lundi 10 juillet 2017

Des Etats et entités arabes ont encore politisé la récente réunion du Comité du Patrimoine Mondial (CPM)


C’est un bilan en demi-teintes que l’on peut dresser de la 27e session (30 juin-5 juillet 2003) du Comité du Patrimoine Mondial (CPM) au siège de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) à Paris. Certes, ce Comité a inscrit deux sites juifs sur la Liste du patrimoine mondial. Mais il a adopté des décisions politiques, anti-israéliennes. Une tragi-comédie rodée. Récit. Le 7 juillet 2017, à Cracovie (Pologne), le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco a inscrit la "Vieille ville d’Hébron/Al-Khalil (Palestine)" simultanément sur la Liste du patrimoine mondial et sur la Liste du patrimoine en péril et en l'attribuant à la "Palestine".

« C’est la réunion la plus politisée à laquelle j’ai assisté », constate Michael Turner. Pour la 8e fois en trois ans, cet architecte dirige la délégation israélienne à une réunion culturelle internationale. En l’occurrence, celle du CPM.

Tout d’abord, quelques précisions sur le fonctionnement d’un organisme. Brèves, rassurez-vous. Mais nécessaires, vous en conviendrez.

En 1972, la Conférence générale de l’UNESCO a adopté la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel. 175 Etats ont adhéré à cette Convention qui distingue des sites ayant une « valeur universelle exceptionnelle » et inclus dans « le patrimoine commun de l’humanité à sauvegarder pour les générations futures ». 754 sites culturels, naturels et mixtes figurent sur la Liste du Patrimoine mondial. Le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO assure le secrétariat du CPM, aide les Etats à préparer leurs propositions d’inscription en les informant sur la procédure à suivre et transmet aux organes consultatifs concernés pour évaluation. Trois organes consultatifs livrent au Comité du Patrimoine mondial (CPM) leurs conseils techniques sur les propositions d’inscription : le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) et l’Union Mondiale pour la Nature (UICN) évaluent les sites culturels et naturels, le Centre International d’Etudes pour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels (ICCROM) est chargé de la conservation des sites culturels et de la formation. Les 21 membres du CPM sont élus pour 6 ans par l’Assemblée générale des Etats. C’est au cours de ses réunions annuelles que le CPM choisit les sites à inscrire sur la Liste du Patrimoine mondial et examine les rapports sur les sites en péril, et tout sujet concernant la Convention : protection de l’emblème, partenariats, etc. Le Fonds du Patrimoine mondial dispose de 3,5 Mns USD par an pour subventionner les activités d’assistance, de formation, etc. induites par ladite Convention.

La 27e session du CPM a été parfois instrumentalisée à des fins politiques par des actions contraires à ses principes : diatribes et oppositions antiisraéliennes préjudiciables et rituelles. Des tragédies, cette réunion a respecté les principes d’unité, de temps et de lieu.

Commençons pas les bonnes nouvelles.

Une création sioniste sur la Liste du Patrimoine mondial
45 biens naturels, culturels et mixtes ont été examinés ! Certaines propositions ont été différées ou renvoyées. D’autres n’ont pas été agréeés. Sur les 24 nouveaux sites inscrits le 3 juillet sur la Liste du Patrimoine mondial figurent deux sites juifs : « La ville blanche de Tel Aviv - le mouvement moderne » et « le quartier et le cimetière juifs ainsi que la basilique Saint-Procope de Trébic » (République tchèque). Le CPM a aussi étudié l’état du camp d’Auschwitz.


C’est le 3e site proposé par Israël et figurant sur cette Liste prestigieuse. La vieille ville d’Acco (Saint-Jean d’Acre) et Massada y ont été inscrits en 2001. Y figurent aussi la vieille ville de Jérusalem et ses remparts, mais sur proposition de la Jordanie en 1981, avant qu’Israël ne signe la Convention en 1999.

Ce nouveau site (140,37 ha) comprend trois zones dans le centre de Tel Aviv, dont « la ville blanche centrale » et « le quartier Bialik ». Il a été retenu sur les critères C (ii) et (iv). C’est une ’’ synthèse remarquable des diverses tendances du mouvement moderne en matière d’architecture et d’urbanisme au début du 20e siècle. Ces influences ont été adaptées aux conditions culturelles et climatiques du lieu et intégrées dans les traditions locales ’’.

Le communiqué de l’UNESCO précise : « Tel-Aviv fut fondée en 1909 et s’est développée sous le mandat britannique en Palestine (1920-1948). La ville blanche fut construite à partir du début des années 1930 et jusqu’en 1948, selon le plan de Sir Patrick Geddes, reflétant les principes de l’urbanisme organique moderne. Les bâtiments furent conçus par des architectes qui immigrèrent après avoir été formés et avoir exercé leur métier en Europe. Dans ce nouveau contexte culturel, ils réalisèrent un ensemble exceptionnel d’architecture du mouvement moderne ».

Le mouvement moderne s’est développé au début des années 1930, lors de la 1ère exposition d’architecture moderne organisée en Algérie (1933). Tel Aviv se différencie de l’architecture coloniale et des plans de ville d’Afrique du Nord. La Ville blanche peut être considéré comme la réalisation à grande échelle des nouvelles idées d’urbanisme de la première moitié du XXe siècle. C’est la seule réalisation urbaine à grande échelle, non pas une « cité-jardin », mais « une entité urbaine répondant à des besoins physiques, économiques, sociaux et humains sur la base d’une approche environnementale ». Sir Patrick Geddes y appliqua les notions de « conurbation » et de « ville, organisme homogène et en constante évolution dans le temps et dans l’espace ». Son travail a été financé par des organisations sionistes britanniques et américaines. Celles-ci espéraient que la renommée de cet architecte attirerait l’attention internationale, encourageant l’alyiah à Tel Aviv. Geddes a cherché à concilier pragmatisme et idéal sioniste, en jetant un pont entre le mouvement visant au retour du peuple juif sur sa terre et le mouvement moderne.

