jeudi 25 juin 2020

Ben-Ami Koller (1948-2008)


Peintre et dessinateur né en Roumanie, Ben-Ami Koller (1948-2008) avait fait son aliyah en 1974. Il se distinguait par la qualité de sa ligne épurée et complexe, explorait un expressionnisme abstrait coloré, revenait vers le figuratif par/pour des oeuvres bouleversantes sur la Shoah qui avait décimé sa famille. 

Une rétrospective de Ben-Ami Koller à Fontenay-sous-Bois 
Ben-Ami Koller (1948-2008)



Ben-Ami (fils de mon peuple, en hébreu) Koller était né à Oradea (Transylvanie, Roumanie) le 14 mai 1948. Sa mère avait été déportée à Auschwitz et sa famille décimée par la Shoah. Ben-Ami Koller avait été distingué, « à l'âge de 7 ans, par un premier prix d'aquarelle dans le cadre d'un concours international organisé par la Chine ».

Quelques années après avoir obtenu le diplôme de l’Académie des Beaux-arts à Bucarest, il avait immigré en Israël en 1974.

Il devint célèbre pour ses grands dessins sur papier de nus et de visages, au crayon ou à la pierre noire. Installé en France en 1981, ce maître du trait bénéficiait d’une réputation internationale, illustrait des livres et enseignait le dessin et la peinture, aux enfants et aux adultes. Il a montré ses œuvres dans environ 200 expositions personnelles et collectives, en Europe, en Amérique, en Israël et au Japon. Ses œuvres figurent dans des collections publiques - Fonds national d’art contemporain, Bibliothèque nationale, Conseil général des Hauts-de-Seine, Fonds d’art contemporain de Seine-Saint-Denis, etc. - et privées : Narodni Galerie (Prague), Novotel et Axa. Le travail de Ben-Ami Koller a fait l’objet de plusieurs films, dont deux de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

Refusant la routine et l’ennui, cet artiste avait opté pour la peinture abstraite, colorée, expressionniste, lyrique, avec de hauts reliefs. Puis, il était revenu à la figuration.

« Depuis plus de deux ans déjà, j’ai orienté ma démarche vers le corps en souffrance… J’ai résolument tourné le dos à la couleur et à l’abstraction, et je suis revenu vers le corps et le visage exclusivement. Cette orientation a été en grande partie déterminée par l’histoire de ma famille ; le déclencheur fut le drame de la Shoah et de la déportation, puis mes recherches se sont étendues à un questionnement plus général sur la souffrance infligée au corps et à l’esprit. Cette préoccupation était déjà inscrite en filigranes dans mon travail depuis longtemps sans que je l’aie appréhendée clairement et sans que j’en aie fait la charnière de mon travail au point où je l’amène actuellement. Je pense que mon âge et mon vécu ont une importance énorme dans cette prise de conscience », expliquait Ben-Ami Koller, en 2008.

Synthèse de ses recherches et acquis, sa dernière série ’’Auschwitz’’ a été présentée en février 2008 à la Galerie Pierre Marie Vitoux (Paris) sous le titre « A tous les miens que je n’ai pas connus ». L'artiste y évoque la Shoah dont furent victimes ses grands-parents, la souffrance des victimes avec force, réalisme, empathie et douleur. Comme si leur âme le guidait.

Ce sont des visages émaciés aux grands yeux tristes, graves, implorants. Des corps courbés, squelettiques, déformés, suppliciés, dessinés en noir et blanc, sur des fonds parfois adoucis de gris, rose et beige.

En marge du colloque « Violences, parlons-en… », cette exposition hommage est organisée par l’association Mon Ami l’Artiste avec le soutien de la mairie d’Arles, et déclinée – concerts, conférences - dans divers lieux de la ville.

La revue Ici & Là (n° 10-11, mars 2009) a rendu hommage à cet artiste exigeant et homme attachant.
Après la Maison de la poésie (Guyancourt) au printemps 2009, la Médiathèque d’Arles-Espace Van Gogh a accueilli une exposition de 50 des derniers dessins sur papier, sous verre, de Ben-Ami Koller, décédé le 15 décembre 2008, à l’âge de 60 ans, à Montreuil, alors qu’il travaillait sur des toiles destinées à être exposées à Arles. « Tous les dessins sont réalisés à la pierre noire sur papier. Certains sont rehaussés de lavis d'encre et de pastel sec », précise Annick Dollo-Koller, sa veuve.

Au printemps 2013, l'Espace 111 a présenté l'exposition Variations du peintre Ben-Ami Koller.


A l'été 2013, l’association « Les amis de Charles Despiau et de Robert Wlérick » montrait au Centre d'art contemporain de Mont-de-Marsan des dessins dans lesquels le trait, d'encre, de fusain, de pierre noire ou de pastels secs est riche en sens. Ces « œuvres, bien au-delà de la représentation, sans jamais verser dan le narratif, s'ouvrent sur l'humanité dans ses dimensions sociales, historiques, imaginaires et sur le Réel. Elles livrent l'intimité de la chair avec ses meurtrissures de la naissance à la mort, pénètrent à l'intérieur du corps autant qu'elles délivrent leurs messages sur la condition humaine ».


"Depuis toujours le corps humain est un des plus grands thèmes de l'art particulièrement dans l'art occidental et il reste un sujet de prédilection dans l'art contemporain. Au fil du temps, le sens de ces représentations a évolué en fonction des croyances et des religions et leur diktat. En Grèce, de l'utilité incantatoire ou rituelle avec ses conventions formelles, la représentation humaine cherche à rendre compte de la réalité précise du corps jusqu'à l'idéalisation. A partir du XXe siècle, à ce corps idéalisé succèdent de nouvelles images qui tendent à annihiler l'intégralité, l'unité de la figure en lui conférant une dimension tragique, dramatique, illusoire ou dérisoire".


Ben Ami Koller, « démultipliant son trait à la pierre noire prolongé dans de larges mouvements d'éponge, parfois effacé et repris en forme de palimpseste, explore avec une puissante sensualité le corps et plus précisément le corps et le sexe de la femme. La mort qui ne s'y manifeste que par quelques signes, devient de plus e en plus prégnante dans les œuvres sur la Shoah et ses corps décharnés ».


Le Centre d'art contemporain Raymond Farbos a présenté l’exposition collective "A corps et à trait" dédiée au dessin, à travers les œuvres de six artistes remarquables, dont Ben-Ami Koller.



Pour ses 30 ans, la galerie Marie Vitoux a présenté à l'automne 2018 une exposition collective avec des oeuvres de Ben-Ami Koller.


Jusqu’au 14 septembre 2013

Au Centre d'art contemporain de Mont de Marsan
1bis-3, rue Saint-Vincent de Paul. 40000 Mont de Marsan
Tél. : 05 58 75 55 84
Du lundi au vendredi de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h, le samedi de 14 h à 18 h
Les 20 et 21 avril 2013
111, rue Stalingrad. 93100 Montreuil
Tél. : 01 48 59 64 11
De 14 h à 20 h
Vernissage le 20 avril 2013 à partir de 18 h.

Jusqu'au 5 novembre 2009

A la Médiathèque d’Arles-Espace Van Gogh
Aile sud 1er étage, Place Felix Rey, BP 240, 13200 Arles
Tél. : 04 90 18 41 20 et 06 24 51 32 05
Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h. Entrée libre
monamilartiste@gmail.com
Cet article a été publié en une version plus concise dans le n° 612, mai 2009, de L’Arche, et sur ce blog le 1er novembre 2009, puis les 18 avril et 10 juillet 2013, 29 décembre 2018.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire