Citations

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mercredi 12 janvier 2022

« Auschwitz, premiers témoignages » d’Emil Weiss


 Auschwitz, premiers témoignages d’Emil Weiss (2010) est un documentaire réalisé à partir des écrits datant de 1946 de quatre déportés Juifs français. Un premier volet d'une trilogie historique  didactique, sobre, bouleversante sur la Shoah (Holocaust), la destruction du peuple Juif par les Nazis, dans le complexe concentrationnaire Auschwitz. En janvier 2022, le Mémorial de la Shoah propose une rétrospective Emil Weiss.

« L’extermination des Juifs ne fut pas, une flambée de violences : elle a été doctrinalement fondée, philosophiquement expliquée, méthodiquement préparée, systématiquement perpétrée par les doctrinaires les plus pédants qui aient jamais existé ; elle répond à une intention exterminatrice délibérément et longuement mûrie ; elle est l’application d’une théorie dogmatique qui existe encore et qui s’appelle l’antisémitisme. » Vladimir Jankélévitch, « L’imprescriptible » (1971)
A la veille du 66e anniversaire de la « libération » d'Auschwitz, le 27 janvier 1945, Arte a diffusé ce documentaire sur Auschwitz, le plus grand camp de concentration et d'extermination, ou plus précisément « complexe concentrationnaire » du IIIe Reich.

Auschwitz, « complexe concentrationnaire »
Auschwitz se situe dans la ville d'Oswiecim (Auschwitz, en allemand), annexée au Reich (province de Haute-Silésie) après l'invasion de la Pologne. Cette ville comptait avant guerre une population majoritairement juive.


Etendu sur plusieurs milliers d’hectares, Auschwitz est un « complexe concentrationnaire où convergent quatre activités : concentration, extermination, industrie et science ».

Le camp principal est Auschwitz I - le Stammlager, le « camp souche » - : ce « camp de concentration est peuplé de détenus politiques, de droit commun et d’une majorité de Juifs : camp de travail regroupant de nombreux commandos travaillant à l’intérieur et à l’extérieur du camp, et camp d’expérimentations médicales menées in vivo sur des cobayes humains ».

Dans ce « complexe concentrationnaire » Auschwitz, se trouvent aussi :

• à trois kilomètres d’Auschwitz I, Auschwitz II-Birkenau, « camp de concentration et de transit, mais aussi et surtout d’extermination massive. À partir du printemps 1944, avec la déportation massive des Juifs hongrois, progressivement, jusqu’à 18 000 personnes » sont assassinées chaque jour, « alors que les quatre crématoires en fonction jour et nuit ne peuvent brûler qu’un maximum de 8 500 corps. Pour augmenter le « rendement », plusieurs fosses géantes sont creusées à l’arrière du crématoire V et du Bunker II pour servir de bûchers à ciel ouvert » ;

• à sept kilomètres d’Auschwitz I, le camp d’Auschwitz III Monowitz, « fournisseur de main-d’œuvre pour l’usine « Buna », propriété du plus grand groupe pétro chimique allemand, IG Farben. Dans ce camp dit « de travail » exténuant, la majorité des 10 000 hommes détenus sont loués par les Nazis à cette entreprise chimique qui produit des dérivés de pétrole et construit une immense usine de caoutchouc synthétique en mai 1942, jamais achevée. Monowitz fut rasé et de rares vestiges subsistent ». Emil Weiss a donc « eu recours à une maquette construite par ses soins à l’échelle de 1/100e d’après les plans d’origine, les photographies aériennes prises par les Alliés en 1944 et par les Russes sur place ». Cette maquette a été « filmée en studio avec un équipement spécifique de macrophotographie et avec un autre permettant les mouvements fluides de la caméra, puis transportée en Pologne sur les lieux même du camp aujourd’hui disparu. Le réalisateur a confié au musée d’Auschwitz cette documentation visuelle inexistante auparavant. Il a aussi rendu hommage à Primo Lévi, chimiste à Monowitz, dont les écrits sont d’une importance inestimable.

• à environ 2 km de Birkenau et 4 km d’Auschwitz I, les laboratoires de Rajsko, « haut lieu de la recherche biologique et médicale du IIIe Reich ». Médecins, scientifiques et ouvrières détenues y travaillent ». En 1944, « plus de 110 000 analyses et diagnostics sont effectués dans ses diverses sections » ;

l’usine d’armement Union Werke et d’autres usines et filiales de grandes compagnies allemandes, telles que Siemens, Daw, Krupp ».

À « cet ensemble, il faut ajouter une quarantaine de camps auxiliaires, fermes agricoles et « kommandos » divers ». A l’usine BUNA, complexe industriel d’IG Farben en construction, déportés, prisonniers de guerre anglais, Français des chantiers de jeunesse, ouvriers français et polonais, femmes, effectuent des travaux très pénibles.

Vestiges actuels et témoignages passés
Le documentariste Emil Weiss pensait « clore son cycle consacré à l'univers concentrationnaire avec le film Sonderkommando Auschwitz-Birkenau, diffusé le 23 janvier 2008 par ARTE, sur les déportés chargés de faire fonctionner les fours crématoires ».

Or, « c'est l'inverse qui s'est passé. Il m'est apparu que ce choix radical de faire entendre, au cinéma, des textes fondamentaux jusqu'ici laissés de côté, était une approche différente et féconde et qu'il fallait poursuivre cette entreprise en décrivant les autres étapes déterminantes du parcours des victimes », explique ce réalisateur.


Leurs témoignages « rendent compte des événements vécus, avec simplicité et force », sans « écran mémoriel ».

Ces extraits proviennent de deux sources - Témoignages strasbourgeois (Presses universitaires de Strasbourg) et Une Française juive est revenue de Suzanne Birnbaum - publiées en 1946, après le retour de déportation, par :
- le Dr Marc Klein (convoi n° 75, 30 mai 1944) sur Auschwitz I et Rajsko ;
- Suzanne Birnbaum (convoi n° 66, 20 janvier 1944) et le Dr Robert Levy (convoi n° 59, 2 septembre 1943) sur Auschwitz II Birkenau ;
- et le Dr Robert Waitz (convoi n° 60, 7 octobre 1943) sur Auschwitz III Monowitz.

Mêlant ces quatre témoignages, Emil Weiss suit un plan chronologique – du voyage à l’arrivée au camp et l’affectation à un groupe –, qui rend « plus tangible encore l'angoisse de chaque instant et le lent anéantissement subi par les déportés ».

Ce documentaire « confronte les vestiges d’installations qui auraient dû être détruites – une fois leur mission achevée – à des mots qui n’auraient pas dû être écrits puisqu’il ne devait pas y avoir de survivants ». Il « rend tangible l'atroce quotidien vécu à Auschwitz.

Pour montrer la disparition de tous ces êtres humains déshumanisés - cheveux tondus, tatouage de leur numéro, etc.- à Auschwitz, Emil Weiss a choisi de ne montrer aucun visage. Seules exceptions : ces photos de femmes et d’enfants au début du documentaire et, dans l’épilogue, les quatre visages des témoins. Par contraste, chaussures, brosses, prothèses de jambes suggèrent ces êtres humains assassinés.

Sans échappatoire
Les citations se succèdent dans un ordre chronologique et logique. Du départ de Drancy dans des wagons où se trouvaient aussi des vieillards et des folles sorties de leur hospice d’aliénés à l’arrivée à la Judenrampe, rampe juive au quai d’arrivée d’Auschwitz, en activité du printemps 1942 à la mi-mai 1944.

Puis, les coups des SS. Les vociférations des gardiens. La séparation hommes/femmes, l’abandon ou l’arrachage des quelques biens personnels. La découverte des baraquements entourés de barbelés et de déportés décharnés en ensembles rayés bleu et blanc.

Le Dr Robert Waitz décrit le « triage » parmi les détenus effectué par les médecins SS : à droite, les femmes, les enfants, les malades et les plus de 50 ans, destinés à être immédiatement assassinés ; à gauche, des « hommes de 20 à 45 ans et quelques jeunes femmes ». Le tatouage sur le bras. La tonte des cheveux. Les déportés sont transformés en « clochards anonymes » portant des haillons sales et « dressés » à respecter les règles des surveillants brutaux.

A Auschwitz 1, contrôlé par des miradors et encerclé de fils barbelés électrifiés, 28 blocks sont disposés en trois rangées  : le « Canada » où s’amoncelaient les vêtements des déportés non distribués aux Allemands, le block 10 où sont isolées des femmes et entreprises des « recherches expérimentales », le block 11 ou prison, le block 27, la courette fermée où sont exécutés des détenus…

Le camp d’Auschwitz II-Birkenau a été construit, sur un terrain marécageux, en 1942 par des prisonniers de guerre russes. Le nombre de ceux-ci avait diminué rapidement de 12 500 à 150. Le camp central fournit main d’œuvre pour d’autres camps et des mines de charbon. Il comprenait un groupe de bâtiment pour les femmes, le camp de la quarantaine, celui des Tchèques, celui des hommes, celui des Tziganes, une infirmerie centrale, le « Canada », le central pour la désinfection, les chambres à gaz et les fours crématoires. Les « baraques pour 500-600 hommes étaient le plus souvent des écuries pour chevaux ».

Ces textes lus décrivent la vie quotidienne, la recherche d’informations sur proches et compagnons. La terreur et l’épouvante en apprenant la mort de certains. La peur des brutalités, des vols de pain et couteau, et de la sélection. L’absence de colis. Les expérimentations (castrations). Les pendaisons lors de l’appel.

Suzanne Birnbaum évoque en termes sobres la disparition de ses règles (aménorrhée de famine) dès le 2e mois d’internement. Elle décrit sa journée douloureuse de travail sous les coups : le réveil à 3 h 30, la marche à 5 h 30 et au pas cadencé après le long appel, la marche vers le lieu du travail, le retour au camp à 19 h30, les pieds gelés, les parties du corps infectées ou qui s'en détachent.

Tout un système – « insuffisante alimentation, travail exténuant, violences des surveillants » - tue ceux qui n’ont pas été exterminés à leur arrivée au camp. A Birkenau, ceux travaillant dans les commandos survivent pendant deux à trois mois, puis deviennent squelettiques et appelés des « musulmans », passifs, anticipant leur mort prochaine. La « durée d’évolution est de six mois si le moral est bon ». Un mois, sinon.

Avec la collaboration d’Annette Wieviorka comme conseillère historique, Emil Weiss évoque la Shoah, la destruction des Juifs, aboutissement d’un mécanisme de persécutions, d’exclusions, de déshumanisation, etc. Ce qui explique le taux si faible de survie : sur les 75 721 Juifs déportés de France, 2 500 survécurent, soit 3 %.

Un statut infligé aux Juifs distinct de celui réservé aux autres déportés, politiques ou de droit commun. Sur les 63 085 déportés de France vers les camps de concentration, 37 025 d’entre eux sont revenus, soit 60 %.

Le réalisateur prévoit un troisième et dernier volet pour « cerner l’aspect fondamental de ce processus : les expérimentations médicales et l’idéologie raciale nazie qui les sous-tend ».