La ville de Tel Aviv s’est développée au nord du port de Jaffa, sur les collines bordant la côte orientale de la mer Méditerranée. Puis, les étapes de son essor correspondent à des quartiers historiques : Neve Zedek (1887-1896), « Achuzat Abyit » (1989-1909) qui signifie « grand ensemble », la Ville Rouge, Lev Hayir - centre actuel - et la Ville blanche (1931-1947). Cette Ville blanche comprend des bâtiments de 3 ou 4 étages. Ces immeubles reflètent les influences du Bauhaus, de Le Corbusier (construction sur pilotis) et d’Erich Mendelsohn (utilisation des arrondis pour les angles des immeubles et les balcons). En béton renforcé, ils se caractérisent pas l’adaptation des idées modernistes au contexte géo-socio-culturel local. Ainsi, si les surfaces vitrées sont larges dans les immeubles européens, elles ont ici des dimensions réduites pour convenir au climat chaud. Ces immeubles sont dotés de brise-soleil, de balcons larges et de coupoles. Leurs toits accessibles, plats et pavés, sont destinés à accueillir les événements de la vie sociale. Conçues pour une population de 30 000 habitants et ceinturées de champs, les « cités-jardins » sont abandonnées au profit de blocs d’immeubles enserrant des espaces verts.

Tel Aviv (’’ colline du printemps ’’ en hébreu) a été fondée, sur du sable, en 1909. La Ville blanche fut construite du début des années 1930 à 1948 selon « le plan d’urbanisme de Sir Patrick Geddes, un des grands théoriciens des débuts de la période moderne, reflétant les principes de l’urbanisme organique moderne. Les bâtiments furent conçus par  des architectes » formés et ayant travaillé en Europe. De 1920 à 1925, la population de Tel Aviv passe de 2 000 à 34 000 habitatns. Après le 1er plan directeur (1921) élaboré par Richard Kauffmann, l’architecte écossais Patrick Geddes établit un 2e plan en 1925. Ratifié en 1927, ce plan est reconduit avec quelques modifications en 1938. La construction débute au début des années 1930. Les concepteurs - dont Joseph Neufeld - sont des architectes, récemment émigrés d’Europe pour des raisons politiques. Parallèlement, l’art architectural en Europe changeait avec les nouveaux régimes politiques (nazisme, stalinisme). 19 d’entre eux ont été élèves du Bauhaus : Arie Sharon, Shmuel Mistechkin et Shlomo Bernstein. Carl Rubin a travaillé avec Mendelsohn et était l’ami de Richard Kauffmann. Sam Barkai et Shlomo Bernstein ont travaillé dans l’agence de Le Corbusier et Ze’ev Rechter a étudié aux Beaux-Arts de Paris. Dov Karmi, Genia Averbuch et Benjamin Anekstein ont étudié à Gand et Bruxelles (Belgique). D’autres architectes ont été influencés par Terragni et Pagano (Italie). Mendelsohn travailla en Eretz Israël de 1934 à 1942, principalement à Haïfa et Jérusalem. Le bien proposé pour inscription a été construit dans les années 1930.

« Il y avait une grande affinité entre le mouvement moderne et les besoins de l’installation juive en Palestine, dont le principal objectif était de construire la structure physique de la patrie juive aussi vite que possible, pour absorber les vagues successives d’immigration qui s’accéléraient ».

Le représentant de l’Autorité palestinienne a observé qu’il fallait remplacer dans le communiqué du CPM la mention « en Israël, de 1934 à 1942 par en Palestine, de 1934 à 1942 car Israël a été créé en 1948 ». Ce fut fait. Mais pour les Israéliens, « Eretz Israël » désigne Israël, même avant la recréation de l’Etat juif. Ce Palestinien a aussi contesté la phrase « le sionisme rêvait de construire un monde nouveau et meilleur ». Car a-t-il asséné, « On introduit la politique dans cette affaire. Le sionisme est un mouvement politique. Le monde meilleur ? Peut-être pour les Juifs, mais les Palestiniens en ont payé le prix. 900 000 réfugiés palestiniens et 434 villages palestiniens détruits, dont le mien, c’est le bilan du sionisme. Je n’accorderai pas un certificat de bonne conduite au sionisme ». De même, il a estimé que le « critère iv était politique, car se référant à l’idéal sioniste ». L’observateur palestinien a conclu en demandant que ses observations figurent dans le compte-rendu de la réunion.

Pourquoi cette proposition concernant une ville née du sionisme est-elle passée ? Selon S.E. Yitzhak Eldan, ambassadeur d’Israël près de l’UNESCO, « les délégations arabes respectent une ligne rouge. Elles savent jusqu’où aller ».

Comme le droit israélien ne permet pas le classement du patrimoine récent, la Ville blanche est « essentiellement protégée par les réglements d’urbanisme ». L’ICOMOS a recommandé que l’Etat israélien prévoit une « protection juridique nationale du patrimoine récent ». Car une fois un de leurs sites inscrits sur ladite Liste, les Etats ainsi honorés doivent assurer la conservation.

L’ICOMOS a insisté sur les efforts pour contrôler l’urbanisation de Tel Aviv et « éviter toute construction nouvelle d’immeuble haut ». Des bâtiments déjà présents dans la zone d’inscription et dans la zone tampon (i.e. limitrophe) d’environ 197 ha. L’ICOMOS a recommandé « d’intégrer le plan de gestion au plan de conservation afin de garantir son efficacité ». Les premières actions de préservation, consolidation et restauration ont lieu dans les années 1980. Mais alors, les méthodes et techniques étaient inadaptées et ont accentué la détérioration des matériaux et du tissu urbain. 1 149 bâtiments de style moderne sont inscrits sur la liste des biens à protéger. Un travail a été effectué pour retrouver les techniques de construction d’origine, les matériaux utilisés, les mises en oeuvres et les techniques traditionnelles. 210 immeubles ont été restaurés selon les directives de conservation, à raison d’environ 50 bâtiments par an au cours des deux dernières années.

En Israël, l’Etat est directement responsable de la préservation des sites du patrimoine antérieurs à l’an 1700. Le patrimoine des périodes ultérieures est protégé par des législations nationales et des plans régionaux et municipaux.

« La Mairie de Tel Aviv-Yaffo s’efforce de ramener les immeubles de la Ville blanche à leurs caractéristiques primitives. Depuis dix ans, 350 des 2 000 immeubles de la Ville blanche ont été rénovés. C’est un rythme lent. Nous espérons qu’en 7 ans ce travail sera achevé. Cela dépendra de la coopération des habitants. Nous dialoguons avec les propriétaires afin de les convaincre de rénover leurs appartements, rouvrir leurs terrasses, etc. Nous leur proposons des arrangements financiers - prêts avantageux, exemption partielle d’impôts locaux - ou fonciers : droits supplémentaires, ajout d’un étage, etc. », précise Pe’era Goldman, directeur de la Conservation à ladite Mairie. Peu après cette inscription, le 9 juillet 2003, la Knesset a autorisé le gouvernement israélien à participer financièrement à la rénovation desdits bâtiments de style Bahaus.

- Le quartier et le cimetière juifs ainsi que la basilique Saint-Procope de Trébic (République tchèque) ont été inscrits sur la base des critères (ii) et (iii) car ces sites (5,73 ha) évoquent « la coexistence des cultures chrétienne et juive du Moyen Age au XXe siècle. Le quartier juif est un témoignage exceptionnel des différents aspects de la vie de la communauté qui y résidait. La basilique Saint-Procope, construite à l’intérieur d’un monastère bénédictin au début du XIIIe siècle, est un témoignage remarquable de l’influence du patrimoine architectural de l’Europe de l’Ouest dans cette région ».

Paradoxalement plus restrictif et plus large, le texte initial précisait que ces sites « témoignent de la coexistence et des échanges de valeurs » entre ces deux cultures « pendant de nombreux siècles » et que le quartier juif de Trebic est un témoignage exceptionnel « des traditions culturelles liées à la diaspora juive en Europe centrale ». Le Comité du Patrimoine mondail a encouragé « les autorités tchèques à veiller à l’emploi des matériaux adéquats la qualité des travaux de conservation et à (in)former les propriétaires et entrepreneurs » des obligations à respecter.

Ces sites se trouvent sur la rive nord de la rivière Jihlava (Moravie du Sud). La ville historique de Trebic a été déclarée zone protégée en 1990, régie par la législation sur la conservation (1987). Les deux synagogues, le cimetière, ladite basilique et des maisons d’habitation sont des monuments classés. Sur les 120 bâtiments du quartier juif, 90% sont des propriétés privées.

Les autorités tchèques ont retenu ce quartier juif après une étude comparative des lieux d’établissement de communautés juives en Europe. Dans certains pays, lesdits lieux ont été détruits. Dans d’autres - Europe centrale ou méditerranéenne - ils subsistent. Ainsi, une grande partie de la ville d’Evora (Portugal) était habitée par la communauté juive. Après l’expulsion des Juifs, dès le XVIe siècle, Evora devint une ville chrétienne. Le quartier juif de Prague, un des plus importants, a été reconstruit au XIXe siècle, sauf la vieille synagogue et le cimetière. Le quartier juif de Venise - « ghetto » - se distingue de ceux de Moravie par sa situation économique et sociale et le caractère architectural de la région. Il est habité notamment par des Juifs. « En Europe centrale, la Moravie, grâce à son climat politique plus favorable a préservé plusieurs quartiers juifs. Celui de Trebic est considéré comme le plus représentatif et le plus complet ».

« Des quartiers juifs ont été inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial dans le cadre de l’inscription de certaines villes historiques ». C’est le cas du centre historique de Bardejov (Slovaquie), inscrit en 2000, et qui comprend un quartier Juif et une belle synagogue du XVIIIe siècle. Ou de Ferrare (Italie), ville de la Renaissance, inscrite en 1995, qui abrite un quartier juif et une petite synagogue.

- Le camp de concentration d’Auschwitz (Pologne) a été inscrit sur ladite Liste en 1979, sur le critère C (vi).
Son état de conservation a été évoqué.
Le représentant de la Pologne a remercié « Israël pour son aide financière et s’est réjoui que tous les dossiers de discorde autour du site aient été clos, permettant un certain climat de sérénité ». Il a rappelé la volonté de la Pologne et des habitants de la région de dissocier le nom d’Auschwitz, réservé au camp, de celui nouveau de la ville voisine d’Oswiecim (50 000 habitants). Le CPM a constaté le retard des autorités nationales et locales à présenter le plan de gestion du site et a convié lesdites autorités à le préparer en collaboration avec l’UNESCO et l’ICOMOS. L’ICOMOS a demandé une carte précise des diverses aires dudit site afin de vérifier leur exacte affectation. Dans sa 2e phase (2002-2006), le Programme Stratégique pour la zone d’Oswiecim (OSPR) prévoit 4 tâches à exécuter dans 4 zones prioritaires : « mettre de l’ordre et aménager les zones qui entourent le Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau, améliorer l’accessibilité des moyens de transport des pélerins et touristes, mener à Oswiecim des activités pédagogiques liées aux lieux de commémoration et aux problèmes des droits de l’homme, des relations internationales et de la paix, et rendre Oswiecim et ses environs plus attractifs pour les touristes ».


Trois sujets politisés
Dès l’ouverture de la session, le 30 juin, l’offensive a débuté, menée principalement et frontalement par l’Egypte. Elle a visé trois sujets : Jérusalem, le site archéologique de Tel Rumeida (Hebron) et le Great Rift Valley. La mauvaise foi l’a disputé à l’hypocrisie. Mais la volonté de nuire l’a emporté.

Deux camps s’affrontent : du côté pro-israélien, principalement les Etats-Unis, la Grande-Bretagne. De l’autre, essentiellement l’Egypte, le Liban et Oman.

La position d’Israël ? Rester dans le technique, le culturel, et surtout ne pas se laisser entraîner sur un terrain politique. Selon M. Turner, cela a été agréablement perçu par des délégations. C’est ainsi que M. Eldan, ambassadeur d’Israël près de l’UNESCO, expert en politisation d’institutions internationales, a laissé la place dans cette réunion à la délégation « technique » menée par M. Turner et composée d’ornithologue, d’urbanistes de la Mairie de Tel Aviv et d’architecte. Un signal clair : « Laissons la parole aux professionnels ! »



- Jérusalem sur la liste du Patrimoine mondial en péril
Les conditions naturelles - tremblements de terre - ou l’activité humaine - guerre, pillage, vols, braconnage, urbanisation ou tourisme mal gérés - menacent parfois des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondiale. Le CPM inscrit alors lesdits sites sur la Liste du patrimoine mondial en péril. 35 biens y sont recensés. Jérusalem y a été inscrit 1982, un an à peine après son inscription sur la Liste du patrimoine mondial.

Dès le 1er jour, les diplomates arabes évoquent Jérusalem. Michael Turner, président du Comité israélien chargé des questions relatives au Patrimoine mondial, insiste sur la nécessité de ne pas politiser cette réunion. Cet architecte ajoute que la Carte routière (Road Map) reporte le statut de Jérusalem dans sa 4e phase.

Le 4 juillet, lors de la reprise des débats, la présidente Vera Lacoeuilhe (Sainte-Lucie) présente la proposition inopinée de l’Egypte et du Liban relative à ’’ un rapport sur l’état de conservation de Jérusalem ’’. Soutenue par la Finlande et la Hongrie, cette requête est adoptée, sans autre précision. Brune, menue, d’origine libanaise, Mme Lacoeuilhe déclare que cette proposition est tout ce qu’il y a d’habituel. Or, l’UNESCO reste inactive face à la destruction du tombeau de Joseph. Au Conseil exécutif de l’UNESCO, Israël s’est toujours opposée à une telle mission car « Israël respecte tout patrimoine. Aucun site n’est menacé de quelque manière que ce soit », précise M. Eldan.A Jérusalem, Israël a confié à chaque autorité religieuse - juive, chrétienne et musulmane - la responsabilité de ses lieux saints. Désormais, deux décisions adoptées, par consensus, par le CPM et le Conseil exécutif de l’UNESCO ont institué chacun une mission sur Jérusalem.



- Le projet du Great Rift Valley (GRV)
« Les oiseaux migrateurs ne connaissent pas les frontières ». Ce slogan au fort pouvoir pédagogique et contribuant à la paix au Proche-Orient correspond bien au projet de la Grande Vallée du Rift, un « phénomène géomorphologique de valeur culturelle et naturelle exceptionnelle ».

« Israël est situé à la jonction de 3 continents : Asie [Ndlr : le CPM mentionne le continent arabe], Europe et Afrique. Chaque année, au printemps et à l’automne, 500 Mns d’oiseaux le survolent et suivent le tracé du Great Rift Valley. Le GRV a 7 000 km de long, traverse 22 pays et s’étire des Monts Taurus en Turquie jusqu’au fleuve Zambèze en Afrique », indique Yossi Leshem dirige le Centre International d’Etudes des Migrations d’Oiseaux (CIEMO) à Latrun, un organisme conjoint à la Société Israélienne de Protection de la Nature (SPNI) et à l’Université de Tel Aviv. Le but du projet pionnier du GRV ? Etudier les oiseaux migrateurs - cigognes, aigles, pélicans - lors de leur long périple bi-annuel. Il revêt plusieurs dimensions : ornithologique, bien sûr, mais aussi environnementale, biologique, météorologique, humaine, informatique, culturelle, etc. Sur les quelques 700 sites de la Liste du Patrimoine mondial, seuls 12 couvrent simultanément deux pays. Le projet du GRV lierait 22 Etats ou entités de 3 continents ! Une idée exceptionnelle et enthousiasmante, non ? « Le projet de nomination de la GRV sur la Liste du patrimoine mondial, qui enrichit la valeur des 16 sites de son parcours déjà inscrits. Ce projet pionnier pourrait ouvrir la voie à de nouvelles nominations transfrontalières ou en série dans la région et à un renforcement de la coopération régionale », relève le document du CPM.

Quels sont les pays ou organismes du GRV ? La Turquie, le Liban, la Syrie, Israël, l’Autorité palestinienne, la Jordanie, l’Egypte, l’Arabie saoudite, l’Ethiopie, le Soudan, l’Erythrée, Djibouti, la République unie de Tanzanie, l’Ouganda, le Malawi, la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Botswana, le Rwanda, la République du Yémen, la République Démocratique du Congo.

Cofinancé par l’aide américaine (1,5 Mns USD pour 3 ans), un projet de recherche similaire unit depuis 5 ans Israël, l’Autorité palestinienne et la Jordanie. Grâce au satellite Argos et à des radars, des informations précieuses sur les oiseaux migrateurs et sédentaires (vautours) sont récoltées, en tout point du globe. Combien de collèges et lycées sont associés audit projet ? 230 israéliens, 50 jordaniens et 30 palestiniens. Leurs élèves se rencontrent, en particulier lors de randonnées. Curieusement, le dépliant de la Palestine Wildlife Society (Société Palestinienne de protection de la Vie Sauvage) mentionne des projets réalisés en collaboration avec le Japon, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, mais non avec Israël. Avec l’aval de l’UNESCO, le GRV pourrait prendre une dimension autre et décrocher des subventions financières, notamment auprès de la Banque mondiale.

Près de la mer Morte, du 30 septembre au 4 octobre 2002, le séminaire d’experts mené par Francesco Bandarin, Directeur du Centre du Patrimoine mondial, a élaboré un plan d’action, sur le projet exceptionnel du GRV, assorti d’un calendrier. Le FPM avait déjà accordé 30 000 USD en 2000 et 15 000 USD pour la rencontre de 2002. Au cours de cette session, le Kénya, partie au projet du GRV, accorde 15 000 USD et demande au Fonds du Patrimoine mondial (FPM) 69 101 USD pour financer une 2e rencontre d’experts internationaux sur la GRV destinée à améliorer la liste indicative des sites par les Etats parties, promouvoir des partenariats (inter)nationaux et régionaux pour protéger les espèces migratoires et la GRV, ainsi qu’introduire la GRV dans les programmes de l’UNESCO. 69 101 USD ? C’est une somme modique pour financer une petite réunion au Kénya. Combien pour une grande réunion ? 250 à 300 000 USD. Déclencheur d’aides financières d’autres organismes.

L’IUCN recommandait que le Kénya invite aussi notamment les « principaux représentants gouvernementaux afin que soit lancé un début de soutien politique pour la mise en œuvre de cette activité ». Un souhait qui colorait de politique un projet scientifique. L’ICOMOS demandait une réduction de ce montant à 50 000 USD, la différence devant être prise en charge par le Kénya. Le Secrétariat et le Comité soutenaient entièrement la demande financière.

Tous les participants ont perçu le rôle actif d’Israël dans ce programme générateur de coopérations, de meilleure compréhension d’autrui et d’ouverture au monde (dotation d’ordinateurs pour suivre les oiseaux et communiquer avec des interlocuteurs lointains, etc.). Problème : Comment expliquer son opposition à un projet d’une telle envergure et si bénéfique sans en donner la vraie raison : la présence de l’Etat juif ? Par de vains prétextes. Oman estime prématuré de tenir une autre réunion. Devant un projet « sans précédent et dont l’unité » doit être préservée, l’Egypte préconise « d’évaluer sa faisabilité et de disposer de temps pour étudier le document qui vient d’être distribué » [Ndlr : ce document a été examiné par le Centre du Patrimoine. Comme d’autres distribués en réunion, il a été modifié. Mais peu]. Elle propose donc un report à la prochaine session, en 2004. « De combien de temps l’Egypte a-t-elle besoin ? », susurre la représentante des Etats-Unis, au statut d’observateur. Et de rappeler l’importance dudit projet pour l’Afrique sous-représentée dans la Liste du Patrimoine mondial. D’autres pays - Nigéria, Grande-Bretagne, Hongrie - avancent une solution de compromis : réaliser ce projet par phases : d’abord les pays africains, puis ceux arabes, enfin ceux européens. Pour le Kenya, ce projet « offre l’occasion d’un dialogue entre pays concernés. Il doit donc être initié, le Kénya ayant 8 lacs et 7 réserves de fonds naturels, toute une diversité à protéger, notamment en proposant des sites de la GRV à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial ». Mais l’Egypte, soutenue par le Liban, la Thaïlande et Oman souhaite un report en 2004. Et le CPM cherche le consensus, i.e. l’unanimité. Procéder à un vote semble une incongruité. Pressentant ne pas obtenir de majorité favorable, Israël et le Kenya ne demandent pas à passer au vote.

Francesco Bandarin, Directeur du Centre du patrimoine mondial, appuie ce projet « dans l’esprit de la convention ». Et d’ajouter : « Le document qui vient d’être présenté va de le sens de celui examiné par le Bureau. Il est allégé. Si les pays arabes ne veulent pas participer à cette prochaine conférence, cela représente une économie pour le budget. Pourquoi attendre ? » L’Egypte récrimine : « D’importantes sommes ont été consenties pour ce projet alors qu’il n’est pas finalisé. La proposition de commencer d’abord par les pays africains ne peut être retenue : l’Egypte est en Afrique. Elle n’est pas seulement un pays arabe ». D’origine libanaise, brune, menue, bilingue (français/anglais), la présidente de la session, constate l’absence de consensus et ... le CPM reporte l’examen du financement d’une réunion modeste en 2004 ! Le lendemain, elle laisse échapper un « Désolée, l’Egypte », quand une proposition de ce pays n’a pas rencontré l’adhésion générale.

Hors de la salle de réunion, Yossi Leshem exprime avec véhémence son incompréhension devant une décision qui va à l’encontre des desseins-mêmes du CPM. Le refus du CPM pénalise doublement ledit projet : non seulement il n’obtient pas un financement du CPM, mais il n’obtiendra pas celui d’organismes internationaux contactés qui le subordonne à l’accord du CPM.

Le lendemain, la délégation israélienne a moralement récupéré. Le Comité du Patrimoine mondial refuse ce projet ?! Eh bien, le projet du GRV commencera quand même, avec la Turquie, Israël et la Tanzanie, et il sera de nouveau présenté en février 2004 ! Après le refus d’une minorité, « de nombreux diplomates m’ont assuré de leur appui », confie M. Turner. Et un autre projet s’esquisse avec le Saint-Siège et la Grèce sur Jésus et les Apostats...


- Tel Rumeida (Hebron)
Dans ces réunions du CPM, l’Egypte est le fer de lance des offensives anti-israéliennes. Alors qu’elle a signé un traité de paix avec l’Etat hébreu. Peut-être faudrait-il lui rappeler que la diplomatie ou la culture ne doivent pas être perverties en une poursuite ou reprise de la guerre.

Déjà, à Budapest (Hongrie), lors de sa 26e session (24-29 juin 2002), peu après l’opération militaire israélienne « Remparts », le CPM a adopté à l’unanimité une motion avancée par l’Egypte. Sa teneur ? Elle déplorait « la destruction et les dommages causés au patrimoine culturel de la Palestine ». Le Centre Simon Wiesenthal (CSW) avait protesté contre ce texte politique. Celui-ci se fondait sur des textes de droit international sans aucun rapport avec la culture et visait « la Palestine » [Ndlr : l’expression juridique exacte est « Territoires disputés »]. « Partial,il ne mentionne pas les dommages causés au patrimoine culturel juif tels que la tombe de Joseph à Naplouse ou celle de Rachel près de Bethlehem ». Shimon Samuels, directeur des relations internationales du CSW, avait aussi déclaré avoir été exclu pendant trois heures de cette réunion, et ce à la demande du délégué égyptien. Alors qu’il y était accrédité comme représentant de cette ONG avec statut d’observateur aux Nations-Unies.

2003 : Bis repetita. C’est sur le fondement de cette décision de 2002 que l’Egypte présente le 4 juillet relatif un texte informe des menaces sur le site historique et archéologique de Tel Rumeida, à Hébron, exhorte à « prendre, dans les meilleurs délais possibles des mesures appropriées pour arrêter toute construction sur le site et oeuvrer en vue de la sauvegarde durable de ce site ». Diverses délégations amendent ce texte en le durcissant.

Le 5 juillet, le CPM, informé de ’’ menaces pesant sur le site de Tel Rumeida, dans les Territoires palestiniens, demande au Centre du Patrimoine Mondial et aux organisations consultatives de mener une mission pour étudier le plus rapidement possible son état de conservation, dans le cadre de la décision 26 COM 6.1 concernant la protection du patrimoine culturel des Territoires palestiniens, et de présenter un rapport au Comité à sa 28e sesssion, en 2004 », en Chine. Le CPM ’’ lance un appel à toutes les parties concernées pour qu’elles veillent à préserver le patrimoine culturel et naturel de la région, et à éviter une destruction ou des dommages irréversibles ’’.

Comme il est coutume à l’UNESCO, c’est par consensus, i.e. à l’unanimité, que cette décision est adoptée. La Belgique ayant tenu à l’ajout de la mention : « destruction ou dommages irréversibles ».


Le CPM décide que « le Secrétariat présentera au Comité, à chacune de ses sessions ordinaires, un Rapport sur la mise en œuvre des décisions prises par le Comité du patrimoine mondial. Ce rapport remplacera le rapport du Secrétariat ». Donc affaire à suivre...

Une décision de nouveau politique, partiale, et qui élude les dégâts causés par des Palestiniens à la tombe de Joseph à Naplouse (Shehem) ou celle de Rachel près de Bethlehem.

« Quand, au cours de travaux, on trouve un objet archéologique, on arrête les travaux. Israël est le pays de l’archéologie par excellence. Il fait tout pour mettre en valeur le patrimoine, qu’il soit juif, chrétien ou musulman. Le Cour suprême d’Israël a statué : elle a interdit à Tsahal de détruire des maisons d’où les terroristes palestiniens tiraient sur les Israéliens. Et c’est pour des raisons de sécurité qu’Israël a décidé de construire un mur de protection », explique M. Eldan. En l’occurrence, elle a fait primer le respect de l’habitat sur la sécurité d’êtres humains.

Quid du « patrimoinepalestinien » ? Le Centre du Patrimoine mondial a envoyé « une mission dans les Territoires palestiniens, du 1er au 8 octobre 2002 ». Résultat : agréé par l’Autorité palestinienne, un plan d’action vise à l’établissement d’un inventaire de sites, culturels et naturels, pouvant prétendre à être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, d’une déclaration sur l’état de conservation de deux desdits sites et des activités, financées par des ressources extra-budgétaires (50 000 USD donnés par l’Italie), pour préparer des spécialistes palestiniens aux procédures et objectifs de la Convention sur le Patrimoine mondial. En 2002, le Fonds du Patrimoine mondial devait allouer 150 000 dollars pour la « protection du patrimoine culturel des Territoires palestiniens ». Une bagatelle au regard des multiples privilèges dont bénéficient les Palestiniens au sein notamment de l’UNESCO.

Mais cette année, nulle association, pas même Israël, n’a émis la moindre condamnation du déroulement de cette réunion. Pourtant, Israël est visé par deux missions. Et, décision après décision, les ennemis d’Israël édifient un mur de diffamation. Il serait peut-être utile de rappeler au représentant de l’Egypte que son pays a signé un traité de paix avec l’Etat hébreu, que la diplomatie et la culture ne sont pas des manières de poursuivre la guerre par d’autres moyens.

L’Observatoire des Nations Unies (UNWatch) a révélé trois résolutions anti-israéliennes votées début juillet 2003, « lamentables et rituelles » votées par le Conseil Economique et Social des Nations Unies (ESOCOC) la semaine dernière, à Genève. UNWatch s’interroge sur l’objectivité et la crédibilité des Nations Unies, un membre du Quartet dont des instances additionne les résolutions partiales, anti-israéliennes ! Ces textes concernent les « effets économiques et sociaux de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé », « la situation et l’aide aux Palestiniennes » et « la situation en matière de droits de l’homme des Libanais détenus en Israël ».

