Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 19 octobre 2017

Joel Meyerowitz


La Polka Galerie présente l'exposition  « Inside | Outside » de  Joel Meyerowitz, photographe de rue (street photographer), américain, Juif, spécialisé dans les paysages et les portraits. 


Joel Meyerowitz est « l’archétype du New Yorkais cultivé qui a embrassé son époque avec curiosité et empathie. Par son travail en couleur, il a révolutionné l’histoire de la photographie. à l’instar de William Eggleston ou de Stephen Shore, il a influencé de jeunes générations de photographes et particulièrement l’école allemande de Düsseldorf ».

« Photographe de rue » comme le photographe humaniste français  Henri Cartier-Bresson ou Robert Frank, Joel Meyerowitz se distingue dès le milieu des années 1960 par le choix des couleurs à une époque où le noir et blanc était seul prisé des théoriciens et praticiens professionnels de la photographie, alors dédaigneux ou méfiants à l’égard des pellicules en couleurs qu’ils concédaient aux amateurs ou aux publicitaires.

Des années 1960 aux années 2000, l’œuvre du photographe Joel Meyerowitz  « apparaît comme le chaînon manquant qui permet de mieux comprendre le passage définitif du noir et blanc à la couleur dans l’histoire de la photographie de la deuxième moitié du XXe siècle ».

Précurseur dans la photographie en couleurs
Joel Meyerowitz naît en 1938 dans le Bronx, quartier populaire de New York.

« Mon père “Pop” était le maire officieux de notre pâté d’immeubles, et c’est donc en traînant avec lui et en observant la façon dont les événements se produisaient de manière inattendue que j’ai acquis mon initiation précoce aux comédies et aux tragédies de la vie quotidienne », se souvient Joel Meyerowitz.

Il débute comme directeur artistique dans une agence de publicité, auprès de Harry Gordon.

Premier tournant décisif de sa vie : sa rencontre avec le photographe Robert Frank.

Envoyé par son patron, ce vingtenaire observe dans le centre ville newyorkais Robert Frank « faire des photos de la nouvelle plaquette que j’avais créée. Il s’agissait de très jeunes filles qui faisaient diverses activités après l’école : devoirs à la maison, jeux, maquillage, etc. En quelques minutes, je me suis rendu compte que je n’avais jamais vu quelqu’un bouger ou utiliser un appareil photo de cette manière. Je l’observais pendant toute la scène, et chaque fois que j’entendais le déclic du Leica, je voyais ce moment s’illuminer, l’apogée absolue de cet instant ! J’étais ébahi ! J’avais déjà assisté à des séances de photographie, mais je n’avais jamais vécu une telle expérience ».

A Harry Gordon, il annonce sa démission et explique : « C’était génial, je ne savais pas que l’on pouvait bouger et prendre des photos à la fois ! » Tout ce que je voulais, c’était être dans les rues de New York. Harry m’a prêté son appareil photo. J’ai chargé une pellicule couleur sans me demander s’il y avait une quelconque autre alternative. Et je suis sorti… » (Joel Meyerowitz: Taking My Time).

 En 1962, Joel Meyerowitz parcourt les rues de New York avec un appareil 35 mm. Il se lie d’amitié avec Garry Winogrand, Tony Ray-Jones, Lee Friedlander, Diane Arbus. Dans son Panthéon, figurent Robert Frank et Eugène Atget.

Joel Meyerowitz capte des scènes saugrenues de la Big Apple, le visage d’une petite fille inséré dans une série de cadres. Le visage de la caissière d’un lieu de spectacle dissimulé ou remplacé par un Hygiaphone. Un piéton emportant un grand animal.

Ce photographe alterne le noir et blanc – la magie d’un paysage enneigé éclairé par une étoile - et la couleur qui souligne le contraste entre la proximité d’un bébé et de fusils, les couleurs vives de New York, le duo entre deux New Yorkais différents par l’âge, l’expression du visage, etc.