ADDENDUM

En juin 2013, la collection de témoignages de Yad Vashem à Jérusalem 1954-2004 vient d'être inscrite sur le Registre Mémoire du Monde de l'UNESCO. Elle a été proposée en 2013 par l'Etat d'Israël. "Six millions de juifs ont été tués pendant l’Holocauste, leurs noms transformés en chiffres. La plupart n’ont ni cimetière, ni tombe gravée. Les pages de la collection de témoignages représentent un mémorial collectif de grande échelle pour les victimes de l’Holocauste, s’efforçant ainsi de leur rendre leurs noms et leurs visages. Ceci n’a pas de précédent dans l’histoire de l’humanité tant par ses dimensions que par sa volonté de sauver de l’oubli les noms et les identités des victimes. Constituées de précieux témoignages personnels signés, ces pages se distinguent d’essais plus tardifs utilisant ce modèle pour commémorer les victimes d’autres génocides (comme celui du Rwanda ou du Cambodge)".
Le 7 octobre 2013, l'Institut Fritz Bauer  a publié  sur Internet les témoignages audios de survivants de la Shoah et de gardiens du camp d’Auschwitz. Soit plusieurs centaines d’heures de récits.

France 2 diffusa la cérémonie du Souvenir ce 21 septembre 2014 à midi.

Des archéologues ont découvert le site de chambres à gaz dans le camp d'extermination de Sobibor.

Le 30 juin 2016, Arte diffusa le premier volet de Krupp, une famille allemande, de Carlo Rola (2009).

Yom HaShoah 2017
Pour Yom HaShoah 2017, a eu lieu, sous l’égide de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, la lecture des noms de déportés juifs de France, du 23 avril 2017 à 18 h au 24 avril 2017 à 17 h 30, au Mémorial de la Shoah. "À l’occasion de Yom HaShoah, date retenue par l’État d’Israël pour la commémoration en mémoire des victimes de la Shoah et des héros de la Résistance juive pendant la Seconde Guerre mondiale, se déroule une lecture publique ininterrompue de 24 heures, de jour comme de nuit. Des 76 000 noms inscrits sur le Mur des Noms, seront prononcés, un à un, les noms des personnes déportées de France par les convois n° 32 au n° 70. Quelques 200 personnes, anciens déportés, parents, bénévoles, enfants… liront à tour de rôle, à partir des listes issues du Livre Mémorial de la Déportation de Serge Klarsfeld, (éd. Association des FFDJF), les noms de « ceux dont il ne reste que le nom » (Simone Veil)". Le 23 avril 2017, à 17 h le 23 avril 2017, six bougies du Souvenir ont été allumées par d’anciens déportés et des enfants, un symbole de la transmission de la mémoire des 6 millions de morts de la Shoah. S’en suivra le témoignage de Ginette Kolinka, ancienne déportée". Le 24 avril 2017 à 19 h, a eu lieu un office solennel à la synagogue de Nazareth. Les noms des Juifs déportés de Tunisie, protectorat français sous l'Occupation, ont-ils été lus lors de cette cérémonie ?

Rétrospective d'Emil Weiss
Du 9 au 25 janvier 2022
, le Mémorial de la Shoah à Paris propose une rétrospective Emil Weiss.
  
« Essayer de m’impliquer après une longue gestation, par un geste esthétique et éthique à la fois, en me plaçant à la fois dans le domaine de la connaissance objective et l’exercice plastique propre au cinématographe, fut pour moi l’objet d’une quête pendant quatre décennies. » 
Emil Weiss 

"En janvier 2022, le Mémorial de la Shoah organise, pour la première fois en France, une rétrospective exceptionnelle de l’œuvre d’Emil Weiss, réalisateur de documentaires saisissants sur la Shoah. Par un langage visuel et rédactionnel propre, Emil Weiss laisse la parole à la puissance évocatrice des images et des témoignages afin d’illustrer la vérité des faits historiques. Ses choix artistiques et esthétiques lui permettent d’évoquer voire de figurer l’irreprésentable, afin de transmettre cette mémoire sans céder à un pathos qu’il qualifie d’envahissant sur ce sujet." 

"Les projections, en présence du réalisateur, s’accompagnent de rencontres avec des invités comme Delphine Horvilleur, Annette Wieviorka, Catherine Clément, Léa Veinstein ou encore les époux Klarsfeld. Le dernier film Les Mots pour le dire, première adaptation de Charlotte Delbo au cinéma qui s’attache à restituer l’une des plus puissantes expressions littéraires qui nous soient parvenues à ce jour, sera projeté en avant-première en clôture de la manifestation". 

