vendredi 4 février 2022

Les mutilations génitales féminines

Le 6 février est la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines. Le 25 novembre est la Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le 22 juillet 2013, l’UNICEF  (Fonds des Nations unies pour l'enfance) a publié le rapport Mutilations génitales féminines/excision : aperçu statistique et étude de la dynamique des changements. Des campagnes sont menées, notamment WHOA!, pour empêcher les mutilations génitales féminines ou l'excision (MGF/E) : ablation totale ou partielle du clitoris et des petites lèvres afin de rendre douloureux les rapports sexuels, et de contrôler la sexualité féminine. Une pratique qui, si elle ne tue pas la fille, lui cause incontinence urinaire, infertilité, etc. Au moins 200 millions de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans et originaires de 31 pays ont subi une excision.


Jadis les mutilations génitales féminines n'étaient pratiquées qu'en Afrique et en Asie. Depuis plusieurs décennies, en raison d'une immigration familiale provenant de ces continents, elles sont apparues en Occident - Europe, Amérique du nord - qui a adopté des actions diverses pour les prévenir et sanctionner ceux qui les commettent.

Le 26 novembre 2012, une résolution par le Comité des droits de l'homme de l'Assemblée générale de l'ONU a été adoptée. Elle exhorte à l'interdiction internationale de la mutilation génitale féminine

Le nombre d'excisions dans le monde est sous-évalué par les Nations unies.


Classification
Les mutilations sexuelles féminines se classent en quatre catégories:

Clitoridectomie : l’ablation partielle ou totale du clitoris (petite partie sensible et érectile des organes génitaux féminins) et, plus rarement, seulement du prépuce (le repli de peau qui entoure le clitoris).
Excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres (qui entourent le vagin).
Infibulation : rétrécissement de l'orifice vaginal par la création d'une fermeture, réalisée en coupant et en repositionnant les lèvres intérieures, et parfois extérieures, avec ou sans ablation du clitoris.
Autres : toutes les autres interventions préjudiciables au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.
Aucun bienfait pour la santé, seulement des dangers
Les mutilations génitales féminines ne présentent aucun avantage pour la santé et sont préjudiciables à bien des égards aux filles et aux femmes. Elles comportent l’ablation de tissus génitaux normaux et sains ou endommagent ces tissus et elles entravent le fonctionnement naturel de l’organisme féminin.

Les complications immédiates peuvent être une douleur violente, un état de choc, une hémorragie, le tétanos ou une septicémie (infection bactérienne), la rétention d'urine, l’ulcération génitale et une lésion des tissus génitaux adjacents. Les conséquences à long terme sont notamment :
- des infections récurrentes de la vessie et des voies urinaires;
- des kystes;
- la stérilité;
- un risque accru de complications lors de l'accouchement et de décès des nouveau-nés;
- la nécessité de pratiquer ultérieurement de nouvelles opérations chirurgicales. Par exemple, en cas de fermeture ou de rétrécissement de l'orifice vaginal, il faudra procéder à une réouverture pour permettre à la femme d’avoir des rapports sexuels et d’accoucher. Ainsi, l’orifice vaginal est parfois refermé à plusieurs reprises, y compris après un accouchement, ce qui accroît et multiplie les risques immédiats et à long terme.
Bien qu’aucune raison médicale ne justifie la pratique des mutilations génitales féminines, celles-ci sont le plus souvent exécutées par des professionnels de la santé dans de nombreux pays, ce qui représente l’un des plus grands obstacles à leur abandon. Une analyse récente des données disponibles démontre en effet que plus de 18% des filles et des femmes qui ont subi des mutilations génitales ont eu cette procédure pratiquée par un prestataire de soins de santé. Dans certains pays, ce nombre s’élève à 74%.

Quelles sont les populations exposées?
Les mutilations génitales sont principalement pratiquées sur des filles, dès la petite enfance et jusqu’à l'âge de 15 ans ou, à l'occasion, sur des femmes adultes.

En Afrique, près de 3 millions de jeunes filles risquent de subir chaque année des mutilations génitales féminines.

Environ 200 millions de filles et de femmes dans le monde vivent aujourd’hui avec des séquelles dues à des mutilations génitales. On estime qu'en Afrique, près de 92 millions de jeunes filles, âgées de dix ans et plus, ont subi des mutilations génitales.

Ces pratiques sont plus courantes en Afrique de l'ouest, de l'est et dans le nord-est du continent africain, ainsi que dans certains pays d'Asie et du Moyen-Orient, de même qu’au sein de certaines communautés d'immigrants en Amérique du Nord et en Europe.

Facteurs culturels, religieux et sociaux
Les causes des mutilations génitales féminines impliquent des facteurs à la fois culturels, religieux et sociaux au sein des familles et des communautés.

Là où les mutilations génitales relèvent d'une convention sociale, la pression sociale qui incite à se conformer à ce que font ou ont fait les autres constitue une forte motivation pour perpétuer cette pratique.
Les mutilations génitales sont souvent considérées comme faisant partie de la nécessaire éducation d'une fille et de sa préparation à l'âge adulte ou au mariage.
Cette pratique est également souvent motivée par des croyances relatives à ce qui est considéré comme étant un comportement sexuel approprié, lié à la virginité prénuptiale et à la fidélité. Selon les croyances de nombreuses communautés, les mutilations génitales réduiraient en effet la libido féminine, ce qui aiderait les femmes à résister aux actes sexuels « non appropriés ». Lorsqu'une ouverture vaginale est obstruée ou rétrécie, la crainte de douleurs en cas de réouverture, et la peur que cette réouverture soit découverte, sont censées décourager les femmes d’avoir des relations sexuelles « non appropriées ».
Les mutilations génitales sont aussi associées à des idéaux culturels de féminité et de modestie, selon lesquels les jeunes filles seraient « propres » et « belles » après l'ablation de certaines parties de leur anatomie considérées comme « masculines » ou « pas propres ».
Bien qu'aucun texte sacré ne prescrive cette intervention, celles et ceux qui la pratiquent pensent souvent qu'elle a un fondement religieux.
Les autorités religieuses adoptent des positions variables à l'égard des mutilations génitales féminines : certaines les préconisent, d'autres les considèrent comme étrangères à la religion et d'autres encore contribuent à leur élimination.
Les structures locales du pouvoir et de l'autorité, tels que les dirigeants communautaires, les chefs religieux, les circonciseurs et même certains agents de santé peuvent contribuer à conforter cette pratique.
Dans la plupart des sociétés, les mutilations génitales féminines sont considérées comme étant une tradition culturelle. Il s’agit d’un argument souvent avancé pour les perpétuer.
Dans certaines sociétés, l'adoption récente de cette pratique s'explique par la volonté de reproduire les traditions de groupes voisins. On trouve parfois à l’origine de la pratique de mutilations génitales féminines un mouvement de recrudescence religieuse ou de traditions.
Des mutilations génitales sont également pratiquées par des nouveaux groupes lorsqu'ils arrivent dans des régions où les populations locales les pratiquent.
L’action du FNUAP
Depuis 2008, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) codirigent le plus grand programme mondial visant à accélérer l’abandon des mutilations génitales féminines et à soigner leurs conséquences. Ce programme travaille aux niveaux communautaire, national, régional et international pour sensibiliser aux conséquences néfastes des mutilations génitales et permettre aux communautés, ainsi qu’aux femmes et aux filles, d’abandonner ces pratiques.

Le FNUAP contribue à renforcer les services de santé afin de prévenir la pratique des mutilations génitales et de soigner les complications qu'elles peuvent entraîner.

