vendredi 27 octobre 2023

Charlie Chaplin (1889-1977)


Charlie Chaplin (1889-1977), acteur, scénariste, réalisateur, producteur et compositeur de musique, a créé le personnage complexe de Charlot. Sa carrière née à l'époque du cinéma muet - mélodrames, slapstick (burlesque), etc. -, s'est poursuivie avec le cinéma parlant. Au printemps 2016, a été ouvert au public le "Chaplin's World, by Grévin", musée dédié à Charlie Chaplin et sis au manoir de Ban, à Corsier-sur-Vevey (Suisse), où ont vécu l'artiste et sa famille dès 1953. Arte diffusera le 29 octobre 2023 à 21 h 00 "Chaplin" de Richard Attenborough avec Robert Downey Jr. et Anthony Hopkins.


« Même quand j’étais dans un orphelinat, que j’errais dans les rues à la recherche de nourriture, je pensais que j’étais le plus grand acteur du monde », a déclaré Charlie Chaplin.

Né à Londres en 1889, Charles Spencer Chaplin sera toujours marqué par son enfance douloureuse - père absent du foyer, mère souffrant de troubles psychiatriques et internée en asile alors qu'il était un adolescent de 14 ans - et misérable. Il n'a jamais confirmé ou infirmé les rumeurs sur son éventuelle judéité.

Pour gagner sa vie, il se produit dans des music-halls : il débute à l'âge de cinq ans en remplaçant sa mère dont la voix s'est brisée alors qu'elle chantait. Le public applaudit l'enfant. Un jeune artiste comme ses parents - son père a connu son heure de gloire avant de sombrer dans l'alcoolisme - et son demi-frère Sydney.

Un enfant de la balle qui doit survivre en exerçant aussi de petits métiers.

Âgé de 19 ans, cet acteur est repéré par le fameux imprésario Fred Karno et part en tournée aux États-Unis en tant qu'acteur principal en 1910. Son copain de chambrée : le futur Stan Laurel qui se souvient d'un Chaplin imprévisible.

En 1913, Chaplin signe un contrat avec la Keystone dirigée par Mack Sennett. Le cinéma est alors un divertissement pour les classes populaires. Triomphe alors le burlesque, avec ses gags visuels et sa poursuite finale.

1914 marque la première apparition de Chaplin au cinéma muet dans Pour gagner sa vie (Making a Living). Son personnage ? Un faux dandy à redingote et haut-de-forme.

Charlot
Le 3 avril 2016, Arte diffusa La naissance de Charlot (2013, 59 min)documentaire de Serge Bromberg et Eric Lange. "Comment, il y a un siècle, un obscur acteur de music-hall anglais devint une star mondiale en réinventant le cinéma. Des archives rares et pleines d'émotion qui révèlent un Charlot juvénile et inconnu".

Dès son deuxième film, Charlie Chaplin crée son personnage complexe de Charlot, vagabond : « Je voulais que tout soit une contradiction : le pantalon ample, la veste étriquée, le chapeau étroit et les chaussures larges… J'ai ajouté une petite moustache qui, selon moi, me vieillirait sans affecter mon expression. Je n'avais aucune idée du personnage mais dès que je fus habillé, les vêtements et le maquillage me firent sentir qui il était. J'ai commencé à le connaître et quand je suis entré sur le plateau, il était entièrement né ».

En moins d'un an, Chaplin  tourne dans une trentaine de films pour Sennett. L'apparition de Charlot "fait l'effet d'une bombe" auprès d'un public enthousiaste. Chaplin apprend la technique du cinéma. Un apprentissage utile quand il deviendra réalisateur de ses films à peine quatre mois après ses débuts chez Sennett. En 1914, il joue dans Charlot mitron. Délaissant les conseils de Sennett, il développe son personnage, son humour. Un succès commercial qui autorise une revalorisation de son salaire et l'évolution vers "l'art comique".

"Le burlesque. L’art de l’échec
"Le burlesque. L’art de l’échec" (Slapstick! Die Kunst des Scheiterns), documentaire d'Henrike Sandner (2014), compare trois acteurs de ces films burlesques. "À travers le pionnier Max Linder et ses successeurs Charlie Chaplin, Harold Lloyd, acteur de scènes acrobatiques et incroyable cascadeur, Buster Keaton, "grand visage de pierre" qui réalise ses cascades, Laurel et Hardy, "sans oublier Jacques Tati, retour sur plus de cent ans de gags et d’éclats de rire". Grâce aux commentaires et anecdotes de Maud Linder, Serge Bromberg, Jean-Claude Carrière et Jérôme Deschamps, ce documentaire "passe en revue plus d'un siècle d'histoire d'un genre qui continue d'enthousiasmer : le burlesque ou slapstick. Charlot inventant son costume en vingt minutes, Buster Keaton prenant des risques insensés jusqu’à s’accrocher à une horloge..."

Max Linder débute au cinéma en 1905. "La rumeur veut qu’il ait observé le matin les passagers du métro, écrit ses idées sur les manchettes de sa chemise pour les réaliser et les tourner à moindre coût dans un parc. En 1909, il fait fureur partout en Europe et en 1915, il est appelé à Hollywood pour remplacer Chaplin aux studios Essanay. Issu du music-hall, celui-ci reconnaissait volontiers l’influence de Linder, mais le dépassa bientôt en célébrité". "J'ai découvert un homme élégant au comique raffiné. Max Linder, en se suicidant, a tué son oeuvre. J'admire le cinéaste profondément. C'est un des personnages les plus français tout en restant international", confie Maud Linder, la fille de Max Linder. Dans Sept ans de malheur, Max Linder invente le gag du miroir repris à ce jour par d'autres artistes, par des films d'animation, par des gens du cirque...

Acteur, Charlie Chaplin "passe à la réalisation pour les sociétés de production Essanay, Mutual et First National. Le contrat de Chaplin lui accorde un salaire de 10 000 dollars et une prime de 150 000 dollars. Bien qu'étant des comédies de type slapstick, ses films intégraient des éléments de pathos et étaient marqués par les thèmes sociaux et politiques ainsi que par des éléments autobiographiques". Le succès du personnage de Charlot est amplifié par les produits dérivés, tels les bandes dessinées, les concours de sosies dans le monde... "L'imaginaire populaire s'est emparé de Charlot" qui est copié, imité. La durée des films de Charlot augmente, la psychologie du vagabond s'affine.

Mutual Comédies, de Charlie Chaplin
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, en partenariat avec Lobster Films, a programmé les Mutual Comédies, de Charlie Chaplin (18 février-3 mars 2015). Ces "12 « pépites », superbement restaurées, sont aujourd’hui considérées comme le cœur de l’œuvre de Chaplin. C’est en 1916 que Charlie Chaplin signe la réalisation de douze nouvelles comédies avec La Mutual Film Corporation. Tournés entre 1916 et 1917, ces films courts, muets, sont un véritable feu d'artifice d'humour, d'invention et de drôlerie. Parmi ces chefs-d’œuvre du septième art, Charlot Usurier, Charlot Policeman ou L’émigrant sont des joyaux de virtuosité et de sophistication. On les considère même parfois comme les films les plus aboutis de la carrière de Charlie Chaplin. Un siècle après leurs sorties, les Mutual Comedies de Charlie Chaplin n’ont pas pris une ride et le bonheur de les revoir est intact. Le cinéaste disait que tourner les Mutual Comedies « fut le moment le plus heureux de sa carrière ». Cela se sent ! Chaque projection est accompagnée au piano, par les élèves de la classe d’improvisation au piano de Jean-François Zygel, en partenariat avec le Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris. Ces films ont été restaurés par Lobster Films et la Fondazione Cineteca di Bologna en collaboration avec Film Preservation Associates, au prix de dix années de recherches et à partir des meilleurs éléments survivants dans le plus grandes archives au monde, parmi lesquelles la Librairie du Congres (Washington), la Cinemathek (Bruxelles), l'Académie des Oscars ® (Los Angeles), le BFI, le MoMA, la Cinémathèque Française et le CNC. Les restaurations ont été soutenues par the Film Foundation, The George Lucas Family Foundation, the Material World Charitable Foundation, Amitabh Bachchan, Michel Hazanavicius et Alexander Payne".

"Charlot boxeur" 
Dans Charlot boxeur (30 min) diffusé par Arte le 25 décembre 2015 à 5 h 55, "flanqué de son bouledogue, Charlot espère gagner un peu d’argent en participant à un combat de boxe. Mais son adversaire, champion sans pitié, envoie tous ses concurrents au tapis... Une pépite de Charlie Chaplin millésime 1915"

"Charlot au music-hall"
Charlot au music-hall (1915, 24 min) permet à Charlot de se dédoubler dans ce court métrage de 1915. "Monsieur Pest, un mondain alcoolisé, se rend au music-hall, où il importune à la fois les clients et les musiciens de l’orchestre. À l’étage, un moustachu encore plus éméché perturbe également le bon déroulement des numéros". Charlot reprend la scène présentée lors de ses numéros au music-hall. Et se souvient de la cruauté de spectateurs.

"Mam’zelle Charlot" 
Dans Mam’zelle Charlot diffusé par Arte le 25 décembre 2015 à 6 h 50 (23 min), Charlot use de subterfuges et déguisements. "Pour écarter des rivaux encombrants et tromper le père de sa petite amie, qui l’a chassé de chez lui, Charlot revient déguisé en femme. Tout le monde n’y voit que du feu, jusqu’au moment où sa robe se déchire... Dans ce court métrage de 1915, Charlot tombe la moustache et affole la gent masculine !"

 "Charlot vagabond" 
Diffusé sur Arte le 25 décembre 2015 à 7 h 15, Charlot vagabond (1915, 26 min), montre "Charlot le vagabond sauver une jeune fille des griffes de trois voleurs. Pour le remercier, le père de cette dernière, propriétaire d’une ferme, lui propose un travail. Mais Charlot enchaîne les gaffes et doit faire face au retour des trois malfrats... Un court métrage muet de Charles Chaplin en version restaurée et remasterisée".

Arte diffusa le 25 mars 2016, dès 5 h 15, des courts métrages muets, entièrement restaurés de Charlot (1915-1916), avec une nouvelle musique : Charlot joue CarmenCharlot débuteCharlot cambrioleurCharlot marinet Charlot apprenti. Burlesque, émouvant et jubilatoire !

"Charlot joue Carmen" 
L'intrigue de Charlot joue Carmen (1915, muet, 30 minutes), une parodie du film Carmen (1915) de Cecil B. de Mille avec Geraldine Farrar, diva des Opéras : "Une jeune gitane, Carmen est chargée de courtiser Darn Hosiery, officier gaffeur afin d'aider ses pairs à faire entrer la marchandise de contrebande dans le village".

