mercredi 24 juin 2020

Reporters sans frontières, 100 photos de Pierre & Alexandra Boulat



Dans le cadre du mois de la photo à Paris et des 25 ans de Reporters sans frontières (RSF), le Petit Palais a accueilli l’exposition éponyme. Des photos de deux générations de photo-reporters, Pierre Boulat (1924-1998) et sa fille Alexandra (1962-2007), composant l’album anniversaire édité par RSF. Deux regards croisés dont celui d’Alexandra Boulat qui présente une vision biaisée du conflit au Proche-Orient. Toute l'Histoire diffusera les  25 juin 2020  à 20 h 40, 27 juin 2020 à 16 h 16, 28 juin 2020 à 7 h 14, 1er juillet 2020 à 0 h 07, 2 juillet 2020 à 22 h 32 "Photographes au front" d'Aurine Crémieu.


« Femmes photographes de guerre » par Sigrid Faltin 

« Le débarquement en Normandie - Robert Capa » 
« Le récit impossible. Le conflit israélo-palestinien et les médias », par Jérôme Bourdon 


C’est une deuxième exposition partiale sur le Proche-Orient accueillie, en quelques mois, dans un musée public dépendant de la Ville de Paris.

Dans la salle, la partie droite présente les photos, souvent en noir et blanc, de Pierre Boulat ; en vis-à-vis, dans la partie gauche, sont accrochés les clichés de sa fille, Alexandra Boulat. Le centre de l’espace est dédié au reportage d’Alexandra Boulat sur la dernière collection d’Yves Saint-Laurent (2001), un grand couturier dont la première collection sous son nom avait été photographiée par Pierre Boulat, et aux peintures peu intéressantes d’Alexandra Boulat.

Pierre Boulat
Né en 1924, Pierre Boulat entre en 1940, à Paris, à l’Ecole nationale de photographie et de cinéma dont il sort major de sa promotion.

Pour échapper au Service du travail obligatoire (STO), il se rend en zone libre. Il travaille à Vichy au Service photographique du chef de l’Etat, le maréchal Philippe Pétain. Une période zappée par le dossier de presse.

A la Libération, Pierre Boulat devient photographe de presse – actualités, célébrités, crimes, etc. - pour Samedi soir, France Dimanche, Elle, Paris Presse

De sa vie au Caire (1948-1950), il tire un livre, Images d’Egypte. Il reviendra dans ce pays lors de la guerre de Suez, en 1956 .

De retour à Paris en 1950, il « ouvre un studio de mode travaille en free lance » pour la presse française.

En 1955, il débute sa collaboration avec Life et est le « premier journaliste occidental à se rendre en URSS depuis la guerre ». En 1964, il se distingue comme le « premier journaliste occidental en Chine depuis la révolution ». La même année, il photographie le président de la Tunisie, Habib Bourguiba, qui, dans une rue de Carthage, « chahute une passante pour lui faire enlever son voile ».

Parmi les magazines auxquels il a collaboré : Paris-Match dès 1982 et People Magazine.

Il meurt en 1998, atteint par la maladie de Parkinson.

Sont exposées des photos remontant à l’Occupation, des bidonvilles à Nanterre et des logements vétustes dans les années 1950 à Paris, la gifle frappant un garçon, un « nuage en forme de champignon atomique sur Paris », la femme américaine ou des artistes : l’actrice Françoise Dorléac, le pianiste Arthur Rubinstein…

Alexandra Boulat
Née en 1962, Alexandra Boulat débute comme peintre, puis s’oriente en 1989 vers le photojournalisme. Elle couvre les conflits dans l’ex-Yougoslavie, en Afghanistant, en Iraq, puis « concentre son travail sur le conflit israélo-palestinien ». Elle a aussi « réalisé des reportages sur la famille de Yasser Arafat ».

Elle a été « représentée par Sipa Presse jusqu’en 2000, puis cofonde avec James Nachtwey en 2001 l’agence VII ». Ses photos sont parues dans National Geographic, Paris-Match, Time.

Alexandra Boulat a reçu des prix prestigieux : Visa d’or pour l’image à Perpignan (1998) pour un reportage sur le Kosovo et le 2e prix du World Press Photo (2003). Peu après avoir été honorée comme Chevalier des Arts et Lettres, elle décède en 2007.


Les œuvres, rigoureusement cadrées, sélectionnées d’Alexandra Boulat portent sur les Balkans et le  Moyen-Orient : des réfugiés kosovars, des Afghanes priant, une jeune mariée afghane de 25 ans qui « s'est immolée par le feu dans un geste de désespoir et de révolte contre les mauvais traitements que lui infligeait sa belle-mère », des Iraniennes dans un centre de tirs, le conflit au Proche-Orient vu du côté palestinien.