Le Fonds des Nations Unies pour la population travaille également avec des organisations de la société civile, qui organisent des séances d'information et de dialogue dirigées par les communautés elles-mêmes. Ces activités se concentrent sur les questions de santé et de respect des droits de l'homme. Le Fonds travaille aussi avec les chefs religieux et traditionnels afin de dissocier les mutilations génitales féminines du religieux et de rallier leur soutien à l'abandon de ces pratiques. Enfin, le FNUAP mène des activités en partenariat avec les médias afin d’encourager le dialogue au sujet des mutilations génitales et de modifier le point de vue des filles qui n’ont pas encore subi de mutilation génitale".

Rapports de l'UNICEF 
« Plus de 125 millions de femmes et de filles en vie aujourd’hui ont subi des les mutilations génitales féminines ou l’excision (MGF/E) et 30 millions de filles risquent encore l’excision au cours de la prochaine décennie » bien que, selon ce rapport de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) en 2013, « la majorité de la population des pays où se concentrent les MGF/E s’oppose à ces pratiques néfastes ».

Ce  rapport de l'UNICEF en 2013 « présente la compilation la plus complète à ce jour de données et d’analyses sur le sujet ». Il  s’appuie sur les données de plus de 70 enquêtes représentatives de la situation nationale menées sur une période de 20 ans, et dans 29 pays : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Iraq, Kenya, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République-Unie de Tanzanie, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tchad, Togo et Yémen.

« Des enquêtes menées dans les 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient où les MGF/E perdurent montrent que les filles risquent moins l’excision qu’il y a 30 ans et que l’adhésion à cette pratique décline, même dans les pays où elle reste quasi universelle, comme l’Égypte et le Soudan… Le rapport montre l’écart qui existe entre l’opinion personnelle des gens à propos des MGF/E et un sentiment d’obligation sociale solidement enraciné qui explique pourquoi cette pratique perdure, d’autant plus qu’il reste difficile d’aborder ouvertement cette question intime et sensible… Le rapport de l’UNICEF conclut, d’après les enquêtes menées, que non seulement la majorité des femmes et des filles est contre cette pratique, mais qu’un nombre important d’hommes et de garçons y est opposé. Dans trois pays (la Guinée, la Sierra Leone et le Tchad), les hommes sont plus nombreux que les femmes à vouloir y mettre fin. Si les MGF/ E ont été pratiquement abandonnées par certains groupe et dans certains pays, elles restent courantes dans beaucoup d’autres, en dépit des risques sanitaires qu’elles font courir aux filles, et cela même là où la loi les interdit et où les gouvernements et les ONG tentent de convaincre les communautés d’y mettre fin. En Somalie, en Guinée, à Djibouti et en Égypte, les MGF/E restent quasi universelles : près de neuf femmes et filles sur dix ont été excisées dans le groupe des 15 à 49 ans. Et on ne discerne aucune baisse dans des pays comme la Gambie, le Mali, le Sénégal, le Soudan, le Tchad ou le Yémen ».

« En termes de tendances, le rapport note que dans plus de la moitié des 29 pays où les MGF/E sont concentrées, les filles d’aujourd’hui risquent moins d’être excisées que leur mère. Celles de 15 à 19 ans sont trois fois moins susceptibles d’avoir subi des MGF/E que les femmes de 45 à 49 ans au Kenya et en République-Unie de Tanzanie. La prévalence a baissé de près de moitié chez les adolescentes du Bénin, d’Iraq, du Libéria, du Nigéria et de la République centrafricaine ».

« Les MGF/E constituent une violation du droit des filles à la santé, au bien-être et à l’autodétermination, a dit Mme Geeta Rao Gupta, Directrice générale adjointe de l’UNICEF. Ce qui ressort du rapport, c’est qu’il ne suffit pas de légiférer. Ce qu’il faut à présent, c’est laisser les femmes et les filles, les hommes et les garçons, s’exprimer avec force et clarté pour annoncer qu’ils souhaitent l’abandon de cette pratique néfaste. »

Le rapport « propose quelques mesures cruciales pour éliminer les MGF/E :
- Tenir compte des traditions culturelles locales plutôt que s’y opposer et reconnaître que les attitudes envers les MGF/E varient selon les groupes à l’intérieur et au-delà des frontières nationales ;
- Chercher à modifier les attitudes individuelles envers les MGF/E tout en intégrant les attentes profondément enracinées des groupes sociaux plus larges ;
- Trouver les moyens de rendre visibles les attitudes secrètement favorables à l’abandon des MGF/E, pour que les familles sachent qu’elles ne sont pas seules. Il s’agit là d’une étape cruciale pour arriver à la masse critique nécessaire et entraîner une réaction en chaîne contre les MGF/E ;
- Renforcer les contacts entre groupes qui pratiquent encore les MGF/E et ceux qui ne le font plus ;
- Promouvoir l’abandon des MGF/E tout en améliorant le statut et les perspectives des filles, plutôt que de défendre des formes plus bénignes, comme une circoncision « symbolique » ;
- Continuer de recueillir des données pour éclairer les politiques et programmes, élément crucial des initiatives visant à éliminer les MGF/E ».

Le 22 juillet 2014, l'UNICEF a publié un rapport sur l'excision et appelé "à renforcer la lutte contre les mutilations génitales féminines, l'excision et les mariages précoces". Des données publiées par l'UNICEF ont montré "que si la prévalence des mutilations génitales féminines/l'excision (MGF/E) et du mariage précoce a légèrement diminué au cours des trois dernières décennies, une intensification considérable des efforts menés actuellement est nécessaire pour compenser la croissance démographique des pays où ces pratiques sont très répandues".

« Les MGF/E et le mariage précoce causent aux filles un tort grave et irréparable, en les privant de leur droit de faire leurs propres choix et de réaliser leur plein potentiel. Ils sont néfastes pour elles, mais aussi pour leurs familles et la société dans son ensemble. Les filles ne sont pas une marchandise et ont le droit de prendre en main leur destin, et il va de l'intérêt de tous qu'elles puissent le faire », a déclaré Anthony Lake, Directeur général de l'UNICEF.

L'UNICEF évalue à plus de 130 millions le nombre "de filles et de femmes ont subi une forme de MGF/E dans les 29 pays d'Afrique et du Moyen-Orient où ces pratiques néfastes sont courantes. Au-delà de la souffrance physique et psychologique, elles peuvent conduire à des hémorragies prolongées, des infections, la stérilité, voire à la mort".

"En moyenne, une adolescente court aujourd'hui environ un tiers de moins de risques qu'il y a 30 ans de subir des MGF/E. Au Kenya et en Tanzanie, le taux de prévalence a baissé de deux tiers sur la même période, grâce à la législation ainsi qu'à des actions communautaires. En République centrafricaine, en Iraq, au Libéria et au Nigéria, ce taux a été divisé par deux. Les attitudes évoluent également, comme le montrent des données récentes, indiquant que la majorité de la population des pays qui pratiquent les MGF y est opposée, mais continue de les imposer à leurs filles en raison d'une forte pression sociale".

Cependant, "sans des efforts soutenus et renforcés de l'ensemble de la société, des centaines de millions de filles subiront à leur tour un préjudice grave, permanent et totalement injustifié".

« Ces chiffres nous alertent sur la nécessité d'intensifier nos efforts, car il ne faut pas oublier qu'ils représentent des personnes bien réelles. S'il s'agit d'enjeux mondiaux, les solutions doivent être élaborées à l'échelle locale par les communautés, les familles et les filles elles-mêmes pour faire évoluer les mentalités, et briser l'engrenage des MGF/E et du mariage précoce. Ces chiffres stupéfiants n'ont rien d'une fatalité, ils sont bien au contraire un appel à l'action », a souligné M. Lake.

