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mardi 20 février 2024

« Des « terroristes » à la retraite » de Mosco Boucault

Le 21 février 2024, aura lieu la cérémonie d'entrée au Panthéon des résistants Missak et son épouse Mélinée Manouchian, et Arte rediffusera à 22 h 30 « Des « terroristes » à la retraite », documentaire célèbre et bouleversant de Mosco Boucault  (1983), puis à 23 h 40 sa postface "Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant" de Mosco Levi Boucault. Des « survivants du groupe Manouchian, résistants communistes étrangers, Juifs pour la plupart, racontent l’itinéraire qui les a conduits à s'installer en France, puis durant la Deuxième Guerre mondiale à la résistance et à la lutte armée, jusqu’à l’arrestation du groupe dans des circonstances « amères » et liées selon des historiens au Parti communiste français (PCF). 
Fuyant les persécutions antisémites et politiques de la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et l’Arménie, les Juifs ou/et communistes immigrent en France dans les années 1930.

Là, ils travaillent dans de modestes ateliers de tailleurs ou fourreurs, souvent comme confectionneurs à domicile, dans une France en crises politiques et économiques, et sont enthousiasmés par le Front populaire.


Les diverses associations et mouvements Juifs ou arméniens, souvent politisés, dans lesquels ils militent constituent pour eux des espaces de formation intellectuelle, de sociabilité et de solidarité.


En août 1939, les militants communistes sont désorientés et stupéfaits par la signature du pacte de non-agression entre Staline et Hitler. "Un pacte avec le diable", pour nombre d'entre eux.


Ils s’engagent dans l'armée française dont ils déplorent la désorganisation, des "déguisements" en guise d'uniformes face à un ennemie bien armé, la rapide déroute, et sont stupéfaits par l’armistice (22 juin 1940).

Sous l’impulsion du maréchal Pétain, le régime de Vichy s’engage dans la collaboration avec l’occupant allemand nazi.


Promulgué à l’automne 1940 par ce régime, le premier statut des Juifs contraint ceux-ci à se faire enregistrer au commissariat. Sans consigne, ces militants communistes se font enregistrés comme Juifs au commissariat de police. Le tampon "Juif" est apposé sur leurs papiers d'identité.


Après la première rafle de Juifs (gymnase Japy dans le XIe arrondissement de Paris), les militants communistes ne reçoivent toujours pas de directive d'action.


Ce n'est qu'après l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne du IIIe Reich (août 1941) que le Parti communiste français (PCF) mène une guérilla urbaine à Paris contre l’occupant nazi. Un ordre de Staline.


 “Mais les militants français n’ont pas la culture de la clandestinité. Le parti s’adresse alors aux militants de la MOI (Main-d’œuvre immigrée) : le travail souterrain leur est familier et ils n’ont rien à perdre… Ils ont été les principaux acteurs de” cette guérilla urbaine.

Sur ordre de Fabien, un soldat allemand est tué dans une rame de métro.

Le Parti "recrute des jeunes communistes exaltés, prêts à se sacrifier pour cette lutte", précise l'historien Stéphane Courtois. Le PCF ne reçoit guère d'écho parmi les ouvriers, et se tourne alors vers les immigrés n'ayant rien à perdre, souvent des Juifs dont les familles avaient été raflées en particulier après celle du Vel d'Hiv (1942), voire déportées.


Tuer ? "C'était difficile", se souviennent ces résistants, car, élevés dans des principes moraux, ils ne sont pas des assassins. Ils attaquent les soldats allemands où qu'ils se trouvent : dans un restaurant, dans la rue... Le but : harceler l'occupant - en moyenne, trois actions par semaine - et éviter que Paris ne se transforme en ville de loisirs pour les Allemands. Au fil des années, les Allemands se retranchent dans certains quartiers. Les résistants se dotent alors d'un service de renseignements.


Le régime de Vichy et l’occupant allemand nazi les combattent, les qualifient de “terroristes”, les arrêtent, les torturent, fusillent, déportent au camp de Struthof (France) où ils sont peints en jaune ou à Auschwitz (Pologne)...


