a reçu un accueil inédit ?
A la lettre ouverte, certaine personnes m’ont contacté pour me féliciter de ma prise de parole et ont dit que c’était une bonne chose de bouger à travers des médias, parce que cette situation est inadmissible. Et au fil du temps, je leur ai dit : “Signe-le ! Écris-le !”
Une chaîne s’est faite et nous avons obtenu 82 signatures, bien au-delà des 26 initialement espérées. Nous avons eu le président du CRIF, Francis Kalifat, le grand-rabbin de France, de nombreux rabbins du Consistoire qui nous ont dit « ce n’est pas qu’un sujet de femmes, ce guet« .
L’objet de la signature à cette lettre de soutien était de clamer cela haut et fort.
Aujourd’hui, de nombreuses villes de province soutiennent l’action de la WIZO France et notre objectif c’est véritablement de travailler ensemble, avec le consistoire, avec les Beth Din et avec les associations qui défendent le statut des femmes de notre communauté, sans attendre.
En tant que présidente de la WIZO, que pensez-vous des nouvelles mesures comme les campagnes de shaming, chose qui ne se faisait pas il y a encore quelques années.
Étant issue du milieu de la communication, j’ai pensé à me tourner vers les réseaux sociaux pour faire avancer les choses. J’ai une appréhension. Que cela sorte de notre communauté. C’est pour cela que je rêve que l’on puisse s’asseoir autour d’une table, vraiment travailler et ensemble apporter des solutions et des actions. J’aimerais éviter ces actions là et qu’on ait, ensemble, l’intelligence de trouver des solutions.
Si l’objectif est de mettre au devant de la scène ces hommes récalcitrants, ça fonctionne, dans 80 % des cas. Parce que le guet devient un sujet de pression, d’ego, de social.
Mais après, c’est comme la prison, c’est comme bloquer une inhumation. Est-on obligés de faire ça ? Je rêve d’une évolution plus pacifique. On parle d’antisémitisme, d’assimilation, on parle de mariage mixte, n’est-on pas au cœur du problème ? Est-ce que le guet ne dépasse pas un sujet religieux ? N’est-ce pas un sujet de société ?
Est-ce que les décisions que vous souhaitez voir le Beth Din d’Israël prendre profiteront aux femmes de France concernées ?
La WIZO, qui fête ses 99 ans, intervient à la Knesset. Elle travaille sur le statut des femmes, l’éducation et la détresse familiale, qui sont nos trois piliers depuis 99 ans.
La WIZO était signataire de la création de l’Etat d’Israël, ce qui veut dire qu’on a vraiment une action. On est le premier partenaire social privé de l’Etat d’Israël.
 Mon action est sur la libéralisation de la parole des femmes. Ces décisions seront entre les mains du Consistoire et des Consistoires de France. Et j’aimerais qu’ils s’approprient le projet, ensemble, qu’on ait chacun notre voix.
Je pense qu’il y a trois voix dans ce sujet : le statut des femmes, le côté juridique, puisqu’il faut divorce civil pour qu’il y ait guet et le Beth Din de Paris et de Province. Si chacun reste dans son secteur, on trouvera un consensus et je suis très positive à cette idée. Dream Big. Quand on est engagé, on a besoin de rêver.
Voilà ce que je souhaite pour les femmes et les hommes de notre communauté, pour favoriser la continuité de notre peuple, de nos traditions, selon la Halakha, dans l’évolution de la modernité et de qui nous sommes."

Kathy Kisraor-Ayache
Le 18 novembre 2020 à 20 h, la Maison de la culture Juive organisa la conférence "Avoir son Guett, le parcours des combattantes", avec Katy Bisraor-Ayache, j
ournaliste diplômée de Sciences Po Paris et de l’Université hébraïque de Jérusalem et avocate devant les Tribunaux rabbiniques d’Israël, spécialisée dans le Droit de la famille. "Conférence et action de soutien pour les femmes “agunot”, dont les bénéfices de la soirée seront intégralement reversées à l’association Tamid Yahad". Le Guett (acte de divorce traditionnel juif) est probablement un des problèmes majeurs dans le monde juif contemporain. Que ce soit dans la société séculière ou pratiquante, ce modèle archaïque de loi, soi-disant de protection de la femme dans le mariage, a montré ses limites et se retourne contre celle-ci. Certains maris indélicats n’acceptent pas de donner cet acte de divorce, ou le concèdent au prix de chantages inqualifiables et provoquent des drames sociaux particulièrement graves. Katy Bisraor nous expliqua la situation actuelle en Israël et dans le monde de ces femmes (Agunot) qui n’ont aucun espoir de recevoir leur acte de divorce de la part de leur ex-mari et quelles sont les perspectives d’évolution en cette matière."
Tarifs : Participation 10 euros / Participation de soutien 25 euros -
Réservations : par Zoom: achetez votre accès,  vous recevrez le code d’accès à la réunion par e-mail. Pour plus de renseignements: maisondelaculturejuive@hotmail.com