"Cette rétrospective offre aussi l’occasion de découvrir un projet hors-norme développé par Emil Weiss : une plateforme multimédia composée de 45 modules vidéo (261min). Le projet auschwitzcomplex.com propose une visite virtuelle des sites représentatifs du fonctionnement du projet nazi mis en œuvre dans les environs d’Auschwitz." 

« Auschwitz est hors de nous, et cependant autour de nous, dans l’air. La peste s’est éteinte, mais l’infection court, il serait stupide de le nier. Tout homme civil est tenu de savoir qu’Auschwitz a existé et ce qu’on y a perpétré : s’il est impossible de comprendre, il est nécessaire de connaître. » Dans le prolongement de cette suggestion de Primo Levi, j’ai essayé de développer une démarche qui s’attache à favoriser la connaissance du sujet, plutôt que d’emprunter les chemins d’un pathos envahissant qui génère des émotions tellement excessives qu’elles troublent l’acquisition des connaissances. Pour autant, pas de refus pour les émotions qui émergent inévitablement de la connaissance des faits, surtout si c’est fait avec une économie préméditée d’adjectifs ». Emil Weiss 

PROGRAMME DES PROJECTIONS & RENCONTRES

« Je suis né le 22 novembre 1947 à Cluj, capitale de la Transylvanie, lieu d’origine de Magyars mais rattaché à la Roumanie en 1918 par le Traité de Versailles. Pendent le second conflit mondial, une partie de ce territoire fut à nouveau annexée à la Hongrie et la déportation massive des Juifs en 1944 a constitué un traumatisme profond et tenace dans nos consciences également dans les années qui ont suivi la guerre. Deux de mes oncles sont revenus d’Auschwitz ; par bribes, j’ai appris des choses, mais dans ma famille comme à l’extérieur c’est le silence qui était de mise. Rien ne fut entrepris pour connaitre les tenant de l’histoire ou pour favoriser un processus d’apaisement. Pendant longtemps, je suis resté submergé par un sentiment confus, de honte et de révolte mêlés. Pendant longtemps, je suis resté volontairement à l’écart de ce phénomène dont toutes les nominations d’usage, encore aujourd’hui, sont partialement ou totalement incorrectes : « Holocauste », « Shoah » et bien d’autres telle « La destruction de Juifs d’Europe ». Essayer de m’impliquer après une longue gestation, par un geste esthétique et éthique à la fois, en me plaçant à la fois dans le domaine de la connaissance objective et l’exercice plastique propre au cinématographe, fut pour moi l’objet d’une quête pendant quatre décennies. Quête de sens qui m’a conduit à la réalisation d’un certain nombre de travaux qui ne sont pas tous dédiés à la recherche d’une issue éventuelle de ce cataclysme originel qui s’est imposé à moi ces derniers quatorze années. Aujourd’hui, il me semble qu’il fallait bien attendre l’âge d’une certaine sagesse des cellules, atteindre une connaissance incertaine de la finitude pour aborder un sujet aussi énorme qui résiste à la compréhension des humains, résiste aux « re-présentations ». 
Emil Weiss 

DIMANCHE 9 JANVIER 202
14h00 
Falkenau, vision de l’impossible. Samuel Fuller témoigne
d’Emil Weiss 
France, documentaire, 62 min, Michkan World Productions, Chrisam Films, 1988 et 2005 
"Mai 1945, la célèbre Big Red One – première division d’infanterie de l’armée américaine – livre son dernier combat en Europe, dans les Sudètes, en Tchécoslovaquie, et libère le camp de concentration de Falkenau. Samuel Fuller, alors sous les drapeaux, filme cet épisode." 

"C’est un document unique. Il commente ces images enregistrées quarante ans plus tôt, et s’interroge également sur la possibilité de représenter l’univers concentrationnaire et sur la nécessité d’en transmettre la mémoire aux jeunes générations. En présence du réalisateur, de Marie-Pierre Duhamel Muller, programmatrice cinéma indépendante, d’Ophir Levy, maître de conférences en études cinématographiques à l’université Paris 8, et de Jean-Louis Comolli, cinéaste. 
Animée par Jean Narboni, essayiste et écrivain, théoricien et critique de cinéma. 
Édition DVD soutenue par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah". 

16h00
Léon Poliakov. Historien du racisme et de l’antisémitisme
d’Emil Weiss 
France, documentaire, 52 min, Michkan World Productions, 1996 
"À la fin des années 1960, lorsque la génération née après la Seconde Guerre mondiale a voulu savoir ce que recouvraient le silence et le refoulement à propos de l’histoire de leurs aînés, les écrits de Léon Poliakov, études inaugurales sur le nazisme, le génocide, l’antisémitisme et le racisme, furent d’une importance capitale. Ils constituent une œuvre incontournable pour l’intelligibilité d’un pan fondamental de l’histoire contemporaine. Cette monographie unique de Léon Poliakov montre un chercheur perspicace et novateur, qui demeure une référence incontournable pour les historiens du monde entier. 
En présence du réalisateur et d’Annette Wieviorka, directrice de recherche honoraire au CNRS. "

18h00 
Le Combat de Serge Klarsfeld. Des crimes nazis à la responsabilité de Vichy de Gloria Campana, produit par Emil Weiss 
France, documentaire, 60 min, Michkan World Productions, 1995 
"Procès de Cologne, procès Barbie, procès Touvier, affaire Bousquet, procès Papon. Derrière chacun de ces événements, il y a l’action d’un homme : Serge Klarsfeld. Cette véritable bataille pour la mémoire a duré une vie entière de campagnes de presse, manifestations, poursuites des criminels nazis allemands et français, recherches historiques... Une vie consacrée par Serge et Beate Klarsfeld à mettre en évidence et établir les crimes nazis et la responsabilité du régime de Vichy, ainsi qu’à dresser un mémorial à toutes les victimes juives de France. 
En présence d’Emil Weiss, de Serge et Beate Klarsfeld, d’Annette Wieviorka, directrice de recherche honoraire au CNRS, et de Tal Bruttmann, historien." 

JEUDI 13 JANVIER 2022 
19h00 
Auschwitz Projekt
d’Emil Weiss
 
France, documentaire, 56 min, Arte France, Michkan World Productions, 2017 
"Sous le nom d’Auschwitz se cache un vaste complexe qui regroupe une myriade d’installations très diverses, disséminées sur un territoire de plus de 40 km² . À l’extérieur de ce périmètre, le complexe d’Auschwitz se prolonge avec une trentaine de camps annexes, ayant dans leur proximité des usines et des mines. Converge ici l’application de toutes les politiques mises en œuvre par l’État nazi. Auschwitz est en réalité l’immanence même du projet hitlérien pour l’aménagement de l’Europe. Ce documentaire est le premier volet d’un travail qui reste à compléter. Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah". 

Suivi de
Auschwitz, le complexe 
auschwitz-complex.com 

"Plateforme multimédia composée de 45 modules vidéo (261min) inscrits dans un organigramme de navigation, auschwitzcomplex.com propose une visite virtuelle des sites représentatifs du fonctionnement du projet nazi mis en œuvre dans les environs d’Auschwitz. Outre les trois camps principaux, Auschwitz I camp de concentration, Auschwitz II Birkenau camp de concentration, de transit, mais aussi centre de mise à mort, et Auschwitz III Monowitz camp de travail, on trouve, dans ce périmètre appelé par les nazis « zone d’intérêt », plusieurs usines, mines, fermes agricoles, camps annexes, centres de recherche, un vaste projet d’urbanisme et de nombreuses autres installations qui participent au fonctionnement de cet ensemble. 
En présence du réalisateur et de Iannis Roder, enseignant, historien, responsable de la formation au Mémorial de la Shoah. 
Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah". 