En 1983, Mosco Boucault a recueilli le témoignage de ces résistants dans leurs ateliers, domiciles et les lieux de leurs actions,  reconstitué des scènes avec les protagonistes âgés, et filmé l'un d'eux fabriquant une bombe artisanale.


"L'affiche rouge"
“Organisés en triangles cloisonnés, les FTP-MOI (Francs-tireurs partisans de la Main-d’œuvre immigrée ; prononcez en séparant chaque lettre de FTP puis “Moï”) fabriquent des bombes, d'abord artisanales, puis de plus en plus élaborées”. Dans ces unités, se trouvait aussi un médecin.

Leurs actions multiples s’avèrent efficaces : à Paris, de mars 1942 à novembre 1943, “92 hôtels allemands sont attaqués à la bombe, 33 à la grenade ; 15 bureaux de recrutement sont incendiés, 125 camions militaires détruits, 11 traîtres abattus, 31 formations militaires attaquées”.


En août 1943, les FTP-MOI “organisent un attentat contre von Schaumburg, général commandant de Paris.


En septembre 1943, ils exécutent Julius Ritter, responsable du STO (Service du travail obligatoire) - réquisition et transfert vers l’Allemagne nazie de centaines de milliers de travailleurs français contre leur gré afin qu’ils contribuent à l’effort de guerre allemand - mis en vigueur dès 1942 en France.


Cependant, en octobre 1943, “un des chefs des FTP-MOI est arrêté. Survivant du génocide commis à l’égard des Arméniens par les Turcs, militant communiste, Missak Manouchian cherche en vain à obtenir de la direction du mouvement l’autorisation de quitter provisoirement Paris”.


En novembre 1943, 200 résistants de la région parisienne sont interpellés par la Gestapo, dont 23 sont fusillés le 21 février 1944 au mont Valérien, près de Paris. « Quelques jours plus tard, leurs portraits sont diffusés par l'"Affiche rouge" : il s'agit de membres du groupe "Manouchian", résistants communistes étrangers, Juifs pour la plupart. Sept survivants de ce groupe, cinq Polonais et deux Roumains, tous Juifs, racontent l'itinéraire qui les a conduits en France, puis à la résistance et à la lutte armée, reconstituant certaines de leurs actions. Élaborée par le service de la propagande nazie en France, stigmatisant l'origine étrangère, l’idéologie communiste ou la judéité de ces jeunes hommes, indiquant les actions attribuées à chacun d’entre eux – « « Elek – Juif hongrois, 8 déraillements », « Manouchian – Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés », « Witchitz – Juif polonais, 15 attentats », « Fontanot (Fontano) – Communiste italien, 12 attentats » -, cette “affiche rouge” est placardée sur les murs de Paris, Nantes et Lyon. S'inspirant de la dernière lettre de Missak Manouchian à son épouse avant d’être exécuté, Louis Aragon rédige le poème Strophes pour se souvenir (1955) lors de l'inauguration de la rue du Groupe-Manouchian, dans le XXe arrondissement de Paris. Ce poème est mis en musique et interprété par Léo Ferré en 1959, puis par d’autres chanteurs, dont Catherine Sauvage.

Ilex Beller, Jean-Paul Bonnaire, Gilbert Brustlein, Stéphane Courtois, Jacques Farber, Alain Forge, Philippe Granier-Raymond, Louis Gronowski, Boris Holban, Raymond Kojitsky, Jean Lemberger, membre de la MOI (Main d’œuvre immigrée) et frère de Régine Stépha Skurnik, Claude Levy, Raymond Lévy, Mélinée Manouchian, Charles Mitzflicker, Albert Ouzoulias, Hervé Panzéra, Simon Rayman, Abraham Rayski, Bibi Tighouart et Gilbert Weissberg… Résistants, témoins et historiens évoquent cette période tragique. 


S’attachant à sept résistants survivants, ce documentaire remarquable est passionnant, bouleversant sur l’humanité et la modestie, les questionnements moraux, les hésitations à attaquer un soldat allemand et la détermination courageuse de ces résistants, leurs maladresses et leurs manques de moyens, leurs échecs et leur humour, leurs solitudes et leurs familles décimées, leurs retrouvailles pour le nouvel an dans un appartement parisien rue de Paradis.