Dans un article intitulé "Non au guet-chantage" (12 novembre 2019), Katy Bisraor a rappelé :
"Le guet ne peut pas être utilisé comme levier de pression et comme monnaie d’échange dans un conflit sur le patrimoine. Le guet n’est pas un moyen de punition dans les mains de l’homme parce que sa femme l’a trompé.
Le guet doit être donné sans rapport avec le divorce civil. En France, si une loi exige la tenue d’un mariage civil avant le mariage religieux, Il n’y a pas de loi identique sur le divorce. Par souci, trop strict du respect de “dina demalkhouta dina” , les Tribunaux rabbiniques français ont établi une règle, qu’il faut changer si l’on veut mettre fin au “guet-chantage” et au “guet-racket”. Le lien avec le divorce civil est devenu un moyen pour nombre de maris d’extorquer de l’argent, des droits, des avantages.
Donner le guet à sa femme est une mitzva, un commandement biblique. (Dvarim, Deutéronome,24)
Certes, nous dit le cinquième Livre de la Torah, l’homme doit donner le guet de son plein gré, mais il n’est pas écrit que le guet est négociable. Détourner le sens de cette mitzva est une enfreinte grave à la Loi juive.
Les arguments utilisés par ces époux montrent l’urgence d’une clarté dans les messages des dirigeants religieux et communautaires. Le message doit être intelligible et clair.
Je rappelle la position du Rav Shlomo Stassman, un des juges rabbiniques les plus importants et influents d’Israël : “Lorsqu’il n’y a plus de chance de “shalom bait”, de paix dans le foyer, le guet doit être donné immédiatement.”
Dans "Un homme “agoun” (22 juin 2020), Katy Bisraor a écrit :
"L’époux “agoun” face à une épouse qui refuse de recevoir son guet est un sujet dont on parle beaucoup moins que le drame de la femme agouna.
Le cas d’un mari “agoun”, est certes bien moins grave dans ses conséquences. Alors qu’une femme agouna ( son mari refuse de lui donner son guet) n’a aucune issue, le mari “agoun” (sa femme refusant de recevoir le guet) a, du point de vue de la halakha, plusieurs possibilités de continuer sa vie, y compris celle de se remarier (bien que l’autorisation d’un second mariage soit compliquée à obtenir). S’il a un enfant avec une autre femme, cet enfant sera légitime alors que dans le cas d’une femme sans guet, cet enfant sera “mamzer”, bâtard.
Tout en étant beaucoup moins dramatique pour le conjoint, l’attitude d’une femme qui refuse de recevoir son guet, est tout aussi reprochable. Comme pour la agouna, il y a là une exploitation inacceptable de la Loi juive. Ce que nous disons pour défendre la femme agouna, doit aussi être dit pour l’homme agoun. Lorsqu’il n’y a plus de chance de “shalom bait”, de vie maritale, le guet doit être donné immédiatement par l’époux et doit être reçu immédiatement par l’épouse.
Grâce à une décision d’une importance majeure pour le droit de la femme, décision datant d’un millier d’années, décrétée par Rabbenou Guershom, Meor Hagolah, (c. 960 -1040), un des premiers et des plus importants décisionnaires halachiques du monde ashkénaze, le divorce juif, le guet ne peut plus être donné par l’homme sans le consentement de l’épouse. L’épouse doit accepter le guet et le recevoir directement ou par un émissaire nommé par un Beit Din.
Le phénomène de femmes qui refusent de recevoir leur guet n’est pas rare. Selon les données des Tribunaux rabbiniques, il serait même plus important numériquement que le nombre de maris refusant de donner le guet à leur femme.
Cette semaine, la Cour Suprême saisi en appel par l’épouse qui refusait de recevoir son guet a tranché et donné raison à l’époux. Pour la Présidente de la Cour, la Juge Esther Hayout, le chantage de l’épouse est condamnable et la Haute Cour a donné raison au Tribunal rabbinique qui avait condamné la femme a une amende journalière de 150 shekels, puis de 220 shekels tant qu’elle refusera de recevoir son guet que l’époux a déjà déposé devant le Beit Din.
Le couple qui s’est marié il y a trois ans, s’est séparé après quelques jours de mariage. L’époux sous le conseil du Beit Din a accepté de transmettre à l’épouse les cadeaux du mariage pour une valeur de 60.000 shekels. Mais l’épouse continue depuis trois ans a refusé le divorce.
Dans le même dossier, La Haute Cour a par contre rejeté la décision du Beit Din de réduire la valeur de la Ketouba de l’épouse de 500 shekels par jour, tant que le refus de recevoir le guet se poursuivrait et permet ainsi à la femme de demander sa kétouba dans son intégralité, une fois qu’elle aura accepté de recevoir le guet."

