mercredi 16 mai 2018

« Des hommes comme les autres, correspondants au Moyen-Orient », par Joris Luyendijk


Joris Luyendijk fait tomber les correspondants de guerre de leur piédestal d’« historien du moment présent ». La profession n’en sort pas grandie et notre foi en la réalité des « informations » livrées par ces correspondants diminue considérablement. La couverture médiatique de la guerre en Syrie et près de Gaza suscite des polémiques. Toute l'Histoire diffusera le 17 mai 2018 à 14 h 23, "Le Siècle des journalistes" : "1/3 - Les pionniers de l'information." De nouveau, comme en 2000, les "Palestiniens" fournissent leur "décompte macabre" repris par les médias comme authentique, leurs saynètes de Pallywood, leur propagande pour masquer leur but génocidaire, etc. 

« J’avais déjà perdu l’illusion que l’on est au courant de ce qui se passe dans le monde lorsqu’on suit les actualités », écrit Joris Luyendijk  qui a mis « trois ans pour écrire » ce livre « vendu à plus de 250 000 exemplaires aux Pays-Bas ».

Un livre pour « dire pourquoi au Moyen-Orient il est si difficile de dire des choses sensées à propos de problématiques aussi vastes ».

Un livre-confession passionnant, utile. Édifiant.

Grandeur du métier et désillusions
Le monde arabe ? Dictatures, corruption à tous les niveaux, bureaucratie, népotisme, mauvaise gouvernance. On comprend que les dirigeants arabes instrumentalisent le conflit contre l’Etat Juif pour détourner le ressentiment de leurs populations.

Au Moyen-Orient, le néerlandais Joris Luyendijk  y mesure l’écart entre la réalité et son image médiatisée.

Il apprend la loi des Ciseaux qui « décrit l’effet des images sur les gens. Celui de l’image est plus fort que celui du son et si le texte évoque autre chose que l’image, le spectateur ne suit plus que l’image ».

Il découvre aussi que les dictatures arabes rendent impossible l’exercice du métier de journaliste. Il conclut : « Il n’est tout simplement pas possible de faire du journalisme dans le monde arabe ». Un constat qui perdure lors de « l’hiver islamiste ».

Joris Luyendijk est confronté à la « guerre des médias » et des mots. Multiplie les désillusions.

Dans son livre préfacé par le directeur des Cahiers d’Orient Antoine Sfeir, Joris Luyendijk démystifie les conditions de travail des correspondants: rôle essentiel d’agences de presse (AFP, AP, Reuters) - les « agences s’étaient muselées elles-mêmes », donc les dictatures ne les expulsent pas, et ce sont leurs dépêches qui prévalent sur les sujets proposés par les correspondants des journaux -, dépendances à l’égard de bases de données sur Internet (Lexis Nexis), recours à un fixeur, autochtone interprète et arrangeur de rencontres, service de communication de mouvements terroristes (Hezbollah), intérêts médiatiques d’ONG et de militants des droits de l’homme, corruption pour avoir un visa pour l’Iraq et la douane, visites de presse organisées par le ministère de l’Information du Soudan/tour operator ou de l’Irak de Saddam Hussein, organisation ou tolérance par des dictatures d’« explosions de colère » médiatisées et souvent mises en scène, donor darlings qui « n’existent que grâce aux subsides occidentaux », etc.

Autres travers de la profession : vie en autarcie souvent déconnectée de la réalité locale, adaptation ou conformité de ligne éditoriale de médias néerlandais à celle des journaux anglo-saxons de référence (BBC, CNN, The New York Times), ignorances de ses collègues sur un monde arabe opaque et divers, difficultés à compléter ou nuancer l’image stéréotypée des Arabes privilégiée par le rédacteur en chef, harmonisation des sujets traités par tous les médias, suivisme de journaux, correspondants ne disant pas la vérité pour garder leur travail et correspondants alibis pour le dateline, pour présenter sur place des dépêches d’agences.

Honnêtement, Joris Luyendijk reconnaît avoir été instrumentalisé, ou avoir manqué d’informations cruciales dans certains articles. Il fait part de ses hésitations, de ses doutes.

L’auteur souligne aussi la difficulté à travailler en raison des quatre filtres : l’angoisse des interviewés au Moyen-Orient, l’absence de statistiques pour mettre en perspectives les informations, la vulnérabilité des sources, et ce qui est vérifiable ne fait pas l’actualité.