Ingrate, l’administration française avait refusé à certains d’entre eux la nationalité française qu’ils avaient sollicitée, lors même qu’ils avaient combattu courageusement au nom aussi de principes de la République française acquis sous la IIIe République et s’étaient intégrés dans la société française.

« Des « terroristes » à la retraite »
Arte rediffusera l
e 21 février 2024 à 22 h 30 « Des « terroristes » à la retraite », documentaire célèbre et bouleversant de Mosco Boucault  (1983).

"Juifs et communistes, émigrés en France dans les années 1930, ils ont été les principaux acteurs de la résistance urbaine menée à Paris contre l'occupation allemande. En 1985, pour son premier long métrage documentaire, Mosco Levi Boucault recueillait le bouleversant témoignage de ces ex-"terroristes" oubliés par la France".

"Ils étaient juifs, communistes et étrangers. Venus de Pologne, de Roumanie, de Hongrie et d’Arménie, ils ont immigré en France dans les années 1930 pour échapper aux persécutions raciales et politiques. Pour la plupart, ils étaient tailleurs ou fourreurs. Le pacte de non-agression entre Staline et Hitler, en août 1939, les déboussole. Ils s’engagent mais trouvent une armée française en déroute. La promulgation du statut des juifs par Vichy les oblige à se faire enregistrer au commissariat. Lorsque l’Allemagne envahit l’URSS, en août 1941, le Parti communiste français (PCF) lance une guérilla urbaine contre l’occupant, à Paris. Mais les militants français n’ont pas la culture de la clandestinité. Le parti s’adresse alors aux militants de la Main-d’Œuvre immigrée (MOI) : le travail souterrain leur est familier et ces proscrits, très jeunes pour la plupart, n’ont rien à perdre…"

"Organisés en triangles cloisonnés, les Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) fabriquent des bombes, d'abord artisanales, puis de plus en plus élaborées. Leurs actions se multiplient et sont efficaces : à Paris, entre mars 1942 et novembre 1943, 92 hôtels allemands sont attaqués à la bombe ; 33 à la grenade ; 15 bureaux de recrutement sont incendiés ; 125 camions militaires, détruits ; 11 traîtres, abattus… En août 1943, les FTP-MOI organisent un attentat contre von Schaumburg, général commandant de Paris. En septembre, ils exécutent le responsable du Service du travail obligatoire (STO) en France, Julius Ritter. Mais, en octobre, un de leurs chefs est arrêté. Missak Manouchian cherche alors en vain à obtenir de la direction du mouvement l’autorisation de quitter provisoirement Paris. En novembre, la plupart des militants sont arrêtés et exécutés. Leurs visages figureront sur la célèbre “affiche rouge” placardée sur les murs de Paris…"

"Lors de sa première diffusion, le témoignage précieux et bouleversant de ces héros modestes que la France avait alors relégués dans l'oubli a généré un considérable retentissement, d’abord parce qu’il mettait en avant la responsabilité des instances dirigeantes des FTP et du PCF, ensuite à cause de l’extrême humanité des protagonistes, filmés en situation, sur les lieux de leurs actions, rejouées pour la caméra, ou dans les ateliers de confection où ils ont continué de travailler. Une indifférence, puis une ingratitude que veut réparer l'entrée au Panthéon des cendres de Missak Manouchian et de son épouse, Mélinée, ce 21 février 2024, quatre-vingts ans jour pour jour après l’exécution du résistant au Mont-Valérien avec vingt et un de ses compagnons – arrêtée avec eux, la Hongroise Olga Bancic, elle, fut décapitée en Allemagne."

"Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant"
Arte diffusera le 21 février 2024  à 23 h 40 "Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant", documentaire (2024) de Mosco Levi Boucault et postface à « Des « terroristes » à la retraite » de Mosco Boucault.

"À l'occasion de l'entrée au Panthéon des cendres de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée, ce 21 février 2024, quatre-vingts ans jour pour jour après l’exécution du résistant au mont Valérien avec vingt-et-un de ses compagnons, Mosco Levi Boucault rend, avec cette postface de son documentaire "Des terroristes à la retraite", un vibrant hommage aux combattants de l’Affiche rouge."