« Dès mes débuts en tant que photographe – la toute première pellicule, en réalité – j’ai travaillé en couleur et je croyais en son potentiel. Naturellement, à cette époque, j’étais jeune et inexpérimenté, et j’ignorais qu’il y avait une question persistante sur la couleur dans le monde très sérieux de la photographie. On pensait alors que la couleur était trop commerciale, ou que c’était davantage le domaine des amateurs et, finalement, qu’il était quasi impossible de développer des photos couleur soi-même dans sa propre chambre noire  ».

Et d'ajouter : « Vers 1965, j’ai commencé à porter deux appareils photo chaque jour : un avec une pellicule couleur, l’autre avec une pellicule noir et blanc. Je n’avais cependant jamais essayé de comparer côte à côte deux vues presque identiques et, ce faisant, de voir par moi-même laquelle pouvait apporter à la question de la couleur une conclusion avec laquelle je pourrais être à l’aise ».

Vers cette époque, Joel Meyerowitz lit un texte de John Szarkowski. Celui-ci a succédé au célèbre Edward Steichen au poste de conservateur pour la photographie (1962-1991) du MoMA (Musée d’art moderne) de New York.

John Szarkowski a écrit « qu’une photographie décrit simplement ce qui est devant l’appareil photo. Cette affirmation simple m’a fait réfléchir plus sérieusement à l’idée de description et à la façon dont l’accumulation des informations dans la photo constitue son état primaire, indépendamment de tout autre événement décrit dans la photographie. Dans les années 1966-67, j’ai passé un an en Europe, où j’ai eu la possibilité de procéder à des essais pour moi-même, et lorsque je suis rentré chez moi, j’ai pu examiner et analyser ces doublons. J’ai alors constaté que l’image en couleur était plus riche d’informations, qu’il y avait beaucoup plus à voir et à réfléchir, tandis que le noir et blanc réduisait le monde à des nuances de gris. La pellicule couleur était plus exigeante. Le piqué de l’image et sa cohésion m’obligeait à “lire” plus attentivement tout ce qu’il y avait dans le cadre. Ainsi, lorsque j’ai commencé à réfléchir de cette manière, un processus s’est engagé qui est ensuite devenu la façon dont je lisais et comprenais mon travail. J’avais l’impression que les couleurs signifiaient quelque chose pour chacun de nous, dans le passé comme dans le présent. Nous gardons des souvenirs de couleurs tout comme nous créons des souvenirs olfactifs, et ils évoquent des sensations et, à partir de cette reconnaissance, nous élaborons notre propre vocabulaire des réponses aux couleurs ».

La comparaison entre deux photographies, l’une en noir et blanc et l’autre en couleurs, s’avère à cet égard très pertinente : celle en couleurs est plus informative, capte davantage le regard du lecteur, semble de meilleure qualité artistique. De plus, chaque époque se distingue par sa tonalité chromatique : couleurs acidulées des années pop, imprimés imitation panthère d’une ère de combat.

Dans cet émerveillement de Joel Meyerowitz pour les apports des couleurs on retrouve l’enthousiasme de François Truffaut, alors critique de cinéma  pour Arts et Les Cahiers du cinéma, découvrant et s’émerveillant dans le mélodrame de Douglas Sirk, Written on the Wind (Ecrit sur du vent, 1956), devant l’Amérique en couleurs pimpantes, modernes révélées dans ce film.

Dès 1972, Joel Meyerowitz   se consacre uniquement à la couleur, et aux grands formats.

Son premier livre, Cape Light (1979), dans lequel « il explore les variations chromatiques au contact de la lumière, est considéré comme un ouvrage classique de la photographie ». Il a été vendu à plus de 100 000 exemplaires en 30 ans. Seize autres ouvrages suivent.

Cet artiste inaugure comme enseignant le premier cours de photographies en couleurs à la Cooper Union for the Advancement of Science and Art, établissement prestigieux d’enseignement supérieur de New York.