Il fait montre d’ignorance ou de naïveté à l’égard des fondamentalistes musulmans, des Frères musulmans parce qu’il veut être le plus honnête possible, et ignore leur représentativité.

Selon l’auteur, les morts chrétiens font plus l’actualité que les morts non chrétiens. On peut ne pas partager son avis.

« Jews are news »
La « foi [de Joris Luyendijk] en la possibilité d’une information impartiale s’évanouit » quand il couvre « Israël et les Palestiniens ». Joris Luyendijk s’interroge sur le lien de cause à effet entre les violences et les médias.

Il suit l’actualité côté palestinien. Il veut être neutre et renvoie souvent dos à dos Israéliens et Palestiniens, mais ne respecte pas la neutralité.

Or, la fin de son livre est à charge contre Israël. Il réécrit les négociations de Camp David en 2000 et les raisons de l’encerclement du QG d’Arafat en omettant la série d’attentats terroristes palestiniens dont celui du Seder de Pessah au Park Hotel à Netanya (27 mars 2002). Met dos à dos la « propagande israélienne » et celle palestinienne ». Recycle le mythe de la coexistence pacifique interconfessionnelle en « terre d’islam ». Ignore les liens entre les Nazis et le monde musulman. Pourquoi « l’exode oublié » d’environ un million de Juifs de pays arabes, de Turquie, d’Iran, de la partie de Jérusalem occupée par la Jordanie ? Mystère pour l’auteur du livre.

On regrette l’ignorance ou la naïveté du journaliste sur les Frères musulmans, son occultation de Pallywood et du jihad, sa vision partiale choquante d’Israël, sa réécriture erronée de faits historiques, ses énormités sur les partisans du Grand Israël, etc.

Joris Luyendijk n’a pas saisi la radicalité du Hamas. Il semble ignorer la dhimmitude, le jihad, etc.

La « guerre des médias » et des mots pour ce conflit au Proche-Orient ? Des « médias manipulés et retravaillés par les parties concernées ». Joris Luyendijk présente le service de presse israélien comme particulièrement performant pour faire passer ses messages aux correspondants de presse et des Palestiniens moins riches que les Israéliens, sur la réactive, des amateurs défaillants ou atones, gérant mal leurs relations presse, et l’affaire al-Dura occultée.

Parti pris ? Naïveté ? Ignorance ? Joris Luyendijk véhicule la propagande palestinienne – les malades palestiniens décèderaient en raison des barrages de sécurité israéliens bloquant les ambulances !? -, dont l’accusation de crime rituel pour justifier a posteriori le lynchage de deux Israéliens. Souvent, l’auteur exprime la vision palestinienne sans s’en rendre compte : prétendue puissance médiatique d’Israël, Shoah comme « atout » d’Israël, etc.

Ce livre a reçu le Prix des Assises du journalisme en 2010.

ADDENDUM
Les quatre journalistes français ont été libérés le 19 avril 2014 par les terroristes islamistes en Syrie.

Toute l'Histoire diffusera le 17 mai 2018 à 14 h 23, "Le Siècle des journalistes" : "1/3 - Les pionniers de l'information - De l'immédiat après-guerre au conflit vietnamien, une génération de pionniers de l'information part à la découverte de la planète, pour la raconter avec passion. En Corée, en Indochine, en Algérie… Les journalistes sont les yeux de leurs lecteurs. Alors que la presse écrite vit son âge d'or, elle est avant tout formée d'aventuriers qui fourbissent leurs armes au gré de lointains conflits, calepin à la main, appareil photo en bandoulière. Et tandis que l'actualité filmée s'impose peu à peu dans un paysage médiatique en recomposition, la pratique de journaliste s'affirme comme un métier à part entière."

Au printemps 2018, le Hamas a lancé les "marches du retour" présentées par les journalistes occidentaux comme des "manifestations pacifiques". En fait, il s'agit d'émeutes visant à introduire, en brisant la barrière de sécurité anti-terrorisme, en Israël des dizaines de milliers de Gazaouis pour tuer les Yaoud (Juifs, en arabe), les Sionistes, les Israéliens. Les correspondants et leurs rédactions ont dissimulé l'envoi par les Gazaouis de cerfs-volants, parfois ornés de croix gammées, armés d'engins inflammables pour incendier les champs israéliens, le drapeau décoré de la croix gammée pour l'anniversaire de la naissance de Hitler planté près d'un drapeau palestinien, etc. Des centaines d'hectares, des champs de blé ont été brûlés par ces engins incendiaires transportés par des cerfs-volants.