Actualités
Le 24 juillet 2014, la numéro deux de l'ONU en Irak, Jacqueline Badcock, a affirmé que "les djihadistes de l'Etat islamique (EI, anciennement Etat islamique en Irak et au Levant) avaient ordonné que les femmes âgées de 11 à 46 ans de la région de Mossoul, dans le nord de l'Irak, subissent des mutilations génitales. L'Etat islamique a lancé une offensive sur l'Irak en juin pour y proclamer un califat, et contrôle la région depuis le mois dernier. Selon la radio publique américaine NPR, un porte-parole de l'EI à Mossoul, joint par téléphone, a démenti cette affirmation. Les mutilations génitales ne sont pas fréquentes en Irak, et ne concernent que « quelques régions isolées », a précisé Mme Badcock depuis l'Irak, lors d'une vidéoconférence organisée à Genève" L'EI a nié ces allégations. Elle se fondait sur un document posté sur Twitter le 23 juillet. Des médias ont enquêté et découvert que cette rumeur avait circulé en juillet 2013 en... Syrie. Curieusement, si des médias ont remis en doute l'affirmation de cette correspondante de l’ONU en Irak en charge de l’humanitaire, ils n'ont pas remis en doute les allégations de dirigeants de l'UNRWA ou les résolutions d'autres instances onusiennes anti-israéliennes.

Le 30 octobre 2014, à Nairobi (Kénya), Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU,  a exhorté à mettre fin à l’excision « au cours de cette génération, notre génération ». Il a lancé une campagne mondiale contre cette pratique qui touche, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 125 millions de femmes dans 129 pays. Il a annoncé cinq Prix internationaux incitant des journalistes importants au Kénya à écrire des articles sur ces mutilations (FGM) et cofinancés par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP)  et le quotidien britannique, le Guardian. Un exemple qui serait suivi dans d'autres pays africains. En février 2014, Maggie O'Kane, journaliste au Guardian, a lancé une campagne visant à mettre fin aux excisions en Afrique via les médias, popular soaps, annonces publicitaires et réseaux sociaux : environ six mille filles sont excisées chaque jour. A la suite d'une pétition, le gouvernement britannique d'enseigner, dès l'école, sur les dangers de l'excision. Maggie O'Kane évalue à environ 20 000 le nombre de filles exposées aux MGF au Royaume-Uni.

Selon un rapport rendu public le 10 mai 2015 par le ministère égyptien de la Santé, environ 92% des Égyptiennes mariées (15-49 ans) ont été excisées. La majorité l'a été entre neuf et douze ans, et 31% ont été excisées par un médecin. Le taux d'excision va de 39,3% dans les villes à 95% dans les zones rurales. Plus de 50% des Égyptiennes mariées sont en faveur de l'excision et pensent que cette dernière correspond à une prescription religieuse, et 30% sont favorables à son interdiction. En 2008, l'Egypte a interdit l'excision, et a sanctionné cette pratique par une peine de prison de trois mois à deux ans et une amende. Un rapport de l'UNICEF de 2013 a révélé que l'Egypte a le nombre total de femmes excisées le plus élevé au monde, avec 27,2 millions de personnes.

"Bien que des organisations internationales sérieuses, telles que l'OMS, l'UNICEF ou les CDCP Américains, ont répertorié de nombreuses conséquences sanitaires néfastes chez les filles et les femmes ayant subi ces formes d'excision, il est très surprenant de constater que la plupart des procédures de l'E/MGF sont pratiquées, de nos jours, par du personnel de la santé, notamment des infirmières et des sages femmes. Ce qui est encore plus surprenant c'est qu'en Egypte, par exemple, non seulement plus de 70% de ces interventions sont pratiquées par des médecins féminins mais qu'en plus elles se passent, pour la plupart du temps, chez les parents des victimes, quelquefois sans anesthésiques. Enfin, une simple question s'impose: comment peut-on expliquer que des femmes médecins, ayant reçu une éducation élevée en santé publique, peuvent justifier ces pratiques et continuent à être impliquées, au 21e siècle, dans ce jeu traditionnel anti-féminin ?", écrit Abdellaziz Ben-Jebria, ancien chercheur à l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), dans le Huffington ¨Post.

En juin 2015 est entrée en vigueur la loi - Violence Against Persons (Prohibition) Act 2015 - prohibant des mutilations génitales et votée le 5 mai par le Sénat du Nigeria.

Le 25 novembre est la Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. En 2015, on "estime que plus de 133 millions de filles ont subi une forme de mutilation génitale féminine dans les 29 pays d'Afrique et du Moyen-Orient où la pratique dangereuse est la plus courante".

Le 6 février est la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines. "Thème 2017 : « Bâtir un pont solide et interactif entre l'Afrique et le monde afin d'accélérer l'abandon des mutilations génitales féminines. »

Les mutilations génitales féminines recouvrent l’ensemble des interventions qui consistent à altérer ou à léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. Elles sont reconnues au niveau international comme étant une violation des droits fondamentaux des femmes et des filles.

Elles sont le reflet d'une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l'égard des femmes et des filles. Ces pratiques violent également leurs droits à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, le droit d'être à l'abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsque ces pratiques ont des conséquences mortelles.

Pour encourager l’abandon des mutilations génitales féminines, il faut mettre en œuvre des initiatives coordonnées et systématiques mais aussi impliquer l’ensemble des communautés sur la question des droits fondamentaux et celle de l’égalité de sexes. Ces initiatives doivent mettre l’accent sur le dialogue social et permettre aux communautés d’agir elles-mêmes, collectivement, en vue d’éliminer cette pratique. Elles doivent aussi pouvoir répondre aux besoins des femmes et des filles qui subissent les conséquences de cette pratique, en particulier en matière de santé sexuelle et reproductive.

Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) dirigent conjointement le plus grand programme mondial visant à accélérer l’abandon des mutilations génitales féminines. Ce Programme conjoint FNUAP-UNICEF est concentré dans 17 pays africains et soutient également différentes initiatives régionales ou internationales. Les 17 objectifs de développement durable (ODD), adoptés en septembre 2015, visent à transformer notre monde au cours des quinze prochaines années. Ils poursuivent les efforts menés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), de 2000, qui ont amélioré la vie de millions d’individus à travers le monde.

Le FNUAP travaille avec les gouvernements, différents partenaires et d’autres institutions des Nations Unies afin d’atteindre ces objectifs, en particulier l’objectif 3 sur la bonne santé et le bien-être, l’objectif 4 sur l’éducation et l’objectif 5 sur l’égalité entre les sexes, tout en contribuant également à la réalisation des autres ODD.

Chiffres clés:
200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi l’une ou l’autre forme de mutilation génitale féminine.
Si cette tendance perdure, 3 millions de jeunes filles risquent de subir des mutilations génitales féminines chaque année .
44 millions de jeunes filles âgées de moins de 14 ans ont subi des mutilations génitales féminines, principalement en Gambie (56%), en Mauritanie (54%) et en Indonésie, où environ la moitié des filles âgées de moins de 11 ans ont subi cette pratique.
Les pays qui présentent le plus haut taux de prévalence de cette pratique parmi les filles et les femmes âgées de 15 à 49 ans sont la Somalie (98%), la Guinée (97%) et Djibouti (93%).
Les mutilations génitales féminines provoquent des saignements importants et des problèmes de santé tels que des kystes, des infections, l’infertilité, des complications à l’accouchement ou des risques plus élevés de décès chez le nouveau-né.
Les mutilations génitales féminines sont pratiquées principalement sur des jeunes filles entre la petite enfance et l’âge de 15 ans.
Les mutilations génitales féminines violent les droits fondamentaux des femmes et des filles.
Les objectifs de développement durable, et plus particulièrement l'objectif n°5, appellent à mettre un terme aux mutilations génitales féminines d'ici à 2030. La cible 5.3 vise à « Éliminer toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine. »
L'élimination des mutilations génitales féminines a fait l'objet de nombreux appels de la part d'organisations intergouvernementales, notamment l'Union Africaine, l'Union Européenne et l'Organisation de la Coopération Islamique. Elle a également fait l'objet de trois résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies".