DIMANCHE 16 JANVIER 2022 
"La trilogie Hurbn [destruction en yiddish] propose un nouveau mode de représentation pour rendre compte du processus d’extermination des Juifs. Il est caractérisé par la mise en scène de témoignages concomitants aux faits ou produits dans la foulée des événements ainsi que par l’absence de toute présence humaine à l’image. 
Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah."

14h00 Auschwitz, premiers témoignages d’Emil Weiss
 
France, documentaire, 77 min, Arte France, Michkan World Productions, 2010 
"Les témoignages du Dr Marc Klein sur Auschwitz I et Rajsko, de Suzanne Birnbaum et du Dr Robert Levy sur Auschwitz II Birkenau, et du Dr Robert Waitz sur Auschwitz III Monowitz sont mis en scène dans l’environnement du déroulement des faits. Ces écrits, produits dans les jours qui ont suivi leur retour de déportation, préservent ces témoignages des « contaminations » ultérieures inévitables dans toute construction mémorielle et nous restituent au plus près la réalité d’Auschwitz. 
En présence du réalisateur. 
En conversation avec François Ekchajzer, journaliste à Télérama". 

16h30 Criminal Doctors. Auschwitz d’Emil Weiss 
France, documentaire, 54 min, Arte France, Michkan World Productions, 2013 
"Le processus de destruction de l’homme à Auschwitz est mené sous contrôle médical, en présence de médecins à toutes les étapes. De plus, l’utilisation de la personne humaine comme support des expérimentations « in vivo » mise en œuvre par des docteurs en médecine, pensée et supervisée par des anthropologues et encadrée par les plus hauts rouages de l’État, est une des caractéristiques fondamentales de la politique raciale nazie et de l’idéologie qui l’anime. Deux types d’expérimentations sont conduites, ayant pour but la suprématie de la race aryenne : la stérilisation d’hommes et de femmes considérés de race inférieure, et les expériences sur les jumeaux menées par le Dr Mengele. 

Suivi de Sonderkommando. Auschwitz-Birkenau d’Emil Weiss 
France, documentaire, 52 min, Arte France, Michkan World Productions, 2007 
"À Auschwitz-Birkenau, ont été retrouvés, enfouis sous les cendres, autour des crématoires, les manuscrits, rédigés en yiddish, de Zalmen Gradowki, Leib Langfus et Zalmen Lewental. Ceux-ci firent partie des « équipes spéciales » appelées Sonderkommandos, chargées du fonctionnement des crématoires, ainsi que des installations annexes à l’industrie de mort conçue par les nazis : salles de déshabillage, chambres de gazage, fours et fosses d’incinération. Seuls quelques-uns survécurent. Szlama Dragon, Henryk Tauber et Alter Feinsilber témoignent auprès du tribunal de Cracovie en mai 1945. Miklos Nyiszli témoigne en avril 1946 auprès du tribunal d’Oradea, en Transylvanie. 
En présence du réalisateur, de Batia Baum, traductrice du Yiddish, Natacha Nisic, artiste et cinéaste, et Léa Veinstein, philosophe et écrivaine. 
Animée par Martin Goutte, maître de conférences en études cinématographiques à l’université Sorbonne Nouvelle". 


MARDI 25 JANVIER 2022 
18h00 Mémoire d’Ernest. Oratorio pour une voix et une machine à coudre d’Emil Weiss 
France, documentaire, 54 min, Nata Rampazzo, Paul-Raymond Cohen, Michkan World Productions, 2001 
« Il m’a raconté son histoire, cruelle et touchante, comme le sont toutes les histoires, des centaines de milliers d’histoires toutes différentes et toutes pleines d’étonnantes et tragiques nécessités. Elles sont simples et incompréhensibles, comme le sont les histoires de la Bible. Mais ne sont-elles pas, à leur tour, les histoires d’une nouvelle Bible ? » Ces paroles de Primo Levi ont guidé notre cheminement dans l’exploration du destin d’Ernest Bogler pour opérer ce passage du singulier vers l’universel et montrer, à partir de l’histoire personnelle d’un « survivant », comment prend forme une page déterminante de l’Histoire. 
En présence du réalisateur." 