"Ils s’appelaient Raymond Kojitsky, Rino Della Negra, Thomas Elek, Olga Bancic, Celestino Alfonso… Ils étaient membres des Francs-tireurs et partisans - Main-d’oeuvre immigrée (FTP-MOI), unités de la résistance communiste. Sous l’impulsion du PCF, ces résistants, juifs et étrangers, dont Missak Manouchian, ont pris les armes contre l’occupant allemand à Paris de 1942 à novembre 1943 et joué un rôle déterminant dans la Résistance."

"Après l’assassinat du colonel SS Julius Ritter, qui supervisait le STO (Service du travail obligatoire), le 28 septembre 1943, vingt-trois d'entre eux sont arrêtés en novembre et vingt-deux exécutés le 21 février 1944. Olga Bancic, la vingt-troisième, sera guillotinée à Stuttgart. Une "affiche rouge" avec les noms de dix d’entre eux est alors placardée sur les murs de France par la propagande nazie, attribuant les actes de résistance à une armée de criminels étrangers, juifs et communistes".

"À l’occasion du 80e anniversaire de l'exécution de Missak Manouchian et de sa panthéonisation le 21 février 2024, en compagnie de son épouse Mélinée (disparue en 1989), Mosco Levi Boucault réalise, avec la cinéaste Ruth Zylberman, une postface de son documentaire Des terroristes à la retraite sorti en 1985, qui emprunte son titre au poème L'affiche rouge d'Aragon leur rendant hommage".

"Parcourant Paris et sa banlieue, Ivry et Saint-Ouen, les auteurs brossent le portrait de cinq de ces résistants des FTP-MOI – quatre hommes et une femme. Grâce aux émouvants témoignages de leurs descendants (petits-enfants, neveux, arrière-petits-enfants) lisant leurs dernières lettres ou évoquant des bribes de ces vies héroïques, et aux analyses précieuses des historiens Annette Wieviorka et Thomas Fontaine, ils restituent la mémoire de ces combattants qui alliaient amour de la France et haine du fascisme, tous morts pour la liberté dans l’espoir de lendemains qui chantent." 

Polémique
Lors de sa première diffusion en 1983 par Antenne 2, ce documentaire « Des « terroristes » à la retraite » de Mosco Boucault a eu un “retentissement considérable” et a suscité une polémique.

En effet, il montrait “l’extrême humanité des témoins, filmés en situation, sur les lieux de leurs actions rejouées pour la caméra ou dans les ateliers de confection où ils ont continué de travailler”.


Surtout, il “mettait en avant la responsabilité des instances dirigeantes des FTP (Francs tireurs partisans) et du PCF dans l'élimination du groupe "Manouchian", interpellé dans des circonstances obscures. Mélinée Manouchian, veuve de Missak Manouchian, livre sa version des faits. Plusieurs historiens et anciens résistants imputent le démantèlement du groupe à la direction du PCF clandestin qui ensuite les avait ostracisés de l’Histoire officielle de la Résistance au profit de résistants aux noms patronymiques bien français. Les dirigeants du PCF nient toute responsabilité dans l'arrestation et l'abandon de Manouchian. Un policier avait prévenu les résistants que Joseph Davidovitch, commissaire politique des FTP-MOI 1, avait trahi Manouchian. Pourquoi avoir obligé les résistants à rester, alors que certains souhaitaient se cacher ?


Se fondant sur l’étude d’archives ouvertes postérieurement à la diffusion du documentaire, divers historiens soulignent le rôle déterminant de la police française – filatures, recoupements, utilisation de dénonciateurs - dans l’arrestation du groupe Manouchian.

Le 14 mars 2016, à 15 h 30, le Farband Union des sociétés juives de France diffusa ce film. "Formidable documentaire consacré aux FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans - Mains-d'Oeuvre Immigrée), réseau de résistance formé de Juifs communistes originaires de Pologne, de Roumanie ou d'Arménie, qui commirent en 1942 et 1943 de nombreux attentats contre l'occupant. Nourri de témoignages des héros de cette histoire méconnue, « Des terroristes à la retraite », fait rarissime en matière de documentaire, a mis au jour une matière historique inédite et insoupçonnée. L’historien Stéphane Courtois, qui terminait alors sa thèse sur le PCF dans la guerre découvrait une publication des lettres de fusillés, en 1951 - une brochure préfacée par Louis Aragon-, dans laquelle quasiment tous les immigrés avaient été oubliés. C'est que l'histoire des communistes dans la guerre était la chasse gardée des communistes eux-mêmes. Le film a été présenté au festival de Cannes en 1983 puis au festival de Grenoble où il a obtenu le Grand Prix. En juin 1985, Antenne 2 programme « Des terroristes à la retraite », provoquant l'ire des communistes, encore très actifs à la télévision. Soutenus par le sénateur Charles Lederman et une campagne intensive de la presse communiste, ceux-ci obtiennent de la Haute autorité que le film soit visionné par un « jury d'honneur » composé de figures de la Résistance. Suivant l'avis négatif rendu par le jury, la Haute autorité demande à Antenne 2 de remiser le film dans un placard. La publication, dans les colonnes du Monde, d'une tribune de l'avocat Georges Kiejman («L'annulation du film sur le groupe Manouchian : un pas vers la censure à la télévision ? ») fait l'effet d'un pavé dans la mare, provoquant la colère de François Mitterrand. Et le film fut alors diffusé dans les Dossiers de l'écran, précédé d'un avertissement du sénateur Charles Lederman et suivi d'un débat dont il n'est rien sorti. Favorisée par la polémique, cette diffusion réunit 13 millions de téléspectateurs – un record dans l'histoire de l'émission d'Armand Jammot. Près de trente ans plus tard, le film de Mosco Boucault a certes perdu de sa force transgressive. Mais la puissance de témoignage des Terroristes à la retraite et la profonde humanité dont est chargé ce film doublement historique ne manquera pas de marquer de nouveaux spectateurs, renouant avec sa vocation première" (François Ekchajzer, Télérama, 06/02/2014).

ADDENDUM

Dans la nuit du 24 au 25 juin 2014, la stèle dédiée à Marseille à "Missak Manouchian et à ses 22 camarades a été profanée du signe de la croix gammée". 

Le 15 février 2015, à 11 h, à l'initiative des Fils et Filles des déportés Juifs de France, un hommage a été rendu au square Marcel Rajman (75011 Paris) à Marcel Rajman en présence d'Anne Hidalgo, maire de Paris. Ce square a été doté du portrait sculpté de ce "héros emblématique de la Résistance juive en France pour que chacun puisse le voir tel qu’il apparaît sur l’Affiche Rouge et pour que ce square ait un visage et une âme".

"La Traque"
Histoire diffusa les 25 et 31 août 2015 La traque de l'Affiche rouge, documentaire de Jorge Amat, qu'il a co-écrit avec Denis Peschanski : "Paris, 21 février 1944 : à l'issue d'un procès médiatisé, vingt-trois résistants étrangers issus de la mouvance communiste, sont condamnés à mort. Parmi eux, Missak Manouchian (Arménien et chef de bande), Rayman (Juif polonais), Epstein (partisan français), Alfonso (Espagnol), Fontanot (Italien), Boczof (Hongrois) : tous résistants de la première heure contre l'occupant nazi. Vingt-deux sont fusillés le jour même au Mont Valérien. Une femme sera emmenée en Allemagne pour y être décapitée. Une dizaine de jours plus tard, leur photo se retrouve placardée dans les rues de la ville pour illustrer ce que le gouvernement appelle l'entreprise "du crime", le combat des « terroristes. C'est la célèbre "Affiche rouge", qui inspirera le poème d'Aragon. Qu'en reste-t-il dans la mémoire collective ? L'image de l'Affiche rouge sans doute, image de résistance et de répression sans qu'on sache souvent ce qu'il en était vraiment. Ce film raconte la lutte, la traque et la chute du groupe de l'Affiche rouge à Paris de janvier à novembre 1943. Organisés en groupes armés, ils réalisent, en 1943, des actions spectaculaires pour faire plier l'occupant nazi. S'engage alors une traque sans merci : sous la direction de la préfecture de police de Paris, la Brigade spéciale n°2 des Renseignements Généraux repère, file, arrête et interroge les résistants avant de les livrer aux Allemands. A la manière d'une enquête documentaire, le film propose une reconstitution historique croisée de la traque à partir des archives judiciaires et policières de l'époque et des archives de combattants".

"Dans le cadre des événements organisés autour du 75e anniversaire de l'exécution des membres du groupe Manouchian au Mont-Valérien, le mémorial du Mont-Valérien s'associe à la mairie de Paris pour présenter le film documentaire "La Traque de l'Affiche Rouge" réalisé par Jorge Amat et Denis Peschanski. Rendez-vous le mardi 5 novembre à 18 h à l'Hôtel de Ville de Paris pour la projection en présence de Denis Peschanski". Entrée gratuite | Inscription nécessaire : reservation@mont-valerien.fr"

"Une ENQUÊTE DOCUMENTAIRE passionnante sur la plus grande traque jamais menée sous L'Occupation. Paris, Février 1944 : vingt-trois résistants, étrangers pour la plupart et issus de la mouvance communiste, sont condamnés à mort. Vingt-deux sont fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Une femme, Olga Bancic, sera envoyée en Allemagne pour y être décapitée. Une dizaine de jours plus tard, leur photo se retrouve placardée dans les rues de la ville pour illustrer ce que le gouvernement appelle "l'entreprise du crime". Ce film raconte la lutte, la traque et la chute du groupe de l'Affiche rouge à Paris de janvier à novembre 1943 et révèle pour la première fois les photos et les procès-verbaux originaux découverts dans les archives judiciaires et policières. Avec les témoignages de Irma Mico, Lise London, Paulette Sarcey, Adam Rayski, César Covo et Henry Karayan. Ce film-documentaire illustre également le travail de l'historien, Denis Peschanski, qui, grâce à l'ouverture des archives de la préfecture de police a pu combler les zones d'ombres subsistant autour des parcours des membres du groupe Manouchian, FTP-MOI, aux origines diverses, à l'engagement communiste et aux actions fortes au sein de la capitale."


Plenel et l'Affiche rouge
Le 8 novembre 2017, l'hebdomadaire Charlie hebdo a publié en Une une caricature du journaliste Edwy Plenel. "Sur le dessin, on voit plusieurs versions de la tête d'Edwy Plenel, sa célèbre moustache lui masquant sur l'une les yeux, sur l'autre les oreilles et sur une troisième la bouche, évoquant le symbole asiatique des trois singes de la sagesse. Cette Une, signée Coco, fait référence aux accusations dont le site d'investigation a fait l'objet ce week-end. L'ancien Premier ministre Manuel Valls a notamment évoqué sur CNews des "complicités" entre Edwy Plenel et l'islamologue Tariq Ramadan, visé par deux récentes plaintes pour viol".

Sur Twitter, Edwy Plenel, directeur de Mediapart, pure pleyer, a répondu la veille de la sortie du numéro : "L’affiche rouge de Charlie contre @mediapart. « Ils peuvent me haïr, ils ne parviendront pas à m’apprendre la haine » (Romain Rolland)". Or, ce parallèle s'avère infondé, choquant. D'un dessin le visant, Edwy Plenel a élargi au média qu'il dirige !?

"La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne générale (...) de guerre aux musulmans", a déclaré Edwy Plenel, le 8 novembre 2017, sur Franceinfo. Ce combat est mené selon lui par "une gauche égarée". 

Une polémique s'est développée sur ces propos. Edwy Plenel les avait-il prononcés exactement ? Etc.

Face à cette accusation grave, Riss, directeur de la rédaction de Charlie hebdo, a réagi par son éditorial Jamais. "Cette phrase, nous ne la pardonnerons jamais". Cette phrase, "la une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans", nous ne la pardonnerons jamais. Car en la prononçant, Plenel condamne à mort une deuxième fois Charlie Hebdo" Voyant dans ces propos un "appel au meurtre", il ajoute: "Cette phrase, qui désigne Charlie Hebdo comme un agresseur supposé des musulmans, adoube ceux qui demain voudront finir le boulot des frères Kouachi. Cette phrase, qui parle de notre journal satirique comme d'une arme de guerre, acquitte déjà ceux qui nous tueront demain". Un éditorial à la conclusion glaçante: "Si demain on nous liquide tous, si demain nous ne sommes plus là, espérons qu'il subsistera quelques courageux qui demanderont justice contre ceux qui nous auront frappés, mais aussi contre les esprits qui les auront armés".