Utilisant alternativement un appareil 35mm et une chambre Deardorff 20x25, Joel Meyerowitz « développe à travers ces deux formats, qui définissent deux langages différents, une écriture originale. Il capture “l’instant décisif” avec son appareil 35mm, et révèle la beauté du réel en utilisant un temps beaucoup long avec la chambre grand format ». C’est parfois une cacophonie chromatique qu’il impressionne. Ou un moment de poésie : ce couple s’éloignant de dos dans des volutes de fumée…

A l’épure des paysages, ruraux ou maritimes, et de portraits, alternent l’intensité, le rythme, les chocs des villes. Tous soigneusement composés et colorés. Avec des lumières diverses : celle qui fait rougir la peau de la rousse Caroline, à Provincetown, sur un fond de dégradés de bleu, ou celle plus blanche de Paris.

Plus de 350 expositions dans des musées et des galeries ont montré les photographies de cet artiste souvent distingué.

En 1998, Joel Meyerowitz a réalisé son premier film, POP, journal de son voyage de trois semaines avec son père âgé de 87 ans, Hy, et son fils Sasha.

Dans les jours ayant suivi les attentats terroristes islamistes contre le World Trade Center (WTC), à New York, le 11 septembre 2001, Joel Meyerowitz a constitué les archives sur cette destruction et la reconstruction dans et autour de Ground Zero. Plus de 8 000 photographies de ces Archives du WTC ont fait l’objet de 35 expositions organisées par le Département d’Etat, de 2002 à 2005, de Londres à Islamabad, de Rome au Koweït, de Moscou à Jérusalem. Avec ces photos, Joel Meyerowitz a aussi représenté, les Etats-Unis à la Biennale de Venise en 2002.

En 2013, la Maison européenne de la photographie  (MEP) a présenté une rétrospective  de Joel Meyerowitz.

En 2014, la célèbre Howard Greenberg Gallery a présenté deux expositions de Joel Meyerowitz, photographe de rue (street photographer), américain, Juif, spécialisé dans les paysages et les portraits : My European Trip: Photographs from the Car, exposition en 1968 au  MoMA et dont le commissaire était John Szarkowski et  The Effect of France. New Still Lifes, 2012-2013.

Le NRW-Forum à Düsseldorf présenta la première rétrospective de Joel Meyerowitz en Allemagne. Plus de 260 photographies d'une carrière s'étalant sur 50 ans.

La Polka Galerie a présenté Taking my Time - Part II de  Joel Meyerowitz, second volet de exposition « Taking My Time », un cycle rétrospectif en deux tableaux consacré au grand photographe américain Joel Meyerowitz. Autobiographique et méditative, l’exposition plonge dans la mémoire d’un artiste spectateur qui a traversé l’histoire récente de la photographie. La deuxième partie du voyage se consacre aux paysages et à la lumière, laissant les rues de New York de la « Part. I » derrière elle". Des premiers travaux en noir et blanc à son travail précurseur en couleurs, dont les photographies réalisées pendant neuf mois dans les ruines du World Trade Center à New York, après les attentats terroristes islamistes du 11 septembre 2001.

"A la  fin des années 1960, l’auteur de Bystanders (1994) interroge les secrets de la couleur, en explorant sa finesse, ses tonalités, ses contrastes et ses saturations veloutées. Le bouleversement sémantique que présuppose l’abandon du noir et blanc conduit Meyerowitz vers le contexte de ses images. Le grand format joue ici un rôle prépondérant. En 1976, l’artiste fait l’acquisition d’une chambre photographique grand format, une Deardorff 8x10. C’est à Cape Cod, où il passe ses vacances, que Meyerowitz l’utilise pour la première fois. Avec sa lumière, ses paysages vides, plats, silencieux voire figés, la presqu’île balnéaire du Massachusetts est à l’exact opposé de l’énergie new-yorkaise qu’il photographie à ses débuts, au 35 mm. Mécaniquement et symboliquement, la vision change. Le dispositif et les règles aussi".