Dix photos en couleurs, dont un grand format, concernent « la Palestine : la guerre comme la douleur font partie de l’ordinaire des Gazaouis, engagés dans un conflit avec Israël depuis des décennies. Le danger vient de tous les côtés, des bombardements, des tirs de snipers, ou des tanks, mais aussi de la guerre civile latente ». C'est un étrange silence sur la souffrance des Israéliens et les milliers de tirs des terroristes islamistes ayant visé les civils en Israël, année après année.

Les légendes des clichés sont éloquentes :
- une Gazaouie et son enfant au bord de mer (2006) ;

- des « Palestiniennes en larmes dans un camp de réfugiés de Jénine, suite à sa destruction par l’armée israélienne, Cisjordanie, avril 2002 ». L’une pleure, l’autre prie, sans que l’on voit ce camp détruit. Or, au terme de combats durs, ce n’est qu’une infime partie du camp qui a été détruite lors des combats. Après ces combats, le ministère israélien des Affaires étrangères avait indiqué que 95 maisons avaient été détruites dans la zone des combats, et non 1 100 maisons comme l’alléguait alors la propagande palestinienne. Y avaient été tués 52 Palestiniens et 23 soldats de Tsahal ; l’armée israélienne avait eu le soin d’éviter les pertes civiles palestiniennes. Il est pour le moins surprenant qu'Alexandra Boulat ou la commissaire de l'exposition n'aient pas signalé la vague d'attentats terroristes palestiniens et sa longue liste de victimes essentiellement israéliennes ayant incité Israël à mener l'opération militaire Defense Shield au printemps 2002. Ce qui avait mené l'armée israélienne à démanteler les cellules terroristes dans le camp de Jénine ;

- deux « soldats israéliens écœurés par l’odeur » des « cadavres dans le camp de réfugiés de Jénine, avril 2002, Cisjordanie ». Ces cadavres sont-ils des civils utilisés comme boucliers humains par les islamistes ou des terroristes palestiniens ?

- « des militants d’un comité de résistance populaire attendent l’incursion israélienne, Khan Younès, Gaza, juin 2006 ». Si l’un d’eux porte une tenue militaire, les autres sont en civils ou encagoulés. Ils sont armés de missiles, de fusils. Sont-ils des terroristes membres du Hamas ? Deux clichés portent cette légende ;

- « funérailles d’un militant d’un comité de résistance populaire, Rafah, sud de la bande de Gaza, 2006 ». Les Gazaouis sont en civils et armés ; leur front est entouré d’un bandeau portant des mots en arabe ;

- « des supporters du Hamas » près de « la voiture de leur parti aux élections législatives, Khan Younès, Gaza, 2006 ». Ces terroristes du Hamas sont armés et circulent devant des immeubles modernes. Rien n'évoque la charte du Hamas qui vise la destruction de l'Etat d'Israël  ;

- un « Palestinien de Gaza a traversé le check-point d’Erez qui sépare Israël de la bande de Gaza, mai 2006 ». On le voit de dos, dans un environnement de grilles métalliques. Pourquoi ce silence sur le terrorisme islamiste visant le Sud d’Israël, notamment Sdérot ? Pourquoi ne pas être allée à la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte ?

- « une femme déblaie les décombres de sa maison à Beit Hanoun après l’opération militaire israélienne Nuage d’automne, Gaza, novembre 2006 ». Une opération en réaction au terrorisme islamiste palestinien.

Le parti pris, dans le choix des sujets, dans les termes, dans les occultations, est évident. Il révèle une présentation partiale et fausse sur la prétendue destruction du camp de Jénine, ainsi qu’une indifférence à l’égard des souffrances des Israéliens cibles des terroristes du Hamas.

C’est d’autant plus grave que ces photos ont été publiées par des magazines populaires, célèbres et à la large diffusion, et prétendent, comme le panneau de présentation, livrer une information fiable aux lecteurs ou aux visiteurs.

Précisons que la commissaire de l’exposition est Annie Boulat , veuve de Pierre Boulat et mère d’Alexandra Boulat, et que certaines oeuvres de ces deux photoreporters ont été acquises par le Fonds national d’art contemporain (FNAC). Ces clichés problématiques figurent-ils parmi la collection d'oeuvres rassemblées par ce fonds de l'Etat ?

Un soutien de la Ville de Paris
Le communiqué de presse évoque des « regards passionnés, déroutants, profondément humanistes », « deux sensibilités artistiques » voulant « montrer au grand jour le monde et ses conflits », la « franchise et la délicatesse des clichés d’Alexandra ». Au même moment, l’exposition de photos au musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) révélait des regards plus humains.

Le « Petit Palais, impliqué avec la Ville de Paris dans le combat pour la liberté d’expression et la défense des journalistes, est le lieu idéal pour accueillir cette exposition célébrant la photographie engagée ».