Les "mutilations génitales féminines (MGF) sont considérées au niveau international comme une violation des droits des filles et des femmes. Elles reflètent une profonde inégalité entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes. Étant donné qu’elles sont souvent pratiquées sur des mineurs d’âge, elles constituent aussi une violation des droits de l’enfant.

Ces pratiques violent également les droits à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, le droit d'être à l'abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu'elles ont des conséquences mortelles.

On rencontre ces pratiques principalement dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient mais les mutilations génitales féminines restent cependant un problème universel, étant donné qu’elles sont aussi pratiquées dans certains pays d'Asie et d'Amérique latine.

Les mutilations génitales féminines persistent aussi parmi les populations immigrées qui vivent en Europe occidentale, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Les mutilations génitales féminines existent depuis des centaines d’années mais plusieurs preuves scientifiques démontrent qu’elles pourraient être éliminées en une génération. Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) dirigent conjointement le plus grand programme mondial visant à accélérer l’abandon des mutilations génitales féminines. Ce Programme conjoint FNUAP-UNICEF est concentré dans 17 pays africains et soutient également différentes initiatives régionales ou internationales.

Le 20 décembre 2012, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution Résolution A/RES/67/146 par laquelle elle engage les États, le système des Nations Unies, la société civile et tous les acteurs concernés à continuer de célébrer le 6 février la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines et à saisir l’occasion de cette journée pour intensifier les campagnes de sensibilisation et prendre des mesures concrètes contre les mutilations génitales féminines.

En décembre 2014, l’Assemblée générale a également adopté sans vote la résolution Résolution A/RES/69/150 par laquelle elle engage les États à mettre davantage l’accent sur la formulation de stratégies globales de prévention des mutilations génitales féminines, y compris à travers la formation des prestataires de soins, la société civile, les dirigeants locaux et les chefs religieux et faire en sorte qu’ils s’emploient à éliminer toutes les formes de mutilations génitales féminines aux conséquences préjudiciables pour les femmes et les filles. Cette résolution reconnaît également qu’il est nécessaire d’intensifier la lutte pour l’élimination des mutilations génitales féminines et de lui accorder toute l’attention voulue lors de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.

Le 4 février 2022, ONU Femmes a déclaré :
"La croissance démographique rapide prévue chez les jeunes filles dans les pays à forte prévalence de la pratique pourrait voir environ 4,6 millions de filles subir des MGF chaque année d'ici 2030. Nous ne devons pas permettre que cela se produise. En travaillant ensemble - l'ONU, les États membres - la société civile et d'autres - nous devons mettre en commun nos connaissances pour atténuer le risque grave pour une nouvelle génération de femmes et de filles...
En éliminant les MGF, nous savons qu'une collaboration renforcée et des approches dirigées par la communauté font une différence cruciale. En Somalie, qui a la plus forte prévalence mondiale de MGF avec 98 % de femmes et de filles âgées de 15 à 49 ans, un partenariat entre ONU Femmes et la Fondation Ifrah engage les anciens, les chefs religieux, les femmes, les hommes et les jeunes dans plaidoyer conjoint pour mettre fin aux MGF et aux autres formes de violence sexiste. L'approche comprend une sensibilisation communautaire et des activités visant à lutter contre les normes et attitudes sociales néfastes. Au Libéria, avec le soutien de l' initiative Spotlight.
UE-ONU, le Conseil national des chefs et des anciens du Libéria ont pu renforcer leur surveillance des écoles de brousse utilisées pour pratiquer les MGF. Grâce à des initiatives comme celle-ci, la surveillance soutenue des MGF s'est avérée durable et résiliente, même en raison de la perturbation de nombreux services essentiels causée par la pandémie de COVID-19. En fait, grâce à la formation, les communautés ont diffusé des messages sur la prévention à la fois du COVID-19 et des MGF.
L'élimination des MGF nécessitera des approches concertées et holistiques qui s'attaquent à la discrimination sexuelle, à la pauvreté, à l'impact des crises et aux obstacles au leadership des femmes. Les systèmes de protection de l'enfance existants doivent être renforcés. L'élimination des MGF et de la violence à l'égard des femmes et des filles doit également être intégrée dans des plans d'action nationaux plus larges sur l'égalité des sexes, ainsi que dans des plans de prévention, d'intervention et de rétablissement face à la COVID-19.
Nous nous rapprochons de plus en plus de l'échéance de 2030 pour atteindre les objectifs de développement durable, qui incluent l'objectif d'éradiquer les MGF. Il ne faut pas laisser tomber cette génération. Nous appelons tous nos partenaires et alliés à s'engager dans l'action collective nécessaire pour faire avancer les choses."

MGF/E en Europe et Amérique du Nord
« Les mutilations féminines génitales touchent 140 millions de femmes et sont imposées chaque année à trois millions de bébés et de filles âgées de moins de 15 ans dans le monde selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé. C’est une pratique ordinaire dans 28 Etat africains et dans certaines zones du Moyen-Orient. C’est aussi un phénomène en augmentation parmi les communautés immigrées en Europe et en Amérique du Nord. Des statistiques du Parlement européen révèlent qu’environ 500 000 femmes habitant en Europe ont subi cette forme de violence et près de 180 000 femmes risquent chaque année de le subir », a déclaré Fiamma Nirenstein, présidente du Conseil international des parlementaires Juifs (ICJP) qui a condamné ces mutilations le 6 février 2012.

L’ICJP a estimé nécessaire de travailler avec les communautés immigrées en Europe pour éradiquer l’idée qu’une femme non infibulée est impure, appelle la communauté internationale à soutenir la campagne internationale visant à l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies d’une résolution interdisant ces mutilations dans le monde et s’engage à promouvoir des législations nationales « visant à éradiquer cette pratique cruelle ».

MGF/E en Europe et Amérique du Nord
En France, en 2014, le défenseur des droits a lancé une campagne de prévention de l'excision à l'approche des vacances estivales 2014. Des familles originaires d'Afrique sub-saharienne se mobilisent pour éviter que leurs filles, lors des vacances estivales dans leur pays d'origine, ne subissent l'excision : ils recourent à des médiateurs, sollicitent le statut de réfugiés, obtiennent un certificat de non-excision, etc.

Le 21 septembre 2015, en fin du colloque international sur la liberté d'expression, le dessinateur français Plantu a déclaré qu'un tiers des femmes accouchant en Seine-Saint-Denis, banlieue au nord de Paris, ont subi des mutilations sexuelles. Lors de l'intervention dans une école de Marseille dans le cadre de Cartooning for Peace, association que Plantu préside, ce dernier a été surpris d'entendre des élèves réagirent au dessin d'un Soudanais sur les mutilations sexuelles de petites filles, en disant : "Où est le problème ? C'est leur culture".

« Tolérance zéro » à "l'égard des mutilations génitales : une campagne a été lancée le 5 février 2018, à la veille de la journée mondiale contre l'excision, pour sensibiliser les adolescentes à ces violences qui touchent près de trois millions de jeunes filles chaque année dans le monde. Trois adolescentes sur dix qui résident en France sont menacées de subir des mutilations sexuelles, notamment lors de vacances dans le pays d'origine de leurs parents, selon le réseau d'association Excision, parlons-en!, à l'origine de cette campagne baptisée «Alerte excision». Jusqu'à fin juin, une vidéo de sensibilisation sera publiée sur les réseaux sociaux et des affiches au slogan «Tu pensais partir en vacances ?» seront visibles dans les panneaux publicitaires d'abribus des grandes villes. Selon Marion Schaefer, déléguée générale de la structure, l'excision reste un sujet «problématique» pour les 12-18 ans, qu'il est «important de relayer à l'occasion de la Journée internationale de tolérance zéro aux mutilations sexuelles féminines». « Le problème de l'excision s'est déplacé », explique-elle à l'AFP. « Dans les années 1980, les petites filles étaient menacées, puis il y a eu des campagnes de prévention, des premiers procès retentissants... Aujourd'hui, la vigilance est plus grande pour cette tranche d'âge et ce sont davantage les ados qui sont à risque ».