Le CPM est confronté à des problèmes graves : ordre du jour très chargé, inflation des sites proposés et des documents (environ 5 kg), parfois peu clairs, politisation anti-israélienne qui perdure, etc. Le CPM a décidé de limiter à 40 le nombre de sites proposés à la Liste du patrimoine mondial. Un nombre encore élevé, et une restriction à laquelle s’est opposée l’Italie. Le tourisme en Italie, riche en monuments culturels, dont certaines sur ladite Liste, génère autant de devises qu’en France, bien qu’avec deux fois moins de touristes que dans l’hexagone.

Cette situation où une minorité de 22 Etats ou organismes arabes isole et condamne injustement Israël va-t-elle prendre fin avec le retour imminent des Etats-Unis à l’UNESCO ? Rien n’est moins sûr. D’une part, Israël n’y disposera plus d’un ambassadeur : pour des raisons budgétaires, il réduit sa représentation dans maints pays et organismes. Ce sera vraisemblablement un diplomate de l’ambassade à Paris qui sera chargé, en plus de ses tâches, de l’UNESCO. D’autre part, les Etats-Unis sont mûs - ce qui est normal - par leurs intérêts, qui ne correspondent pas nécessairement avec ceux de l’Etat Juif.

Le Comité du Patrimoine Mondial devait étudier la « préservation du patrimoine culturel et naturel dans les Territoires palestiniens ». Il étudiera le rapport de la mission de l’UNESCO qui s’est rendue du 1er au 8 octobre 2002 dans les Territoires disputés. Il envisage d’établir un inventaire dudit patrimoine. Il évoque « la Palestine », au lieu semble-t-il des territoires administrés par l’Autorité palestinienne.

Texte après texte, ces Etats ou entités édifient un mur diffamant Israël, et l’isolant. Il semble que Israël prenne conscience de la délégitimation induite par des résolutions des Nations Unies et va réagir. 

Quelques CRITERES RELATIFS A L’INSCRIPTION DE BIENS culturels sur la Liste du patrimoine mondial


(ii)   le bien témoigne d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture, ou de la technologie des arts monumentaux, planification des villes ou de la création de paysages ;
(iii)  le bien apporte un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ;
(iv)  le bien offre un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des période(s) significative(s) de l’histoire humaine ;
(vi)  le bien est directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle (le Comité considère que ce critère ne devrait justifier une inscription sur la Liste que dans des circonstances exceptionnelles et lorsqu’il est appliqué concurremment avec d’autres critères culturels ou naturels).

Ces sites se trouvent sur la rive nord de la rivière Jihlava (Moravie du Sud).

Sur la colline dominant la ville de Trébic, la basilique Saint-Procope, qui associe les arts romans et gothiques, faisait partie d’un monastère bénédictin fondé en 1101 sur « un lieu stratégique qui favorisa l’établissement d’un marché et attira les commerçants, et parmi eux les Juifs ».

Le quartier juif s’est installé au cœur du foyer commercial en expansion, près du monastère et du gué permettant la traversée de la rivière. Comme ce quartier, la ville subit les attaques et destructions, notamment celles des Hongrois au XVe siècle, et des catastrophes naturelles (incendies, inondations). Preuve de la tolérance des autorités locales, l’ordre d’expulsion des Juifs édicté au XVIe siècle ne fut pas appliqué. De même, les restrictions affligeant les Juifs ne se sont pas transformées en persécutions ou pogroms. Les premières activités exercées par les Juifs furent le prêt d’argent et l’artisanat : tannage des cuirs, fabrication de perles pour la joaillerie, de gants et de savons. Puis, dès le XVIIe siècle, ce furent essentiellement le commerce et l’artisanat.

Dans ce quartier sont préservées toutes les fonctions sociales, les écoles, les synagogues et une tannerie. On retrouve la trace d’une synagogue en 1590. Construite en style baroque entre 1639 et 1642, la synagogue ancienne est utilisé en église par les Hussites. Erigée au XVIIIe siècle, la nouvelle synagogue a été transformée en un musée et une salle de réunion. En raison de la « séparation » (eruf), les Juifs ne pouvaient se déplacer librement ni acheter des biens hors l’espace de leur quartier restreint. Avec leur émancipation, vers 1875, les plus riches se sont installés ailleurs. La maison juive se caractérise par la multiplicité des styles, l’utilisation d’un espace limité et son organisation en multiples propriétés (jusqu'à 16 copropriétaires) : les propriétés étaient en permanence divisées et échangées selon les besoins. On y pénètre par l’entrée sur rue ou, via des passages, par une autre maison. « Voûté, construit en pierre, le rez-de-chaussée sur rue était souvent occupé par un magasin ou un atelier, les niveaux supérieurs, en bois,  étaient réservés à l’usage résidentiel ».

Le cimetière comprend deux parties : l’une remonte au XVe siècle, l’autre au XIXe siècle. C’est l’un des plus grands du pays. Certaines des 4 000 pierres tombales sont ornées de « sculptures remarquables. A l’entrée, la petite salle de cérémonies construite en 1903 est restée intacte ».

« Dès l’origine, le quartier juif disposa de son propre gouvernement avec un magistrat et deux conseillers élus. En 1849, il eut sa propre administration, avec un maire à sa tête, et s’appela Zamosti (i.e. : au-delà du pont) ». C’est dans les années 1920 que la zone est rattachée à la ville de Trebic. En 1890, 1 500 Juifs vivaient dans ce quartier. Dans les années 1930, ils n’étaient plus que 300. Tous les habitants juifs furent déportés pendant la Seconde Guerre mondiale. Actuellement, aucun Juif n’habite ou n’est propriétaire d’une maison de ce quartier.


Addendum ! Fin septembre 2012, Ynet a publié l'article Ignorer l'histoire Juive de Yochanan Visser évoquant le quartier juif de Třebíč (République tchèque) : absence d'informations sur les 1 700 habitants Juifs du ghetto de Třebíč ayant péri dans la Shoah, hôpital Juif de cette ville transformé en immeuble d'habitations et non en musée, statue sur la crucifixion du Christ dans la synagogue de Třebíč, etc.



A Doha (Qatar), lors de sa 38e session (15-25 juin 2014), sous la présidence de la Sheikha Al Mayassa Bint Hamad Bin Khalifa Al Thani, le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture) a approuvé le 20 juin 2014 l'inscription du site "Palestine : pays d’olives et de vignes – Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir" proposé par la "Palestine", sur la Liste du patrimoine mondial. Situé en Judée, en zone C sous contrôle militaire israélien, Battir est localisé sur le site de Beitar ou Bethar, lieu de l'histoire Juive. La barrière de sécurité anti-terrorisme traverse la vallée Nahal Refaim où se trouvent des terrasses de pierre édifiées sous l'époque romaine, il y a environ 2 000 ans.
"A l'issue d'un vote secret remporté contre l'avis des experts conseillant l'Unesco" et "dans le cadre d'une procédure d'urgence", il a aussi inscrit "le bien sur la Liste du patrimoine en péril considérant que le paysage a été fragilisé par l’impact des transformations socioculturelles et géopolitiques susceptibles de causer des dommages irréversibles à son authenticité et à son intégrité, faisant référence au début des travaux de construction d’un mur de séparation qui pourrait isoler les fermiers des champs qu’ils ont cultivés pendant des siècles".

Le 7 juillet 2017, à Cracovie (Pologne), lors de sa 41e session (2-12 juillet 2017) - après le 27e Festival de la culture juive (24 juin-2 juillet 2017) -, le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco a inscrit la "Vieille ville d’Hébron/Al-Khalil (Palestine)" simultanément sur la Liste du patrimoine mondial et sur la Liste du patrimoine en péril et en l'attribuant à la "Palestine". 

Sur les 21 membres du Comité, lors d'un vote secret, 12 pays ont voté Pour, trois ont voté Contre et six se sont abstenus. 

Un vote salué avec enthousiasme par Elias Sanbar, ambassadeur de la "Palestine" à l'Unesco.

"L’utilisation d’une pierre calcaire locale a marqué la construction de la vieille ville d’Hébron /Al-Khalil au cours de la période mamelouke entre 1250 et 1517. Le centre d’intérêt de la ville était le site de la mosquée Al-Ibrahim/le tombeau des Patriarches dont les édifices se trouvent dans l’enceinte construite au Ier siècle de notre ère pour protéger les tombes du patriarche Abraham/Ibrahim et de sa famille. Ce lieu devint un site de pèlerinage pour les trois religions monothéistes : judaïsme, christianisme et islam. La ville était située au croisement de routes commerciales de caravanes cheminant entre le Sud de la Palestine, le Sinaï, l’Est de la Jordanie et le nord de la péninsule arabique. Bien que la période ottomane (1517-1917) présente une extension de la ville dans les zones environnantes et apport de nombreux ajouts architecturaux, en particulier la surélévation des maisons avec la construction d’étages supplémentaires, la morphologie globale de la ville mamelouke a persisté dans l’organisation hiérarchique des quartiers déterminés par des rassemblements autour de l’origine ethnique, la religion ou la profession, et des maisons dont les pièces sont organisées selon un système d’arborescence".

Le Comité a  aussi adopté une résolution sur Jérusalem stigmatisant l'Etat d'Israël.

Ces décisions ont suscité l'indignation de l'Etat juif qui a réduit encore sa contribution à l'UNESCO , des Etats-Unis, de l'Australie et du Canada.
  
Photo de la délégation israélienne prise par Leslie Limage. Cette délégation comprend le Pr Michael Turner, président du Comité israélien du patrimoine mondial, Pe’era Goldman, Directrice de la conservation à la Mairie de Tel Aviv-Yafo, l’architecte Danny Kaiser, ingénieur à la Mairie de Tel Aviv-Yafo, Doron Sapir, Président de l’association des villes de la région de Dan, et le Dr Yossi Leshem, directeur du Centre International d’Etudes des Migrations d’Oiseaux.


Site de la municipalité de Tel Aviv-Yafo :

Site de l’association des villes de la région de Dan :

SNPI (Société pour la Protection de la Nature en Israël) :

Le Centre International d’Etudes des Migrations d’Oiseaux :

Palestine Wildlife Society (Société de protection de la Nature) :
http://www.wildlife-pal.org
   
Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié le 28 juillet 2003 par Guysen, sur ce blog les :
-  11 août 2012 à l'occasion du reportage du 9 août 2012 de Radio Prague sur le quartier Juif de Třebíč (République tchèque) ;
- 24 septembre 2012 ;
- 26 avril 2013, pendant la 191e session (10-26 avril 2013) du Conseil exécutif de l'UNESCO, qui présente régulièrement des résolutions stigmatisant le seul Etat d'Israël, et  ID Bauhaus, une semaine culturelle israélienne à Marseille à la salle Mistral M-Pavillon M (21-28 avril 2013) ;
- 17 janvier 2014. Sous la pression du groupe Arabe, l'UNESCO a "reporté"  le 14 janvier 2014 l'exposition du Centre Simon Wiesenthal (CSW) intitulée Le Peuple, le Livre, la Terre - La relation de 3500 ans du peuple Juif avec la Terre d'Israël. et dont l'inauguration était prévue le 20 janvier 2014 Dix jours auparavant, les Etats-Unis avaient retiré leur qualité de co-sponsor de l'exposition en invoquant la même raison reprise par l'UNESCO : les "négociations de paix entrent dans une phase délicate" ;
- 22 juin 2014.

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