"L’expérience de la chambre photographique permet à Joel Meyerowitz de résoudre un paradoxe esthétique et artistique auquel il s’est confronté dès ses débuts, au moment où la photographie couleur, médium de masse par excellence, gagnait son statut d’œuvre d’art. Là où Fred Herzog ou Stephen Shore, pour s’en libérer, neutralisent les nuances, Meyerowitz fait le contraire, assumant la richesse et la puissance des pigments. La couleur n’est plus seulement un procédé, elle devient un langage. Et la photographie un métabolisme, un théâtre, un lieu de contemplation qui se joue des hors-champs et des harmonies chromatiques. « L’action n’est plus au cœur, elle devient presque accessoire. Mon image a d’autres ambitions. » En 1979, paraît Cape Light, son livre culte, clin d’œil au passé et préfiguration de ses futures séries".

"Après les piscines de Cape Cod viendront d’autres paysages, d’autres formes, d’autres architectures. Des forêts de Toscane aux ruines du World Trade Center en passant par les ateliers du grand peintre italien Giorgio Morandi. Le voyage de Meyerowitz devient alors intérieur".

La Howard Greenberg Gallery a présenté deux expositions - "Between The Dog And The Wolf" (Entre Chien et loup) et "Morandi, Cézanne And Me" - montrant des photographies, parfois inédites, de  Joel Meyerowitz.

"Two exhibitions of photographs by Joel Meyerowitz will be on view at Howard Greenberg Gallery from September 7 to October 21, 2017. Between the Dog and the Wolf presents images from the 1970s and 80s made in those mysterious moments around dusk. Many of the works will be on display for the first time. Morandi, Cézanne and Me surveys Meyerowitz’s recent still lifes of objects from Paul Cézanne’s studio in Aix-en-Provence and Giorgio Morandi’s in Bologna. The exhibitions will open with a reception on September 7, from 6 to 8 p.m.

Two new books of photographs by Meyerowitz are to be published: Joel Meyerowitz: Cézanne’s Objects (Damiani, October 2017) and Joel Meyerowitz: Where I Find Myself: A Lifetime Retrospective (Laurence King, January 2018).

"The exhibition title Between the Dog and the Wolf is a translation of a common French expression “Entre chien et loup,” which refers to oncoming twilight. As Meyerowitz notes, “It seemed to me that the French liken the twilight to the notion of the tame and the savage, the known and the unknown, where that special moment of the fading of the light offers us an entrance into the place where our senses might fail us slightly, making us vulnerable to the vagaries of our imagination.”

The "majority of the photographs in the exhibition are from a period when Meyerowitz was spending summers on Cape Cod and had just begun working with an 8x10 view camera. “My whole way of seeing was both challenged and refreshed. I found that time became a greater element in my work. The view camera demands longer exposures, and I began looking into the oncoming twilight and seeing things that the small cameras either couldn’t handle or didn’t present in significant enough quality,” Meyerowitz explains. “What seems of more value to me now, 30 years later, is how that devotion to the questions back then taught me to see in a new and simpler way.”

"The exhibition features photographs taken concurrently with Meyerowitz’s iconic series Cape Light, widely recognized for his use of color and appreciation of light. A young woman is perched on a wall that overlooks the Cape Cod Bay in a 1984 print, with the last of the daylight fading into a pink haze. A 1977 view of a dark house with one lit window has a sandy front yard with a sagging badminton net, an abandoned tricycle, and a blue doghouse with peeling paint. In a nearly abstract image from 1984, the viewer can barely see lights from a house on the beach as night falls. Other locations show a view of a serene sky with St. Louis’ Gateway Arch from 1977 and a palm tree in fading blue light in Florida from 1979".