"En 2016, les Nations unies dénombraient 200 millions de filles et de femmes ayant subi une forme de mutilation génitale dans les pays les plus concernés (27 pays africains, le Yémen, l'Irak ou l'Indonésie). Près de trois millions de filles sont excisées chaque année, soit six par minute. "

"En France, où cette pratique est interdite et passible d'emprisonnement, on estime à 60.000 le nombre de femmes excisées. «Le but de la campagne est de mettre la puce à l'oreille aux jeunes femmes et de leur dire "tu es peut-être à risques ou bien c'est ta voisine, ta copine, ta cousine"», ajoute Mme Schaefer, souhaitant également «susciter le déclic auprès des professeurs ou infirmières scolaires». Le site de l'association va mettre à disposition un tchat numérique pour permettre «aux jeunes de s'informer de façon anonyme et gratuite auprès de professionnelles».

Lors de la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, le "25 novembre 2017, en décrétant l'égalité femmes-hommes «grande cause du quinquennat», le Président de la République Emmanuel Macron avait évoqué l'excision, promettant de «traquer partout ceux qui pratiquent cette barbarie». Il avait "également demandé d’avoir « une attention toute particulière pour les femmes migrantes qui fuient leur pays car elles cherchent aussi à fuir l’excision pour elles-mêmes et leurs petites filles ». Environ 60.000 femmes excisées vivent sur le territoire français et 500.000 au sein de l’Union européenne, selon les chiffres dévoilés en mars 2017 par le réseau associatif Excision, parlons-en !"

Le 16 mai 2018, les sénatrices françaises Maryvonne Blondin et Marta de Cidrac ont présenté un rapport, fait au nom de la délégation aux droits des femmes, et intitulé Mutilations sexuelles féminines : une menace toujours présente, une mobilisation à renforcer. Ce rapport souligne l'importance que perdure la compétence de la Cour d'assises en matière d'excision.

Les "auditions réalisées permettent de considérer qu’en France, l'excision concerne principalement des femmes originaires du Mali,  du Sénégal, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire et de la Guinée ainsi que, dans une moindre mesure, leurs filles nées en France. Aussi, selon l'INED (Institut national d’études démographiques), 45 % des femmes vivant en France et nées dans l’un de ces Etats seraient mutilées. Le nombre de femmes adultes concernées dans l’hexagone est quant à lui estimé, par ce même institut, entre 42 000 et 61 000. A propos du type de mutilations, selon une étude publiée par la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) en novembre 2013, 80 % des victimes de mutilation sexuelle féminine en France ont subi une excision. La part de femmes ayant subi une infibulation n’était cependant pas « négligeable », puisqu’elle atteint 15 %. Pour les 5 % restant, le Docteur Pierre Foldès, pionnier de la chirurgie réparatrice des MGF, signale « l'apparition de nouvelles formes de mutilations », telles les « scarifications vaginales ou le repassage de la poitrine » et l’extraordinaire inventivité des mutilateurs… Les statistiques mettent aussi en évidence un certain « décrochage générationnel », bien que de nombreux observateurs demeurent circonspects quant à la réalité de cette évolution. Ainsi, selon une enquête de l'INED réalisée entre 2007 et 2009 auprès de 2 882 adultes migrantes ou filles de migrants : 685 (soit 23,7 %) ont été victimes de mutilations sexuelles, alors qu’au début des années 1980, on estimait que 80 % des mères originaires de pays où se pratiquaient les mutilations sexuelles féminines étaient excisées. La France est longtemps apparue comme une nation pionnière dans la lutte contre les MGF. Pour qu’elle conserve cette position, les rapporteuses appellent en tout premier lieu au renforcement des moyens de la médecine scolaire, « indispensable au repérage des victimes et à la protection des petites filles et des adolescentes contre l'excision ». Plus globalement, elles recommandent que tous les personnels de l'éducation nationale soient sensibilisés aux risques encourus par les jeunes filles élèves de l'enseignement primaire et secondaire en cas de séjours dans les pays d'origine de leur famille. Elles suggèrent aussi que soit envisagé un recensement systématique, par les établissements d'enseignement secondaire, des jeunes filles qui quittent le collège sans motif, à l'âge de l'obligation scolaire, afin de mieux identifier les victimes potentielles de mutilations sexuelles féminines. Elles estiment enfin que les mineures excisées qui accouchent dans les hôpitaux français devraient faire l’objet d'un signalement", a résumé Frédéric Haroche dans Le Journal international de médecine.

A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les mutilations sexuelles féminines, le gouvernement a présenté, jeudi 6 février 2020, un premier bilan de son plan de lutte contre l'excision. Lancé en juin 2019 par Marlène Schiappa, secrétaire d'État en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, ce plan d'une quinzaine de mesures a ainsi pour but de combattre une pratique qui, encore aujourd'hui, concerne des dizaines de milliers de femmes dans le monde, surtout en Afrique, mais aussi en France.

"En 2007, l’Institut national d’études démographiques (Ined) avait ainsi évalué à 60.000 le nombre de femmes victimes de mutilations génitales et excisées vivant dans l'Hexagone." En 2019, "en France, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), le nombre de femmes adultes excisées s’élève à 124.355 alors qu’elles n’étaient que 62.000 au milieu des années 2000.[…]"

"Reconnaissant un besoin d'estimer plus précisément ce phénomène, et répondant par là même à une demande émise de longue date par les associations, Marlène Schiappa a ainsi annoncé jeudi, depuis la maison des Femmes à Paris, que 60.000 euros vont être débloqués pour établir une étude fiable de la prévalence de ces mutilations. De même, pour mieux quantifier et prendre en charge les victimes, le gouvernement a indiqué qu'il allait organiser un signalement «systématique» des filles, adolescentes et femmes mutilées qui accouchent dans les maternités du pays. Ces éléments quantitatifs sont «indispensables», a tenu à affirmer la ministre, puisqu'ils devraient permettre, a-t-elle dit, de mieux évaluer et, surtout, de combattre ces actes de torture". 

"Plus largement, huit mois après la présentation de son plan de lutte, Marlène Schiappa a assuré que tous les axes de sa feuille de route avaient été mis en application depuis et cela dans leur intégralité. En matière d'éducation et de sensibilisation, le gouvernement a notamment soutenu «Alerte excision», une campagne de lutte avec un site internet dédié, un tchat en ligne et, parce que le public à risque a entre 12 et 18 ans, une forte présence sur les réseaux sociaux".

"Sur le terrain, et plus particulièrement sur les territoires où les phénomènes de mutilations sexuelles féminines tendent à être plus présents, le plan de lutte veut également accentuer la lutte en nouant des partenariats entre l'Etat et tous les acteurs locaux (région, département, collectivités territoriales, Agences régionales de santé, rectorats, autorités judiciaires, associations…) pour appréhender et contrer de façon globale ce fléau. Un premier partenariat de ce genre, a déjà été signé dans la ville du Havre (Seine-Maritime), a indiqué la ministre, qui veut maintenant le proposer à d'autres territoires, libres à eux ensuite de l’adapter au regard des spécificités locales." 

"Enfin, une plaquette spéciale a été éditée pour accompagner les professionnels en lien avec des enfants susceptibles d'être victimes. Elle est mise en ligne sur le site arretonslesviolences.gouv.fr."

En Suède, les services sanitaires ont découvert en 2014 que toutes les filles d'une classe d'une école à Norrkoping ont été excisées, et une partie de ces 60 écolières ont subi l'infibulation. La Suède a été le premier pays à interdire l'excision, notamment quand cette mutilation est pratiquée outre-mer.

