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mercredi 8 novembre 2017

Au cœur du génocide. Les enfants dans la Shoah 1933-1945


Le Mémorial de la Shoah a présenté l’exposition éponyme. La Shoah vue et perçue par les enfants qui en ont été victimes, ou y ont survécu comme enfants cachés grâce à des organisations Juives et à la solidarité des Justes parmi les nations. Le Mémorial de la Shoah projettera le 9 novembre 2017 à 19 h 30 « Les Enfants du 209, rue Saint-Maur, Paris Xe » de Ruth Zylberman (France, documentaire, 103 mn, Zadig Productions, Arte,  avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2017). 



« Je ne me sentais en effet pas le droit d’exterminer les hommes […] et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre. », déclare Heinrich Himmler, sur les Juifs, dans un discours à Posen en octobre 1943.

« Un million et demi d’enfants juifs de moins de 15 ans ont été assassinés en Europe durant la Shoah. L'un d'eux est Charles Gurfinkiel, assassiné à Auschwitz en 1942, à l’âge de neuf ans et auquel son frère cadet Michel Gurfinkiel a rendu hommage dans un livre émouvant, Un devoir de mémoire. Le fondement de cette mise à mort des victimes ne repose que sur le crime d’être né » Juifs.

« Dès le début des persécutions mises en place par les nazis et leurs collaborateurs, la plupart des enfants basculent d’un monde protégé, celui de leur famille, dans un monde inconnu, auquel malgré leurs souffrances ils doivent faire face : exil, exclusion, enfermement, peur, faim, isolement, assassinat. Leur sort, quel que soit le pays d’Europe dans lequel ils se trouvent, relève de situations particulièrement dramatiques. Pourtant, dès 1938, des réseaux et des individus se mobilisent pour tenter de les sauver, en les cachant par exemple, ou lorsque les sauver était impossible, en leur procurant un entourage affectif, pédagogique ou moral ».

Les nazis ont interdit de « documenter par des films ou des photographies les étapes » de la « Solution finale ». Cependant, des images demeurent emblématiques des sorts tragiques d’enfants Juifs, telle la photographie célèbre de l’arrestation d’une vingtaine de Juifs du ghetto de Varsovie en avril-mai 1943, dont un garçon Juif, mains en l’air, se détache du groupe. Cette photographie est extraite de l’album photographique incluse dans le rapport du général S.S. Jürgen Stroop, responsable de l’annihilation du ghetto et de la répression de l’insurrection au printemps 1943, à sa hiérarchie. Cet album figure parmi les pièces à conviction au procès de Nuremberg, et a été reproduite dans des films et livres, et instrumentalisée par la propagande anti-israélienne. Après la diffusion par le JT de France 2 du reportage controversé sur la « mort de Mohamed al-Dura », le 30 septembre 2000, la journaliste Catherine Nay a déclaré sur Europe 1 que « la charge symbolique de cette photo de la mort de Mohamad, annulait, effaçait, celle de l'enfant juif. Cela sous entendait donc que Mohamad était victime d'un projet d'extermination organisé et planifié et que les soldats qui l'auraient abattu obéissaient à ce projet génocidaire » (Jacques Tarnéro), et que les Israéliens se seraient comportés comme les Nazis !?

Lettres, récits, journaux, dessins de ces enfants de la monté du nazisme jusqu’à la libération des camps nazis… « Autant de témoignages intimes et spontanés, précieux et d’une incroyable maturité, révélateurs « leurs espoirs, de leurs luttes, de leurs sentiments, laissés avant le silence ». De ces journaux, le plus célèbre est celui, traduit en 67 langues, de la jeune Anne Frank, ayant fui l’Allemagne nazie en 1934 pour Amsterdam (Pays-Bas). Là, elle se cache avec sa famille. Elle débute l’écriture de son journal en juin 1942. Cachée dans l’Annexe de l’entreprise familiale, elle est dénoncée, arrêtée, déportée et meurt du typhus, avec sa sœur Margot, dans le camp de Bergen-Belsen, en mars 1945.

Ces documents, avec des photographies et films d’époque évoquent « le sort et les actes des enfants qui ne sont plus, mais aussi de ceux qui ont survécu ».

Les « écrivains qui ont subi la Shoah quand ils étaient enfants ont gardé longtemps le silence. Traqués, cachés aux quatre coins de l’Europe, ces personnes qu’on a cru chanceuses d’avoir échappé à l’horreur de la déportation, révèlent en faisant oeuvre de mémoire une souffrance spécifique et bousculent les codes de la littérature dans leurs autobiographies ».

Boris Cyrulnik, Serge Klarsfeld, Saul Friedländer, André Glucksmann, Sacha Distel, Pierre Nora et tant d’autres… Ils furent des enfants Juifs cachés, anonymes ou célèbres. Comment ont-ils répondu à l’injonction paradoxale adressée : « Ne sois plus toi si tu veux être. Ne sois plus juif si tu veux rester en vie » ?

Fixés sur les grilles du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), cinq des douze panneaux de l'exposition sur les enfants Juifs du IIIe arrondissement de Paris déportés ont été vandalisés dans la nuit du 29 au 30 janvier 2014. 

A la Mairie du XIIIe arrondissement de ParisYad LaYeled (Musée-mémorial des enfants) a montré l'exposition Enfants Juifs à Paris, 1939-1945 (24 avril-16 mai 2015). "À travers une approche chronologique et thématique, le public découvre le quotidien d’enfants dont les familles ont dû faire face aux persécutions antisémites. L'exposition met l’accent sur l’itinéraire d’enfants sauvés, elle est adaptée à un public jeune, à partir de 10 ans. Cette exposition se décline en ateliers pédagogiques pour des élèves du cycle 3 (du CE2 au CM2). En classe, par petits groupes, guidés par un questionnaire, des textes et des définitions, ils analysent et ordonnent des documents d’archives. À tour de rôle, chaque groupe rend compte de ce qu’il a compris de l’histoire des enfants juifs durant ces années. Cet outil pédagogique incite à réfléchir aux notions d’exclusion, de solidarité, de sauvetage, de mémoire et aux conséquences désastreuses du racisme et de l’antisémitisme. Cette exposition-atelier a reçu le soutien de la Mairie de Paris, du Ministère de l’Éducation nationale et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah". Cette Mairie accueille aussi l'exposition « A la Mémoire des enfants juifs déportés du 13e » (24 avril- 15 mai) : "Pendant dix ans l’AMEJD 13 (Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés du 13e) a consulté les registres des écoles : 233 enfants furent déportés. Des plaques commémoratives apposées sur la façade de 27 écoles rappellent l’identité de ces enfants. Une stèle édifiée dans le square de Choisy garde la mémoire de 37 enfants trop jeunes pour être scolarisés".

Le 12 septembre 1940, quatre garçons - Marcel Ravidat, Simon Coencas, Georges Agniel, et Jacques Marsal - découvrent la grotte de Lascaux. Jacques, Georges et Marcel demeurent plusieurs jours devant la grotte, pour en protéger l'entrée. Parisien Juif de Montreuil, âgé de 13 ans, le jeune Simon a du se réfugier dans le village de Montignac, alors en zone libre, puis doit le fuir. Internée à Drancy, sa famille, sauf sa sœur Eliette, est déportée à Auschwitz où elle est assassinée. Après la Libération, Simon Coencas devient ferrailleur. Devenus adultes, les quatre enfants sont décorés de l'Ordre du Mérite en 1991. 

Le 13 mars 2016, Toute l'Histoire diffusa Le regard des enfants. "Dans le cadre du travail de devoir mené par l'Education Nationale, ce documentaire a pour vocation de dépeindre l'époque sombre de la Déportation à travers le regard des enfants juifs de l'époque. Les caméras se sont particulièrement concentrées sur les réactions des petits écoliers parisiens". 


Dans le cadre du mois du film documentaire, le Mémorial de la Shoah projettera le 9 novembre 2017 à 19 h 30 « Les Enfants du 209, rue Saint-Maur, Paris Xe » de Ruth Zylberman (France, documentaire, 103 mn, Zadig Productions, Arte, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2017). "La réalisatrice a choisi au hasard un immeuble dont elle ne savait rien. Pendant plusieurs années, elle a enquêté pour retrouver les anciens locataires du 209, rue Saint-Maur, et reconstituer l’histoire de cette petite communauté humaine pendant l’Occupation. Elle les a retrouvés à Paris, en banlieue, en province, à Melbourne, New York et Tel Aviv. Elle les a filmés, ainsi que les pierres et les habitants de l’immeuble aujourd’hui, pour saisir les traces d’une intimité brisée. En présence de la réalisatrice Ruth Zylberman, des protagonistes du film, Alexandre Doulut et Claire Zalc, conseillers historiques du film".


Jusqu’au 30 décembre 2012
17, rue Geoffroy-l'Asnier. 75004 Paris
Tél. : 01 42 77 44 72
Tous les jours sauf le samedi, de 10 h à 18 h, et le jeudi jusqu’à 22 h.

Visuel :
© Cédric Dupire / Zadig Productions.

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Cet article a été publié le 28 décembre 2012, puis le :
-  28 avril 2013 en cette Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation et à l'approche de la diffusion par France 5, à 22 h, du documentaire Les enfants otages de Bergen-Belsen, de Teri Wehn Damisch ;
- 29 septembre 2013 et 5 mars 2014 à l'approche de la diffusion par Histoire de Lascaux,  d'Alain Jaubert, numéro de Palettes, les 29 septembre et 4 octobre 2013, 7 et 13 mars 2014. Le 12 septembre 1940, quatre garçons - Marcel Ravidat, Simon Coencas, Georges Agniel, et Jacques Marsal - découvrent la grotte de Lascaux. Jacques, Georges et Marcel demeurent plusieurs jours devant la grotte, pour en protéger l'entrée. Parisien Juif de Montreuil, âgé de 13 ans, le jeune Simon a du se réfugier dans le village de Montignac, alors en zone libre, puis doit le fuir. Internée à Drancy, sa famille, sauf sa sœur Eliette, est déportée à Auschwitz où elle est assassinée. Après la Libération, Simon Coencas devient ferrailleur. Les quatre enfants dont décorés de l'Ordre du Mérite en 1991 ;
- 17 décembre 2013. Toute l'Histoire a diffusé le documentaire Le regard des enfants (2009) à 18 h. "Dans le cadre du travail de devoir mené par l'Education Nationale, ce documentaire a pour vocation de dépeindre l'époque sombre de la Déportation à travers le regard des enfants juifs de l'époque. Les caméras se sont particulièrement concentrées sur les réactions des petits écoliers parisiens" ;
- 3 février et 5 mars 2014, 14 mai et 15 septembre 2015, 12 mars 2016.

2 commentaires:

  1. N'est ce pas Justes parmi les nations, et non pas Juifs parmi les nations?

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  2. C'est bien : Juste parmi les Nations en référence à ceux qui ont sauvé de Juifs pendant la guerre, metant ainsi en péril leur propre vie, citation que l'on peut associer à la citation du Talmud :
    "Celui qui sauve une vie sauve l'Humanité"

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