Le Hamas ne peut pas vaincre militairement Israël qui a su contrer rapidement les tunnels de contrebande, les roquettes envoyées vers les civils israéliens, etc. Il veut provoquer la riposte israélienne, occuper le plus d'espace médiatique au détriment des festivités israéliennes liées au 70e anniversaire de la re-création de l'Etat juif et du transfert de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem - à l'intérieur de la Ligne verte -, à ternir l'image d'Israël, à accuser Israël de tuer des Palestiniens - "blood libel" -, etc. Ce qui induit des communiqués des diplomaties européennes - "riposte disproportionnée" -, etc. Ce qui permet de justifier le soutien de ces diplomaties à un mouvement qui proclame son programme génocidaire anti-juif.

Comme au début de l'Intifada II, les médias occidentaux reprennent comme authentique le décompte macabre du Hamas ou du ministère gazaoui de la Santé d'un gouvernement de ce mouvement terroriste islamiste qui vise dans sa charte la destruction de l'Etat juif. Ces "statistiques" incluent des terroristes islamistes. Elles visent à émouvoir l'opinion publique pour contraindre les diplomaties européennes  à soutenir l'Autorité palestinienne, alors que le contexte politique lui est défavorable : désintérêt du monde Arabe concentré sur le danger du programme nucléaire militaire iranien allié à l'amélioration des missiles, présidence de Donald Trump  conscient des priorités pour la paix mondiale, etc. Ce décompte ne signifie rien car il émane d'une partie déconsidérée du conflit. Un nombre identique de victimes israéliennes et gazaouies ravirait-il les "belles âmes" ? Et si ce décompte masquait la réalité : quelques dizaines de victimes gazaouies résultant de la prudence de Tsahal, et pour l'essentiel des terroristes.

Il est navrant que des groupes pro-israéliens sur les médias sociaux reprennent comme authentiques ces "statistiques" dans une guerre au volet médiatique ("massacres", "boucheries"). Et ce, alors que des blogs, comme Hasbara Alerte, révèlent depuis au moins avril 2018, les mises en scène de Pallywood : le Gazaoui qui se met à courir en jetant ses béquilles d'handicapé, etc. Comme si avaient été oubliées les révélations des enquêtes sur l'affaire al-Dura et l'industrie médiatique palestinienne fournissant gracieusement aux médias occidentaux, crédules, ignorants ou cyniques, des saynètes dans un "Gazacittà à ciel ouvert"... Gazawood permet d'occulter les échecs du Hamas soutenu par l'Iran et le Qatar - détournement de la manne internationale, corruption, tortures et assassinats des opposants, persécutions des chrétiens, etc. - et le soutien économique et médical israélien qui laisse chaque jour des convois apportant l'aide humanitaire nécessaire aux Gazaouis..

L'Etat d'Israël, Etat-nation du peuple Juif, défend ses habitants, nationaux et étrangers. Comment l'Allemagne de la Chancelière Angela Merkel et la France du Président Emmanuel Macron peuvent-elles accepter ce qui leur semble des incongruités gênant leur politique : elles soutiennent l'accord sur le programme nucléaire militaire iranien, ont accepté des vagues de "migrants" en sachant les risques d'infiltrations par des terroristes islamistes, veulent s'imposer dans la solution du conflit par des positions asymétriques (pressions sur le seul Etat d'Israël), etc. ?


Joris Luyendijk, Des hommes comme les autres, correspondants au Moyen-Orient. Préface d’Antoine Sfeir Traduit du néerlandais par Gérald de Hemptinne. Editions Nevicata, 2009. 240 pages. 19,95 euros. ISBN : 978-2-960255-9-0

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Cet article a été commandé, mais non publié par L'Arche. Il a été publié sur ce blog le 8 décembre 2013, puis les 20 avril 2014 et 27 décembre 2012.

2 commentaires:

  1. Le début de votre compte rendu m'a donné envie de lire ce livre mais la fin m'en a dissuadé définitivement. Apparemment ce journaliste n'a toujours rien compris du conflit arabo-israélien...

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  2. Un journaleux reste un journaleux , un antisemite restera antisemite .

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