En avril 2017, la Dr Jumana Nagarwala, âgée de 44 ans, a été accusée d'avoir réalisé ces mutilations génitales dans un cabinet médical de Livonia, dans la banlieue de Detroit (Michigan, nord), a indiqué le bureau du procureur fédéral pour l'Est du Michigan dans un communiqué. Cette urgentiste hospitalière de Detroit a été arrêtée. Elle aurait été impliquée dans cent autres cas. A l'été 2017, elle a été libérée contre une caution de 4,5 millions de dollars. C'est la première fois qu'un médecin est inculpé pour cette raison aux Etats-Unis. Les fillettes ont entre six et huit ans". Le Dr. Fakhruddin Attar, propriétaire de la clinique fermée depuis que les faits ont été rendus publics, a aussi été inculpé. En novembre 2018, le juge de district américain Bernard Friedman a statué que la interdisant l'excision était inconstitutionnelle car le Congrès n'a pas la compétence pour le faire. Il a considéré qu'elle avait appliqué une coutume religieuse de sa secte musulmane, la Dawoodi Bohra, dont le centre se trouve en Inde. Il a écrit : “As despicable as this practice may be, it is essentially a criminal assault,” Friedman wrote. “FGM is not part of a larger market and it has no demonstrated effect on interstate commerce. The commerce clause does not permit Congress to regulate a crime of this nature.” En 2012, une étude de la revue Public Health Reports évalue à plus de 500 000 le nombre de filles ayant subi l'excision ou risquant de la subir aux Etats-Unis. A la suite de ce jugement, le Connecticut envisage en février 2019 de légiférer afin d'interdire l'excision. Il vise aussi à éviter de devenir, comme d'autres Etats, la destination d'individus pratiquant l'excision.

Aux États-Unis, l'imam du centre islamique de Falls Church, en Virginie, "a recommandé au début du mois de juin 2017 de pratiquer l'excision pour éviter "l'hypersexualité" chez les femmes. Comprenant rapidement l'outrance de son discours, le leader musulman a rapidement fait marche arrière en "s'excusant devant celles et ceux qu'il a offensés".

 Tariq Ramadan "a réagi dans une vidéo publiée sur Internet. Si l'islamologue proche des Frères musulmans - conformément au double discours qu'il tient en Europe et en France notamment -, a en préambule déclaré qu'il n'était personnellement pas en faveur de cette pratique, il n'a pas condamné cet acte de barbarie, bien au contraire. "C'est controversé, mais il faut en discuter. Nous ne pouvons pas nier le fait que [l'excision] fait partie de nos traditions", a-t-il déclaré dans la vidéo. Et de poursuivre : "Il ne faut pas exposer un de nos leaders qui a servi la communauté pendant plus de trente ans. Il faut nous lever pour défendre nos opinions, et avant de réagir de manière précipitée sur quelconque sujet, nous devons avoir une discussion interne. (...) Il ne faut pas laisser les autres décider pour nous quelles sont nos priorités. Nous devons dire avec dignité et confiance : c'est à nous de décider, pas aux islamophobes ni aux racistes".

Le Guide de citoyenneté "est remis à chaque individu voulant immigrer au CanadaCe guide permet aux futurs immigrants de mieux connaître l’histoire — et les valeurs — de leur nouveau pays d’adoption. Les « méchants » conservateurs avaient inclus un avertissement soulignant que certaines « pratiques culturelles barbares » tels que les crimes d’honneur et l’excision du clitoris étaient considérées comme des crimes au Canada. Or, ce passage sera retiré", a déploré Richard Martineau (27 juillet 2017).
Arte diffusa le 12 juin 2018 à 13 h, dans le cadre de ARTE Regards, le reportage « Excisées, elles cherchent de l’aide en Allemagne » (Re: Grausames Ritual - Beschnittene Mädchen suchen Hilfe in Deutschland). « Du lundi au vendredi, un reportage raconte les Européens dans toute leur diversité. Leurs histoires ne font pas la une mais elles émeuvent, surprennent et donnent à réfléchir. En prise avec un thème d’actualité, les reportages choisis par ARTE Regards vont à la rencontre de citoyens européens et proposent une plongée inédite dans leurs réalités quotidiennes ».

Arte diffusa le 6 février 2019 "ARTE Regards - Mutilations sexuelles. Le cauchemar de l'excision en plein cœur de l'Allemagne" (Re: Grausames Ritual. Beschnittene Mädchen suchen Hilfe in Deutschland). "Les mutilations génitales sont considérées comme une violation grave des droits de la personne. On estime que 200 millions de femmes dans le monde ont été mutilées, excisées ou infibulées durant l’enfance. Des pratiques qui font encore partie du quotidien dans de nombreux pays africains."

Selon les résultats d'une récente étude publiée fin novembre 2018, les cas d'excision ont plus que doublé au Royaume-UniLes chiffres du Local Government Association (LGA) - une organisation britannique sans but lucratif - sont alarmants : ils estiment qu'entre 2017 et 2018, 1.960 jeunes filles ont été victimes, ou sont susceptibles d'avoir été victimes, d'une excision. L'année précédente, ce chiffre ne s'élevait «qu'à» 970 cas. « Ces chiffres montrent la prévalence inquiétante de l'excision, qui ruine des vies et détruit des communautés. Au moment où elles devraient se préparer à la vie adulte et profiter de leur jeunesse, aucune fille ou jeune femme ne devrait subir l'horreur de la mutilation génitale, qui est de la maltraitance d'enfant et ne peut être justifiée », a commenté Anita Lower, membre du LGA interrogée par le GuardianMais ce nombre, aussi inquiétant soit-il, n'est que la partie émergée de l'iceberg. Les experts craignent en effet que les chiffres réels ne soient bien plus importants, l'excision étant toujours un acte pratiqué à l'abri des regards. Le LGA demande désormais des fonds gouvernementaux additionnels pour financer la National FGM Center, qu'il a créée en partenariat avec l'organisation caritative Barnardo's. Depuis deux ans et demi, le centre «forme les assistants sociaux à mieux identifier les filles qui risquent de subir cette pratique», dans l'espoir d'empêcher de nouvelles excisions, a expliqué le directeur, Leethen Bartholomew, au GuardianLe rapport indique également que d'autres formes d'abus sont en hausse : la sorcellerie, par exemple, a augmenté de 12%."

Âgée de 37 ans, née en Ouganda, une mère, qui avait mutilé sa fille alors âgée de trois ans, a été en février 2019 la première personne en Grande-Bretagne à avoir été reconnue coupable d'avoir effectué une MFG en 2017. Sa fillette avait perdu beaucoup de sang, et avait du être hospitalisée. La mère avait dit à sa fille de mentir et de dire à la police qu'elle s'était blessée en tombant. Durant la détention en prison de la prévenue, la police avait trouvé dans son domicile de l'east London des objets liés à la sorcellerie. C'est le quatrième procès pour MFG ; les trois précédents avaient abouti à des acquittements.

Dr Denis Mukwege
Né en 1955 à Bukavu (alors au Congo belge), Denis Mukwege est un gynécologue, "militant des droits de l'homme kino-congolais", et pasteur chrétien évangélique pentecôtiste.

Appelé « l'homme qui répare les femmes », il été distingué par d'éminentes récompenses - prix Sakharov en 2014 et le Prix Nobel de la Paix en 2018 - pour son engagement contre les mutilations génitales dont sont victimes les femmes en République démocratique du Congo.

Afrique
Le 10 mars 2013, Habib Ellouze, député tunisien du parti islamiste député d'Ennahda (Frères musulmans), a qualifié  l'excision d'opération "de chirurgie esthétique pour la femme".

En juin 2013, Suhair al-Bata'a, âgée de 13 ans, est morte dans un village au nord-est du Caire (Egypte) après qu'un médecin ait pratiqué sur elle une excision.