C'est l'ultime film de Chaplin pour la société Essanay. En effet, Chaplin va rejoindre la firme Mutual. En réaction à ce départ, la société Essanay monte tous les rushes du film et des scènes réalisées sans Chaplin pour sortir une version longue de Carmen. Furieux, choqué, Chaplin reste alité deux jours. Il initie un procès contre Essanay... et le perd : la justice américaine reconnait la firme Essanay comme seule propriétaire du film, et donc détentrice du final cut (montage final). Grâce aux archives sur ce procès, il a été possible de reconstituer la version de Carmen telle que Chaplin la souhaitait. Et c'est cette version du film restauré qui a été présentée en 2013 à Bologne, en Italie.

Charlot débute (1915, muet, 28 min) montre Charlot s'efforçant de "se faire embaucher pour le tournage d'un film. Il y sera tantôt aide-menuisier, tantôt acteur...

Charlot marin (1915, muet, 26 min) montre un armateur demandant "à son capitaine de faire sauter son bateau en mer pour toucher l'assurance. Charlot se retrouve enrôlé de force à bord..."

Charlot apprenti (1915) montre un Charlot en "apprenti d'un peintre en bâtiment qui l'exploite outrageusement. Ils se rendent dans une maison bourgeoise pour refaire les tapisseries..."

Le 27 novembre 2016, Arte diffusera Charlot à la banque (1915, 25 minutes). "Employé d'une banque en tant qu'homme à tout faire, Charlot ne fait pas toujours preuve d'une grande efficacité quand il nettoie les bureaux. Il est amoureux d'une secrétaire mais celle-ci est attirée par un caissier qui gagne bien mieux sa vie que Charlot".

Le 4 janvier 2017, Arte rediffusera Charlot à la plage. "À la plage, Charlot se bat avec un homme qui attend sa femme. Tout cela pour une broutille. Les deux hommes finissent par se réconcilier. Ils prennent ensemble le cornet de glace de la réconciliation mais se battent à nouveau au moment de payer... Un court métrage de Charlie Chaplin millésime 1915".

Dans Charlot cambrioleur"à peine libéré de prison, Charlot est détroussé par un faux pasteur puis rencontre un ancien codétenu qui l'entraîne cambrioler une maison..."

En 1916, la Mutual Film Corporation signe un contrat très avantageux pour Chaplin, qui vit son rêve américain, et pour elle en raison du succès mondial des futurs films. Chaplin dispose de son studio pour tourner les scènes, pour développer la pellicule, d'une salle de projection, de locaux administratifs... Chaplin débute le tournage d'un film sans scénario. Il cherche les idées jusqu'à ce qu'il les trouve, les met en scène pour les tester... "Vous êtes un danseur", le complimente Nijinsky, après l'avoir observé sur un tournage.

Dans Charlot machiniste (1916), Chaplin intègre l'intrigue dans un milieu qu'il connait bien.  "Dans un studio de cinéma, un drame et une comédie sont en tournage sur deux plateaux voisins. Au programme : "cinéma dans le cinéma" et tartes à la crème... Un des douze petits bijoux tournés par Charles Chaplin en 1916 et 1917 pour la Mutual Film Corporation". Alors actrice préférée et amie de Chaplin, Edna Purviance, ancienne secrétaire dans les studios cinématographiques, y montre son jeu subtil.

L'intrigue de Charlot et le comte (1916) : "Charlot surprend son patron en train de se faire passer pour un comte... Un des douze petits bijoux tournés par Charles Chaplin en 1916 et 1917 pour la Mutual Film Corporation. L'une des scènes clés du film est celle où Charlot danse avec mademoiselle Porte-Monnaie pendant le bal, séquence fameuse en raison du travelling réalisé au ras du sol qui permet de suivre l'évolution des danseurs".

"Vagabond sans le sou, Charlot se lie d'amitié avec une jeune fille enlevée par des gitans..." Charlot musicien est "un des douze petits bijoux tournés par Charles Chaplin en 1916 et 1917 pour la Mutual Film Corporation".

"Dans le personnage d'un gentleman en smoking, Charlot rentre chez lui après une soirée bien arrosée et tente de regagner son lit au premier étage..." Charlot rentre tard (1916) brode sur cette histoire de vaudeville.

Nouveau métier illustré dans ces courts métrages : Charlot Brocanteur (1916). "Charlot est homme à tout faire chez un usurier doté d’une jolie fille. Il courtise celle-ci et sème la pagaille auprès des clients et du personnel".

Charlot chef de rayon ou quand, "dans un grand magasin, au beau milieu de l'escalier mécanique, Charlot se retrouve aux prises avec le détective privé maison - prélude à une belle pagaille..."


Charlot patine ? "Serveur catastrophique dans un grand restaurant, Charlot est un virtuose du patin à roulettes, capable de faire tomber plusieurs personnes d’un coup quand cela s’avère nécessaire. Un régal d’élégance et de comique".

Charlot s'évade ? "Au bord de la mer, Charlot, détenu évadé, tente d'échapper à ses poursuivants... "

Dans Charlot fait une cure (1917), Charlot "est un bon vivant, à la fois sophistiqué et alcoolique. Au cours d'un séjour dans une station thermale, sa malle bourrée d'alcool se renverse dans la source minérale, provoquant des conséquences terribles et hilarantes... Un des douze petits bijoux tournés par Charles Chaplin en 1916 et 1917 pour la Mutual Film Corporation".

Charlot policeman ? "Après avoir assisté à une opération de sauvetage dans le quartier mal famé d'Easy street, où un policier succombe toutes les heures, Charlot a le culot de s'engager..."

Dans Charlot, the Tramp, Chaplin introduit la scène devenue vite culte concluant ses films : le vagabond s'éloigne en marchant sur une route, vers un avenir incertain.

En 1917, les Etats-Unis entrent en guerre. Chaplin est critiqué pour ne pas s'être engagé. Avec ses amis acteur Mary Pickford et Douglas Fairbanks, il promeut l'effort de guerre, et l'emprunt pour la liberté.

A la fin de la Première Guerre mondiale, la célébrité de Chaplin est mondiale, et l'artiste indépendant.

En 1919, Chaplin cofonde la société United Artists. Ce qui lui permet un contrôle total sur ses œuvres, jusqu'au final cut. Parmi ses premiers long-métrages : Le Kid (1921), L'Opinion publique (1923), La Ruée vers l'or (1925) et Le Cirque (1928).

"Le cirque"
Arte diffusera le 2 janvier 2020 "Le cirque" (Der Zirkus ; The Circus) écrit, produit et réalisé par Charles Chaplin (1928), avec l'auteur, Allan Garcia, Merna Kennedy et Harry Crocker. "Une nuit chez les forains donne à Charlot l’illusion du bonheur avant de le renvoyer à sa condition... L’une des oeuvres muettes les plus maîtrisées de Charlie Chaplin par sa richesse et sa rigueur de construction." Un film sélectionné dans quatre catégories, dont Meilleur film et Meilleur réalisateur, aux Oscars. L'Académie hollywoodienne préfère remettre à Charlie Chaplin un Special Award.

"Charlot a faim. Alors qu’il erre dans la ville, il est attiré par la foule qui se presse devant un cirque ambulant. Il se retrouve, malgré lui, en possession du portefeuille de l’un des badauds, se fait prendre, et l’agitation de la multitude le conduit dans l’arène. Passé un premier effroi à la vue des bêtes féroces, il est séduit par une jolie écuyère..."

"La ruée vers l’or contait une aventure exceptionnelle dans un monde exceptionnel. Le cirque revient à un univers familier, celui du vagabond des débuts, marqué par la pauvreté et la quête de tendresse. Charlot aspire à une situation sociale que sa maladresse chronique rend impossible. Il arrive dans le cirque par une cascade de gags involontaires menés tambour battant, qui sont autant d’éclats de rire. La tension entre son désir de "normalité" et sa nature viscéralement anticonformiste confère au film une puissance tragi-comique à déflagration lente. Mais la fin, ouverte, laisse à Charlot son bien le plus précieux : l’espoir."

L'idée du film remonte au début des années 1920. Le tournage et la sortie du film sont vraisemblablement parmi les plus douloureux de Charlie Chaplin : décès de sa mère, divorce d'avec Lita Grey, incendie, etc. 

Apparu en 1927, le cinéma sonore inspire à Charlie Chaplin une profonde méfiance : Charlot pourra-t-il réussir cette transition ? Quelques mois après la sortie de The Jazz Singer, premier film sonore, The Circus est présenté à New York. Il reçoit un bon accueil public et commercial. The Circus est le septième plus grand film muet au succès commercial dans l'histoire du cinéma. 

Tout en ayant conscience de l'innovation technique majeure constituée par la sonorisation cinématographique, Chaplin poursuit sa production et réalisation de films muets, en gardant des intertitres, dans les années 1930 comme Les Lumières de la ville (1931) et Les Temps modernes (1936).

"Les lumières de la ville"
Arte diffusa le 2 janvier 2020 "Les lumières de la ville" (Lichter der Großstadt), film écrit et réalisé par Charles Chaplin (1931), avec l'auteur, Virginia Cherrill, Florence Lee et Harry Myers. 

"Drame de l’illusion, "Les lumières de la ville" sont pour Chaplin un chant d’adieu au muet. C’est également pour son personnage l’apprentissage du renoncement et de la gravité."

"Charlot le vagabond erre dans la ville anonyme quand il est frappé par la beauté d'une jeune fleuriste aveugle. Ému par sa détresse, il lui donne le peu d’argent qu'il lui reste, en échange d’une fleur. Alors que, troublé, il rêve au bord du fleuve, il sauve la vie d'un millionnaire suicidaire. Plus tard, cherchant désespérément à revoir la jeune fille, il apprend qu’elle est tombée malade. Il se résout à demander de l’aide au millionnaire."

 "Dans sa volonté de rester fidèle à l’art du muet, Chaplin, avec les Lumières de la ville, a cloué le bec à ses détracteurs qui l’accusaient d’archaïsme. À l’inverse de ses précédents films qui, du réel, s’évadaient vers le songe, ce drame part de l’illusion pour se cogner à la réalité. Le refus de faire de son existence un mirage ne procure à Charlot qu’inquiétude et insécurité. Il n’a plus cette insouciance qui lui permettait jadis de triompher de la souffrance". 


"Sa célèbre badine, symbole de son dandysme loqueteux et de sa dignité de vagabond, est restée en prison. Mais s’il a renoncé au bonheur, il est en revanche pour la première fois véritablement capable d’aimer, de donner, de souffrir. Chaplin invente aussi une nouvelle forme de comique, moins débridé mais plus élaboré, qui épouse à merveille les subtilités du drame. Et pour la première fois aussi, il compose entièrement la bande-son de son film, dialoguant subtilement avec ses propres images."

La chanson "La Violetera" ("Qui achètera mes violettes") a pour auteur le compositeur espagnol José Padilla qui intenta et gagna un procès à Charlie Chaplin qui ne l'avait pas crédité comme auteur. Ce film est considéré comme un des plus grands succès artistiques et commerciaux de Charlie Chaplin. En 1991, la Library of Congress a inscrit ce film dans le Registre national cinématographique des Etats-Unis comme étant "culturellement, historiquement, ou esthétiquement significatif".

"Les Temps modernes"
Arte a diffusé Les Temps modernes  (Modern Times, 1936) de Charlie Chaplin. Dernier film muet de Chaplin, et dernière apparition de Charlot dans une dénonciation du travail à la chaine et de la misère sociale lors de la Grande dépression consécutive au krach de 1929. Première apparition de Paulette Godard (1910-1990), alors compagne de l’artiste.

"Ouvrier dans une usine moderne, Charlot serre des écrous, répétant le même geste mécanique. Une maladresse lui en fait manquer un : toute la chaîne de fabrication est alors déréglée. Empêtré sur un tapis roulant, il est happé par les rouages d’une énorme machine à manger, censée réduire le temps consacré par les ouvriers à leur repas. Victime d’une crise de folie passagère, le malheureux se met à visser tout objet ressemblant de près ou de loin à un écrou, jusqu’aux boutons de la robe d’une dame qui passait par là. Interné dans un asile psychiatrique, il en sort pour tomber au milieu d’une manifestation de chômeurs. Pris pour un meneur, il est jeté en prison sans ménagement".

En 1936, le cinéma parlant s’est imposé, chassant le cinéma muet qui a contribué à la célébrité mondiale du personnage complexe de Charlot, inventé par Charlie Chaplin.

Quand sort Les Temps modernes après un tournage de près d’un an (1934-1935), la surprise est grande : après des tentatives infructueuses en 1934, Charles Chaplin demeure fidèle au silence, à l’exception d’un bref numéro musical au cours duquel le héros chante Je cherche après Titine, chanson de Léo Daniderff, dans un restaurant en mêlant les langues.

De plus, le film est tourné au rythme de 18 images par seconde. Aussi, quand il est projeté en salles au rythme du film sonore, soit 24 images par seconde, il accentue l’action, les effets comiques et dramatiques.

Chaplin dépeint une société américaine industrialisée, pratiquant un travail à la chaine aliénant.

Il ose également évoquer la drogue, malgré le code Hays.

L’intrigue rebondit grâce à des malentendus qui mènent en prison Charlot, ou l’en libèrent.

Le film prend une tournure romantique quand apparait le personnage incarné par Paulette Goddard, née Marion Goddard Lévy, qui jouera aussi dans Le Dictateur (1940), de Charles Chaplin. Le film se termine par l'image devenue classique du couple avançant le long d'une route vers un avenir qu'on espère meilleur. Paulette Goddard se marient l'année de sortie du film, puis divorceront.

Restent aussi du film la scène où une machine force Charlot à manger, Smile, un standard interprété par Judy Garland, Barbra Streisand, Petula Clark…

A sa sortie en France, le réalisateur René Clair releva une similitude entre sa scène sur le travail à la chaine dans A nous la liberté (1931), et la célèbre scène, un peu onirique, où Charlot, ouvrier si absorbé dans son travail, dérègle toute la ligne de travail, entre dans la machine dont il devient un des rouages. Puis, René Clair a reconnu l’originalité de la scène imaginée et poussée à son extrême logique par Charles Chaplin. Mais la société Tobis a poursuivi Chaplin pour plagiat.

"Le Dictateur"
Le ton devient politique avec Le Dictateur (The Great Dictator, 1940), "premier film dialogué", dans lequel Charlie Chaplin se moque du Führer Adolf Hitler. Par sa moustache sombre, le Führer tend à ressembler au personnage de Charlot. Aussi, Chaplin incarne le barbier Juif et le dictateur hystérique et mégalomane.

Arte diffusa 1940. Charlie Chaplin tourne "Le dictateur" (2013, 27 minutes). "Le tournage du film "Le dictateur" commence quelques jours après le début de la Seconde Guerre mondiale. Qu’est-ce qui a poussé Charlie Chaplin à réaliser ce film et à le financer lui-même ?"

"Dans un pays imaginaire, à la fin de la Première Guerre mondiale, un soldat", modeste barbier Juif, "devient amnésique après un crash d'avion. Il est envoyé dans un hôpital où il restera vingt ans, ignorant les changements qui s'opèrent autour de lui". Libéré, il retrouve son échoppe dans le ghetto. Il découvre que Adenoide Hynkel, son "parfait sosie, est devenu dictateur de Tomanie et qu'il persécute impitoyablement les Juifs. Bientôt, une rafle se produit dans le ghetto". Aidé par "sa compagne Hannah, le barbier résiste contre les SS qui menacent la petite communauté. Il se trouve rapidement acteur malgré lui de cette tragique mascarade..."

La "caricature du dictateur, où se révèle le génie du mimétisme de Chaplin, est d’une vérité saisissante. Au-delà des vociférations de Hynkel devant le micro, Chaplin stigmatise son hypocrite douceur, ses sourires de commande, ses caresses aux enfants, ses évasions dans la musique et la solitude. Miracle : ce portrait réaliste provoque le rire. Le barbier juif est un lointain cousin de Charlot qui aurait perdu son insouciance et son universalité".

La "tragédie du Dictateur n’est plus existentielle mais politique. Par son sens incroyable de la satire et son ironie mordante, Chaplin montre tout ce qu’il y avait d’artificiel, de vaudevillesque dans l’atroce bouffonnerie de l’Axe, notamment à l’occasion des trois ballets : celui du barbier sur un air de boîte à musique, la danse de Hynkel jonglant avec un monde en baudruche, la séquence chez le barbier".

Réalisé en 1940, Le Dictateur "précède la découverte des camps de concentration. On reprocha pourtant à Chaplin sa dictature à l’eau de rose où les prisonniers dorment sur des couchettes confortables et reçoivent régulièrement leur courrier. C’est oublier que cette parodie-ballet a la pudeur du drame. Ainsi, quand les SS pénètrent dans le ghetto, on devine la peur, les coups, mais l’écran ne montre que deux oiseaux paisibles dans leur cage".

Ce "premier film dialogué représenta un déchirement pour Chaplin, qui n’assume pas encore le parlant. La langue imaginaire vomie par Hynkel s’oppose à l’extrême discrétion d’un barbier étranglé par l’émotion, qui semble toujours s’excuser de ce nouveau don. Sa montée à la tribune, pour l’homélie finale, est le symbole évident de celui qui doit surmonter sa peur du parlant. Sur cette minute angoissante, Chaplin, comme le barbier, jouent leur avenir. La voix qui se détache, limpide, de la tribune, devient celle de l’homme persécuté, par-delà les époques et les régimes, qui crie sa souffrance et appelle à la pitié, invoque Dieu et cite l’Évangile". Certains "y ont vu de la propagande communiste", d'autres ont critiqué la crédulité. Or, ce "laïus émouvant est le sens profond d’une œuvre candide et ingénue. À travers le personnage d'Hannah (Paulette Goddard), Chaplin rend hommage à la mémoire de sa propre mère, Hannah Chaplin".

Frère de réalisateur/acteur, Sydney Chaplin filme une partie du long tournage essentiellement dans ses studios. Un an et demi de travail, un coût de deux millions de dollars, soir le prix de ses studios, étude des images filmées sur Hitler afin de reproduire la gestuelle, le ton, les postures, les regards, les postures du Füher... Un film caractérisé par le souci du détail, la précision de Charlie Chaplin, assurant le respect du timing des scènes comiques, caricaturant Hitler tout en inventant un idiome aux sonorités germaniques. "Oser ridiculiser Hitler montre bien l'engagement de Chaplin", qui a fréquenté les grands personnages du XXe siècle, dont Churchill. Au début des années 1990, "la bobine de film sur ce tournage a été retrouvée par hasard dans... un placard familial".

"Pour aiguiser sa satire du totalitarisme, Chaplin utilise un héros double, qui a deux âmes pour un seul visage. On ne soulignera jamais assez le génie comique de cette trouvaille : Chaplin joue les deux rôles ! Le juif traqué et le dictateur criminel constituent les deux faces d'une même humanité. Le mal absolu incarné par Hitler n'est donc pas inhumain : il est nôtre. Plus de soixante-quinze ans après, il n'est pas sûr que la portée de cette réflexion soit encore assimilée. La caricature du dictateur, où se révèle le génie du mimétisme de Chaplin, est d'une vérité saisissante".

"On reprocha pourtant à Chaplin sa dictature à l'eau de rose où les prisonniers dorment sur des couchettes confortables et reçoivent régulièrement leur courrier. C'est oublier que cette parodie-ballet a la pudeur du drame. Ainsi, quand les SS pénètrent dans le ghetto, on devine la peur, les coups, mais l'écran ne montre que deux oiseaux paisibles dans leur cage. Ce premier film dialogué représenta un déchirement pour Chaplin, qui n'assume pas encore le parlant. La langue imaginaire vomie par Hynkel s'oppose à l'extrême discrétion d'un barbier étranglé par l'émotion, qui semble toujours s'excuser de ce nouveau don. Sa montée à la tribune, pour l'homélie finale, est le symbole évident de celui qui doit surmonter sa peur du parlant. Sur cette minute angoissante, Chaplin, comme le barbier, jouent leur avenir. La voix qui se détache, limpide, de la tribune, devient celle de l'homme persécuté, par-delà les époques et les régimes, qui crie sa souffrance et appelle à la pitié, invoque Dieu et cite l'Évangile. Les réactionnaires y ont vu de la propagande communiste, les radicaux en ont rejeté la naïveté. Or, ce laïus émouvant est le sens profond d'une oeuvre candide et ingénue".

The Great Dictator a été sélectionné pour cinq Academy Awards ou Oscar – Outstanding Production, Best Actor, Best Writing (Original Screenplay), Best Supporting Actor pour  Jack Oakie, et Best Music (Original Score).

En 1997, ce film a été inscrit par la Library of Congress for preservation dans le United States National Film Registry comme étant "culturally, historically or aesthetically significant".

Refuge en Suisse
Des controverses sur sa vie privée - liaisons avec des adolescentes ou de très jeunes filles, brefs mariages conclus par des divorces tumultueux, procès en reconnaissance de paternité - influent sur son image et la réception de ses films.

Plus graves : en pleine Guerre froide, il est soupçonné de sympathies communistes et à la suite d'enquêtes du FBI et du Congrès, il perd son visa. Avec sa jeune épouse Oona, il se fixe en Suisse en 1952.

A la fin des années 1940, il abandonne son personnage de Charlot dans Monsieur Verdoux (1947), Les Feux de la rampe (Limelight, 1952), Un roi à New York (1957) et La Comtesse de Hong-Kong (1967) avec Sofia Loren et Marlon Brando.

"Limelight"
Sorti en 1952, le film "Limelight" (Les Feux de la rampe, 137 mn) noue plusieurs intrigues. "En 1914, à Londres, Calvero, un ancien comique de music-hall oublié de tous, désargenté et vieillissant, est devenu alcoolique. Un soir, en rentrant chez lui, il sauve la vie de Terry, une danseuse paralysée des jambes, qui tentait de se suicider. Le vieil artiste redonne peu à peu confiance à la jeune fille et lui réapprend à marcher. Terry lui avoue bientôt son amour pour un jeune compositeur, Neville". Alors qu'elle "devient la vedette du théâtre de l'Empire, Calvero échoue lamentablement à faire rire son public..."

Dans "ce film testament, le langage cinématographique du cinéaste atteint sa plénitude. Du long travelling inaugural, qui fait glisser le regard du spectateur jusqu'à une main crispée sur une fiole de narcotique, au triomphe final de la jeune fille, la caméra fouille les objets, les visages et les âmes avec une rare intensité. Avec, au casting, dans les rôles du clown et du pianiste, les deux fils que Chaplin avait eus avec Lita Grey, et l'autre géant du cinéma burlesque, Buster Keaton, qui, avec cette belle prestation, retrouva les faveurs du public, qui le boudait depuis les débuts du parlant".

Une réflexion sur les grandeurs et difficultés de métiers du spectacle. Buster Keaton, génie du cinéma muet, y apparaît brièvement.

En 1972, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences lui décerne un Oscar d'honneur pour sa contribution inestimable à l'industrie cinématographique et plusieurs de ses films sont considérés comme des chefs d'oeuvre éternels. L'Oscar d'honneur remis à Charlie Chaplin en 1929 a été volé à Paris vers le 7 février 2015.

Charlie Chaplin est mort à la suite d'un AVC (accident vasculaire cérébral) le 25 décembre 1977, à l'âge de 88 ans, dans son manoir suisse. Il a été enterré au cimetière de Corsier-sur-Vevey. Exhumé et volé le 1er mars 1978, son cercueil a été ré-enterré en mai 1978.

Parmi les artistes qu'il a inspirés : le mime Marceau.

"Chaplin's World, by Grévin"
Au printemps 2016, a été ouvert au public le "Chaplin's World, by Grévin", musée dédié à Charlie Chaplin et sis au manoir de Ban, à Corsier-sur-Vevey (Suisse), où ont vécu l'artiste auteur de 81 films et sa famille après leur départ définitif des Etats-Unis à la suite des soupçons le visant de sympathie à l'égard du communisme, de janvier 1953 à son décès.

Ce musée est exploité par la société française Compagnie des Alpes (CDA), en partenariat avec Genii Capital et Chaplin Museum Development (CMD). Son coût s'élève à "38 millions de francs suisses (25 millions d'euros), à la charge de Genii Capital et CMD, tandis que CDA investira 9,5 millions de francs suisses (7,9 millions d'euros) dans la mise en place des expositions".

Créée en 1989 par la Caisse des dépôts, spécialisée dans la gestion de domaines skiables, du musée Grévin et des parcs de loisirs, dont le Parc Astérix, le Futuroscope ou Walibi, la CDA a enregistré en 2013 un chiffre d'affaires de 678 millions d'euros.

Le 27 novembre 2016, Arte diffusa Charlot à la banque

"La naissance de Charlot" 
"La naissance de Charlot" est un documentaire produit par Lobster Films et Steamboat Films et réalisé par Serge Bromberg et Eric Lange (2013, France). "Alors que le XXe siècle, commencé dans le progrès et l'innocence, s'enfonce dans le fracas de la Première Guerre mondiale, un vagabond au chapeau melon, à la canne et aux chaussures trop grandes va en quelques mois propulser le cinéma dans la modernité… et devenir à sa manière le véritable maître du monde ! Comment un enfant de la rue, né dans l'un des quartiers les plus défavorisés de Londres, est-il devenu en quelques années l'homme le plus célèbre au monde ? Des faubourgs les plus misérables de Londres à Hollywood, voici la véritable histoire des premiers pas de Chaplin."

"Comment, il y a un siècle, un obscur acteur de music-hall anglais devint une star mondiale en réinventant le cinéma. Des archives rares et pleines d'émotion qui révèlent un Charlot juvénile et inconnu". Un siècle après sa première apparition sur le grand écran, le "petit vagabond est devenu l'icône du cinéma" et éternel.

Les parents de Charlie Chaplin étaient des artistes du music-hall. Le jeune Charlie a du passer du temps dans les coulisses des théâtres où se produisaient ses parents. "Avec un père mort prématurément d’alcoolisme, une mère devenue folle, il a fait ses classes dès l’enfance à la dure école de la rue londonienne et des scènes populaires. Pourtant, il a une confiance absolue en lui-même. 1914".  La psychologie l'appellerait un "invulnérable". L'école de la rue et le music-hall contribuent à sa formation. Son demi-frère Sydney, son aîné de quatre ans, demeure à ses côtés et travaille chez Fred Karno's. Il fait entrer son frère Charlie, âgé de 19 ans, dans la troupe. Charlie alterne spectacles et tournées.

"Alors que, en Europe, un siècle commencé dans le progrès s’enfonce dans le fracas de la guerre, de l’autre côté de l’Atlantique, un jeune acteur anglais inconnu va propulser le cinéma dans la modernité et devenir la première star mondiale de ce septième art encore neuf. Charles Chaplin a découvert l’Amérique en 1910, à 21 ans, à la tête d’une troupe de music-hall qui compte aussi dans ses rangs un certain Stanley Jefferson – plus connu par la suite sous le nom de Stan Laurel". Lors de la tournée aux Etats-Unis, les deux artistes partagent la même chambre, et Stan Laurel se souvient de l'imprévisibilité de son ami.

"D’abord embauché par Mack Sennett, patron des studios Keystone, où il obtient rapidement de mettre en scène ses propres films, il signe en 1915 avec les studios Essanay, qui font de lui l’acteur le mieux payé et le plus connu au monde. Charlot, le petit vagabond, est né, et son succès devient planétaire". Il crée un personnage habillé de contrastes - petite veste et large pantalon - et à la démarche inimitable. En moins d'un an, il tourne une vingtaine de films pour Mack Sennett. Succès public. Chaplin se passionne pour la technique cinématographique. En septembre 1914, il tourne en neuf jours Charlot mitron. Le court métrage rapporte environ 150 000 dollars lors de la première semaine d'exploitation. Du jamais-vu. Déclinée en accessoires, la "marque The Tramp devient une valeur sûre". Copié, imité, Chaplin reste inégalé. Il achève un film par la scène du vagabond s'éloignant seul sur la route.

Le "personnage du vagabond devient plus complexe". "Aussi la Mutual Film Corporation lui propose-t-elle, l’année suivante, un budget sans précédent pour tourner douze nouvelles comédies, avec une liberté totale. Ces deux années de création, les plus heureuses de sa vie, comme il le dira par la suite, permettent à Chaplin d’affirmer pleinement son art de cinéaste et d’acteur. Un siècle plus tard, la magie reste intacte". Chaplin dispose d'un studio, de bureaux, de loges pour les comédiens... Et recrute un méchant géant. Il doit livrer un film par mois.

Les visiteurs, dont Max Linder, "dont la carrière est en perte de vitesse", se pressent dans le studio de Charlie Chaplin. "En orfèvres des archives, Serge Bromberg et Éric Lange nous font revivre la naissance d’une icône dont la simple silhouette résume à elle seule le cinéma dans ce qu’il a de plus lumineux, de plus émouvant et de plus inventif". Passionnant.b

"Documents inédits ou rares (des premiers produits dérivés de l’industrie cinématographique aux images d’une rencontre au sommet entre Chaplin et Max Linder), extraits de films (notamment des douze comédies restaurées de la Mutual diffusées et rééditées par ARTE) et entretiens avec de fins connaisseurs de Chaplin recomposent ce moment fondateur d’une existence entrée dans la légende".

"Charlie Chaplin, le compositeur"
Arte diffusera le 2 janvier 2020 "Charlie Chaplin, le compositeur" (Charlie Chaplin - Der Komponist) par Dominik Wessely. "Charlie Chaplin, "l'homme-orchestre" du cinéma, producteur, réalisateur et comédien, a également été un formidable compositeur de bandes originales. Ce documentaire révèle comment il sut faire de la musique de ses films un langage à part entière."

"Acteur et réalisateur légendaire, Charlie Chaplin est moins connu pour ses talents de compositeur. Le maître du cinéma muet n'a pourtant jamais pris la musique à la légère : loin de n’être qu’un élément esthétique parmi d'autres dans son œuvre, la bande originale faisait partie intégrante de sa dramaturgie. Refusant longtemps de se convertir aux films parlants, Charlie Chaplin a tout misé sur l’alliance entre musique et jeu de mime, comme il l’avait appris avec sa mère dans les music-halls londoniens. Réalisateur perfectionniste, il s’appuie sur ses dons musicaux non seulement pour choisir la partition la plus adaptée à chaque film, mais également, plus tard, pour composer ses propres bandes originales. Avec Les lumières de la ville, diffusé plus tôt dans la soirée, il conçoit pour la première fois l'intégralité de la musique. Ce documentaire alterne images d’époque et extraits d'un autre de ses chefs-d'œuvre, Les temps modernes captés lors d’un ciné-concert, l’Orchestre symphonique de Hambourg, sous la direction de Stefanos Tsialis, interprétant la BO."

"Tout est vrai (ou presque) - Charlie Chaplin"
"Tout est vrai (ou presque) - Charlie Chaplin" ((Fast) die ganze Wahrheit - Charlie Chaplin) par Nicolas Rendu. "La série quotidienne qui raconte les grandes personnalités avec de petits objets. Toujours aussi jubilatoire, Tout est vrai (ou presque) revient en force avec plus de couleurs et un habillage légèrement modifié qui fait la part belle aux jeux de mains pour brosser avec malice le portrait des personnalités. Dans ce volet : Charlie Chaplin, l’homme au chapeau melon, moitié dandy, moitié clown, dont les vagabondages ont conquis le monde entier."

"Chaplin, l'homme-orchestre"
La Philharmonie de Paris présente l'exposition "Chaplin, l'homme-orchestre". "Confrontant l’art cinématographique de Chaplin à de nombreuses œuvres, machines, partitions et manuscrits, cette exposition restitue toute l’«  éloquence  » de son génie, dont l’influence s’étend des avant-gardes à la culture populaire. Scrutant tout ce qui, dans son oeuvre, fait «  bruit  », et «  parle  » aux yeux aussi bien qu’à l’oreille, elle montre combien la recherche d’une expression sonore et musicale catalyse son imaginaire tout entier.

"Cette exposition élargit le champ (souvent restreint) du musical à d’autres objets, comme le bruit, le geste et le rythme. Résolument, la pantomime muette de Charlot s’est imposée comme l’un des «  corps sonores  » les plus emblématiques du XXe  siècle, et même l’un des plus visionnaires et politiquement engagés."

"Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes"
Le musée des Arts de Nantes présenta l'exposition "Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes". Il est l’une des premières stars internationales du cinéma, Charlot, vagabond aussi drôle qu’émouvant, devient dès son apparition en 1914 la coqueluche du monde occidental, s'emparant des salles obscures et s’affichant dans les journaux et les publicités. Mais le personnage créé par Charlie Chaplin n’est pas qu’un phénomène médiatique et populaire. Le cinéaste a aussi une influence directe sur les artistes de son temps, dont il partage bon nombre de réflexions et préoccupations."
"L’exposition événement du Patio "Charlie Chaplin dans l’œil des avant-gardes" témoigne de la présence continue de l’imaginaire chaplinien dans la création artistique du siècle dernier."
"Avec le cinéma de Charlie Chaplin comme fil conducteur, l’exposition propose une relecture des arts visuels de la première moitié du 20e siècle. Sujet de fascination pour les artistes du monde entier dès 1914, à la naissance du personnage de Charlot, et profondément conscient des problématiques de son temps, Chaplin affirme des préoccupations esthétiques et thématiques fortement partagées par les artistes d’avant-garde."
L'exposition "propose ainsi une lecture inédite des œuvres d'avant-garde au travers du cinéma de Charlie Chaplin. De Fernand Léger à Marc Chagall, d'Alexander Calder à René Magritte, près de 200 œuvres provenant de collections du monde entier se déploient au regard du cinéma chaplinien. Découvrez les échanges affirmés, les simples échos ou dialogues inconscients entre les artistes qui prirent ensemble le virage de la modernité, à l'heure de la naissance du cinéma comme septième art".
"En quelque 150 peintures, photographies, dessins, sculptures, documents et, bien entendu, extraits de film, l’exposition propose une redécouverte des œuvres de František Kupka, Marc Chagall, Fernand Léger, Man Ray, Meret Oppenheim, John Heartfield, Claude Cahun... en soulignant la porosité, la proximité, voire la connivence entre leurs productions artistiques et le cinéma de Chaplin".
"L’exposition s’organise autour de quatre thématiques :
    • L’homme-machine,
    • la poétique du monde,
    • le spectacle mis en abyme,
    • l’absurdité de l’histoire."

"L’exposition accorde une place privilégiée à un espace-atelier construit en plein centre de son parcours. L’usine à rêves, référence à l’univers du cinéma, s’ouvre sur les quatre sections de l’exposition et permet au public de passer librement de la découverte des œuvres aux activités proposées.
"Cet atelier propose des activités ludiques autour des thèmes de la machine, du cirque, du cinéma… Au programme : photocall, animation de personnages, conception d’un circuit avec des matériaux industriels... autant d’activités qui raviront les petits et les grands."
"Le public peut manipuler, créer, inventer ou simplement faire une pause au cœur de l’exposition".

"Chaplin"
Arte diffusera le 29 octobre 2023 à 21 h 00 "Chaplin" de Richard Attenborough avec Robert Downey Jr. et Anthony Hopkins.

"Depuis son exil suisse à Vevey, Charles Chaplin, vieil homme fatigué, se raconte à George Hayden (Anthony Hopkins), son biographe. Par Richard Attenborough, le biopic d’un monstre sacré du septième art, magistralement interprété par Robert Downey Jr."
 
"Au crépuscule de sa vie, Charles Chaplin se raconte à George Hayden, son biographe. Le “kid” qui, à 5 ans, a dû remplacer sur scène sa mère chanteuse de music-hall après qu’elle a été huée dans un cabaret londonien voit déjà son destin tout tracé : le spectacle sera son gagne-pain. Au début des années 1910, repéré par l’impresario Fred Karno, l’artiste quitte les brumes de son Angleterre natale pour entamer une grande tournée aux États-Unis. Trois ans plus tard, un studio californien l’engage pour jouer ses gags au cinéma, sous la houlette de Mack Sennett. Un nouveau monde s’ouvre à lui…"

"Un chapeau melon, des godillots éculés, une redingote, une canne et une démarche inoubliables : à jamais, le personnage de Charlot qu’il a inventé fait partie de la mémoire des spectateurs."

"S’appuyant sur Histoire de ma vie, l’autobiographie écrite par Charles Chaplin, et sur Chaplin, le livre de son biographe officiel David Robinson, Richard Attenborough déroule en flash-back les étapes clés de son existence et de sa carrière, de ses jeunes années à la fin de sa vie, exilé en Suisse dans sa propriété de Vevey, où il s’éteint en 1977."

"De sa gloire planétaire acquise avec Charlot au temps du muet à l’énergie qu’il lui faudra déployer pour s’émanciper du personnage dans des chefs-d’œuvre comme Les temps modernes ou Le dictateur, jusqu’à son exil forcé en Europe au milieu des années 1950, conséquence de la guerre du patron du FBI Edgar J. Hoover contre lui pour ses supposées sympathies communistes, le film retrace son extraordinaire trajectoire en éclairant aussi ses zones d’ombre, notamment ses liaisons avec de très jeunes filles."

"Derrière la légende, le biopic émouvant d’un monstre sacré du septième art, magistralement interprété par Robert Downey Jr." 


« Charlie Chaplin, le génie de la liberté »
Le 6 janvier 2021, France 3 diffusa "Charlie Chaplin, le génie de la liberté" réalisé par Yves Jeuland. "Le premier portrait de Charlot tout en archives".

Le nouveau film de François Aymé et Yves Jeuland," ce documentaire "porté par la voix de Mathieu Amalric, se veut le documentaire de référence sur la vie de l’artiste le plus populaire du XXe siècle. Un portrait qui a bénéficié de trois ans de recherches et propose des scènes d’anthologie, des séquences inconnues et des trésors puisés dans les archives du monde entier."

"Depuis plus d'un siècle, le monde entier connaît et aime Charlie Chaplin. Génie du burlesque, Chaplin a mis son talent au service d'un idéal de justice et de liberté. Son meilleur scénario fut celui de son propre destin, un destin qui s'inscrit dans l'histoire politique et artistique du XXe siècle. Porté par la voix de Mathieu Amalric, avec une écriture précise, vivante et détaillée, Charlie Chaplin, le génie de la liberté - onze mois de montage pour ce film de deux heures vingt-cinq - est le premier documentaire est le premier tout en archives consacré à Charlot, se nourrit de scènes d'anthologie issues de ses plus grands chefs-d'oeuvre et de séquences plus surprenantes, parfois inconnues et tout aussi réjouissantes. De véritables trésors puisés dans des dizaines de sources d'archives à travers le monde. Le plaisir conjugué de la découverte et des retrouvailles. Le portrait d’un artiste subversif dont le personnage intemporel et universel de Charlot est l’une des figures emblématiques de notre histoire."

"Après Un Français nommé Gabin (France 3, Prix du Syndicat français de la critique, meilleur documentaire 2017), François Aymé et Yves Jeuland se retrouvent avec le même plaisir pour ce nouveau film qui pourrait bien devenir l’œuvre de référence sur la vie de l’artiste le plus populaire et le plus complet du siècle dernier : Chaplin acteur et auteur, réalisateur et producteur, compositeur et chorégraphe… Son indépendance financière sera la clef de sa liberté artistique et de son engagement humaniste.



"Entretien avec Yves Jeuland et François Aymé, les auteurs du film
Propos recueillis par Christophe Kechroud-Gibassier"

"Pourquoi un film sur Chaplin ? Pourquoi encore un film sur Chaplin ?
Yves Jeuland : En 2017, François et moi sortions d’une collaboration heureuse – et plutôt nouvelle pour moi qui n’ai pas l’habitude de travailler en binôme – avec Un Français nommé Gabin (France 3). Le film a rencontré un certain succès, aussi bien au moment de sa diffusion que dans les festivals, il a reçu du Syndicat français de la critique de cinéma et du film de télévision le prix du meilleur documentaire, c’était un bel encouragement. Il y avait une envie commune de retravailler ensemble. Nous venions de consacrer plusieurs années à l’acteur le plus emblématique et le plus populaire en France au XXe siècle, alors – peut-être dans un moment de mégalomanie –, nous nous sommes dit « Allons au-delà ! Plus rien ne nous fait peur, attaquons-nous à l’artiste le plus populaire au monde ! »
François Aymé : J’ajouterais : l’envie aussi de retrouver l’équipe constituée autour du Gabin – les producteurs Michel Rotman et Marie-Hélène Ranc, la monteuse Sylvie Bourget, la documentaliste Aude Vassallo, le graphiste Gaël Baillau… – et de réitérer deux partis pris très forts que nous avions développés sur ce précédent documentaire. D’une part, ne serait-ce que pour le plaisir de les voir et de les (re)découvrir, laisser la plus grande place aux extraits de films (cela a l’air évident quand on fait le portrait d’un acteur ou d’un cinéaste mais le rythme de certains montages amène souvent à sacrifier ces extraits, qui par ailleurs coûtent très cher) ; d’autre part, tisser ensemble trois fils narratifs : l’histoire d’un homme, l’histoire du cinéma, l’Histoire tout court. Et mieux encore qu’avec Gabin, cela fonctionne merveilleusement avec Chaplin, dont l’un des traits de génie est d’avoir compris très vite, à sa manière propre, certains grands moments historiques – le fordisme, la montée du nazisme… –, d’avoir saisi l’esprit du temps, de l’avoir anticipé, modifié, parfois d’y avoir résisté. C’était en tout cas l’approche – inédite à mon sens, concernant Chaplin – qui nous semblait la plus à même de rendre compte à la fois de son travail artistique, de ses rapports avec l’histoire mais aussi de sa vision politique et sociale.
Y. J.: Il n’empêche, ce projet avait de quoi nous intimider. Chaplin, au fond, est hors catégories. C’est le critique Louis Delluc qui disait que sa notoriété ne peut être comparée qu’à celle de Jésus-Christ ! François a lu plus de livres que moi sur Chaplin, mais il est impossible de les lire tous – il doit y en avoir davantage que sur Napoléon Bonaparte. En revanche, je crois que nous avons regardé l’intégralité des nombreux documentaires consacrés à Chaplin depuis sa mort et même avant. Il y en a d’assez mauvais, d’autres très bons, certains font même encore autorité, comme le Chaplin inconnu (1983) de Kevin Brownlow et David Gill (dont le commentaire français a été dit par Pierre Tchernia). Mais, aussi étonnant que cela paraisse, on n’avait jamais consacré à Chaplin un film entièrement composé d’extraits et d’archives, préférant privilégier le traditionnel défilé des témoins, des collaborateurs, des proches… remplacés au fil du temps et à mesure qu’ils disparaissaient – Chaplin est né au XIXe siècle – par des biographes, des critiques ou des universitaires.

Existe-t-il une institution qui veille sur l’héritage artistique de Chaplin et avez-vous pu bénéficier de son aide ?
F. A. :
Effectivement, les descendants de Chaplin – à commencer par les enfants de sa dernière épouse, Oona – sont représentés à Paris par le Bureau Chaplin, qui fait le lien avec les sociétés détentrices des droits des œuvres et de l’image du cinéaste. Nous avons été en contact étroit pendant toute la préparation du film avec Kate Guyonvarch, qui dirige ce Bureau, et qui nous a fait bénéficier de son excellente connaissance de la documentation. Mais il faut souligner que cette situation, nous la devons à Chaplin lui-même : en créant United Artists et ses propres studios, il a pu devenir le propriétaire des droits de ses films (à l’exception de La Comtesse de Hong-Kong) et a fait en sorte que ces droits demeurent attachés à une structure familiale unique. C’est dire si Chaplin, qui fut un génie artistique, fut aussi un génie économique, qui a su défendre ses intérêts et les faire fructifier.
Y. J. : Cela a été une grande chance pour nous de pouvoir travailler main dans la main avec le Bureau Chaplin. Cela a d’ailleurs contribué à l’aspect ludique qui nous animait, Aude Vassallo, notre documentaliste, et moi. Je lui envoyais des demandes par courriels marqués « Wanted » et elle se mettait à faire des recherches dans les archives. Vous pouvez imaginer notre fierté quand nous mettions la main sur une image que Kate Guyonvarch ou Serge Bromberg (de Lobster, coproducteur du film) ne connaissaient pas !

Cela paraît extraordinaire que l’on puisse aujourd’hui encore trouver des documents nouveaux sur Chaplin…
Y. J.:
Nous avons commencé ce projet en nous demandant si nous pourrions tenir le défi du tout-archives : Chaplin est né avec le cinéma et il n’a bien évidemment pas été filmé enfant. Mais nous avons dû rapidement faire face à un problème de riches : nous croulions sous les documents, notamment des milliers de photos à dérusher, c’était vertigineux. C’est le syndrome de l’Himalaya que j’évoque souvent : plus on avance, plus le but semble s’éloigner. Aude parlerait sans doute mieux que moi de cet aspect mais notre projet a bénéficié de plusieurs avantages. Sa longueur – trois années –, qui permettait de faire un travail de recherche très approfondi. Mais aussi un champ de recherche de documents qui s’est extraordinairement élargi et affiné, notamment grâce à Internet, et qui fait apparaître des photographies, des coupures de presse, des films, même, qui avaient échappé aux investigations il y a dix, vingt, trente ans… Nous avons donc des images inédites, d’autres qui sont peu connues, étonnantes. Mais je suis souvent surpris, depuis que je réalise des documentaires, quand des gens – parfois même des historiens – me disent : « Incroyable, ces images, on ne les a jamais vues ! » Parfois, c’est vrai, et j’en suis très content. Mais, parfois, il s’agit d’images qui avaient été montrées recadrées, colorisées, étouffées par un commentaire trop bavard ou un montage trop rapide. Découvrir ou redécouvrir certaines images tient souvent à la manière de les faire respirer… Enfin, dernière chose, très importante : les extraits de films de Chaplin, sans être inédits, ont parfois un caractère de nouveauté. Nous avons l’avantage d’être le premier documentaire complet réalisé après le centenaire de Charlot en 2014, qui a donné lieu à une très vaste entreprise de restauration : les cinémathèques du monde entier ont rassemblé les meilleures copies des courts-métrages afin d’établir pour chacun d’eux une copie de référence composée des meilleurs fragments. Et cela ne s’arrête pas, puisque Lobster Films, qui restaure de nombreux films, continue de mettre la main sur des bobines. Un exemplaire de Charlot nudiste (His Prehistoric Past), de bien meilleure qualité que ce dont nous disposions auparavant, a même été retrouvé pendant que nous étions en montage. Évidemment, nous l’avons utilisé. En somme, on peut dire que nous montrons les films de Chaplin dans la meilleure définition disponible aujourd’hui.

En dépit de votre accord sur les principes de construction et de narration du film, aviez-vous, en entamant ce projet, l’un et l’autre « le même Chaplin » ?
F. A. : En ce qui concerne la dimension historique et politique de l’homme, c’est certain. Sur le plan artistique, il y a des nuances d’appréciation, des discussions mais pas de désaccords. Et puis, même si nous n’avons pas forcément les mêmes « films de chevet », nous avons le même rapport intime à Chaplin, il fait partie de notre enfance, de nos références, de notre univers professionnel. Yves a eu, comme beaucoup, un déguisement de Charlot quand il était gamin, je suis directeur de cinéma et je passe chaque matin devant une silhouette de Charlot pour me rendre à mon bureau, et d’ailleurs l’une des salles du Jean-Eustache, à Pessac, porte le nom de Chaplin…
Y. J. :
Le long-métrage préféré de François est Le Kid, le mien Les Lumières de la ville, mais ce sont des détails. Un point, tout de même me revient, parmi nos discussions : le fait que Chaplin ait refusé de prendre la nationalité américaine. (Comme Gabin, du reste, a refusé de le faire, contrairement à Jean Renoir, qui pourtant a résidé aux États-Unis bien moins longtemps que Chaplin.) François semble penser que c’est parce que Chaplin, au fond, est demeuré un citoyen britannique, très attaché à l’Angleterre. Pour moi, il est plutôt un internationaliste, un apatride, sans doute parce que j’ai envie qu’il ressemble à son personnage de vagabond.
F. A. : C’est un point que j’aurais aimé développer davantage – mais nous manquions de place. Il y a un fil rouge dans ce film : celui du courage, de l’audace, du culot… En 1918, Chaplin réalise une comédie sur la guerre ; dans La Ruée vers l’or, il met en scène des personnages qui crèvent de faim et sont prêts à s’entretuer ; puis vient la critique du travail à la chaîne, la satire d’Hitler… Il ne se plie pas à l’introduction du cinéma parlant, refuse longtemps le Cinémascope. Il se donne le droit de devancer ou de refuser les usages en cours, c’est lui qui décide. Et tout comme il est maître du scénario, de la réalisation, du choix des comédiens, de la production, il est aussi maître de son destin. Fritz Lang, Marlene Dietrich, Alfred Hitchcock, tant d’autres encore ont pris la nationalité américaine comme une sorte d’évidence, lui a maintenu son indépendance en dépit des pressions. Et l’opinion publique américaine ne le lui a pas pardonné. En plus de l’accuser d’être un communiste, elle lui a reproché de manquer de reconnaissance, de s’être enrichi grâce à Hollywood (Chaplin savait très bien que Hollywood avait également prospéré grâce à lui et aurait tout aussi bien pu lui en être reconnaissant). Cela étant dit, rien de tout cela ne s’oppose à l’explication que privilégie Yves – et qui était aussi une réponse avancée par Chaplin lui-même –, l’aversion pour toute forme de nationalisme et la défense d’une citoyenneté au sens large. Et puis, il y a aussi l’explication qu’avançait Charles Chaplin Jr. (le fils aîné) selon laquelle son père redoutait en secret de se plier, pour obtenir la nationalité américaine, à des tests de culture générale, de langue, etc., lui qui n’avait pas fait d’études et a toujours nourri un fort complexe, notamment en ce qui concerne sa maîtrise du langage écrit.

Ce Chaplin mal à son aise, on le voit, d’ailleurs, dans certaines des archives que vous montrez…
Y. J.: Dans les films amateurs que l’on possède, les films tournés par des amis, les films de famille, etc., il fait quasiment toujours le pitre devant la caméra : on sent qu’il est constamment en représentation, qu’il fait ce qu’on attend de lui, et on ne peut s’empêcher de penser qu’il tente d’échapper aux postures et aux conversations sérieuses. C’est d’ailleurs très émouvant : que ce soit dans les années 1920 ou lorsqu’il est octogénaire, il fait toujours la même chose. J’avais même pensé faire un bout-à-bout de toutes ces pitreries et le monter en parallèle avec des extraits de ses films pour montrer que ce sont ses mêmes trucs de clown.
F. A. : Toute sa vie – et cela ressort en particulier de son autobiographie – Chaplin a été extrêmement impressionné par les personnalités politiques, intellectuelles, artistiques qu’il a croisées, notamment quand il voyage en Europe au début des années 1930. On peut même parler de complexe social chez lui. C’est comme s’il n’avait pas conscience que son génie artistique lui a ouvert les portes de ce monde où il ne se sent pourtant pas vraiment à sa place.
Y. J. : Il y a une autre chose troublante : les fréquentations de Chaplin, c’est un peu Point de vue, images du monde : des grands bourgeois, des nobles et des princesses. À quelques exceptions près – Einstein, Wells, quelques autres –, ce sont des gens qui sont radicalement à l’opposé de ses convictions humanistes et progressistes et qui, malgré leur admiration, le tiennent pour un « rouge ». C’est un des paradoxes de Chaplin : défendre le petit peuple et fréquenter le grand.

Ce qui est certain, c’est que dans le domaine artistique, en revanche, Chaplin ne souffre d’aucun complexe et se sent parfaitement à sa place, précoce, sûr de lui et visionnaire…
F. A.: Il est né avec le cinéma et il est là au bon moment, on peut dire qu’il est l’un de ceux que le cinéma, à ses débuts, attendaient. Ça, c’est la chance. Mais ensuite, c’est lui qui provoquera par son audace les bons moments. Il engage un bras de fer avec ses producteurs pour devenir réalisateur… à 25 ans, et après seulement trois mois d’activité et une quinzaine de courts-métrages ! À 32 ans, il est son propre producteur. Et pas le plus petit. Il est le roi. Et même quand il se trouve en décalage – l’avènement du parlant –, il fait ce qu’il veut. Toute sa vie, ce sont des coups de poker et la conquête de la liberté (qu’il perdra en grande partie dans ses tout derniers films). Artistiquement et économiquement, c’est un cercle vertueux : plus il a de l’argent et plus il est libre, plus il investit dans son art, ses films en sont encore meilleurs et lui rapportent plus d’argent et de liberté, etc. En somme, la chance, l’audace et l’indépendance au service de la liberté artistique."
 


"C’est le quatrième film d’Yves Jeuland auquel vous prêtez votre voix. On peut commencer à parler de fidélité… 
Mathieu Amalric : Vous savez, je ne fais ces choses-là que quand je suis en amitié et – ce qui est la même chose – en admiration pour quelqu’un. Et aussi pour apprendre, par appétit de connaissances. Avec Yves, c’est très particulier parce que ça commence par une maquette que je reçois, avec sa voix. C’est par sa voix que je découvre un film et que je suis touché. Il fait des films généreux, didactiques dans le bon sens du terme, c’est-à-dire des films de partage, mais qui sont aussi très personnels. Dans celui-ci, on est véritablement en immersion dans la vie et l’œuvre de Chaplin. Pas de spécialistes, pas de « têtes parlantes », uniquement des extraits des films de Chaplin, des images de sa vie intime et puis sa musique. Il y est question du courage artistique et politique d’un génie. Et pourtant, je retrouve Yves à chaque plan. Son humour, son engagement de citoyen et même ses passions – il est parvenu à faire figurer Yves Montand, qu’il adore ! Alors, pour moi, ce commentaire, c’est vraiment Yves qui parle, ou qui parfois dialogue avec Chaplin. Et ça, c’est l’amitié : je suis très ému qu’il ait envie, qu’il se sente bien avec l’idée que je prête ma voix à la sienne. Et vous vous rendez compte, dans le générique, il a mis sur le même carton « Voix de Mathieu Amalric. Musique de Charlie Chaplin » ! Ça me bouleverse. 

Prêter sa voix à un réalisateur, quel lien cela a-t-il avec le travail de comédien ? 
M. A.: Je ne sais pas très bien, au fond. C’est très différent, quand je travaille sur Freud, un juif sans dieu de David Teboul* ou sur Vie et Destin du Livre noir de Guillaume Ribot**, deux documentaires – magnifiques – où il s’agit pratiquement d’interpréter Sigmund Freud ou Vassili Grossman en lisant leurs lettres. Avec Yves, je ne suis pas certain que ça m’aide, d’être comédien (si tant est que je le sois… je n’ai jamais appris à jouer). Mais enfin, il y a tout ce travail qui consiste à préparer la fluidité, les liaisons, les pauses, à repérer les endroits où reprendre son souffle… Je répète à haute voix, parfois en m’enregistrant (ne le dites pas à Yves, il ne le sait pas). Et puis, quand j’ai l’impression de ne pas en savoir assez, j’appelle Yves pour qu’il m’explique ou même me raconte ce qui n’est pas dans le film. Ça se sent, quand une voix ne sait pas de quoi elle parle, elle a l’air plaquée. Ce qui est merveilleux avec Yves, c’est qu’il est très pointilleux. On a eu des discussions pour décider s’il fallait dire « Chârles Chaplain » ou bien « Tcharlie Tchapline ». Pour Doug(las) Fairbanks, je prononçais « Dog » et ça l’embêtait, il tenait à « Dougue » (Yves est de Carcassonne)… Le « Dougue » de son enfance (rire). Au fond, comme Yves enregistre lui-même la maquette de son commentaire, c’est comme les chansons de Cole Porter, c’est très agréable à reprendre parce que c’est écrit pour l’oral. Après cela, il s’agit de tout oublier : l’enregistrement, c’est comme de l’improvisation préparée, comme du jazz. Nous étions trois en studio, Yves, moi et l’ingénieur du son Léon Rousseau, qui est un spécialiste de la restauration sonore des films chez Lobster et aussi un musicien. Je tiens vraiment à le mentionner parce qu’il a fait un travail remarquable. Nous avons pris le temps, et c’était de grands morceaux de texte, comme j’aime, parce que cela permet de trouver un flux, une détente, un plaisir…, d’atteindre cet état dans lequel sont les conteurs, et cette voix qui ne s’entend pas, qui vous accompagne dans la rêverie, qui vous invite à penser par vous-même. 

Et votre Chaplin à vous ? 
M. A.:
Comme tout le monde, c’est d’abord l’enfance. Ce qu’on aime ce vagabond ! Ce qu’on aime ce type qui résiste face à l’injustice ! Ce sont des émotions particulières : enfant, on ne pleure pas devant Le Kid, on s’émerveille. On rêve d’avoir d’autres parents que ceux que l’on a et, justement, on se dit que ce serait chouette, d’avoir un papa comme ça… Ensuite, Chaplin, ça a été la découverte de la mise en scène. Ce passage des Lumières de la ville – qui est évoqué dans le film d’Yves – où la jeune vendeuse de fleurs aveugle prend Charlot pour un riche bourgeois et dont Chaplin a cherché pendant des mois la solution. Il y a consacré 300 prises ! Et c’est une trouvaille qui est à la fois élégante, efficace, paradoxale : représenter le son d’un claquement de portière de limousine dans un film muet grâce à un panoramique aller-retour. C’est éblouissant. C’est ce qu’on voudrait conserver à l’esprit quand on réalise des films : ce moment de pureté, ce moment de commencement où tout est à inventer. Quand vous vous lancez dans un film, vous savez que cela va être au minimum trois ans de votre vie, il vous faut un sang complètement neuf, vous débarrasser de tout ce que vous savez pour avoir l’illusion qu’il n’y a jamais eu de film avant cela ! Et puis, enfin, il y a l’acteur, qui est comme une sorte de repère auquel on revient sans cesse. Avant même de collaborer avec Yves, j’ai beaucoup revu Chaplin quand je préparais le dernier film des frères Larrieu, qui font, comme vous savez, un cinéma très physique. J’y joue un chanteur de rues, à moitié clochard, qui trimballe sa guitare électrique et son ampli (c’est une comédie musicale). Je devais me bagarrer avec Jalil Lespert, qui est ultra costaud, et même lui casser la gueule, vous imaginez ! Alors, je leur montrais des extraits de Chaplin en leur disant : « On pourrait essayer des trucs comme ça. » Dès qu’il est question du corps au cinéma, il y a Chaplin. Et pas seulement parce que ce type était irrésistible de beauté. Parce qu’il est le comédien-athlète au travail. C’est très beau, ce passage où Yves a mis bout à bout ces fameux virages à cloche-pied. Chaplin n’était pas seulement un génie, c’était aussi ce gosse abandonné qui a bossé comme un damné sa technique, ses gammes pour être au sommet de son art. 

* Arte, 2019.
** France 5, 2020".


"Chaplin" de Richard Attenborough
France, Royaume-Uni, Etats-Unis, 1992
Auteurs : Charles Chaplin, David Robinson
Scénario : William Boyd, Bryan Forbes, William Goldman
Production : Carolco, Le Studio Canal+, RCS Video, Lambeth Production
Producteurs : Richard Attenborough, Mario Kassar
Image : Sven Nykvist
Montage : Anne V. Coates
Musique : John Barry
Avec Robert Downey Jr. (Charles Spencer Chaplin), Dan Aykroyd (Mack Sennett), Anthony Hopkins (George Hayden), Geraldine Chaplin (Hannah Chaplin), Moira Kelly (Hetty Kelly), Paul Rhys (Sydney Chaplin), John Thaw (Fred Karno), Kevin Kline (Douglas Fairbanks), James Woods (Joseph Scott), Diane Lane (Paulette Goddard)
Sur Arte le 29 octobre 2023 à 21 h 00
Sur arte.tv du 29/10/2023 au 04/11/2023

Production Kuiv - Producteur associé Lobster Films - Production exécutive Marie-Hélène Ranc - Avec la participation de France Télévisions, de TV5 Monde et Ciné+, 2020, 146 min
Écrit par François Aymé et Yves Jeuland
Montage : Sylvie Bourget 
Documentation : Aude Vassallo
Graphisme : Gaël Baillau
Musiques de Charles Chaplin
Avec la voix de Mathieu Almaric
Sélection officielle Festival de Cannes 2020, Cannes Classics / Festival Lumière, Lyon, Lumière Classics
Visuels :
« Charlie Chaplin, le génie de la liberté »
© Roy Export Co. Ltd

« Charlie Chaplin, le génie de la liberté »
© Courtesy of George Eastman Museum

« Charlie Chaplin, le génie de la liberté »
© Roy Export Co. Ltd

Sur France 3 le 6 janvier 2021 à 21 h 05
Disponible jusqu'au 06.03.21

Du 11 octobre 2019 au 26 janvier 2020 

A la Cité de la musique - Philharmonie de Paris
221, avenue Jean-Jaurès. 75019 Paris
Tél. : 01 44 84 44 84
Du mardi au vendredi de 12h à 18h. Le samedi et le dimanche de 10h à 18h. En soirée les jours de représentation. Fermé le lundi. Fermé le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai

Du 18 octobre 2019 au 3 février 2020
Au musée des Arts de Nantes
10, rue Georges-Clemenceau, 44000 Nantes
Tél. : 02 51 17 45 00
Tous les jours, de 11h à 19h, sauf le mardi.
Ouverture en nocturne jusqu’à 21h, le jeudi

"Tout est vrai (ou presque) - Charlie Chaplin" par Nicolas Rendu
Auteur : Udner - Nicolas Rendu, Vincent Brunner
France, 2018, 3 min
Sur Arte le 2 février 2020 à 20 h 50. Disponible du 04/02/2019 au 05/01/2025

"Charlie Chaplin, le compositeur" par Dominik Wessely
Allemagne, 2017
Sur Arte le 2 janvier 2020 à 23 h 35. Disponible du 01/01/2020 au 31/01/2020
Visuels : © Tobias Albrecht

Du 18 février au 03 mars 2015
A la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73, avenue des Gobelins. 75013 Paris
Tél. : +33 1 83 79 18 96
Du mardi au vendredi de 13 h à 19 h, et le samedi de 10 h à 19 h. Fermeture dimanche et lundi

Paris Première a consacré sa soirée du 18 décembre 2014 à Charlie Chaplin (1889-1977) en diffusant : à 20 h 40 Le Dictateur (The Great Dictator), puis à 22 h 55 Les feux de la rampe (Limelight). Arte a diffusé une série de films muets de cet acteur, scénariste, réalisateur, producteur et compositeurs de musique, créateur du personnage complexe de Charlot, et dont la carrière née à l'époque du cinéma muet, s'est poursuivie avec le cinéma parlant.

Arte a diffusé des courts métrages muets restaurés de Charlot, réalisés par Chaplin en 1916-1917 pour la Mutual Film Corporation : Charlot et le comte (1916) les 22 et 24 décembre 2014, Charlot musicien (1916) le 23 décembre 2014, Charlot machiniste (1916) le 24 décembre 2014, Charlot rentre tard (1916) le 25 décembre 2014, Charlot Brocanteur (1916), Charlot chef de rayon (1916) le 29 décembre 2014, Charlot patine (1916), Charlot s'évade (1917) le 31 décembre 2014 et Charlot fait une cure (1917) le 1er janvier 2015, Charlot policeman (1917) le 2 janvier 2015.

 Le Dictateur, de Charlie Chaplin
1940, 100 min
Image : Karl Struss, Roland Totheroh
Montage : Willard Nico, Harold Rice
Musique : Charles Chaplin, Meredith Willson
Production : Charles Chaplin Productions
Producteur/-trice : Charles Chaplin, Carter DeHaven
Scénario : Charles Chaplin
Avec Charlie Chaplin, Paulette Goddard, Jack Oakie, Reginald Gardiner, Billy Gilbert, Henry Daniell
Sur Arte les 3 avril à 20 h 45 et 6 avril 2016 à 13 h 35
Le 2 avril 2017, le Forum des Images a projeté Le Dictateur de Charlie Chaplin.
Le 12 mai 2018 à 5 h 55, Ciné + Classic diffusa Le Dictateur, réalisé par Charlie Chaplin.

2013, 27 minutes
Sur Arte les 17 novembre et 8 décembre 2015, dans le cadre de Mystères d'archives. 

Etats-Unis, 1915, 25 min
Image : Harry Ensign
Montage : Charles Chaplin
Musique : Robert Israel
Production : Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jesse T. Robbins
Réalisation : Charles Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Edna Purviance, Billy Armstrong, Carl Stockdale, Charles Inslee 

Charlot au music-hall
Etats-Unis, 1915, 24 min
Image : Harry Ensign
Montage : Charles Chaplin
Musique : Robert Israel
Production : Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jesse T. Robbins
Réalisation : Charles Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Edna Purviance, Phyllis Allen, Lloyd Bacon, Fred Goodwins, John Rand 
Sur Arte les 25 décembre 2015 à 6 h 25 et 28 novembre 2016 à 4 h 20

Charlot à la plage
Etats-Unis; 1915, 14 min
Image : Harry Ensign
Montage : Charles Chaplin
Musique : Eric James
Production : Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jesse T. Robbins
Réalisation : Charles Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Avec Billy Armstrong, Charles Chaplin, Bud Jamison, Margie Reiger, Edna Purviance, 'Snub' Pollard 
Sur Arte les 24 novembre à 4 h 25 et 4 janvier 2017 à 5 h 45

Charlot joue Carmen, de Charlie Chaplin d'après Prosper Mérimée 
1915, muet, 30 minutes 
Image: Roland Totheroh, Harry Ensign
Montage : Herman G. Weinberg
Musique : Timothy Brock
Production : The Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jess T.Robbins, George K. Spoor
Scénario : Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Edna Purviance, John Rand, Jack Henderson, Leo White, Ben Turpin et May White
Sur Arte le 25 mars à 5 h 15

Charlot débutede Charlie Chaplin
1915, 28 min
Sur Arte les 25 mars à 5 h 45 et 24 avril 2016 à 5 h 05
Montage : Charles Chaplin, Bret Hampton
Production : The Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : avid Shepard, Jess Robbins
Scénario : Louella Parsons, Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Arthur W. Bates, Charlotte Mineau, Robert Bolder, Frank J. Coleman, Charles Hitchcock et Charles Inslee
Visuel : © Lobster Films 

Charlot marinde Charlie Chaplin
1915, muet, 26 min
Image : Harry Ensign
Montage : Bret Hampton, Charles Chaplin
Musique : Robert Israel
Production : The Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice  : Jess Robbins
Réalisation : Charles Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Edna Purviance, Billy Armstrong, Lawrence A. Bowes, Fred Goodwins, Lee Hill, Wesley Ruggles
Sur Arte le 25 mars 2016 à 6 h 40

Charlot cambrioleurde Charlie Chaplin
1916, 25 min
Image : Harry Ensign, Roland Totheroh
Montage : Harry Ensign
Musique : Robert Israel
Production : The Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jess Robbins
Scénario : Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Edna Purviance, Wesley Ruggles, John Rand, Billy Armstrong
Visuel : © Lobster Films 
Sur Arte le 25 mars 2016 à 6 h 10

Charlot apprenti
1915, 27 min
Image : Roland Totheroh, Haary Ensign
Montage : Charles Chaplin
Musique : Robert Israel
Production : The Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jess Robbins
Réalisation : Charles Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Charles Inslee, Edna Purviance, Billy Armstrong, Marta Golden, Leo White
Sur Arte le 25 mars à 7 h 05 
Visuel : © Lobster Films 

Musique : Robert Israel
Réalisation, scénario et montage : Charles Chaplin
Image : Harry Ensign
Production : Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jesse T. Robbins
Avec : Charles Chaplin, Edna Purviance, Bud Jamison, Leo White

Mam’zelle Charlot
Réalisation, scénario et montage : Charles Chaplin
Image : Harry Ensign
Production : Essanay Film Manufacturing Company
Producteur/-trice : Jesse T. Robbins
Musique : Eric James
Avec : Charles Chaplin, Edna Purviance, Charles Inslee, Marta Golden, Billy Armstrong

Charlot vagabond
Musique : Eric James, Robert Israel
Réalisation, scénario et montage : Charles Chaplin
Producteur/-trice : Jesse T. Robbins
Production : Essanay Film Manufacturing Company
Image : Harry Ensign
Avec : Charles Chaplin, Edna Purviance, Ernest Van Pelt, Lloyd Bacon, Billy Armstrong, Leo White

"Le cirquepar Charles Chaplin
Etats-Unis, 1928
Scénario : Charles Chaplin
Production :Charles Chaplin Productions
Producteur : Charles Chaplin
Image : Roland Totheroh
Montage : Charles Chaplin
Musique : Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Merna Kennedy, Henry Bergman, Harry Crocker, Allan Garcia, Steve Murphy, George Davis
Sur Arte le 2 janvier 2020 à 22 h 20. 
Disponible sur Arte du 02/01/2020 au 08/01/2020
Visuels :
Charlot (Charlie Chaplin) dompteur de lions dans " Le Cirque" de Charlie Chaplin (1928)
Charlot (Charlie Chaplin) et le clown blanc dans " Le Cirque" de Charlie Chaplin (1928)
Charlot épiant à l' intérieur du chapiteau dans " Le Cirque" de Charlie Chaplin (1928)

© Roy Export SAS. Charles Chaplin

"Les lumières de la villepar Charles Chaplin
Etats-Unis, 1931
Scénario : Charles Chaplin
Production : Charles Chaplin Productions
Producteur/-trice : Charles Chaplin
Image : Roland Totheroh, Gordon Pollock
Montage : Charles Chaplin, Willard Nico
Musique : Charles Chaplin
Avec Charlie Chaplin, Virginia Cherrill, Harry Myers, Allan Garcia, Florence Lee, Hank Mann
Sur Arte le 2 janvier 2020 à 20 h 55
Disponible du 02/01/2020 au 08/01/2020
Visuels :
Charlie Chaplin (Charlot) et Virginia Cherrill (la vendeuse de fleurs) dans les " Lumières de la ville" (1931)
Charlie Chaplin dans les " Lumières de la ville" réalisé par lui-même en 1931
Charlot (Charlie Chaplin) et le boxeur (Hank Man) dans les " Lumières de la ville" (1931)

© Roy Export SAS. Charles Chaplin

(Etats-Unis, 1936, 83 mn)
Chef d'orchestre : Alfred Newman
Image : Roland Totheroh, Ira Morgan
Scénario, musique, montage, réalisation : Charles Chaplin
Production : Charles Chaplin Productions, United Artists
Avec : Charles Chaplin, Paulette Goddard, Henry Bergman, Allan Garcia, Chester Conklin, Stanley J. Sanford, Stanley Blystone et Sam Stein
Sur Arte les 29 décembre 2013 à 20 h 40, 2 janvier 2014 à 13 h 35, 6 janvier 2014 à 13 h 45 et 9 janvier 2014 à 01 h 10, 31 décembre 2017 à 20 h 55, 14 janvier 2018 à 9 h 25
Sur France 3 le 6 janvier 2021 à 23 h 30

La naissance de Charlot, par Serge Bromberg et Eric Lange
Steamboat Films, Lobster Films, Arte, 2013, 60 min.
Sur Arte le 31 décembre 2017 à 22 h 20
Sur Histoire les 17 janvier 2019 à 19 h 35, 25 janvier 2019 à 15 h, 31 janvier 2019 à 15 h 10
Visuels :
Affiche du film « Charlot s'évade »
Portrait de Charlie Chaplin en "Charlot"
Portrait de Charlie Chaplin
Charlie Chaplin, portrait, env. 1914
Extrait du film "Les bandits du village" de George Nichols
Emma Clifton, Charles Chaplin et Ford Sterling dans le film "Charlot et le parapluie" en 1914
Portrait de Charlie Chaplin 1914
Extrait de "Pour gagner sa vie" de Henry Lehrman avec Charlie Chaplin et Virginia Kirtley
Extrait de "Charlot est content de lui" de et avec Charlie Chaplin
Extrait de "L'étrange aventure de Mabel" de et avec Charlie Chaplin et Mabel Normand
Devanture de cinéma avec à l'affiche un film de Charlie Chaplin
Les réalisateurs Thomas Ince, Charles Chaplin, Mack Sennett, D.W. Griffith 1915
Extrait du film "Charlot et Mabel en promenade" de et avec Charlie Chaplin et Mabel Normand

© Roy Export Company Establishment

Visuels
Buster Keaton, Jacques Tati et Harold Lloyd
© Les Films de Mon Oncle

Max Linder (à droite) avec Charlie Chaplin (à gauche)
© Maud Linder

The Immigrant (Charlie Chaplin, 1917)
© Lobster Films

Edna Purviance et Charles Chaplin dans le court métrage de Charlie Chaplin.
© Lobster Films

Charlot fait une cure
© Arte

Charlot boxeur, Charlot au music-hallMam’zelle Charlot
© Lobster Films

A lire sur ce blog :
Articles in English
 Cet article a été publié le 29 décembre 2013, le 13 avril 2014, le :
- 13 mai 2014. France 2 a consacré la soirée du 13 mai 2014 à un hommage à Charlie Chaplin, la légende du siècle constitué par un documentaire et Le Dictateur. Arte a diffusé Chaplin, un ballet de Mario Schröder ;
- 18 décembre 2014, 11 mars, 18 juin 2015. Le 19 juin 2015, Ciné + Classic diffusa Le Dictateur de Charles Chaplin, avec celui-ci et Paulette Goddard : "En 1918, un humble soldat de Tomania devient amnésique après avoir sauvé la vie de Schultz, un aviateur. Enfermé dans un hôpital psychiatrique, il s'enfuit et regagne sa boutique de barbier, dans le ghetto juif. Il ignore tout des événements politiques et s'en prend à des gardes de Hynkel, le dictateur au pouvoir. Hannah, une voisine, le tire d'affaire. Devenu un personnage puissant, Schultz le protège de l'antisémitisme. Pendant ce temps, Hynkel, qui a besoin d'argent, menace les banquiers juifs de les persécuter et décide d'envahir l'Austerlich en s'alliant au dictateur de la Bactérie. Les deux despotes se rencontrent. Le barbier est finalement arrêté avec Schultz, mais il parvient à s'échapper du camp de concentration..."
- 20 septembre, 16 novembre et 24 décembre 2015, 24 mars et 26 novembre 2016, 2 avril et 31 décembre 2017 -  le 31 décembre 2017 - Arte diffusa à 20 h 55 Les Temps modernes, et à 22 h 20 La naissance de Charlotde Serge Bromberg et Eric Lange -, 10 mai 2018, 18 janvier 2019, 1er janvier 2020, 7 janvier 2021.

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