As Meyerowitz notes, “I am grateful that my experience has allowed me to work both as a street photographer and as a view-camera photographer, and that I’m comfortable with both vocabularies. I speak two languages, classical and jazz. Street photography is jazz. The view camera, being so much slower, is more classical, more meditative, it has a different way of showing its content. You can be a jazz musician and play classically, and you can be a classical musician and love the immediacy and improvisation of jazz.”

"Morandi, Cézanne and Me reflects Meyerowitz’s fascination with everyday objects, which also served as inspiration to Paul Cézanne and Giorgio Morandi. He was granted permission to photograph in both artists’ studios in 2013 and 2015".

Meyerowitz "was struck by the grey walls in Cézanne's studio, and how every object in the studio seemed to be absorbed into the grey of the background. He photographed just about every object there – from vases, pitchers, and carafes to a skull and Cézanne's hat. This project spurred him to visit Morandi’s studio to observe the objects that the master still life painter had used as inspiration for over 60 years. Meyerowitz was allowed access to all 275 of Morandi’s famous objects at his home and studio. He worked near the same window, sitting at Morandi’s table, photographing shells, pigment-filled bottles, funnels, watering cans, and other dusty aged objects against the same paper that Morandi had left on the wall, now brittle and yellow with age. Meyerowitz also began to look anew at items he found in Italian flea markets – a dented brass tube, a rusted tin flask, a capped container -- and he photographed them placed in grey corners and against heavy canvas backdrops in his studio in Tuscany".

Says Meyerowitz, “My underlying motive – while, of course doing this for my own pleasure – was to provide a catalogue of the objects these painters used in the course of their lives, and show to scholars and other interested viewers, the actual, and for the most part humble, cast-offs and basic forms that these great painters drew their inspiration from.”

"Joel Meyerowitz (born 1938) is an award-winning photographer whose work has appeared in over 350 exhibitions in museums and galleries throughout the world. After a chance encounter with Robert Frank, the New York native began photographing street scenes in color in 1962, and by the mid-1960s became an early advocate of color photography and was instrumental in the legitimization and growing acceptance of color film. His first book, Cape Light (1979) is considered a classic work of color photography and has sold more than 100,000 copies. He has authored 17 other books, including Legacy: The Preservation of Wilderness in New York City Parks (Aperture, 2009). As the only photographer given official access to Ground Zero in the wake of September 11th, he created the World Trade Center Archive, selections of which have toured around the world. Meyerowitz is a two-time Guggenheim fellow and a recipient of awards from both the NEA and NEH. He is a recent winner of the Royal Photographic Society's Centenary Award, its highest honor. For his 50 years of work in 2012, he received the Lifetime Achievement Award at the Lucie Awards, an annual event honoring the greatest achievements in photography. This January, Meyerowitz was inducted into the Leica Hall of Fame for his contribution to the photographic genre. His work is held in the collections of many museums, including The Museum of Modern Art, New York; the Whitney Museum of American Art, New York; and the Museum of Fine Art, Boston. Meyerowitz lives and works in Tuscany and New York City".

"Inside/Outside"
En 2018, dans le cadre de Paris Photo, la galerie Polka présenta « Inside | Outside », une plongée inédite dans l’univers du photographe américain Joel Meyerowitz. Pour la première fois, l’artiste revisite son œuvre de façon transversale, en se débarrassant du cadre formel et rigoriste de la série ou de l’œuvre iconique. De ses débuts, dans les rues grouillantes de New York jusqu’au temps de la contemplation et de l’introspection lascive, quelque part en Toscane ou dans les ateliers de Cézanne et Morandi."

"L’image alors n’existe plus par elle-même mais dans une cohabitation nouvelle. La lecture combinée de plusieurs échos, ombres et tableaux juxtaposés, forme de nouvelles notes fondamentales, des harmoniques visuelles et chromatiques, des séquences expérimentales qui par résonance, entrent en conversation."