Au Cameroun, l'Etat lance avec l'appui de l'OMS des "campagnes contre l'excision afin de l'éradiquer" et paie des exciseuses pour qu'elles cessent de pratiquer ces mutilations. Cependant, nombre de ces exciseuses encaissent les aides financières publiques et continuent de pratiquer l'excision.

Le 3 septembre 2016, le "député égyptien Ilhami Agina a été interviewé sur Al-Hayat pour avoir pris la défense des mutilations génitales féminines. Il a expliqué que plus de 50 % d’Egyptiens souffriraient d’impuissance et seraient incapables de satisfaire des femmes non excisées. Le ton est monté, l’animateur Tamer Amin défendant la virilité des hommes égyptiens, « les plus virils au monde », selon lui".

"Depuis quelques années, [la Guinée] connaît une recrudescence des violences faites aux femmes, notamment au travers du mariage d’enfants, des mutilations génitales, des abus sexuels. Ces situations tragiques constituent une grave violation des droits humains et une menace à l’intégrité physique et morale des victimes. Aujourd’hui, il y a urgence. La presque totalité de nos fillettes subissent des mutilations génitales (97 %), et notre Guinée occupe toujours le deuxième rang mondial des pays qui font perdurer cette pratique. Nos mamans subissent toute leur vie les conséquences de ces mutilations. Certaines souffrent d’une stérilité irréversible, d’autres connaissent le malheur et la douleur d’être privées d’une sexualité satisfaisante pour elle et pour leur mari. Et beaucoup meurent en accouchant", a écrit Hadja Idrissa Bah dans sa tribune adressée à Alpha Condé et intitulée « Monsieur le Président, la Guinée doit protéger ses filles de l’excision, du viol et du mariage précoce » (Le Monde 29 décembre 2018). Hadja Idrissa Bah, Guinéenne âgée de 19 ans, a créé en 2016 le Club des jeunes filles leaders de Guinée proposant des cellules d’écoute et des actions de sensibilisation pour lutter notamment contre les mariages forcés, les viols conjugaux et les mutilations génitales.

Et cette militante de préciser au chef de l'Etat, Alpha Condé : "Après la mort de cette petite de 10 ans le 17 août 2016 à Koropara, dans la région de Nzérékoré, le gouvernement s’était engagé à œuvrer sans relâche contre cette ignoble pratique et à en traduire en justice les auteurs et complices. Car l’excision est bien souvent pratiquée au sein de « camps de vacances » au vu et au su de tous, mais personne n’a le courage de les dénoncer. Monsieur le Président, combien de petites filles sont violées tous les jours dans notre pays, malgré la ratification par la Guinée des conventions relatives aux droits de l’enfant ? Ces crimes horribles restent encore largement impunis et nombreuses sont les victimes qui sont montrées du doigt comme si elles étaient les fautives d’actes qu’on leur a fait subir. La honte doit changer de camp. La loi doit être strictement appliquée contre les auteurs de viols. Sinon, que deviendront ces jeunes filles innocentes violées et parfois même engrossées par un proche, un père, un oncle, un ami de la famille ? Que répondrons-nous à ces victimes traumatisées à vie ? Que ceux qui sont censés nous protéger peuvent nous violer et nous détruire en toute impunité ? Monsieur le Président, je suis meurtrie. Meurtrie de constater que, tous les jours, dans nos villages, nos leaders religieux règlent ces crimes à l’amiable et que leurs auteurs puissent continuer à jouir de la vie. Et que dire des mariages précoces ? Que dire de nos parents pris dans une course de vitesse pour nous marier à l’âge de 12 ans alors que la loi guinéenne nous protège en son article 320 du Code pénal qui proscrit toute union avant 18 ans. Monsieur le Président, l’heure est très grave ! Il faut que le pays fasse de la protection de ses jeunes filles une priorité nationale, car nous restons parmi les plus vulnérables de la société alors que nous devrions pouvoir participer, grâce à une éducation inclusive et de qualité, au développement de notre chère Guinée."

Arte diffusa le 8 février 2019, dans le cadre d'"ARTE Reportage", "Kenya : en finir avec l’excision" (Kenia: Nie mehr Mädchen beschneiden). "Interdite au Kenya depuis 2011, la pratique brutale de l'excision persiste pourtant dans les régions rurales, malgré l’intervention de diverses ONG qui tentent de lutter contre l’excision par l’éducation."

"Interdite depuis 2011, cette pratique brutale persiste pourtant dans les régions rurales, malgré l’intervention de diverses ONG qui tentent de lutter contre l’excision par l’éducation. Considérée comme un rite de passage lorsqu'une petite fille est estimée en âge de se marier, même si elle n’est encore qu’une enfant, cette mutilation génitale féminine est cruelle et dangereuse. Elle peut entraîner de sérieuses infections, provoquer des hémorragies, la stérilité et parfois même la mort. Mama Lucy, excisée à 12 ans, aujourd’hui enseignante à la retraite, a décidé de mettre fin à cette pratique traumatisante. Engagée par l’ONG AMREF Health Africa, elle se rend dans les villages où elle milite pour le remplacement de l’excision par des rites alternatifs, sans mutilations. Les cours de Mama Lucy sont suivis aussi bien par des filles que par des garçons. Animée par une détermination farouche destinée à faire plier les mentalités, l’enseignante sait que son combat est loin d’être gagné."

"Arrivé au pouvoir" au Soudan "en 1989 par un coup d'Etat soutenu par les islamistes, Omar el-Béchir avait encouragé une stricte pratique de l'islam dans le pays. Il a été destitué en avril 2019, quatre mois après le début d'un mouvement de contestation populaire déclenché par le triplement du prix du pain. A l'initiative de cette réforme judiciaire, le gouvernement de Hamdok, formé en août 2019 après un accord entre l'armée et l'opposition, a pour mission d'accompagner le Soudan dans sa transition politique durant trois ans". En 2020, "le gouvernement de transition – arrivé au pouvoir après la chute de l'ancien président Omar el-Béchir – a adopté une série d'amendements abolissant la peine de mort pour apostasie, criminalisant l'excision et autorisant les non-musulmans à importer, vendre et consommer de l'alcool pour la première fois depuis 1983. Cette dernière mesure ne s'applique pas aux Soudanais musulmans qui représentent 97% des quelque 40 millions d'habitants du pays, selon les chiffres officiels. Le ministre de la Justice Nasreddine Abdelbari a également annoncé que la conversion à une autre religion que l'islam serait décriminalisée. Le Premier ministre Abdallah Hamdok a lui salué sur Twitter l'adoption de ces amendements comme une «étape importante dans la réforme de l'institution judiciaire».

En avril 2020, au Soudan, "les autorités de transition ont adopté l'amendement d'un article du Code pénal qualifiant désormais de crime la mutilation génitale féminine, autrement dit l'excision. L'article 141 du Code pénal amendé a donc été approuvé le 22 avril par le Conseil souverain dominé par les militaires et par le Conseil des ministres contrôlé par les civils. La mutilation d'une femme pour l'exciser est désormais punie de trois ans de prison et d'une amende au Soudan. Et que cela soit pratiqué dans un établissement médical ne change rien."

"Une réforme saluée par l'Unicef" qui "s'est réjouie du début d'une « nouvelle ère », et les défenseurs des droits de femmes. Dans la presse Salma Ismael, porte-parole à Khartoum du Fonds mondial de l'ONU pour l'enfance, s'est dite heureuse que les mères refusant  cette « pratique barbare » sur leur fille puissent désormais « dire non ». Selon les chiffres de l'ONU, neuf Soudanaises sur dix sont victimes de cette pratique. Une « pratique de torture », ainsi que l'a qualifiée la militante Faiza Mohamed de l'association Equality Now, en saluant l'instauration longtemps attendue de ces « mesures punitives pour protéger les femmes ».