"Bien sûr que je le regrette. Il ne fallait pas dire ça, pas dans ce moment-là", a admis Edw Plenel, sévèrement écorné par cette polémique, sur BFM TV, le 1er décembre 2017, en référence à un tweet où il dénonçait une "affiche rouge" à son encontre et une brève interview à France Info où il expliquait que cette même Une faisait "partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. Monsieur Valls et d'autres [...] trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie, pour en revenir à leur obsession : la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans..." 

"Bien sûr que nous avons surréagi, bien sûr que quand on est blessé, on fait des bêtises", a poursuivi Edwy Plenel sur BFM TV, reformulant là des regrets déjà exprimés sur le plateau de Mediapart, le 22 novembre, lors d'une émission où Fabrice Arfi, Jade Lindgaard, François Bonnet et lui-même sont revenus sur la polémique. Et d'enfoncer : "Il ne peut pas y avoir de guerre entre Charlie Hebdo et Mediapart. Il ne peut pas y avoir de guerre entre deux journaux indépendants [...] encore moins quand l'un de ces journaux a payé le prix  le plus cher, le prix du sang, pour cette liberté".

Hommage

Le 21 février 2018 de 18 h 30 à 19 h 30, l'Aumônerie israélite des armées et (AIA) et l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens (ANACRA) organisèrent à la Synagogue de Neuilly un "Hommage aux juifs et arméniens du groupe Manouchian, hommage conjoint au groupe de résistants conduit par Joseph Epstein et Missak Manouchian, fusillés au Mont Valérien". Cette "cérémonie officielle en l’honneur des Juifs et des Arméniens morts pour la France, le 21 février 1944, se déroulera en présence de Haïm Korsia, Grand rabbin de France, d'Antoine Bagdikian, président des Anciens combattants et résistants arméniens, de Joël Mergui, Président des Consistoires de France et de Paris Île-de-France, Francis Kalifat, Président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), et en présence des ambassades d’Arménie et d’Israël en France, et d'autorités religieuses arméniennes. Les prières seront célébrées en hébreu et en arménien. Un verre de l’amitié clôturera la cérémonie".

Décès d'Arsène Tchakarian
Le 4 août 2018, Arsène Tchakarian est décédé à l’âge de 101 ans à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif. Il était le dernier survivant du groupe Missak Manouchian. "Jusqu’à la fin de sa très longue vie, il n’aura cessé d’apporter à ce sujet son témoignage personnel, intervenant dans les établissements scolaires – où il a tenu des centaines de réunions depuis le milieu des années 1960 –, les institutions civiles et militaires, les émissions de télévision et de radio et bien sûr les commémorations annuelles".

"Né en Turquie en 1916 en plein génocide arménien, Arsène Tchakarian arrive dans la capitale française 14 ans plus tard". "Jeune apprenti tailleur, il croise rapidement le fer avec les ligues d'extrême droite qui tentent de prendre d'assaut l'Assemblée nationale en 1934. Deux ans plus tard, sa conscience communiste s'aiguise encore avec les grèves du Front Populaire et les premières grandes luttes de salariés. "Mon patron m'avait promis 5 francs par semaine mais, même ça, il ne me le donnait pas", disait celui qui revendiquait une fidélité éternelle à la "classe ouvrière".

"Quand la guerre éclate en 1939, Arsène Tchakarian n'est pas encore français mais il est envoyé sur le front d'un conflit qui tourne court. De retour à Paris, c'est le choc. "Il y avait des Allemands partout, le drapeau nazi sur la Tour Eiffel", racontait-il. Il compte alors parmi ses amis un certain Missak Manouchian, journaliste dont il partage les origines arméniennes et l'engagement communiste. C'est lui qui lui fournit les premiers tracts anti-nazis en 1942, prémices d'un mouvement de résistance, regardé avec méfiance par les gaullistes. "Ils hésitaient à nous fournir des armes. L'URSS faisait peur et on était des bolcheviques pour eux", assurait-il."