« Les photographes de ma génération sont parfois enfermés dans leur boîte sans pouvoir en sortir. Il est bon qu’un œil extérieur vienne l’ouvrir de temps en temps, pour libérer des images auxquelles on ne pense plus ou bien créer des associations intempestives. Comme cette femme qui regarde par la fenêtre – que j’ai toujours adorée, sans jamais l’avoir montrée – et qui semble regarder vers ces fruits posées sur un journal prises en à-pic. Les photos, ainsi soustraites aux séries auxquelles elles étaient liées, réaffirment leur pouvoir d’image singulière. »

L’exposition « Inside | Outside » "revisite, avec une liberté totale et l’amitié complice de l’artiste qui confie au spectateur les clés de ses partitions, soixante ans de production photographique. Le bilan d’une vie à observer les hommes et le paysage. Cette relecture est un hommage en même temps qu’une lecture critique de l’œuvre, à l’épreuve du temps. Les pistes de lecture de cet accrochage sont innombrables."

"L’une consiste à l’analyser selon le prisme de la frontière, de la lisière, de la démarcation, du miroir entre deux mondes à la Lewis Carroll : l’appartement surgit dans une forêt, la plage sur les rebords d’une baignoire vide, le rythme de la vie bourdonnante dans le reflet des verres vides d’une table à l’abandon. Une partie de l’exposition est composée de diptyques, de paires stéréoscopiques qui rapprochent les images selon différents scénarios   –  jeux d’échelles, de couleurs, de géométries, clins d’œil narratifs – et parfois au fil de solidarités souterraines et secrètes qui éclatent à la surface des tirages."

"La courbe d’un pont new-yorkais, celle d’un chemin de campagne italienne. Le clair obscur de deux clins d’œil sur une ville gigantesque. La porte qui guide le spectateur vers l’horizon. Celle qui le conduit vers le mur vide d’un musée et des paysages métaphysiques. Le noir et blanc d’un instant photographique, la couleur du suivant après le premier coup de déclencheur – quand la vie a continué pendant quelques secondes. Avant une rétrospective d’envergure que lui consacrera la Tate Modern en 2020, l’exposition « Inside | Outside » est une occasion unique de découvrir en avant première, les harmoniques inédites de Joel Meyerowitz."

"Retrospection"
En 2018, les éditions Textuel ont publié "Rétrospection" de Joel Meyerowitz. "Joel Meyerowitz a 80 ans. Il est l’un des photographes les plus célèbres au monde. Ayant joué un rôle clé dans les changements d’attitude envers la photographie couleur dans les années 1970, il est reconnu comme un artiste précurseur et un enseignant extrêmement influent. On lui doit notamment Cape Lights (Aperture, 1979, réed. 2015), Taking my time (Phaidon, 2012)."

"Rétrospection, le mot choisi pour le titre de cet ouvrage souligne son originalité. C’est Joel Meyerowitz lui-même qui commente ici son œuvre. Avec son formidable talent de conteur, il nous offre en voix off son « tour du propriétaire ».  Il a choisi d’inverser la chronologie. Il remonte le temps, depuis ses photographies les plus récentes dans l’atelier de Cézanne jusqu’à ses toutes premières images réalisées dans la rue il y a plus de cinquante ans. C’est en 1962 que Joel Meyerowitz commence à arpenter les rues de New York muni d’un Leica 35 mm. Excité par l’énergie collective de la ville, par la tension des scènes de théâtre qui s’y nouent, il aiguise au fil du temps un sens instinctif de l’imprévisible et de l’immédiateté qui lui permet de capturer des images inattendues et saisissantes."


Du 8 novembre 2018 au 12 janvier 2019
A la Galerie Polka
12, rue Saint-Gilles. 75003 Paris, France
Tél. :  +33 1 76 21 41 30
Du mardi au samedi de 11 h à 19 h ou sur rendez-vous. 

"Between The Dog And The Wolf" et "Morandi, Cézanne And Me"
Du 7 septembre au 21 octobre 2017
A la Howard Greenberg Gallery

Du 14 janvier au 4 mars 2017
A la Polka Galerie 
12, rue Saint-Gilles. 75003 Paris, France
T +33 1 76 21 41 30
Du mardi au samedi de 11 h à 19 h 30 ou sur rendez-vous

Du 27 septembre 2014 au 11 janvier 2015
Au NRW-Forum Kultur und Wirtschaft Düsseldorf
 Ehrenhof 2, 40479 Düsseldorf. Germany
Tel.: +49 (0)211 – 89 266 90
Du mardi au dimanche de 11 h à 20 h

Du 17 avril au 31 mai 2014
A la Howard Greenberg Gallery
The Fuller Building.  41 East 57 Street.  Suite 1406.  New York, NY 10022
Tél.: 212.334.0010
Du mardi au samedi de 10 h à 18 h

Jusqu’au 7 avril 2013
A la Maison européenne de la photographie  (MEP)

5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Tél. : 01 44 78 75 00
Du mercredi au dimanche de 11 h à 20 h

Visuels  de haut en bas :
NYC, 1963
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

NYC, 1965
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

JFK Airport, NYC, 1968
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Mexico, 1963
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

NYC, 1963
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

NYC, 1963
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Roseville Cottages, Truro, Massachusetts, 1976
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Paris, France, 1967
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Florida, 1967
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

NYC, 1978
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

NYC, 1975
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Caroline, Provincetown, Massachusetts, 1983
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Five more found, NYC, 2001
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Provincetown, 1978
Florida, 1978
Heidi, Provincetown, Massachussets, 1981
Quartet, Massachussets, 1983
© Joel Meyerowitz, Courtesy Polka Galerie.

Fort Lauderdale, Florida, 1977
Archival pigment print; printed 2017
18 3/8 x 23 3/8 inches
From an Edition of 20

Affiche
Provincetown, Massachusetts, 1977
Archival pigment print; printed 2017
36 3/4 x 29 3/8 inches
From an Edition of 10

Dusk, New Jersey, 1978
Archival pigment print; printed 2017
18 3/8 x 23 3/8 inches
From an Edition of 20

Fort Lauderdale, Florida, 1977
Archival pigment print; printed 2017
29 1/4 x 37 inches
From an Edition of 10

Truro, Massachusetts, 1977
Archival pigment print; printed 2017
18 3/8 x 23 3/8 inches
From an Edition of 20

Affiche
Cezanne’s Studio, 2013
Archival pigment print; printed later
59 1/2 x 77 1/2 inches
From an edition of 4

Teatrino, 2013
Archival pigment print; printed later
40 x 32 inches
From an edition of 10

Grey Corner, 2014
Archival pigment print; printed later
40 x 30 inches
From an edition of 10

Teatrino Series, Bird Mother, 2017
Archival pigment print; printed later
40 x 30 inches
From an edition of 10


A lire sur ce blog :

Les citations sont extraites du dossier de presse.
Cet article a été publié sur ce blog le 2 avril 2013, puis les 17 avril, 29 mai et 24 septembre 2014, 10 janvier 2015, 15 janvier, 3 mars et 19 octobre 2017.

1 commentaire:

  1. Joel Meyerowitz est l’un de mes photographes préférés. Jamais avare de conseils sur la photographie en général. Votre article résume bien comment il a su évoluer pendant toute sa carrière.

    J'analyse ses premières années de pratique dédiées à la street photography (de 1962 à 1976) comme des années d’apprentissage dont l’aboutissement est le passage en 1976 à la chambre grand format et la sortie en 1978 de Cape Light, son recueil de photographies contemplatives prises au bord de la mer.

    Cette vision est approfondie dans un article :

    https://lephotographeminimaliste.fr/joel-meyerowitz-street-photography-voyage-initiatique/

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