20h00  En avant-première Les Mots pour le dire d’Emil Weiss 
France, documentaire, 90 min, Michkan World Productions, 2021 
« Les mots » de ce film sont tous de Charlotte Delbo. À son retour de déportation, elle invente un langage pour rendre visible ce que les femmes ont éprouvé, ressenti, à Auschwitz. La mise en images de cette première adaptation de Charlotte Delbo au cinéma s’attache à restituer l’une des plus puissantes expressions littéraires qui nous soient parvenues à ce jour. Cette voix résonne dans ce film au cœur des lieux originels des événements. 
En présence du réalisateur, de Catherine Clément, philosophe et écrivaine, Ghislaine Dunant, écrivaine, auteure de Charlotte Delbo, la vie retrouvée (Grasset, 2016, Prix Femina) et Delphine Horvilleur, rabbin, auteure de Vivre avec nos morts (Grasset, 2021). 
Animée par Anne-Marie Baron, critique de cinéma, auteure de La Shoah à l’écran. Crimes contre l’humanité et représentation (éditions du Conseil de l’Europe)." 


France, 2010
77 minutes
Réalisateur : Emil Weiss
Coproduction : ARTE France, Michkan World Productions

Diffusions les :
17 janvier 2012 à 10 h 35
26 janvier 2011 à 20 h 40, 27 janvier 2011 à 14 h 45, 3 février 2011 à 3 h 10
21 janvier 2014 à 23 h 30 et 27 janvier 2014 2014 à 8 h 55

Cet article a été publié pour la première fois le 26 janvier 2011 et modifié le 25 décembre 2011.
Il a été republié le :
- 18 avril 2012 à l'approche de Yom HaShoah (journée de souvenir des victimes de la Shoah). Le thème central en est cette année la solidarité Juive ;
- le 7 avril 2013 à l'approche de Yom HaShoah (journée de souvenir des victimes de la Shoah) ce 8 avril 2013. Diverses cérémonies ont eu lieu ;
- 28 avril 2013 en cette Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation, ce 28 avril 2013 ;
- 13 juin 2013 à l'approche de l'inauguration par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'une nouvelle exposition sur la Shoah au musée de l'ancien camp nazi d'Auschwitz (Pologne) ;
- 19 juin 2013 ;
- 1er septembre 2013 car France 2 a diffusé, à midi, la cérémonie du souvenir des victimes de la Shoah à la grande synagogue rue de la Victoire (Paris). Un évènement non signalé sur les sites Internet du Consistoire de Paris Ile-de-France et du Consistoire Central. A noter que la nouvelle dénomination et le nouveau logo du Consistoire Central ne mentionne plus le terme "Israélite" !
- 8 octobre 2013 ;
- 19 décembre 2013. Histoire a diffusé le numéro de la série Les Grandes évasions consacré à Auschwitz et réalisé par Jonathan Martin, ce 19 décembre 2013 ;
- 21 janvier 2014 ;
- 27 avril 2014. L'Institut français à Tel-Aviv a diffusé le 27 avril 2014, à 19 h, à la Cinémathèque  de cette ville le documentaire d’Emil Weiss Auschwitz, premiers témoignages (2010) ;
- 21 septembre 2014, 30 juin et 25 septembre 2016 - France 2 diffusa la cérémonie du Souvenir.
 -, 24 avril 2017. Yom HaShoah, ou Jour des martyrs et des héros de la Shoah, débute ce 27 avril 2014 au soir.
Les citations proviennent du documentaire et d'Arte.

2 commentaires:

  1. excellent film que tout le monde devrait voir et revoir

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  2. E. Weiss ferait mieux de monter des émissions radiophoniques, son propos trouverait peut-être quelques oreilles disponibles…

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