Il devient membre du groupe Manouchian. "Arsène Tchakarian, sous le nom de code "Charles" et ses compagnons multiplient les faits d'armes contre l'occupant nazi: déraillements, sabotages, assassinats. Le 28 septembre 1943, ils abattent, près de son domicile à Paris, le général SS Julius Ritter, responsable du Service du travail obligatoire (STO). En quelques mois, le groupe Manouchian, qui comptera au total une centaine d'hommes et de femmes, aura ainsi réalisé près de 115 actions coup de poing à Paris et dans sa région. "La France c'était le pays des libertés, mais on se battait aussi par anti-fascisme", expliquait M. Tchakarian."

"En février 1944, 22 membres du groupe seront exécutés par les Allemands, au Mont-Valérien. Caché à Paris grâce à un policier, Arsène Tchakarian est exfiltré vers Bordeaux où il continuera à combattre jusqu'à la défaite de l’occupant. Après la Libération, l’ancien résistant s’installe dans un pavillon de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), transformé par ses soins en centre d'archives". Il "militait pour la reconnaissance du génocide arménien. Décoré après-guerre, ce père de six enfants a toutefois dû attendre jusqu'en 1958 avant d’obtenir la nationalité française. Il est titulaire de la Légion d'honneur depuis 2012."

"Il n'a eu de cesse d'agir pour la reconnaissance du génocide et les droits du peuple arménien. Modeste et humble, c'est pourtant un grand homme qui nous quitte aujourd'hui que le Parti communiste est fier d'avoir compté dans ses rangs", a réagi Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.

"Il a aussi réuni par écrit ses souvenirs dans plusieurs livres : d’abord Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge (Ed. sociales, 1986), puis Les Fusillés du Mont-Valérien (Ed. Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991) et enfin, avec Hélène Kosséian, Les Commandos de l’Affiche rouge (Ed. du Rocher, 2012). De manière significative, ce dernier ouvrage a pour sous-titre La Vérité historique sur la première section de l’Armée secrète. Son dixième chapitre revient en effet sur la polémique suscitée en 1985 par la sortie du documentaire Des terroristes à la retraite, de Mosco Boucault. Arsène Tchakarian rejette la thèse de ce documentaire selon laquelle le groupe Manouchian aurait été « lâché », voire « sacrifié » par la direction clandestine du Parti communiste".


France, 1985/2014, 1h10mn
Production : Zek
Zec Production, Top n° 1, La Cécilia, ARTE France, Antenne 2 
Commentaire dit par Simone Signoret  et Gérard Desarthe
Diffusions les 11 février à 23 h 55 et 28 février 2014 à 9  h 50
Sur Arte les 27 janvier 2017 à 3 h 10 dans une version remontée, 
21 février 2024 à 22 h 30.
Sur arte.tv du 14/02/2024 au 21/03/2024
Visuels : © DR

France, 2024, 38 min
Sur Arte le 21 février 2024  à 23 h 40
Disponible du 14/02/2024 au 21/03/2024
Visuels : ©  ZEK


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Les citations proviennent d'Arte, du communiqué de presse et du documentaire. Cet article a été publié les 11 février et 26 juin 2014, puis le :
- 19 septembre 2014. Toute l'Histoire a diffusé le 19 septembre 2014 La traque de l'Affiche rouge (52 minutes) ;
- 14 février et 25 août 2015, 14 mars 2016, 27 janvier et 2 décembre 2017, 19 février et 6 août 2018, 4 novembre 2019. 

1 commentaire:

  1. J'étudie le camp de concentration Natzweiler (dit "Le Struthof" en France) ou aterrirent plusieurs de ces "terroristes" parmi lesquels Jean Lemberger et un grand Bundiste Polonais Aron Skrobek, qui y fût vite assassiné. Voir natzweiler-struthof point com. Je serais très contente de pouvoir obtenir ce film en format DVD pour les USA. Merci!

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