Zebulon Simantov, afghan
Seul un Juif demeurait en Afghanistan début 2021 : s'occupant d'une synagogue, Zebulon Simantov refusait depuis plus de vingt ans de remettre le guet (divorce religieux) à son épouse vivant en Israël. "Zébulon est né à la fin des années 1950, sous le règne de Mohammed Zaher Chah. À plus de 60 ans, il a été le témoin des bouleversements qui ont ensanglanté l'Afghanistan depuis : de la royauté à l'émirat islamique, il a vécu la révolution, la république, l'invasion soviétique, la guerre civile et l'arrivée au pouvoir des talibans, la guerre et l'occupation américaine, et enfin, le retour des talibans. « J'ai résisté. J'ai rendu la religion de Moïse fière ici », confiait-il à l'AFP." Son départ en avion d'Afghanistan a été annoncé début septembre 2021.

"Soucieux de faire bonne figure et de donner des gages à la communauté internationale, les talibans ont pourtant assuré garantir sa sécurité. Suhail Shaheen, porte-parole des talibans, a déclaré à la chaîne de télévision Kan News – dont il ne savait pas qu'elle était israélienne – que le groupe islamiste respecterait les droits des minorités en Afghanistan, y compris ceux du dernier juif du pays."

En septembre 2021, Zebulon Simantov a finalement fui l'Afghanistan dirigé par les Talibans pour les Etats-Unis "avec l'aide d'un intermédiaire ultra-orthodoxe de Brooklyn et d'un homme d'affaires israélo-américain".

Il a aussi accordé le divorce à son épouse. "Le guet a été accordé par le Beth Din de Sydney, dirigé par le rabbin Yehoram Ulman, selon le journaliste Zvika Klein du Makor Rishon

Klein a publié une capture d’écran d’une conversation sur Zoom à laquelle participaient également le rabbin Mendy Chitrik, basé à Istanbul, et l’homme d’affaires Moti Kahana, qui a fait pression pour que M. Simantov accorde le divorce depuis sa fuite périlleuse d’Afghanistan au début du mois. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les rabbins orthodoxes ont donné leur accord à des procédures de divorce tenues sur Zoom dans les cas où un guet était refusé. Plusieurs procédures similaires ont eu lieu en Israël, ce qui signifie que le divorce de Simantov sera probablement reconnu comme valide par les autorités religieuses."

Shuli Rand 
Le 9 novembre 2021, Shuli Rand, acteur (« Ushpizin » de Gidi Dar, "Shtisel" sur Netflix), chanteur et réalisateur hassidique âgé de 59 ans et neveu du pédagogue Reuven Feuerstein, a épousé Tzufit Grant, actrice et présentatrice de télévision âgée de 57 ans, en présence de personnalités - Orna Banai, Amir Benayoun et Shlomi Shaban -, mais les deux enfants de Shuli Rand ont déclaré n'avoir pas été informés et invités à cette fête près de Jérusalem.

Le mariage a pu avoir lieu car l'époux avait obtenu l'approbation (“heter mea rabbonim”) de cent rabbins en raison de sa situation particulière : Michal Grant, actrice dans le film de Dar et première épouse de Shuli Grant, avait refusé d'accepter le guet et réclamait une somme importante - les époux Rand s'adressaient publiquement de graves accusations. Une bigamie exceptionnellement tolérée.

Pas d'enterrement en Israël
En Israël, un mari juif refusant "le divorce à sa femme ne pourra être enterré en Israël. Dans une décision qui fait jurisprudence, le Conseil rabbinique du grand rabbinat israélien a refusé le droit à l'inhumation juive aux proches d'un homme qui refuse activement le divorce de sa femme. Le tribunal rabbinique a statué que l'homme encore vivant ne sera pas autorisé à être enterré dans un cimetière juif en Israël. Le Conseil a accepté la recommandation du grand rabbin ashkénaze d'Israël David Lau pour prendre sa décision".

"La décision a été prise après que la Cour suprême d'Israël ait décidé, au début de l'année, de ne pas se prononcer sur la question et d'ordonner au Conseil rabbinique de s'en occuper".

Meir Kin, juif américain, refuse d'accorder le "guet" depuis près de deux décennies. "Je suis profondément reconnaissante au Grand Rabbinat pour cette décision miraculeuse qui prouve que je ne suis pas seule et que le peuple d'Israël est avec moi", a déclaré Lonna Ralbag, épouse de Meir Kin.

Et elle a poursuivi : "J'espère vraiment et je prie pour que cette décision contribue à me libérer après presque deux décennies, même si la seule motivation derrière ce verdict est la volonté de respecter correctement ses parents et sa famille et de les épargner des conséquences potentielles d'une telle décision. J'espère également que cela aidera d'autres femmes piégées dans ce genre de situation."

"Le groupe orthodoxe Yad La'Isha, qui a rédigé un mémoire pour soutenir la femme, a salué le jugement. "Cela montre que l'État d'Israël, en tant qu'État du peuple juif, fera tout avec les outils à sa disposition, même non conventionnels, pour aider les femmes enchaînées", a déclaré Moriya Dayan, avocate de Yad La'Isha".


A lire sur ce blog :
Articles in English

Cet article avait été publié vers le 9 mai 2014 dans l'article Un paysage médiatique Juif contrasté. Il a été modifié le 14 décembre 2017, et republié les 15 mai 2014, 3 janvier 2015, 8 mars et 15 novembre 2016, 14 décembre 2017, 10 juillet 2018, 17 novembre 2020.

5 commentaires:

  1. on sent bien ces derniers jours une volonte de la part de certains à noyer le poisson , autrement dit à crèer un halo de fumée autour de ce scandale pour l'atténuer , voire l'étouffer. cela s'appelle de l'enfumage.
    le problème auquel nous sommes tous confrontés n'est pas de savoir s'il existe des conflits au sein du consistoire , si certains cherchent à profiter de ce scandale pour nuire à leurs concurrents . la gravité des faits, et le public n'"est pas dupe, réside dans le comportement des membres du Beth-Din , dans leur aptitude à assurter les fonctions éminentes qui sont les leurs , à maintenir la dignité (j'insiste sur ce mot) de l'institution si on veut qu'elle conserve sa crédibilité.
    et force est de constater qu' aptitude et crédibilité sont largement entamées , quels que soient les intentions du couple ou les querelles au sein du consistoire..

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  2. Pourquoi indiquez vous :
    Aucun nom n’apparait dans le site et dans le blog de cette organisation

    Le site mentionne Monsieur Jean Claude LALOU

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  3. S'agissant de l'association Avenir du judaisme? Pourquoi indiquez vous :
    Aucun nom n’apparait dans le site et dans le blog de cette organisation

    Le site mentionne Président et directeur de la publication: Monsieur Jean-Claude LALOU.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quand j'ai écrit cet article, j'ai cherché vainement un nom sur ce blog.
      Les textes publiés alors n'étaient pas signés.
      Pourquoi les noms des membres, ou au moins les dirigeants de cette association sont-ils absents du site ?

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  4. Excellent article, très complet !
    La situation actuelle est un serpent qui se mort la queue :
    Pourquoi le tribunal civil français demande-t-il un divorce civil préalable avant de condamner le mari récalcitrant au guett à des dommages et intérêts ?
    Parce que, sauf accord du mari, le Consistoire ne s’occupe du guett qu’après le divorce civil.

    Tout le monde tient pour acquis que le divorce civil doit précéder le divorce religieux alors qu’aucune loi française n’impose un divorce civil préalable.
    La preuve: la femme peut obtenir son guett avant le divorce civil si le mari est d’accord pour le lui donner.

    Me Joëlle Galimidi, participante à l’atelier Statut des femmes, aux assises du judaïsme du Consistoire de Bordeaux des 10 et 11 novembre 2019

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