"Mais de la législation à la réalité, la distance est encore longue. Au Soudan, l'ancien régime d'Omar el-Béchir avait du renoncer à l'interdiction, sous la pression des religieux. Et dans l'Égypte voisine, l'excision est interdite depuis 2008, mais l'ONU estime qu'elle est encore pratiquée sur une enfant sur sept." 

Lors d'une manifestation dans le district de Khartoum est, au Soudan, le 17 juillet 2020, "des manifestants défilent avec une bannière en arabe sur laquelle on peut lire : « Le Coran est notre constitution, la législation est le droit de Dieu ». Plusieurs dizaines de Soudanais ont manifesté à Khartoum contre des réformes adoptées récemment par le gouvernement de transition et qu'ils jugent anti-islamiques.  «Nous ne remplacerons pas la loi divine», «Hamdok : Khartoum n'est pas New York», ont scandé les manifestants, descendus dans les rues du nord et de l'est de la ville, après la prière collective du vendredi. «Non aux amendements contraires à la charia [loi islamique]», pouvait-on aussi lire sur certaines banderoles. Les forces de sécurité ont bloqué les grandes avenues de la capitale ainsi que les ponts reliant le centre de Khartoum à sa ville jumelle Oumdourman, sur la rive opposée du Nil blanc."

WHOA!
Vous connaissez ces ONG, comme PLAN International, World Vision, Kindernothilfe et ChildFund, qui collectent des sommes importantes auprès de généreux donateurs « sponsors » d'enfants dans les pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, en leur assurant, soins médicaux, éducation, nourriture, etc. ?

Par exemple, Plan International recueille chaque année 72 millions d'euros destinés à 240 000 filles parrainées.

Mais quid des mutilations génitales féminines (MGF) – excision, infibulation, etc. – ? Ces fillettes « parrainées » en sont-elles préservées ? Deviendront-elles des femmes diplômées, mais ayant été mutilées encore bébés, vers sept ou dix ans, par l’ablation du clitoris ou des petites lèvres ? Avec des conséquences physiques, psychologiques, pathologiques, sexuelles dramatiques, tragiques. Des  actes barbares condamnés par le droit international et par nombre de pays, dont la France, quelles que soient les explications « culturelles », religieuses ou sociales alléguées. Et des MGF contre lesquelles l’Organisation des Nations unies (ONU), l'Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et le Parlement de l'Union européenne (UE) luttent. Avec difficulté.

Eh bien, la Task Force pour la prévention effective des MGF, réseau d’organisations des droits de l’homme engagées dans la prévention des MGF des filles d’immigrés dans l’UE, a demandé à ces quatre ONG de veiller à ce que les 400 000 fillettes qu’elles « parrainent » ne soient pas victimes de MGF.

La réponse de ces ONG ? Exiger que les fillettes soient protégées de ces pratiques est contraire à leur approche et à leur "politique".

En 2009, cette Task force WHOA! a donc lancé une campagne de mobilisation. Le but : convaincre un nombre élevé de personnes d’écrire à ces quatre ONG de « parrains » pour que celles-ci exigent des communautés/villages bénéficiaires de leurs dons de ne pas mutiler leurs fillettes. La Task Force prévoit aussi de faire assurer un suivi régulier des fillettes « parrainées ».

C’est Lucy Semiyan Mashua, une victime Masaï (Kenya) de MGF et vivant à Dallas (Etats-Unis) qui menait cette campagne médiatique. En quelques clics, quatre lettres sont envoyées à ces ONG. Et l’acteur Martin Umbach prête sa voix au spot radiophonique de la campagne.


"Kenya : en finir avec l’excision / Brésil : les favelas sous tension
France, 2019, 53 min (le reportage sur le Kenya dure 25 minutes)
Sur Arte les 2 février 2019 à 18 h 35 et 8 février 2019 à 6 h 15

"ARTE Regards - Mutilations sexuelles. Le cauchemar de l'excision en plein cœur de l'Allemagne"
Allemagne, 2018
Sur Arte le 6 février 2019 à 13 h

« Excisées, elles cherchent de l’aide en Allemagne »
Allemagne, 2018, 30 min
Sur Arte le 12 juin 2018 à 13 h 

Visuel :
2018 Nobel Peace Prize Laureates Nadia Murad and Denis Mukwege. 
© Nobel Media. Photo: Ken Opprann

Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié une première fois le 5 octobre 2009, republié lors de la Journée pour l'élimination des violences faites aux femmes le 25 novembre 2011, le :
- 6 février 2012 lors de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines
- 28 novembre 2012 et le 1er février 2013 à l'approche de la Journée internationale de tolérance zéro face aux mutilations sexuelles féminines (MGF), le 6 février, et du lancement du projet Excisions, parlons-en !
- 13 mars, le 10 juin et le 15 août 2013, 7 février, 23 juin et 25 juillet 2014. Le  6 février 2014 a été la Journée mondiale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) ;
- 19 mai, 17 juin, 21 septembre et 25 novembre 2015, 7 février et 7 juillet 2017, 12 juin 2018, 5 février 2019, 8 février 2021. 
Il a été modifié le 6 février 2022.

3 commentaires:

  1. Sans vouloir offenser , que pensez - vous de la circoncision qui est aussi une mutilation génitale ? Je sais que l'Allemagne a essayé de la proscrire et ce fut un tollé dans le monde juif . Même si la circoncision ne provoque pas les mêmes dégats psychologiques et physiques , elle reste une mutilation imposée .

    RépondreSupprimer
  2. Le parallèle entre excision et circoncision est infondé. Vous même le reconnaissez. Et aucun dégât n'est cité concernant la circoncision d'un enfant selon le judaïsme.

    De plus, il convient de distinguer entre la brit mila (circoncision, commandement divin dans le judaïsme, http://judaisme.sdv.fr/traditio/naissanc/naissanc.htm, http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/25/expliquer-la-circoncision_1764382_3232.html) et d'autres circoncisions, notamment celle islamique : en particulier, l'âge de l'enfant (8 jours dans le judaïsme, entre 8 et 14 ans dans l'islam) et la signification - alliance entre entre le garçon juif et Dieu -, de l'acte diffèrent.

    En 2007, les experts réunis par l'OMS et l'ONUSIDA ont recommandé la circoncision "comme un moyen supplémentaire important de réduire le risque de transmission hétérosexuelle de l’infection à VIH chez l’homme" (http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2007/pr10/fr/index.html)

    Les parents ont le devoir et le droit de prendre certaines décisions pour leurs enfants. "Il faudrait aussi interdire de couper le cordon ombilical, un organe qui relie le bébé à la vie et qui représente une ablation violente : on cisaille la chair à vif. La naissance en général aussi est sanguinolente. Tout accouchement verse du sang…", a écrit Shmuel Trigano (http://rabbin-harboun.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=474:la-circoncision-par-shmuel-trigano&catid=42:communaute&Itemid=66)

    RépondreSupprimer
  3. En complément :
    Un bébé peut déclencher une infection grave à la suite de ce que l'on appelle un phimosis et dans ce cas seule une intervention chirurgicale est nécessaire . Je le sais car mes 2 ainés ont eu ce problème et ils ont été opérés . Dans ce cas , le chirurgien enlève les adhérences mais suivant le degré de l'inflammation , l'intervention est une circoncision totale .
    Voir à http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/3235-phimosis-bebe-enfant-et-l-adulte
    Le phimosis peut entrainer une infection urinaire , des douleurs et des fissurations . C'est une affection congénitale du nourrisson .
    La section du cordon ombilical est par contre une nécessité vitale . C'est sa rupture qui entraine le réflexe de la respiration pulmonaire . Si on ne coupe pas le cordon à la naissance , l'enfant meurt étouffé !

    RépondreSupprimer