Le problème est que les musées de la Ville de Paris accueillent des expositions engagées dans un seul sens politique, pour le moins pro-palestinien : Kai Wiedenhofer au musée d'art moderne, Alexandra Boulat au Petit Palais, etc. Toujours pour de bonnes causes : remercier un généreux mécène, soutenir la liberté de la presse. Des expositions bénéficiant de l’aide multiforme publique.

Ce qui semble contraire au principe de neutralité du service public caractérisant ces institutions culturelles publiques.

"Femmes photographes de guerre"
Le 8 mars 2016, à 23 h 35, Arte diffusa Femmes photographes de guerre (Kriegsfotografinnen), documentaire de Sigrid Faltin (52 min). "Portrait de plusieurs générations de femmes photographes de guerre, de l'Autrichienne Alice Schalek à la Française Camille Lepage, assassinée en 2014, en passant par l'Allemande Gerda Taro, l'Américaine Lee Miller et la Française Christine Spengler. Dans la première moitié du 20ème siècle, de nombreuses femmes ont photographié la guerre avec un regard unique. En 2014, deux femmes sont mortes en exerçant leur métier de photographe en zone de guerre : l'Allemande Anja Niedringhaus, abattue par un policier afghan, et, quelques semaines plus tard, la Française Camille Lepage, tuée lors d'un reportage en Centrafrique. Il y a aujourd'hui plus de femmes - souvent jeunes - que d'hommes prêtes à partir en reportage dans les zones de conflit. Elles ont d'ailleurs accès à des lieux interdits à leurs confrères masculins. Le film entrecroise les portraits de celles qui ont documenté diverses guerres au cours des XXe et XXIe siècles : la Viennoise Alice Schalek (1874-1956) choqua ses contemporains en photographiant des soldats autrichiens au front, et l'Allemande d'origine juive et militante socialiste Gerda Taro (1910-1937) couvrit la guerre d'Espagne avec son compagnon, le légendaire Robert Capa. Certaines des images attribuées à ce dernier ont d'ailleurs été prises par elle, comme l'ont prouvé des recherches récentes. Elle est morte écrasée par un char allemand, première victime féminine dans l'exercice de ce métier de reporter de guerre. L'Américaine Lee Miller (1907-1977), muse de Man Ray et de Cocteau, se fera ensuite un nom en capturant des clichés de la fin de la guerre en Allemagne. Deux expositions lui sont consacrées en 2016 : à Londres, actuellement, au Musée impérial de la guerre, et bientôt à Berlin, au Martin-Gropius-Bau".

"Photographes au front"
Toute l'Histoire diffusera les  25 juin 2020  à 20 h 40, 27 juin 2020 à 16 h 16, 28 juin 2020 à 7 h 14, 1er juillet 2020 à 0 h 07, 2 juillet 2020 à 22 h 32 "Photographes au front" d'Aurine Crémieu. "Juqu’en 1914, la peinture reste l'outil de propagande le plus fiable pour l’armée française. Ce sont d'ailleurs à des peintres que l'on confie d'abord la tâche de montrer la guerre en images. Quand la première guerre mondiale débute, les allemands ont pris les devants en créant un service photographique. En prenant le contrôle des images de guerre, ils vont inciter la France à se battre à son tour sur ce terrain médiatique. Dans ce film, il est question d’analyser ce tournant. En toile de fonds, une question, qui n’a de cesse d’être posée : comment témoigner en images d’un conflit ? Le principe est de faire se rencontrer, autour des images de la première guerre mondiale, conservée par l’armée française, deux générations de photographes, ceux de 1915 et ceux de 2015. Chacune d’elles soulève une question, un débat, qui a lieu entre photographes, au travers d’interviews. Les photo-reporters d’aujourd’hui explorent les motivations de leurs « collègues » d’antan, grâce à l’analyse d’un détail, d’un point de vue particulier, d’une lumière. Avec les historiens qui ont travaillé sur la photographie en temps de guerre, ils redonnent vie à ces hommes qui ont « vu » la guerre autrement et nous parlent avec de leur métier, de leur passion et de la nécessité d’aller sur le Front."


Jusqu’au 27 février 2011
Au Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill, Hall Jacqueau au rez-de-chaussée. 75008 Paris
Tél. : 01 53 43 40 00
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h
Nocturne le jeudi jusqu'à 20 h
Fermé le lundi et les jours fériés

Visuels de haut en bas
Affiche
Transports de Kosovars vers un camp de réfugiés. Macédoine, avril 1999
© Alexandra Boulat/Association Pierre et Alexandra Boulat

Yves Saint-Laurent – préparation de la première collection sous son nom
Essayage. Paris, 1962
© Alexandra Boulat/Association Pierre et Alexandra Boulat

Centre d’entraînement au tir à l’académie de police pour femmes à Téhéran
Iran, novembre 2004
© Alexandra Boulat/Association Pierre et Alexandra Boulat

Carte de la ville de Jénine en 2002 après l'opération militaire israélienne
© IDF


Cet article a été publié le 21 février 2011, puis le 8 mars 2016.

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